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Zaïre (Congo-Kinshasa) (1990-1991): Les surprises de la "démocratisation" L'année 1990-1991 a été dominée au Zaïre par de nombreuses manifestations porteuses...

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« Zaïre (Congo-Kinshasa) (1990-1991): Les surprises de la "démocratisation" L'année 1990-1991 a été dominée au Zaïre par de nombreuses manifestations porteuses de changements politiques radicaux.

L'approfondissement de la crise économique, le gel dans les relations de coopération avec le principal bailleur de fonds, la Belgique, et les critiques ouvertes des organisations financières internationales (FMI, Banque mondiale) sur la gestion du pays, ont été la toile de fond de ces évolutions.

Sur le plan politique, les événements en Europe de l'Est, plus particulièrement la chute de Nicolae Ceausescu en Roumanie en décembre 1989, qui avaient marqué les imaginations populaires à Kinshasa; le constat effectué par l'Église catholique zaïroise d'une "crise de légitimité en Afrique" de même qu'un malaise évident au sein du comité central du parti du Mouvement populaire de la révolution (MPR) ont contraint le régime à réagir par des déclarations d'intention proclamant vouloir rattraper des évolutions politiques "dangereuses". Après avoir d'abord affirmé que la perestroïka n'était pas pour le Zaïre, le président Mobutu Sese Seko, au pouvoir depuis vingt-cinq ans, entreprit, entre janvier et mars 1990, une tournée dans le "Zaïre profond" dans le but de se "mettre à l'écoute de son peuple".

Fin mars, plus de 5 000 mémorandums de doléances furent collectés par son fidèle accompagnateur, l'ancien patron de la Sûreté zaïroise, Mokolo wa Mpombo.

La plupart de ces doléances dénonçaient les fondements du régime (concentration des pouvoirs, monopartisme, culte de la personnalité, atteintes aux droits de l'homme, etc.), un certain nombre mettant même en cause le chef de l'État lui-même. Ce "dialogue direct avec le peuple", astucieusement mis en scène au nom d'une "démocratisation en marche", a débouché le 24 avril 1990, sur un discours solennel du président zaïrois devant le corps diplomatique au complet et quelque 3 000 notables du régime.

Mobutuy annonça l'avènement d'une IIIe république, un multipartisme à trois composantes, la dépolitisation de la fonction publique et la séparation des trois pouvoirs avec renforcement du pouvoir législatif.

Une phase transitoire d'un an était instaurée qui devait permettre l'élaboration d'une nouvelle constitution. Les limites de l'"ouverture" Vingt jours plus tard, cependant, un "discours de clarification" était prononcé par le président devant les commissaires du peuple (députés).

Des limites strictes à l'"ouverture" étaient tracées: il n'était pas question de tolérer des "marches, manifestations ou meetings de la part de groupuscules qui se faisaient passer pour des partis politiques".

Tout au plus, le président accepterait-il des "consultations de salon autour d'une tasse de thé" entre futurs dirigeants. Quant à la phase transitoire, elle devait se prolonger au-delà de mai 1991: les élections présidentielles ne devaient pas avoir lieu avant 1991 tandis que les élections législatives étaient reportées à 1992.

Enfin, des "primaires" départageraient les trois partis autorisés. Ce discours fut reçu comme une douche froide et compris comme une volte-face; sur les campus universitaires, les manifestations réclamant le départ du chef de l'État se multiplièrent, de même que les grèves.

Selon des témoins et observateurs, les violences interethniques qui eurent lieu les 9 et 10 mai 1990 à l'université de Lubumbashi et qui furent suivies d'une répression particulièrement sanglante par des éléments de la Garde civile eurent comme toile de fond l'opposition virulente d'étudiants à toute reprise en main des affaires par le président Mobutu. Ce "massacre" de Lubumbashi conduisit à une nouvelle rupture avec la Belgique, la précédente venant seulement de se régler en juillet 1989.

Le gouvernement belge décida, le 25 mai, de suspendre la préparation de la commission mixte belgo-zaïroise de juin et de renoncer à accorder un prêt d'État de 350 millions FB tant que la lumière n'aurait pas été faite sur les incidents de Lubumbashi par une commission d'enquête internationale.

Ä la suite de cette exigence, le président Mobutu décida d'expulser tous les coopérants belges et de mettre un terme à tous les projets de développement des organisations non gouvernementales (ONG) belges au Zaïre. Dans les mois suivants, le régime zaïrois, toujours en butte à des grèves spontanées et sporadiques, effectua un second repli tactique en acceptant, le 6 octobre 1990, un multipartisme intégral.

Au mois de juin 1990, on recensait déjà une cinquantaine de partis politiques demandant.... »

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