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VOIR SANS ÊTRE VU Textes 1. 2. MARIVAUX, La Dispute, scènes 1 et 2 (1744) MARIVAUX, Le Jeu de l'amour...

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« VOIR SANS ÊTRE VU Textes 1. 2. MARIVAUX, La Dispute, scènes 1 et 2 (1744) MARIVAUX, Le Jeu de l'amour et du hasard, Acte 1, scène 4 (1730) Objet d'étude : le théâtre ==i QUESTIONS (4points) 1.

Pour chacun des deux textes, présentez en une phrase ou deux, le dispo­ sitif mis en place pour permettre aux personnages d'en observer d'autres à leur insu.

Dans chacun des deux cas, quel est le statut du spectateur assis­ tant à la représentation de ces pièces ? Quelles sont les autres ressem­ blances entre les deux textes? 2.

Ces deux textes vous semblent-ils appartenir au registre comique? Justifiez votre réponse par des indices précis. TRAVAIL D'ÉCRITURE (16points) 1.

Commentaire Vous rédigerez un commentaire composé de la tirade du Prince dans la scène 2 de La Dispute:« Voici le fait: il y a dix-huit ans ou dix-neuf ans ... ...

de quelque côté qu'ils sortent de chez eux.

Partons.

» 2.

Dissertation Le spectateur de théâtre est-il un voyeur? N'est-il que cela? Vous appuierez votre réflexion sur les deux textes du corpus, et sur d'autres textes de théâtre à votre gré. 3.

Écriture d'invention Vous imaginerez que, dans La Dispute, Hermiane, profondément scandali­ sée par l'expérience menée en vue du spectacle auquel le Prince la convie, refuse d'assister à ce spectacle et quitte la scène.

Peu après, elle écrit et adresse au Prince un mémoire dans lequel elle expose l'ensemble de ses arguments et de ses sentiments. Vous rédigerez ce mémoire, en évitant autant que possible les anachro­ nismes de pensée et d'expression, la pièce de Marivaux datant de 1744. ==::J CORPUS ■ Texte 1 : MARIVAUX, La Dispute, scènes 1 et 2 (1744) SCÈNE PREMIÈRE LePRINCE, HERMIANE, CARISE, MESROU HERMIANE Où allons-nous, Seigneur, voici le lieu du monde le plus sauvage et le plus solitaire, et rien n'y annonce la fête que vous m'avez promise. LEPRINCE, en riant Tout y est prêt. HERMIANE 5 Je n'y comprends rien; qu'est-ce que c'est que cette maison, où vous me faites entrer, et qui forme un édifice si singulier, que signifie la hauteur prodigieuse des différents murs qui l'environnent.

Où me menez-vous? LEPRINCE 10 À un spectacle très curieux : vous savez la question que nous agitâmes hier au soir.

Vous souteniez, contre toute ma cour, que ce n'était pas votre sexe, mais le nôtre, qui avait le premier donné l'exE1mple de l'inconstance et de l'infidélité en amour. HERMIANE Oui, Seigneur, je le soutiens encore.

La première' inconstance ou la pre­ mière infidélité n'a pu commencer que par quelqu'un d'assez hardi pour ne rougir de rien.

Oh! comment veut-on que les femmes, avec la pudeur et la timidité naturelles qu'elles avaient, et qu'elles ont encore depuis que le 15 monde et sa corruption durent, comment veut-on qu'elles soient tombées les premières dans des vices de cœur qui demandent autant d'audace, autant de libertinage de sentiment, autant d'effronterie que ceux dont nous parlons? Cela n'est pas croyable. LEPRINCE Pour bien savoir si la première inconstance ou la première infidélité est 20 venue d'un homme, comme vous le prétendez, il faudrait avoir assisté au commencement du monde et de la société. HERMIANE Sans doute, mais nous n'y étions pas. LEPRINCE Nous allons y être; oui, les hommes et les femmes de ce temps-là, le monde et ses premières amours vont reparaître à nos yeux tels qu'ils 25 étaient, ou du moins tels qu'ils ont dû être : ce ne seront peut-être pas les mêmes aventures, mais ce seront les mêmes caractères; vous allez voir le même état de cœur, des âmes tout aussi neuves que les premières, encore plus neuves s'il est possible.

