Vietnam (1990-1991): Confirmation de l'ouverture économique La politique de rénovation (Doi Moi), décidée par le VIe congrès du Parti communiste...
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Vietnam (1990-1991): Confirmation de l'ouverture économique
La politique de rénovation (Doi Moi), décidée par le VIe congrès du Parti
communiste du Vietnam (PCV), est entrée dans sa cinquième année en décembre
1990.
L'étape a été marquée essentiellement par deux phénomènes dont les
conséquences, à la mi-1991, n'étaient pas encore toutes prévisibles pour la
transformation du pays: le développement de contradictions politiques
intérieures, et l'ouverture économique au monde capitaliste.
Premier constat, la tenue du VIIe congrès du PCV a déjà été retardée à deux
reprises en 1991, signe de très fortes tensions et désaccords dans la direction.
L'année 1990-1991 a encore été marquée par des actes répressifs.
En mai 1991,
l'écrivain Zuong Thu Huong, une jeune femme exclue du Parti en 1990 pour avoir
dénoncé l'oppression des Vietnamiens, était emprisonnée.
Peu après, la
rédactrice en chef d'un des journaux les plus vivants (Tuôi tre/Jeunesse) était
révoquée pour avoir reproduit une lettre de Hô Chi Minh à son épouse (chinoise)
des années vingt.
Les discussions du programme du congrès ont permis à plusieurs
personnalités (l'écrivain et médecin Nguyên Khac Viên; Bui Tin, ex-rédacteur en
chef adjoint du Nhân Zân; le mathématicien-informaticien Phan Dinh Ziêu, un des
fondateurs de l'université libre Thanh Long; Hoang Minh Chinh, ex-recteur de
l'Institut de philosophie, emprisonné pendant plusieurs années après 1963) de
réclamer que soit mis fin à l'hégémonie du Parti communiste et que soient
développées et garanties toutes les libertés.
Face à cette opposition qui ne fait que se référer au Doi Moi, le PCV a
réaffirmé que son but demeurait la construction du socialisme et qu'il restait
"fidèle au marxisme-léninisme et à la pensée de Hô Chi Minh", le débat ne devant
selon lui porter que sur la définition d'une voie pour atteindre le but.
Mais il
ne fait pas de doute que cette quête, à elle seule et dans les limites imposées,
a engendré des désaccords aigus au sein des cercles dirigeants.
Contradictions au sein de la direction politique
Parallèlement, soit par conviction, nourrie par l'évolution difficile de
l'Europe centrale et orientale et de la Chine jusqu'à la répression de Tien An
Men (juin 1989), soit par fidélité paresseuse envers des schémas commodes,
l'explication officielle a imputé l'élimination du socialisme ou les soubresauts
des États de l'Est européen aux menées et complots des forces anticommunistes
(CIA américaine, Vatican, etc.) ainsi qu'à la "dérive droitière" des partis
communistes européens.
Confortés par l'observation de cette évolution chaotique,
les conservateurs ont insisté sur le fait que le maintien de l'ordre et de la
stabilité est une condition sine qua non de la réussite de la rénovation
économique fondée sur l'ouverture vers le monde non soviétique.
L'ouverture économique vers le monde capitaliste a été également confirmée
pendant l'année 1990-1991.
Elle a associé deux opérations distinctes mais non
sans rapport: le réajustement parfois brutal des relations avec le CAEM (Conseil
d'assistance économique mutuelle, ou COMECON) et, corollairement, l'accélération
du désenclavement par l'insertion dans l'économie internationale.
Les industries légères vietnamiennes ont perdu tous leurs contrats de livraisons
avec les ex-pays socialistes et 60% de ceux avec l'URSS à partir d'août 1990.
L'URSS, tout en ne tenant pas intégralement ses engagements de fourniture
d'hydrocarbures, d'acier, de coton et surtout d'engrais chimiques
indispensables, a décidé que désormais ses fournitures seraient payées en
devises fortes et conformément aux cours mondiaux (accords de janvier 1991, la
convention commerciale portant sur une valeur de 1,7 milliard de dollars).
Certes, la dette vietnamienne de 10 milliards de roubles a été rééchelonnée,
mais elle devra aussi être remboursée en dollars.
Ces décisions, à la mi-1991, avaient d'ores et déjà eu des répercussions
sérieuses sur le budget vietnamien et sur l'activité économique, les transports,
les coûts de production et les prix de vente.
L'inflation, qui avait été freinée
au niveau de 8% en novembre 1990, était passée à 40% à la fin de 1990 (avec une
prévision de 400% pour la fin 1991).
La plupart des pays est-européens ont
renvoyé les travailleurs immigrés vietnamiens (140 000....
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