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anglaise, littérature.

Publié le 06/05/2013

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anglaise, littérature. 1 PRÉSENTATION anglaise, littérature, littérature produite en Angleterre, depuis l'introduction du vieil anglais par les Anglo-Saxons au Ve siècle jusqu'à nos jours. Les oeuvres des écrivains irlandais et écossais étroitement impliqués dans la vie et les lettres anglaises sont considérées comme appartenant à la littérature anglaise. En ce qui concerne les autres auteurs irlandais ou écossais, littérature écossaise ; littérature irlandaise. Pour les autres oeuvres littéraires de langue anglaise, littérature américaine ; littérature australienne ; littérature canadienne. 2 ÉPOQUE DU VIEIL ANGLAIS (OU ANGLO-SAXON) Cette période s'étend d'environ 450 à 1066, année de la conquête normande de l'Angleterre. Les tribus germaniques en provenance du continent européen qui envahissent l'Angleterre au Ve siècle, après le départ des Romains, apportent avec elles le vieil anglais (ou anglo-saxon), qui est à l'origine de l'anglais moderne. Elles introduisent aussi une tradition poétique spécifique, dont les caractères demeurent étonnamment constants jusqu'à ce que les envahisseurs franco-normands mettent fin à leur domination, six siècles plus tard. La production littéraire de cette période est riche et variée. Elle comporte de nombreuses traductions en langue vernaculaire d'ouvrages savants, comme ceux de saint Augustin et de Boèce, mais aussi des chroniques historiques, telle la Chronique anglo-saxonne, dont la rédaction s'étale sur près de quatre siècles. 2.1 La poésie La plupart des poèmes écrits en vieil anglais sont probablement chantés et accompagnés à la harpe par le scop, ou barde anglo-saxon. Souvent hardie et vigoureuse, mais aussi d'inspiration mélancolique et élégiaque, cette poésie chante la douleur, la futilité de la vie, l'impuissance de l'homme face à sa destinée. Rarement rimée, elle se compose de vers caractéristiques de quatre syllabes accentuées, alternées avec un nombre indéterminé de syllabes non accentuées. Ce vers sonne étrangement aux oreilles habituées à la prosodie moderne courante, dans laquelle l'unité rythmique, ou pied, est en théorie constituée d'un nombre constant de syllabes (une ou deux) non accentuées précédant ou suivant toujours toute syllabe accentuée. La poésie écrite en vieil anglais présente une autre caractéristique formelle déroutante et tout aussi frappante, l'allitération structurelle : dans chaque vers, deux ou trois syllabes accentuées commencent par le même son. Ces qualités de forme et d'inspiration s'illustrent parfaitement dans Beowulf, épopée écrite au VIIIe siècle. S'ouvrant et s'achevant sur les funérailles d'un grand roi, elle conte, dans un contexte de désastre imminent, les hauts faits d'un héros de la culture scandinave, Beowulf, qui extermina le monstre Grendel, la mère de Grendel et un dragon cracheur de feu. Beowulf y est présenté non seulement comme un héros couvert de gloire, mais aussi comme un sauveur du peuple. La vertu germanique de loyauté mutuelle entre le chef et ses partisans est traduite de façon efficace et touchante dans l'épisode au cours duquel Beowulf, âgé, fait le sacrifice de sa vie, et dans les reproches dont sont accablés les serviteurs qui l'abandonnent durant ce combat titanesque. L'art consommé avec lequel des fragments d'autres légendes héroïques sont introduits pour mettre en valeur l'action principale, conférant à l'ensemble une parfaite symétrie, n'est pleinement apprécié que depuis peu. Beowulf marque aussi l'affaiblissement de la puissance du destin inéluctable. L'idée chrétienne de confiance en un Dieu juste est de toute évidence présente. Ce trait est caractéristique des autres oeuvres littéraires écrites en vieil anglais, car presque tout ce qui nous en reste fut sauvé par les moines copistes. Les légendes et les histoires sacrées se transmettent dans des poèmes ressemblant dans leur forme à l'épopée de Beowulf. À l'origine, ces poèmes ont le style assez simple et austère des poèmes de Caedmon, humble personnage du VIIe siècle, dont Bède le Vénérable relate qu'il a reçu de Dieu le don de chanter. Plus tard, Cynewulf et ses disciples reprennent les mêmes thèmes. L'une des plus remarquables de ces oeuvres est le poème religieux sur la Passion du Christ, Dream of the Rood (« Rêve de la Sainte-Croix «). Outre ces compositions religieuses, les poètes du vieil anglais produisent un certain nombre de poèmes plus ou moins lyriques, plus courts, dénués de tout sentiment chrétien et exprimant l'âpreté des événements et la triste destinée humaine. The Wanderer (« le Vagabond «) et The Seafarer (« le Marin «) sont parmi les plus beaux de cet ensemble. 