Vietnam (1993-1994): Fin de quarantaine Depuis 1991, la levée de l'embargo américain a été attendue comme imminente et elle ne...
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Vietnam (1993-1994): Fin de quarantaine
Depuis 1991, la levée de l'embargo américain a été attendue comme imminente et
elle ne se produisait jamais, si bien que son annonce par le président Bill
Clinton, le 3 février 1994, quelques jours avant que s'ouvre l'année du Chien,
n'a pas provoqué de liesse particulière.
L'embargo commercial avait été mis en
place en 1964 contre le Nord-Vietnam par les États-Unis et étendu à l'ensemble
du pays après le 30 avril 1975.
Sa suppression a longtemps été ajournée à cause
des Missing in action (militaires américains disparus) supposés encore détenus
par le Vietnam.
Dès lors s'est posée la question des conséquences immédiates et à moyen terme de
ce changement.
L'embargo n'a jamais été un blocus et il n'a pas empêché le
Vietnam de s'insérer dans le réseau des relations régionales et internationales
après la disparition du CAEM (Conseil d'assistance économique mutuelle, ou
COMECON) en juin 1991.
Cependant, les milieux d'affaires américains
s'impatientaient, estimant qu'ils prenaient du retard sur leurs concurrents
asiatiques et européens, même si dans le cas particulier de l'aéronautique, la
suprématie des États-Unis avait permis d'interdire la vente d'Airbus au Vietnam,
mettant ainsi Boeing en position avantageuse.
A titre comparatif, entre 1988 et
1993, les entreprises du Sud-Est asiatique ont investi 800 millions de dollars
dans le pays et Taïwan 1,5 milliard de dollars.
Le moment d'investir
Il a paru que l'antériorité des autres ne constituait pas nécessairement un
handicap pour les firmes américaines.
A la fin décembre 1993, 28 parmi les plus
grandes avaient déjà des représentations sur place; elles avaient prospecté les
marchés, commandé des études de faisabilité et même déposé des demandes de
licence d'investissement.
En outre, l'implantation américaine a débuté alors que
le Vietnam venait d'obtenir, à l'automne 1993, deux prêts: l'un de 223 millions
de dollars du FMI (Fonds monétaire international) et l'autre de 226 millions de
dollars de la Banque mondiale; la Banque de développement de l'Asie lui a, par
ailleurs, ouvert un crédit d'aide technique de 10 millions de dollars pour la
première tranche.
Le Club de Paris (regroupement de créanciers), les 13 et 14
décembre 1993, a complété ces facilités en rééchelonnant la dette extérieure de
4,5 milliards de dollars, tandis que 11 pays envisageaient d'annuler de moitié
les remboursements dus.
Dès lors, apparaissait imminente la multiplication des
appels d'offre aux entreprises étrangères.
Les milieux d'affaires japonais, à
l'instar des américains, se sont sentis aiguillonnés (Tokyo avait été la seule
capitale à s'être alignée sur la position des États-Unis).
Au-delà de la portée juridique et de l'impact psychologique sur l'économie,
s'est profilée l'ouverture des relations diplomatiques entre les deux États,
phase cruciale pour conduire les négociations relatives à deux enjeux: le
contentieux financier et surtout l'application au Vietnam de la clause de la
nation la plus favorisée dans le domaine commercial.
La reprise des relations
diplomatiques s'est concrétisée par la décision des deux gouvernements d'établir
des délégations générales, le 26 mai 1994.
Les avoirs financiers de l'ex-Sud-Vietnam, d'une valeur de 290 millions de
dollars, ont, en effet, été gelés aux États-Unis en 1975, tandis que 192
sociétés américaines (dont Caltex, IBM, Bank of America) n'ont cessé de réclamer
une indemnisation pour la perte de leurs biens à l'issue de la guerre, la valeur
en étant estimée à 200 millions de dollars.
Concernant le second point, Hanoi a
vu la nouvelle situation comme devant profiter unilatéralement aux États-Unis
tant que ces derniers resteraient fermés aux exportations vietnamiennes.
Ils
ont, par conséquent, paru résolus à obtenir le plus rapidement possible, à
l'instar de la Chine, la clause de la nation la plus favorisée.
Restait à savoir
si la substitution, en 1995, de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) au
GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) serait de nature à
faciliter ou contrarier ces aspirations.
Relativement à la question du respect des droits de l'homme, devant
immanquablement intervenir dans le dialogue avec les États-Unis, et déjà évoquée
en février 1993 au cours de la visite du président français, François
Mitterrand, les gouvernants vietnamiens ont appris que les grands principes ne
pesaient pas lourd face aux impératifs de l'expansion économique ou des
alliances stratégiques.
Les États-Unis en ont fait la preuve vis-à-vis du régime
chinois.
Sur un autre plan, les observateurs n'ont pas manqué de rapprocher la décision
des États-Unis du contexte géopolitique régional: il y aurait eu convergence des
inquiétudes et des calculs américains et vietnamiens face à la montée en
puissance de la Chine.
L'essor de son économie et de sa marine de guerre a
continué d'alimenter une préoccupation entretenue par le litige sur les
archipels Spratly et Paracels à....
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