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« Violence� mprt, cruauté. L:univers du drame rom_an�iq�e est plàcé sous le signe de là violence.

C'est une violence multiforme: à côté de la violence physique, qÛi cause le plus souvent la mort des victimes, on y trouve la violence psychologiquë, plus subtile, mais tout ausst efficace.

Cette cruauté morale•dégrade les victimes et les asservit.

Dans ce monde dur et impitoyable, le seul antidote __à- la violence générale est, paradoxale­ ment, la violence contre..

soi-même: on se suicide beau­ coup dans le drame romantique, soit par désespoir;' soit, le plus souvent,-par honneur.

Mais la mort, qu'elle résulte d'un suicide ou d'un assassinat, revêt des significations très différent�s ,_selon les personnages0 et les situations. LA- VIOLENCE POLITIQUE ··~ Hernani, Lorenzaccio et Ruy Blas se situent toutes les trois dans des périodes d'absolutisme, où la seule forme d'autorité politique est la loi du plus fort.

On trouve dans ces pièces le conflit entre le despotisme et l'idéal de libèrté, un conflit qui était très présent à l'esprit des jeunes au­ teurs romantiques des années i 830. L'oppression 'poliitique ,, - Les trois pièces nous présentent en effet, d'une ma­ nière conforme à ..

la réalité historique, des situations poli­ tiques caractérisées par l'abus de pouvoir sous toutes ses ac� • formes. Dans Hernani, le père du héros a été décapité par Philippe le Beau, père de l'actuel roi don Carlos (1, 2).

Au conseil des ministres du roi d'Espagne, dans Ruy Blas, nous voyons ceux qui ont la charge de l'État se disputer les postes importants et les richesses, comme s'il s'agis­ sait d'un vulgaire butin (Ill, 1): l�s ministres se comportent �éomme des pirates ou des pillards.

Enfin, dans Lorenzaccio, l'abus de pouvoir se manifeste dès la première scène: le duc de Florence vient enlever une jeune fille de la ville.

Il fait désarmer le frère de celle-ci, qui voulait la défendre, et qui naïvement menace de dénoncer le ravisseur au duc"_ pensant que ce dernier châtiera l'injustice - avant de se rendre compte que celui qui déshonore ainsi sa famille n'est autre qu'Alexandre de Médicis lui-même.

Par la suite, nous voyons que le maître absolu de Florence n'a d'autre souci que de satisfaire ses passions avec la population féminine de la ville, et de piller les Florentins: « Je me soucie de l'impôt; pourvu qu'on le paye, que m'importe?», déclare-t-il avec une franchisé désarmante à la marquise Cibo, qu'il vient de séduire (Ill, 6). ,, L'assassinat politique Dans de telles conditions, le seul recours contre la violence des forts aux dépens des faibles paraît être l'assassinat politique.

Mais la mort du tyran peut-elle mettre un terme à la tyrannie? Les choses ne se passent pas ainsi dans nos pièces.

Dans Hernani, nous voyons les conjurés, dont font partie le vieux don Ruy Gomez et Hernani luimême, tramer le meurtre de don Carlos: ils doivent tuer ce dernier avant qu'il ne soit élu empereur, ce qui lui conférerait un caractère sacré {IV, 3).

Coup de théâtre: don Carlos, qui de sa cachette a tout entendu, les fait cerner par ses gardes et déjoue ainsi leur projet.

Deuxième coup de théâtre: venant juste d'être élu empereur, il décide d'inaugurer son nouveau règne par un acte de clémence, et leur accorde son pardon.

Par cette grandeur d'âme, il gagne d'un seul coup la loyauté de ceux qui l'instant d'avant voulaient sa mort: mais cette issue optimiste, qui a peut-être été inspirée à Hugo par le Cinna1 de Corneille, est tout à fait exceptionnelle dans le drame romantique," généralement empreint d'un sombre pessimisme. C'est bien ce pessimisme que l'on voit à l'œuvre dans Lorenzaccio.

Bien qu'il ne vive que dans le seul but d'assassiner le tyran de Florence, Lorenzo sait pertinemment ' ' 1.

Dans cette pièce.

Corneille nous montre la clémence de l'empereur romain Auguste, pardonnant à ceux qui s'apprêtent à l'assassiner (Cinna, V.

