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Alternance réussie en Ukraine

Publié le 22/02/2012

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10 juillet 1994 - Un idéologue s'en va, un industriel prend sa place. Un natif de l'Ukraine occidentale, où tout le monde parle l'ukrainien, est chassé par un Ukrainien originaire de l'Est, région des mines et des usines, où l'on parle surtout le russe. Leonid Kravtchouk, le virtuose des compromis, l'homme qui sut négocier le virage de son pays du communisme au nationalisme et à l'indépendance cède, à soixante ans, le pouvoir à son cadet de cinq ans, Leonid Koutchma, dont l'Ukraine attend désormais qu'il la sauve du marasme économique dans lequel elle s'enfonce depuis deux ans. En recueillant 52 % des voix, Leonid Koutchma a finalement créé la surprise au deuxième tour de l'élection présidentielle du 10 juillet, contre le président sortant, Leonid Kravtchouk, qui n'a obtenu que 47 % des suffrages. L'Ukraine a accueilli calmement cette alternance démocratique réussie. Sans espoir démesuré, d'ailleurs : les " deux Leonid " apparaissent depuis longtemps aux yeux des Ukrainiens pour ce qu'ils sont : des hommes de l'ancienne élite communiste, dont l'un a gravi les échelons de l'appareil idéologique du parti, l'autre ceux des " appareils de production " : c'est après des années de loyaux services à la tête du comité du parti de Ioujmach - " la plus grande usine de missiles du monde " - à Dniepropetrovsk, que M. Koutchma en vient à remplacer, en 1986, le directeur. De par ses fonctions, il avait sa place au comité central du PCUS et des avions à sa discrétion pour ses déplacements à l'intérieur du pays (détenteur de secrets d'Etat, il n'a pu voyager à l'étranger). " M. Kravtchouk devait en ce temps-là quémander une voiture pour ses déplacements dans Kiev ", remarque un admirateur de son rival. Pour autant, M. Koutchma n'a guère le profil d'un grand industriel à l'occidentale, ni même d'un représentant de l'élite scientifique de l'ancienne URSS. Certains de ses partisans admettent que ce fils de paysans aux cheveux roussâtres, au comportement autoritaire, devenu baron du complexe militaro-industriel, a gardé des manières un peu frustres. Ils reconnaissent aussi qu'il change souvent d'avis. Ce qui n'est pas forcément un mal : celui qui dit avoir été " sincèrement socialiste " encore en 1989, se prononce résolument moins de trois ans plus tard en faveur de l'économie de marché : " J'ai compris de l'intérieur que le système ne peut pas marcher ". Ces positions réformatrices l'amènent, en octobre 1992, au poste de premier ministre, nommé par le président Kravtchouk. M. Koutchma, alors relativement populaire, tente de lancer les réformes - libéralisation et début de privatisation - mais toujours " à l'ukrainienne ", avec prudence. L'inflation s'emballe, les mineurs font grève, le Parlement conservateur lui refuse les pouvoirs qu'il demande et le président se garde bien de le soutenir. Il offre une démission sans gloire, acceptée en septembre 1993 ses successeurs réintroduisent un contrôle des prix et un cours forcé de la monnaie qui poursuit sa chute. Revenu cette année dans la course au pouvoir, Leonid Koutchma joue la carte russe. L'idéologie nationaliste avait pu initialement entraîner l'ensemble du pays qui a cru à un avenir meilleur avec l'indépendance : dans la riche Ukraine - et dans l'intervalle des guerres et des famines imposées de Moscou - on a toujours mieux vécu qu'en Russie. Mais l'énergie russe aux prix mondiaux, les marchés russes qui se ferment, ont à nouveau divisé le pays. L'Est, le plus atteint car il a toujours vécu en symbiose avec la Russie, a écouté avec ferveur M. Koutchma expliquer qu'il n'y a d'autre issue que d'obtenir de Moscou des tarifs préférentiels en échange d'une intégration au sein de la Communauté des Etats indépendants (CEI) dessinée par Moscou que " l'étape de l'idéologie anti-russe doit être dépassée " et qu'on ne peut compter sur l'Occident, " où personne n'attend l'Ukraine ". A l'ouest du pays, soviétisé (comme les pays baltes) en 1945 seulement, ces arguments restent perçus comme autant de menaces sur l'indépendance retrouvée : on y a encore massivement voté pour M. Kravtchouk. Mais l'Ukraine a néanmoins basculé vers l'Est, plus peuplé, où M. Koutchma a recueilli le gros de ses voix. La vie politique en Ukraine sera-t-elle toujours prisonnière de cette division ? " Ces histoires de nationalisme, d'être pro ou anti-russe, ce sont maintenant surtout des trucs électoraux ", répond Miroslav Popovic, qui fut une des grandes figures du Roukh avant de quitter ce mouvement trop étroitement nationaliste à son goût. " Oui, dit-il, Leonid Koutchma a joué la carte russe pour avoir des voix, mais ni lui, ni même les communistes, ne pensent pas une seconde à réunifier l'Ukraine et la Russie. Ce n'est plus l'intérêt de personne, ni même de Moscou ". Ordre et économie M. Popovic a voté pour M. Kravtchouk, mais pense que la victoire de son rival n'est pas un drame : " Tous les deux ont promis de libéraliser les changes, de privatiser, de diminuer les taxes. Leonid Koutchma dit même qu'il est prêt à se battre pour l'imposer aux communistes et aux socialistes qui dominent au nouveau Parlement, alors que l'ancien président était tenté, comme à son habitude, de pactiser. " Les craintes de M. Popovic sont cependant que M. Koutchma, moins rodé et moins " fin politique " que son prédécesseur, n'ait pas les moyens de son ambition et ne remette sa démission, " laissant la voie libre au Parlement, ce qui serait la pire des choses ". Ce qui rejoint finalement les préoccupations de ceux des habitants de Kiev qui ont voté pour M. Koutchma, non pas dans un esprit pro-russe, mais " parce qu'il est le seul à pouvoir redresser l'économie " ou " le seul à pouvoir ramener l'ordre et la discipline ", les deux thèmes sur lesquels il a fini par axer sa propagande. Mais ni lui, ni M. Kravtchouk n'ont parlé aux électeurs de la poursuite nécessaire de la rigueur, alors que l'exécutif avait réussi ces derniers mois à baisser l'inflation en ralentissant fortement les crédits, à la faveur d'une pause de l'activité parlementaire pour cause d'élections successives. Car que peut-on demander encore à une population dont le salaire mensuel moyen est de moins de 15 dollars (contre 100 en Russie) ? Certes, les chiffres sont trompeurs et l'économie " parallèle " - celle des lopins de terre et du commerce privé, des passe-droits à l'exportation gérés par le pouvoir ou arrachés par les mafias - est aussi présente qu'en Russie, même si elle apparaît moins dans le paysage. Mais la " carotte " que le G7 vient d'offrir à l'Ukraine (4 milliards de dollars sur deux ans si le pays se décide à engager des réformes) est plus que bienvenue. M. Koutchma a déclaré, au lendemain de son élection, qu'il voulait " coopérer avec la Russie, mais aussi avec l'Allemagne, les Etats-Unis ou Taïwan ". Il faut sans doute prendre au mot le nouveau président, au lieu de croire la presse moscovite, qui a abusivement évoqué, lundi, l'idée d'une sorte de " retour de l'URSS " au vu des résultats des élections présidentielles en Ukraine et en Biélorussie. SOPHIE SHIHAB Le Monde du 13 juillet 1994
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« en le gratifiant, après plusieurs années sèches, de sa première richesse le téléphone, encore le plus défaillant des services publics,qui fonctionne de nouveau vaille que vaille des ordures ménagères plus ou moins ramassées de l'essence à la pompe et du gazchez le boutiquier du coin des rues colmatées à défaut d'être réasphaltées un aéroport loin d'être propret ( et où les servicessyriens sont rois) mais qui n'est plus un coupe-gorge, un port de Beyrouth remis à l'Etat et où mouillent de nouveau six à septnavires par jour.

