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à celle qui lui succède.

Publié le 22/10/2012

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à celle qui lui succède. Quelle grande culture, quelle grande expérience ne suppose donc pas ce concept? C'est pourquoi il ne pouvait surgir que tardivement et nous ne l'avons pas encore nous-mêmes amené à la complète clarté. La question se pose de savoir si l'éducation de l'individu doit vraiment imiter la culture de l'humanité en général à travers ses différentes générations. [...] Voici un principe de l'art de l'éducation que particulièrement les hommes qui font des plans d'éducation devraient avoir sous les yeux : on ne doit pas seulement éduquer des enfants d'après l'état présent de l'espèce humaine, mais après son d'état futur possible et meilleur, c'est-à-dire conformément à l'Idée de l'humanité et à sa destination totale. Ce principe est de grande importance. Ordinairement les parents élèvent leurs enfants seulement en vue de les adapter au monde actuel, si corrompu soit-il. Ils devraient bien plutôt leur donner une éducation meilleure, afin qu'un meilleur état pût en sortir dans l'avenir. Toutefois deux obstacles se présentent ici : 1) Ordinairement les parents ne se soucient que d'une chose : que leurs enfants réussissent bien dans le monde, et 2) les princes ne considèrent leurs sujets que comme des instruments pour leurs desseins. (Réflexions sur l'éducation, p. 69-80, passim.) Kant s'est intéressé beaucoup aussi à la philosophie de l'histoire. Et là encore c'est l'idée de l'Humanité et de sa destination totale qui inspire ses réflexions. Le texte suivant est tiré d'un opuscule de 1784, intitulé Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique. 56. L'ère des lumières et l'État cosmopolitique universel. On peut envisager l'histoire de l'espèce humaine en gros comme la réalisation d'un plan caché de la nature pour produire une constitution politique parfaite sur le plan intérieur, et, en fonction de ce but à atteindre, également parfaite sur le plan extérieur; c'est le seul état de choses dans lequel la nature peut développer complètement toutes les dispositions qu'elle a mises dans l'humanité. [...] On le voit, la philosophie pourrait bien avoir aussi son millénarisme (Chiliasmus); mais pour en favoriser l'avènement, l'idée qu'elle s'en fait, encore de très loin seulement, peut jouer un rôle par elle-même. Ce n'est donc nullement une rêverie de visionnaire. Il s'agit seulement de savoir si l'expérience révèle quelque chose qui justifie un tel processus dans les plans de la nature. Je dis « un tant soit peu «, car ce circuit semble exiger un tel laps de temps avant de se fermer que, si nous nous fondons sur la portion infime parcourue jusqu'ici par l'humanité dans ce domaine, on ne peut déterminer la forme de ce circuit et les rapports des parties au tout qu'avec bien peu de certitude. Pareillement, en s'appuyant sur toutes les observations du ciel faites jusqu'ici, entrevoit-on bien difficilement la course qu'accomplit notre soleil et tout son cortège de satellites dans le grand système des planètes; cependant le peu qu'on a observé du fondement général de la constitution systématique de l'édifice du monde nous donne assez de certitude pour conclure à la réalité de cette révolution. En attendant, la nature humaine adopte l'attitude suivante : même à l'égard de l'époque la plus éloignée que doit atteindre notre espèce, elle ne demeure pas indifférente, à condition de pouvoir l'attendre avec certitude. En particulier, nous pouvons d'autant moins être indifférents dans notre cas, puisque, semble-t-il, nous sommes capables par notre propre disposition raisonnable d'amener plus vite l'avènement de cette ère si heureuse pour nos descendants. A ce titre, pour nous-mêmes, les faibles indices de son approche sont très importants. Aujourd'hui déjà, les États entretiennent des rapports mutuels si raffinés qu'aucun d'eux ne peut relâcher sa culture intérieure sans perdre à l'égard des autres de sa puissance et de son influence; par conséquent, sinon le progrès, du moins là conservation de ce but naturel, est suffisamment garantie par les desseins ambitieux que ceux-ci nourrissent. Bien plus, la liberté du citoyen ne peut plus guère être attaquée sans que le préjudice s'en fasse sentir dans tous les métiers, et particulièrement dans le commerce; mais aussi, du même coup, se manifeste l'affaiblissement des forces de l'État dans ses relations extérieures. Or cette liberté s'étend d'une manière continue. Quand on empêche le citoyen de chercher son bien-être par tous les moyens qu'il lui plaît, avec la seule réserve que ces moyens soient compatibles avec la liberté d'autrui, on entrave le déploiement de l'activité générale, par suite, en retour, les forces de la collectivité. C'est pourquoi les restrictions apportées à la personne, dans ses faits et gestes, sont de plus en plus atténuées; c'est pourquoi la liberté universelle de religion est reconnue; ainsi perce peu à peu sous un arrière-fond d'illusions et de chimères, l'ère des lumieres; c'est là un grand bien dont le genre humain doit profiter en utilisant même la soif égoïste de grandeur de ses chefs, pour peu que ceux-ci comprennent leur propre intérêt. Mais ces lumières, et avec elles encore un certain attachement. que l'homme éclairé témoigne inévitablement pour le bien dont il a la parfaite intelligence, doivent peu à peu accéder jusqu'aux trônes et avoir à leur tour une influence sur les principes de gouvernement. Prenons un exemple : si nos gouvernements actuels ne trouvent plus d'argent pour subventionner les établissements d'éducation publique, et d'une manière générale pour tout ce qui représente au monde les vraies valeurs, parce que tout est déjà dépensé par avance pour la guerre à venir, il y va pourtant de leurvéritable intérêt de ne pas entraver du moins les efforts, certes bien faibles et lents, que leurs peuples accomplissent à titre privé dans ce domaine. Et enfin la guerre ne se borne pas à être une entreprise aux rouages très subtils, très incertaine quant au dénouement pour les deux camps; mais encore, pour les fâcheuses conséquences dont se ressent l'État écrasé sous le poids d'une dette toujours croissante (c'est là une invention moderne), et dont rafriortissement devient imprévisible, elle finit par devenir une affaire épineuse; en même temps l'influence que le seul ébranlement d'un État fait subir à tous les autres finit par devenir si sensible (tant chacun d'eux est indissolublement lié aux autres sur 'notre continent pas ses industries) que ceux-ci sont obligés par la crainte du danger qui les menace, et hors de toute considération législatrice, de s'offrir comme arbitres, et ainsi, longtemps à l'avance, de faire tous les préparatifs pour l'avènement d'un grand organisme politique futur dont le monde passé ne saurait produire aucun exemple. Bien que cet organisme politique, pour le moment, ne soit encore qu'une ébauche très grossière, un sentiment se fait déjà pour ainsi dire jour chez tous les membres : la conservation de la collectivité leur importe. Ce qui donne l'espoir qu'après maintes révolutions et maints changements, finalement, Ce qui est le dessein suprême de la nature, un État cosmopolitique universel, arrivera un jour à s'établir; foyer où se développeront toutes les dispositions primitives de l'espèce humaine. (La Philosophie de l'histoire, p. 73-76.)

