Devoir de Philosophie

Zaïre (Congo-Kinshasa) (1993-1994) En avril 1994, le Zaïre a entamé sa quatrième année de crise manifeste sans que l'on puisse...

Extrait du document

« Zaïre (Congo-Kinshasa) (1993-1994) En avril 1994, le Zaïre a entamé sa quatrième année de crise manifeste sans que l'on puisse percevoir des signes avant-coureurs de recomposition.

Ainsi pouvait-on se demander si le pays n'était pas entré dans une phase d'éclatement durable.

Sur le plan institutionnel, trois "exécutifs" ont continué de se disputer le pouvoir: les secrétaires généraux de l'administration désignés en décembre 1992 par le président Mobutu Sese Seko pour gérer la débâcle, le gouvernement "légal" d'Étienne Tshisekedi et celui de l'ancien opposant, Faustin Birindwa, rallié à la mouvance présidentielle. Quatre espaces régionaux (la partie orientale du pays, les zones minières du Kasaï, le Shaba et la zone jouxtant la Zone franc) ont virtuellement rompu les amarres pour s'accrocher, au niveau de leurs échanges, à des pays voisins. Certaines régions se sont ainsi prises en main, oubliant la capitale - parfois jusqu'à se déclarer indépendantes -, une coalition d'intérêts entre entrepreneurs locaux, chefs militaires et/ou fonctionnaires régionaux parvenant ici et là à maintenir un semblant d'ordre.

Ces replis régionaux ont contribué à renforcer une mécanique d'épuration ethnique, plus particulièrement au Kivu et au Shaba où la diaspora kasaïenne (Luba) et, dans une moindre mesure, les "originaires" du Rwanda et du Burundi établis au Zaïre ont été l'objet d'intimidations ou même d'expulsions.

C'est ainsi que les ressortissants du Kasaï, qui formaient la part la plus importante de la main-d'oeuvre dans les mines du Shaba, ont été contraints, au besoin par la force, de quitter leur lieu de travail.

Les villageois banyarwanda du Nord-Kivu ainsi que d'autres populations "suspectes d'être des non-originaires" ont été attaqués et dépossédés par leurs voisins invoquant leur "droit de premier occupant". Un mini-"capitalisme de pauvre", le plus souvent fébrile et sauvage et qualifié parfois "d'économie populaire" domine les comportements économiques. L'inflation, bien que ralentie en 1994, se situait toujours à des hauteurs impressionnantes (elle s'élevait à 8 823% en 1993), les prix grimpant vertigineusement chaque fois que les autorités recouraient à la planche à billet.

A partir de la mi-1993, la pénurie de billets de banque (principalement de petites coupures, indispensables pour le quotidien) a fait fluctuer les taux de change selon les régions et surtout entraîné une "dollarisation" progressive de l'économie.

Les ressources réelles de l'État n'ont pu être évaluées à plus de 250 millions de dollars, alors qu'elles dépassaient le milliard avant 1990. Cette situation a abouti soit à une mise en suspens de l'économie "moderne", soit à une "informalisation", sous peine de disparition.

Des pans importants en ont cependant continué à fonctionner: des routes réparées, des bâtiments publics repeints, les vols des compagnies aériennes privées arrivant et partant à l'heure, des entreprises de l'intérieur fonctionnant et continuant à exporter. Cela a amené à penser que beaucoup pourraient redémarrer très vite pour autant qu'un cadre politico-institutionnel approprié puisse s'imposer. Or, aucune percée n'est venue casser la dynamique de l'enlisement..... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