Pour n'importe quelle ville au monde, ce serait un quotidien de misère, mais pour Beyrouth, où plus rien de toutcela n'existait, c'est le paradis. Et même quelques touristes... D'autant qu'une obsession a disparu du paysage libanais : le " passage ".

Pour ceux de Beyrouth-Est et de Beyrouth-Ouest, lavie se déroulait en fonction du baromètre quotidien des possibilités et risques de se déplacer d'un secteur à l'autre de la ville et, aufur et à mesure du morcellement du pays, d'une région à l'autre.

Aujourd'hui, même le vocabulaire a changé : on ne " passe " plus,on y " va ".

Déambuler dans les ruines du centre-ville est devenu la promenade du dimanche, en famille, de M.

Tout-le-Monde.On croit rêver...

des femmes coiffées du voile islamique découvrent le quartier chrétien de Beyrouth, dont elles ne connaissaientque le nom et les bombes.

Le mouvement contraire est moins frappant mais encore plus répandu.

Du nord au sud, les Libanaisretrouvent leur pays : Baalbek, Beiteddine, Tyr, Tripoli, les cèdres...

Petits cafés et sites grandioses : il fait vraiment bon vivre auLiban.

Dans un Liban que le Quatuor à cordes d'URSS sillonne en long et en large, après que la France eut donné le ton de laréunification culturelle en prenant le risque d'organiser un Salon du livre puis un spectacle Rimbaud en plein sur l'ancienne ligne dedémarcation de la capitale. L'envers de la médaille-encore bien terne,-ce sont des prix qui montent.

Non plus en livres libanaises, mais en dollars.

Beyrouthest redevenue une ville chère, ce qu'en devises étrangères elle avait cessé d'être dans les années 1986-1988.

Mais l'économie,malgré une reprise incontestable et d'ailleurs fort récente-un à deux mois-ne redécolle pas vraiment.

L'amélioration est certaine,mais pas suffisante, freinée par une série de facteurs : les réticences des investisseurs potentiels, toujours méfiants quant à l'avenirdu pays et échaudés par les fausses pacifications manquées de 1976-1977 et 1982-1983, la faillite financière de l'Etat, dont ladette s'alourdit de mois en mois, atteignant fin avril 1991 le chiffre colossal pour un si petit pays de 1 650 milliards de livres.L'aide étrangère, qui n'est pas venue ni ne s'annonce, malgré la création d'un fonds pour la reconstruction du Liban.

La psychosed'une " syrianisation " sous le double signe de l'étatisation et de la paupérisation, qu'aucune donnée objective n'étaie car la Syrie etles Syriens ont en effet plus intérêt-et ont tendance-à entrer dans le système libanais et à l'exploiter qu'à le détruire. Finalement, dans un long processus de régénération-tandis que se déroulent autour de lui, par l'intermédiaire du secrétaired'Etat américain, des tractations ardues pour une conférence sur le Proche-Orient, à laquelle son sort est lié,-le Liban s'est peut-être mis cette fois en " réserve de paix ". LUCIEN GEORGE Le Monde du 25 mars 1991. »

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