Zaïre (Congo-Kinshasa) (1991-1992): Débâcle économique et financière Trois grands titres ont fait la "une" de l'actualité du Zaïre pendant l'année...
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Zaïre (Congo-Kinshasa) (1991-1992):
Débâcle économique et financière
Trois grands titres ont fait la "une" de l'actualité du Zaïre pendant l'année
1991-1992: la mise en route du multipartisme à partir de janvier 1991, le
lancement d'une conférence nationale "souveraine" en août et, surtout, les
pillages et saccages des principales agglomérations zaïroises en
septembre-octobre 1991, qui ont abouti à l'effondrement de l'appareil financier
et économique du pays.
Le multipartisme, sanctionné par une ordonnance présidentielle de décembre 1990,
qui annulait le tripartisme annoncé par le chef de l'État, Mobutu Sese Seko, le
24 avril 1990, a d'emblée engendré une prolifération de petits partis: leur
nombre est passé de 70 en février 1991 à plus de 200 à la fin de l'année.
Seules
quelques formations sont apparues être significatives (UDPS - Union pour la
démocratie et le progrès social -, UFERI - Union des fédéralistes et
républicains indépendants -, PDSC - Parti démocrate social-chrétien -, UDI Union des démocrates indépendants -, FCN - Front commun des nationalistes), du
fait de la qualité de leurs dirigeants, pratiquement tous anciens barons du
régime, les autres partis n'étant que des groupes formés par des petits chefs
politiques et leur clientèle (familiale) immédiate, la plupart ne survivant que
par le biais des per diem (allocations journalières) distribués généreusement
aux participants à la conférence nationale.
Le démarrage de celle-ci, en août 1991, fut particulièrement ardu.
L'opposition,
rassemblée conjoncturellement dans une succession de "fronts" aux contours flous
(Front uni de l'opposition, Union sacrée, etc.), se battit pendant deux mois
pour obtenir non pas une commission nationale où seraient discutées les grandes
orientations de la IIIe République, ainsi que l'envisageait le pouvoir en place,
mais une conférence nationale qui aurait été souveraine et surtout aurait pu
faire le procès de la IIe République, comme au Bénin et au Congo.
Elle obtint
partiellement gain de cause, mais la conférence "souveraine" ne pourrait toucher
aux matières régies par la Constitution dite transitoire, votée au Parlement en
juin 1990.
Cela signifiait que tout gouvernement de transition - il y en eut
quatre en 1991 - continuerait à être nommé par le chef de l'État et non par la
conférence et que cette dernière ne pourrait mettre un terme au mandat du
président de la République (qui venait à expiration le 4 décembre 1991).
Dès les premiers jours de la conférence, ouverte le 7 août 1991, les travaux des
séances plénières durent être interrompus à la suite de contestations survenues
à propos d'irrégularités flagrantes dans la confection des listes des délégués.
L'opposition radicale, qui prétendait rassembler une centaine de partis, cria à
la manipulation, tandis que les associations civiles et les Églises se
plaignaient d'être sous-représentées.
Le poids du régionalisme
Interrompus à la mi-août, les travaux de la conférence ne redémarrèrent
effectivement qu'en décembre 1991, après de longues tractations occultes sur la
validation des mandats de chaque délégué.
Le stade de la constitution d'un
bureau (provisoire) de la conférence et de la rédaction d'un projet de règlement
d'ordre intérieur ne fut toutefois pas dépassé.
En janvier 1992, certains délégués de l'intérieur du pays, appuyés par la
majorité dite présidentielle - qui n'avait pas réussi à imposer un seul de ses
candidats au bureau de la conférence -, remirent cette fois en cause la
représentation trop marquée de certaines régions et groupes ethniques (les
Baluba du Kasai).
En fait, le régionalisme avait pris le pas sur l'appartenance
à l'opposition ou à la mouvance du pouvoir.
Le facteur "géopolitique", comme il
fut appelé par la suite, devint une donnée incontournable et gangréna
progressivement une opposition menée surtout par des "Kinois" (ressortissants de
Kinshasa) qui continuaient à jouer la carte d'un front national uni contre le
pouvoir.
A la fin janvier 1992, le gouvernement de Nguza-Karl-I-Bond, ancien membre de
l'Union sacrée de l'opposition originaire du Shaba (ex-Katanga), prit prétexte
de ces dissensions pour suspendre les travaux de la conférence, proposer d'en
revenir au principe de la tenue d'une commission purement constitutionnelle et
annoncer le début d'un processus électoral qui devrait départager les forces
politiques réelles du pays.
Le Premier ministre Nguza ne se priva pas à cette
occasion d'exacerber....
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