Vers la fin de 1981, le Canada pouvait encore espérer tirer parti de la récession économique prévue pour 1982. On...
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Vers la fin de 1981, le Canada pouvait encore espérer tirer parti de la récession économique prévue pour
1982.
On parlait même de retrouver une place dans le peloton de tête des pays industrialisés, grâce aux
malheurs qui n'allaient pas manquer de s'abattre sur les autres.
Les grands projets énergétiques devaient
permettre non seulement de maintenir l'emploi à un niveau acceptable, mais aussi de mieux répartir la
richesse entre les régions, problème qui hante le pays depuis sa création en 1967.
On comptait ainsi
mettre un terme au sous-développement chronique des provinces de l'Atlantique, faire oublier le
sentiment d'aliénation économique encore prédominant dans l'Ouest, rassurer l'Ontario en danger de
"désindustrialisation" et surtout prouver aux Québécois la "rentabilité" du fédéralisme.
La proclamation, en avril 1982, d'une "nouvelle" constitution était également censée donner un nouvel
élan.
Après des années de discussion, les provinces anglophones et le gouvernement fédéral étaient enfin
parvenus à un accord - contre l'avis du Québec, il est vrai.
Mais débarrassé de l'hypothèque
constitutionnelle, le pays allait pouvoir se pencher sur ses "véritables" problèmes.
La décision du Premier
ministre fédéral, Pierre Elliot Trudeau, de retarder son départ maintes fois annoncé de la vie politique,
l'expérience d'un gouvernement majoritaire libéral rompu à la direction des affaires de l'État, la conclusion
d'un accord sur les prix du pétrole avec la principale province productrice (Alberta): tous ces facteurs
laissaient présager que les effets de la récession économique seraient peut-être moins sévères qu'ailleurs.
Un an plus tard, le rêve s'est écroulé et c'est au Canada que les effets conjugués de l'inflation et du
chômage ont été les plus forts.
Après un an de récession économique, le taux d'inflation se situait
toujours autour de 11%, et à la fin de 1982, le taux de chômage semblait vouloir se stabiliser autour du
palier de 13%.
La majorité des grands projets se sont volatilisés et rares étaient ceux qui rêvaient encore
de voir se développer les usines de liquéfaction de charbon, les centres de production de pétrole
synthétique et les méga-usines de pétrochimie.
Les rivalités inter-régionales s'en sont trouvées
exacerbées.
Seuls les champs de pétrole au large de Terre-Neuve étaient désormais en production, mais
leur rentabilité était menacée par la chute des cours mondiaux et par une inlassable querelle de juridiction
entre le gouvernement fédéral et celui de la province.
Proclamée avec éclat en 1981, la nouvelle politique énergétique du ministre Marc Lalonde était au début
de 1983 menacée d'effondrement.
L'exploration pétrolière était en chute libre et bon nombre de
compagnies ont dû fermer leurs portes ou aller voir ailleurs.
Le prix du pétrole canadien, qui devait se
stabiliser à 70% du cours mondial, risquait même de dépasser ce dernier.
C'est toute la structure de
l'industrie pétrolière canadienne qui se trouvait ainsi menacée.
Et plus personne ne parlait d'indépendance
énergétique pour 1990.
Pour l'Alberta, cette chute a signifié la fin du "boom" économique.
Déficits, mises
à pied massives et chômage sont devenus le lot de la province qui était la locomotive économique du
pays.
La confiance n'y est plus.
Alors que d'autres pays occidentaux ont leurs propres stratégies nationales pour sortir de la crise stratégies qui accompagnent souvent des changements au sein de l'équipe dirigeante -, le Canada
donnait début 1983 l'image d'un pays à la dérive.
Contrairement aux États-Unis ou à la Grande-Bretagne,
qui ont misé sur des politiques monétaires, contrairement à la France, à l'Allemagne, à la Suède, ou à
l'Espagne, qui ont changé de gouvernement, le Canada semblait avoir choisi de ne rien faire et
d'encaisser les coups en attendant que la reprise économique américaine entraîne l'économie canadienne
dans la même voie.
Une grande conférence sur l'économie tenue en février 1982 fut surtout l'occasion d'un nouvel
affrontement entre les gouvernements provinciaux, qui réclamaient une baisse des taux d'intérêts, et
celui d'Ottawa, qui voulait poursuivre la lutte contre l'inflation.
Incapables d'en arriver à une stratégie
commune, les gouvernements ont assisté impuissants à la dégringolade économique.
Le PNB a baissé de
4,8% en 1982, tandis que les paiements de l'assurance-chômage augmentaient de 78%, pour atteindre
8,5 milliards de dollars canadiens.
L'un des piliers de l'économie canadienne, l'industrie du bois, a vu sa
production amputée de 45% et sa force de travail de 20 000 emplois.
En juillet, un nouveau budget
fédéral a prévu de limiter à 6% en 1982 et à 5% en 1983 toutes les augmentations de prix et de salaires.
Comme cette mesure était purement incitative et ne s'applique qu'aux secteurs de juridiction fédérale,
elle n'a pas eu l'impact psychologique prévu.
Pour 1983, on prévoyait un déficit fédéral de 23 milliards de
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dollars canadiens, le plus élevé des pays occidentaux avec la France.
Préoccupé par son image....
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