(À Carise et Mesrou) Carise, et vous, Mesrou, partez, et, quand il sera temps que nous nous retirions, faites le signal dont so nous sommes convenus.

(,4 sa suite) Et vous, qu'on nous laisse. SCÈNE Il HERMIANE, LEPRINCE HERMIANE Vous excitez ma curiosité, je l'avoue. LEPRINCE Voici le fait: il y a dix-huit ou dix-neuf ans que la dispute1 d'aujourd'hui s'éleva à la cour de mon père, s'échauffa beaucoup et dura très long­ temps.

Mon père, naturellement assez philosophe, et qui n'était pas de 35 votre sentiment, résolut de savoir à quoi s'en tenir, par une épreuve qui ne laissât rien à désirer.

Quatre enfants au berceau, deux de votre sexe et deux du nôtre, furent portés dans la forêt où il avait fait bâtir cette maison exprès pour eux, où chacun d'eux fut logé à part, et où actuellement même il occupe un terrain dont il n'est jamais sorti, de sorte qu'ils ne se sont 40 jamais vus.

Ils ne connaissent encore que Mesrou et sa sœur2 qui les ont élevés, et qui ont toujours eu soin d'eux, et qui furent choisis de la couleur dont ils sont3 , afin que leurs élèves en fussent plus étonnés quand ils ver­ raient d'autres hommes.

On va donc pour la première fois leur laisser la liberté de sortir de leur enceinte, et de se connaître; on leur a appris la 45 langue que nous parlons; on peut regarder le commerce qu'ils vont avoir ensemble comme le premier âge du monde; les premières amours vont recommencer, nous verrons ce qui en arrivera.

(Ici, on entend un bruit de trompettes.) Mais hâtons-nous de nous retirer, j'entends le signal qui nous en avertit, nos jeunes gens vont paraître; voici une galerie qui règne tout le 50 long de l'édifice, et d'où nous pourrons les voir et les écouter, de quelque côté qu'ils sortent de chez eux.

Partons. 1.

La, dispute : la discussion. 2.

Sa sœur: Carise. 3.

La, couleur qu'ils sont : Carise et Mesrou sont noirs. ■ Texte 2 : Le Jeu de l'amour et du hasard, acte 1, scène 4 (1730) MARIVAUX, Monsieur Orgon est le père de Mario et de Silvia.

Dorante et Silvia ont été fiancés par leurs pères, mais ne se sont jamais encore rencontrés.

Silvia vient de quitter la scène. ACTE 1, SCÈNE 4 MONSIEUR ORGON, MARIO MONSIEUR ORGON Ne l'amusez pas1, Mario; venez, vous saurez de quoi il s'agit. MARIO Qu'y a-t-il de nouveau, Monsieur? MONSIEUR ORGON Je commence par vous recommander d'être discret sur ce que je vais vous dire au moins. MARIO 5 Je suivrai vos ordres. MONSIEUR ORGON Nous verrons Dorante aujourd'hui ; mais nous ne le verrons que déguisé. MARIO Déguisé! viendra-Hl en partie de masque2? lui donnerez-vous le bal? MONSIEUR ORGON Écoutez l'article3 de la lettre du père.

Hum...

« Je ne sais au reste ce que 1 o vous penserez d'une imagination4 qui est venue à mon fils; elle est bizarre, il en convient lui-même, mais le motif en est pardonnable et même délicat; c'est qu'il m'a prié de lui permettre de n'arriver d'abord chez vous que sous la figure de son valet, qui de son côté fera le personnage de son maître.

» MARIO Ah! ah! cela sera plaisant. MONSIEUR ORGON Écoutez le reste ...

« Mon fils sait combien l'engagement qu'il va prendre est sérieux, et il espère, dit-il, sous ce déguisement de peu de durée, saisir quelques traits du caractère de notre future et la mieux connaître, pour se régler ensuite sur ce qu'il doit faire, suivant la liberté que nous sommes convenus de leur laisser.

Pour moi, qui m'en fie bien à ce 20 que vous m'avez dit de votre aimable fille, j'ai consenti à tout, en prenant la précaution de vous avertir quoiqu'il m'ait demandé le secret de votre côté; vous en userez là-dessus avec la future comme vous le jugerez à propos ...

» Voilà ce que le père m'écrit.

Ce n'est pas tout, voici ce qui arrive: c'est que votre sœur, inquiète.... »

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