3).

Cet épisode est historique. qué son acte, une fois accompli, sera im,1tile.

Il le prédit au vertueux Philippe Strozzi, chef de la_principale famille ,. républicaine de Florence (Ill, 3).

Et en effet, le dernier acte de Lorenzaccio nous révèle la division des républicains: ils sont incapables-de profiter de la mort du duc, et c'est Côme de Médicis qui succède à son cousin Alexandre, grâce aux intrigues du méprisable cardinal Cibo.

• Ni Musset ni Hugo ne semblent donc présenter comme une solution acceptable le meurtre politique.

Du reste, celui-ci est souvent mêlé à la vengeance personnelle.

Si Lorenzo prend un tel soin à préparer le piège pour Alexandre de Médicis, n'est-ce pas aussi parce qu'il savoure à l'avance la vengeance qu'il tirera de ce meurtre: pour toutes les hontes que le duc lui a fait endurer.? e'est en tout cas l'avis de son complice Scoronconcolo, qui lui dit:«[ __ ,] au milieu de tes fureùrs, n'ai-je pas entendu résonner distinc­ tement un petit (!lOt bien net: la yengeance? » (Ill, 1). LA:-VENGEANCE PERSONNELLE • t Qu'elle soit ou non liée aux luttes politiques, la vel)­ geance tient une grande place dans le drame romantique. Aux époques que Hugo et Musset font revivre, l'honneur est la valeur suprême parmi les classes-dominantes de la société: un·homme ne pouvait tolérer la moindre injure à sa personne ou à sa famille sans exiger réparation.

Ceci explique la fréquence des duels dans les principaux drames romantiques.

Mais la vengeance peut prendre également des modalités plus subtiles et plus cruelles.

Dans tous les cas, hormis l'exception notable que nous avons signalée plus haut dans Hernani, le 'désir de ··vengeance rend les cœurs inaccessibles à la pitié. Les duels i ':-' • Le combat singulier était pour les nobles un moyen ra­ pide, et à leurs yeux honorable, de se venger des offenses, reçues. _ ,. Précisons que l'on ne se bat qu'entre égaux: c'est ainsi que don Carlos refuse le du�I que lui propose Hernani.

Les nobles ne vont pas « anoblir [les) poignards [des gueux) du choc de [leurs) épées » (Il, 3, v.

598).

Hernani, réduit ainsi à frapper un adversaire qui refuse de se battre, y renonce et laisse partir le roi.

Dans Ruy Blas, le sot don Guritan, agacé par les railleries de don César, provoque celui-ci en duel, et y laisse 1� vie.

On demeure confondu par la facilité avec la­ quelle ces personnages s'affrontent en combats mortels,. et par la légèreté de don César, lorsqu'il informe don Salluste qu'il vient de tuer son adversaire (IV, 6-7). D'une manière générale, la vie humaine est de peu de prix dans l'univers de ces drames.

Dans Lorenzaccio, Giorno, le favori du duc Alexandre, a battu un homme à mort sans trop savoir pourquoi (Il, 6).

li en éprouve si peu de remords qu'il chante une chanson grivoise, peu de temps après.

Musset oppose l'attitude réfléchie de Philippe Strozzi à l'emportement sauvage de son fils Pierre, qui veut « couper les oreilles »,à Salviati, lequel a fait de gros-, sières avances à sa sœur Louise (11, 1 ).

Philippe Strozzi n'est pas moins furieux que son fils de l'outrage subi par sa fille, mais il se contient, tandis que la rage de Pierre n'a de cesse qu'il n'ait tué l'offenseur (Il, 5), vengeance qui entraîne plus tard l'empoisonnement de sa sœur et le désespoir de son père (Ill, 7). L:"'absence de pitié Dans cette société au sens de l'honneur pointilleux, la pitié ne se trouve guère que chez les personnages faibles, les femmes en particulier.

Ce sont elles qui souvent plai­ dent pour plus de compassion, telles dona Sol dans Hernani (V, 6) et la marquise Cibo dans Lorenzaccio (Ill, 6). Mais les hommes sont en général fermés à la pitié, soit qu'ils considèrent celle-ci comme une faiblesse indigne c'est sans doute le cas du vieux Don Ruy dans la.... »

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