« Anthropologie et Philosophie de l'histoire aussi son millénarisme (Chiliasmus); mais pour en favoriser l'avènement, l'idée qu'elle s'en fait, encore de très loin seulement, peut jouer un rôle par elle-même.

Ce n'est donc nullement une rêverie de visionnaire.

Il s'agit seulement de savoir si 1 'expérience révèle quelque chose qui justifie un tel processus dans les plans de la nature.

Je dis « un tant soit peu )), car ce circuit semble exiger un tel laps de temps avant de se fermer que, si nous nous fondons sur la portion infime parcourue jusqu'ici par l'humanité dans ce domaine, on ne peut déterminer la forme de ce circuit et les rapports des parties au tout qu'avec bien peu de certitude.

Pareil­ lement, en s'appuyant sur toutes les observations du ciel faites jusqu'ici, entrevoit-on bien difficilement la course qu'accomplit notre soleil et tout son cortège de satellites dans le grand système des planètes; cependant le peu qu'on a observé du fondement général de la constitution systématique de l'édifice du monde nous donne assez de certitude pour conclure à la réalité de cette révolution.

En attendant, la nature humaine adopte 1 'attitude suivante :même à l'égard de l'époque la plus éloignée que doit atteindre notre espèce, elle ne demeure pas indifférente, à condi­ tion de pouvoir l'attendre avec certitude.

En particulier, nous pouvons d'autant moins être indifférents dans notre cas, puisque, semble-t-il, nous sommes capables par notre propre disposition raisonnable d'amener plus vite 1 'avènement de cette ère si heureuse pour nos descendants.

A ce titre, pour nous-mêmes, les faibles indices de son approche sont très importants.

Aujourd'hui déjà, les États entretiennent des rapports mutuels si raffinés qu'aucun d'eux ne peut relâcher sa culture intérieure sans perdre à 1 'égard des autres de sa puissance et de son influence; par conséquent, sinon le progrès, du moins J:i conservation de ce but naturel, est suffisamment garantie par les desseins ambitieux que ceux-ci nourrissent.

Bien plus, la liberté du citoyen ne peut plus guère être attaquée sans que le préjudice s'en fasse sentir dans tous les métiers, et particulièrement dans le commerce; mais aussi, du même coup, se manifeste l'affaiblissement des forces de l'État dans ses relations extérieures.

Or cette liberté s'étend d'une ma­ nière continue.

Quand on empêche le citoyen de chercher son bien-être par tous les moyens qu'illui plaît, avec la seule réserve que ces moyens soient compatibles avec la liberté d'autrui, on en­ trave le déploiement de 1 'activité générale, par suite, en retour, les forces de la collectivité.

C'est pourquoi les restrictions apportées à la personne, dans ses faits et gestes, sont de plus en plus 114. »

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