Vietnam (1992-1993): Ouverture et réinsertion régionale On attendait les Américains, ce fut François Mitterrand qui vint. Le voyage express du...
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Vietnam (1992-1993): Ouverture et réinsertion régionale
On attendait les Américains, ce fut François Mitterrand qui vint.
Le voyage
express du président de la République française au Vietnam, au début de février
1993, n'a certainement pas compensé l'absence d'annonce officielle de la levée
de l'embargo américain.
Cependant, il a été un désaveu de cette quarantaine en
même temps qu'une reconnaissance, contestée par certains, de la légitimité du
régime politique vietnamien.
Cette visite était aussi celle de chefs
d'entreprises industrielles et financières françaises et non des moindres,
l'ancienne puissance coloniale occupant encore le troisième rang des
investisseurs.
Le président Mitterrand a promis de doubler, en 1993, le montant
d'une aide qui s'élevait à 47 millions de dollars en 1992.
Le volet culturel de
la présence française s'est renforcé dans le domaine de l'enseignement et de la
formation.
Tout en ouvrant une Alliance française à Hanoi en octobre 1993, les
Français se sont efforcés d'articuler leurs aspirations francophones à la
tendance générale consistant à privilégier l'anglais comme langue de relation,
ainsi ce dernier était-il enseigné à égalité avec le français dans les deux
centres de formation de cadres économiques et financiers, à Hanoi et à Saigon.
Ces rapports entre le Vietnam et la France se sont inscrits dans le cadre plus
général des relations Vietnam-Communauté européenne: celle-ci lui avait alloué
23 millions de dollars en 1991, pour le retour et la réinsertion des réfugiés
vietnamiens dans leur pays; de 1985 à 1992, la valeur des exportations
vietnamiennes à destination de la Communauté est passée de 84 millions à 240
millions de dollars.
La matrice Asie-Pacifique
L'événement Mitterrand ne devait pas non plus cacher les tendances profondes
orientant l'évolution du Vietnam en cette fin du siècle.
Après douze années
d'une interdépendance socialiste qui a disparu avec l'URSS en 1991, la sortie
progressive d'une économie de commande a peu à peu inséré le Vietnam dans le
marché mondial mais surtout dans une économie Asie-Pacifique dynamique.
A la
lumière de ce retour à une matrice "naturelle" extrême-orientale, les visites,
en avril 1992, des Premiers ministres singapourien et malaisien, Lee Kuan Yew et
Mahatir Mohammed, ont revêtu plus d'importance que celle du président
Mitterrand.
Le réenclavement asiatique du Vietnam n'a cependant pas été achevé à
cause des litiges l'opposant à la Chine populaire sur leurs confins terrestres
mais surtout maritimes.
Ainsi, concernant les gisements pétrolifères et gaziers
proches des îles Spratleys, la Chine a-t-elle concédé un périmètre de
prospection à la firme américaine Crestone dans cette zone dont la souveraineté
est fortement contestée.
De ce point de vue, la levée de l'embargo américain
permettrait aux Vietnamiens de contrer les Chinois en concédant à leur tour des
aires à six compagnies américaines ayant déjà pris rang.
Si le Vietnam n'a pas réglé son contentieux avec la Chine continentale, il s'est
tout de même intégré à un réseau économique dont les mailles ont été posées par
les Chinois d'outre-mer: Taïwan, Hong Kong, Singapour.
Ce dernier État est resté
son principal partenaire commercial, avec 34% des exportations du Vietnam et 27%
de ses importations.
L'intérêt porté par Singapour au Vietnam a été confirmé, en
1992, par la création d'un Fonds d'assistance à l'Indochine doté, initialement,
de 10 millions de dollars.
Taïwan s'est cependant taillé le premier rôle parmi
les investisseurs.
De grandes firmes ont commencé de rejoindre les PME (petites
et moyennes entreprises), jusqu'ici presque seules présentes au Vietnam.
L'attirance des Taïwanais pour le Vietnam n'est pas apparue singulière, elle
s'est inscrite dans le mouvement d'expansion des entrepreneurs de l'île, dont
les placements en Asie du Sud-Est ont été évalués, à la fin de 1992, à 12
milliards de dollars; les investissements au seul Vietnam s'élevant
officiellement à la même date à 1 milliard de dollars, le quart des fonds
étrangers, répartis en soixante-dix contrats.
Toutefois, d'aucuns ont considéré
qu'en ajoutant à cette somme affichée les placements que les particuliers
effectuent par le canal des réseaux de parentèle et de clientèle de la diaspora
chinoise restée numériquement importante dans le Sud (400 000 à 600 000
personnes), le niveau des investissements devait être multiplié par deux.
Le Japonais, de son côté, plus que pris ses marques.
Il a été révélé que les
sogo shosha (grandes maisons de commerce nippones) s'étaient impliquées dans
plusieurs joint-ventures.
Le Japon a commencé de passer à une seconde étape
d'activités après que le cabinet du Premier ministre Miyazawa Kiichi a de
nouveau autorisé les prêts au Vietnam: en novembre 1992, une....
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