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...... (19 avril 1906) J'entre dans le salon.

Publié le 02/02/2013

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...... (19 avril 1906) J'entre dans le salon. On me dit : « Il est mort. « Peut-on comprendre des paroles pareilles ? Pierre est mort, lui que j'ai vu partir bien-portant ce matin, lui que je comptais serrer dans mes bras le soir, je ne le reverrai que mort et c'est fini à jamais. Je répète ton nom encore et toujours. « Pierre, Pierre, Pierre, mon Pierre «, hélas, cela ne le fera pas venir, il est parti pour toujours ne me laissant que la désolation et le désespoir. Mon Pierre, je t'ai attendu des heures mortelles, on m'a rapporté des objets trouvés sur toi, ton stylographe, ton porte-cartes, ton porte-monnaie, tes clefs, ta montre, cette montre qui n'a pas cessé de marcher quand ta pauvre tête à reçu le choc qui l'a écrasée. C'est tout ce qui me reste de toi avec quelques lettres et quelques papiers. C'est tout ce que j'ai en échange de l'ami tendre et aimé avec lequel je comptais passer ma vie. On me l'a apporté le soir, la première j'ai embrassé dans la voiture ton visage si peu changé. Puis on t'a transporté et déposé sur le lit dans la chambre du bas. Et je t'ai embrassé encore, et tu étais encore souple et presque chaud, et j'ai baisé ta chère main qui se pliait encore. On m'a dit de m'en aller pour t'ôter tes habits. J'ai obéi, abrutie, et je ne comprends pas avoir été si folle. C'était à moi de te retirer tes pauvres loques sanglantes, personne d'autre ne devait le faire, personne d'autre ne devait te toucher, comment ne l'ai-je pas compris de suite. La compréhension m'est venue après, et je pouvais de moins en moins me détacher de toi, et je restais dans ta chambre de plus en plus, et je caressais ta figure et je la baisais. Mornes et affreuses journées. Le lendemain arrivée de Jacques [frère de Pierre Curie], sanglots et larmes. Puis tous deux, Jacques et moi, nous revenons constamment te voir et la première parole de Jacques à côté de ton lit c'est : « Il avait toutes les qualités ; il n'y en avait pas deux comme lui. « Nous nous comprenions bien, Jacques et moi, sa présence m'est un soulagement. Ensemble, nous restons près de celui dont nous avons été les plus chères affections, ensemble nous relisons les vieilles lettres et ce qui reste de ton journal. Oh, je regrette bien que Jacques soit parti. Pierre, mon Pierre, tu est là comme un pauvre blessé qui se repose en dormant la tête enveloppée. Et ta figure est encore douce et sereine, c'est encore toi enfermé dans un rêve dont tu ne peux sortir. ...... Marie Curie Journal

« vieilles lettres et ce qui reste de ton journal.

Oh, je regrette bien que Jacques soit parti. Pierre, mon Pierre, tu est là comme un pauvre blessé qui se repose en dormant la tête enveloppée.

Et ta figure est encore douce et sereine, c'est encore toi enfermé dans un rêve dont tu ne peux sortir. …… Marie Curie Journal. »

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