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Yémen (1993-1994): De la crise à la guerre Après la tenue, le 27 avril 1993, d'élections législatives mettant fin à...

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« Yémen (1993-1994): De la crise à la guerre Après la tenue, le 27 avril 1993, d'élections législatives mettant fin à la période transitoire ouverte lors de l'unification du Yémen du Nord et du Yémen du Sud, en 1990, le pays paraissait prêt pour une stabilisation politique et économique.

Arrivé en troisième position avec 56 élus (auxquels se sont ajoutés 12 indépendants), le Parti socialiste yéménite (PSY), partenaire, à la tête du pays, du Congrès populaire général (CPG, anciennement au pouvoir dans le Yémen du Nord) - 146 élus sur 301 -, a pu conserver le contrôle du sud du pays, où il avait détenu le pouvoir en tant que parti unique d'un régime socialiste.

Ses résultats ont été cependant bien au-dessous de ses attentes dans les régions du Nord censées lui être favorables (Taez, Ibb, al-Beida).

Le Rassemblement yéménite pour la réforme (RYR-al Islah), coalition islamo-tribale et jusqu'alors principale force de l'opposition, dirigée par le cheikh Abdallah al-Ahmar, élu sans difficulté à la présidence de la nouvelle Chambre des députés, s'est assuré la deuxième place avec 62 élus et l'accès à la coalition gouvernementale, devenue tripartite.

Les dix-neuf autres partis en lice ont obtenu des résultats dérisoires, le parti Baas évitant seul l'humiliation avec sept députés.

Le nouveau gouvernement a été formé de huit membres du PSY, dont le Premier ministre Hayder Abu Bakr al-Attas, reconduit, seize du CPG, six du RYR et un vice-premier ministre baasiste, représentant inamovible des tribus. Une brève période euphorique marquée par une ultime tentative de fusionner le PSY et le CPG a débouché sur la reprise des tensions politiques entre partenaires.

Au cours des mois de juillet et août 1993, les trois partis s'affrontaient sur un vaste projet de réforme constitutionnelle, le RYR exigeant que la charia (législation islamique) soit consacrée source unique et exclusive de toute loi, alors que le CPG et le PSY essayaient de s'accorder sur le remplacement de la direction collégiale à cinq membres (trois du CPG, dont le président Ali Abdallah Saleh, et deux du PSY) par un seul président, avec éventuellement un vice-président, lesquels auraient été élus au suffrage direct et non plus par les députés.

Au fil du débat, le PSY a paru de plus en plus mécontent de ce qu'il ressentait comme une marginalisation aggravée par des pressions de plus en plus fortes pour qu'il accepte enfin la fusion des deux armées, demeurées distinctes depuis 1990.

Pour le PSY, le maintien de l'ex-armée sudiste offrait, en effet, un ultime recours dans le conflit portant sur l'édification d'un État "moderne" et laïque, l'opposant depuis l'unification aux dirigeants nordistes habitués à composer avec les tribus et les islamistes. Crise de confiance aggravée entre Nord et Sud C'est dans ce contexte que le vice-président Ali Salem al-Bid (PSY) a effectué en août 1993 un voyage en France puis aux États-Unis, avant de regagner directement Aden le 19 août.

Depuis, il n'est pas retourné à Sanaa, considérant que sa sécurité n'était pas assurée dans la capitale.

Dans les mois qui ont suivi, les ministres et de nombreux fonctionnaires du PSY ou simplement sudistes ont également quitté la ville alors que les actes de violence contre des membres de ce parti se multipliaient.

A l'échéance du délai fixé pour la désignation du Conseil présidentiel (début octobre 1994), et faute d'accord sur une réforme constitutionnelle, un nouveau Conseil a été désigné par la Chambre, le CPG perdant un membre au profit d'Abdelmajid al-Zendani du RYR.

Le PSY, conformément à ce qu'il avait exigé, a conservé ses deux représentants dont un seul, Salem Saleh Mohammed, s'est rendu à Sanaa prêter serment.

Comme cela avait été le cas lors du choix du Premier ministre, Ali Nasser Mohammed, président du Yémen du Sud jusqu'en 1986 et exilé à Damas, a été pressenti pour siéger au Conseil présidentiel. En octobre 1993, le vice-président a fait savoir que son retour à Sanaa dépendrait de l'application préalable de dix-huit points approuvés par le PSY (arrestation des auteurs de crimes politiques, retrait de l'armée des villes, mise en oeuvre d'un vaste programme de réformes...).

La politique de décentralisation, comprenant l'élection de conseils locaux, avait déjà constitué un thème majeur de la campagne électorale.

Ayant abandonné ses espoirs initiaux de réformer et moderniser tout le pays, le PSY comptait sur ce processus pour entamer un développement séparé des gouvernorats sudistes en s'appuyant sur la future zone franche d'Aden et sur l'exploitation du pétrole, dont la plupart des gisements se trouvent au sud.

Le débat sur la décentralisation a pris un tour nouveau en novembre, lorsque Salem Saleh Mohammed a évoqué la mise en place d'un système fédéral. La très longue période pré-électorale avait déjà paralysé le Yémen à partir de la fin 1992, mais la crise ouverte à l'été 1993 a encore aggravé la situation. Cinq petits partis d'opposition ont pris l'initiative de former un "comité du dialogue" auquel les trois partis de la coalition ont accepté de participer.

Le sultan Qabous d'Oman (avec lequel le Yémen avait signé en 1992 un accord frontalier) avait également appelé au dialogue lors de sa visite en octobre.

Ce comité a préparé un pacte d'entente reprenant les demandes socialistes auxquelles ont été ajoutées des mesures pour.... »

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