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Victor HUGO, Les Feuilles d'automne, « Amis, un dernier mot ! ». Toi, vertu, pleure si je meurs ! ANDRÉ...

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« Victor HUGO, Les Feuilles d'automne, « Amis, un dernier mot ! ». Toi, vertu, pleure si je meurs ! ANDRÉ CHÉNIER. 1.

Amis, un dernier mot ! - et je ferme à jamais 2.

Ce livre, à ma pensée étranger désormais. 3.

Je n'écouterai pas ce qu'en dira la foule. 4.

Car, qu'importe à la source où son onde s'écoule ? 5.

Et que m'importe, à moi, sur l'avenir penché, 6.

Où va ce vent d'automne au souffle desséché 7.

Qui passe, en emportant sur son aile inquiète 8.

Et les feuilles de l'arbre et les vers du poète ? 9.

Oui, je suis jeune encore, et quoique sur mon front, 10.

Où tant de passions et d'oeuvres germeront, 11.

Une ride de plus chaque jour soit tracée, 12.

Comme un sillon qu'y fait le soc de ma pensée, 13.

Dans le cour incertain du temps qui m'est donné, 14.

L'été n'a pas encor trente fois rayonné. 15.

Je suis fils de ce siècle ! Une erreur, chaque année, 16.

S'en va de mon esprit, d'elle-même étonnée, 17.

Et, détrompé de tout, mon culte n'est resté 18.

Qu'à vous, sainte patrie et sainte liberté ! 19.

Je hais l'oppression d'une haine profonde. 20.

Aussi, lorsque j'entends, dans quelque coin du monde, 21.

Sous un ciel inclément, sous un roi meurtrier, 22.

Un peuple qu'on égorge appeler et crier ; 23.

Quand, par les rois chrétiens aux bourreaux turcs livrée, 24.

La Grèce, notre mère, agonise éventrée ; 25.

Quand l'Irlande saignante expire sur sa croix ; 26.

Quand Teutonie aux fers se débat sous dix rois ; 27.

Quand Lisbonne, jadis belle et toujours en fête, 28.

Pend au gibet, les pieds de Miguel sur sa tête ; 29.

Lorsqu'Albani gouverne au pays de Caton ; 30.

Que Naples mange et dort ; lorsqu'avec son bâton, 31.

Sceptre honteux et lourd que la peur divinise, 32.

L'Autriche casse l'aile au lion de Venise ; 33.

Quand Modène étranglé râle sous l'archiduc ; 34.

Quand Dresde lutte et pleure au lit d'un roi caduc ; 35.

Quand Madrid se rendort d'un sommeil léthargique ; 36.

Quand Vienne tient Milan ; quand le lion belgique, 37.

Courbé comme le boeuf qui creuse un vil sillon, 38.

N'a plus même de dents pour mordre son bâillon ; 39.

Quand un Cosaque affreux, que la rage transporte, 40.

Viole Varsovie échevelée et morte, 41.

Et, souillant son linceul, chaste et sacré lambeau, 42.

Se vautre sur la vierge étendue au tombeau ; 43.

Alors, oh ! je maudis, dans leur cour, dans leur antre, 44.

Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu'au ventre 45.

Je sens que le poète est leur juge ! je sens 46.

Que la muse indignée, avec ses poings puissants, 47.

Peut, comme au pilori, les lier sur leur trône 48.

Et leur faire un carcan de leur lâche couronne, 49.

Et renvoyer ces rois, qu'on aurait pu bénir, 50.

Marqués au front d'un vers que lira l'avenir ! 51.

Oh ! la muse se doit aux peuples sans défense. 52.

J'oublie alors l'amour, la famille, l'enfance, 53.

Et les molles chansons, et le loisir serein, 54.

Et j'ajoute à ma lyre une corde d'airain ! Victor-Marie Hugo : écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris.

Il est l’un des plus grands écrivains français et repose au Panthéon depuis le lundi 1er juin 1885. Son œuvre est très diverse : romans, poésie lyrique, drames en vers et en prose, discours politiques à la Chambre des Pairs, correspondance abondante. Hugo est poète qui appartient à la première génération romantique => considère le poète comme un être différent, visionnaire à qui il octroie une mission sociale et historique. Les Feuilles d'automne : recueil de poèmes de Victor Hugo publié en 1831, regroupant en particulier six poèmes appelés « Soleils couchants ». « Amis un dernier mot » : - Poème composé de 54 alexandrins.

2 strophes, l’une de 8 vers, l’autre de 46 vers. - Rimes suivies, du type AABB. - Alternance respectée de rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et de rimes masculines. Poème de Victor Hugo qui évoque le rôle de la poésie et l’engagement du poète. I- Un poème discours A- Une décision • Montrez que le poète s’adresse à ses lecteurs, à ses « amis ». • Nombreuses marques de 1e personne, qui renvoient au poète. Ex : 9 « je » ; « ma pensée ; ma pensée ; ma lyre » ; « mon esprit ; mon culte ; mon front »… • Le poète seul s’oppose à la « foule ». • Décision que vient de prendre « Je », le poète.

Cf.

l’enjambement avec le rejet : « je ferme à jamais / Ce livre ».

« Désormais » > rupture.

Changement.

« Je n'écouterai pas » : futur, semble décidé.

Décision arrêtée. • Champ lexical de l’expression.

Cf.

« un mot » ; « les vers du poète » ; « Ce livre » > cela renvoie à la poésie. • Expliquez la volonté du poète. NB : « Un.... »

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