2.2 La prose La prose écrite en vieil anglais est constituée d'un grand nombre d'oeuvres religieuses : traductions de la Bible, ouvrages didactiques sur le calendrier ecclésiastique, sermons et vies de saints. L'impressionnante érudition des monastères du nord de l'Angleterre à la fin du VIIe siècle atteint son apogée avec l'Historia ecclesiastica gentis Anglorum (Histoire ecclésiastique de la nation anglaise, 731) de Bède le Vénérable. Soucieux d'éduquer son peuple, Alfred le Grand, roi des Saxons de l'Ouest au IXe siècle, fait entreprendre la traduction en vieil-anglais de cette importante oeuvre historique et de beaucoup d'autres, dont De consolatione philosophiae (v. 523) de Boèce, qui aura une grande influence sur la littérature anglaise. La plupart de ces oeuvres dérivent de sources latines et sont rédigées en prose allitérative, langue littéraire que supplantera le West saxon au 3 Xe siècle. LE MOYEN ÂGE ANGLAIS Au cours de cette période, qui s'étend de 1066 à 1485, l'influence de la littérature française sur les formes et les thèmes originaux anglais est importante. À partir de la conquête de l'Angleterre par les Normands en 1066 et jusqu'au XIVe siècle, le français remplace largement l'anglais dans les oeuvres littéraires ordinaires, et le latin conserve son rôle de langue savante. Au XIVe siècle, lorsque l'anglais redevient la langue d'élection des classes dirigeantes, il a perdu une bonne partie du système des désinences du vieil anglais, a subi certaines mutations phonétiques et a acquis le trait caractéristique qu'il conserve depuis, l'habitude d'intégrer librement dans le vocabulaire du pays nombre de termes étrangers, à l'époque des mots français et latins. Ainsi, les différents dialectes du moyen anglais parlé au XIVe siècle sont proches de l'anglais moderne et peuvent de nos jours se lire sans grande difficulté. La littérature en moyen anglais des XIVe et XVe siècles se diversifie. Divers éléments, français et même italiens, l'ont influencée, notamment dans le sud de l'Angleterre. De plus, différents styles régionaux se perpétuent, car la littérature et l'enseignement n'ont pas encore été centralisés. Pour ces raisons, et aussi grâce à la croissance vigoureuse mais irrégulière de la vie de la nation, le Moyen Âge anglais produit des oeuvres littéraires assez difficiles à classer. 3.1 L'allégorie Dans le Nord et l'Ouest, les poèmes sont encore écrits dans des formes très proches des vers du vieil anglais, avec leurs allitérations et leurs quatre accents. Ainsi, les poètes de cour John Gower (1330-1408), John Lydgate (1370-1450) et surtout William Langland (Pierre le Laboureur, 1362 pour la première version) dressent un tableau satirique de la société de leur temps et adoptent une conception chrétienne de la vie en union avec Dieu, et la conduite d'une Église pure. Autre poème visionnaire à allitérations, la Perle, écrit dans le nord-ouest de l'Angleterre vers 1370, véhicule également la doctrine chrétienne, mais son ton est celui de l'extase. Sans doute élégie sur la mort d'une petite fille (mais des interprétations par allégories religieuses très diverses ont été suggérées), ce poème décrit l'innocence enfantine du paradis et la nécessité pour chaque âme de retrouver cette innocence afin de franchir les portes de perles de la Nouvelle Jérusalem, et s'achève sur une étonnante vision du ciel. Le désir mystique de communion avec Dieu est un thème fréquent de la prose et de la poésie de la fin du Moyen Âge, notamment dans le nord de l'Angleterre. 3.2 Romans de chevalerie et d'aventure Poème allitératif, attribué à l'auteur anonyme de la Perle, Sir Gawain et le chevalier vert (v. 1370) est un roman courtois. La plupart des romans courtois anglais concernent les chevaliers du roi Arthur et s'inspirent de légendes celtiques très anciennes. 3.3 Chaucer Geoffrey Chaucer est l'auteur de deux romans courtois en vers sans allitération, tous deux inspirés de Boccace. Ce sont le Conte du chevalier (v. 1382), plus tard incorporé aux Contes de Cantorbéry, et Troïlus et Cressida (v. 1385), qui raconte le cours fatal d'un noble et malheureux amour dans le cadre homérique de Troie. S'intéressant plus aux motivations de ses personnages qu'à leurs actions, Chaucer modernise l'écriture courtoise. Introduit à la cour et chargé de missions diplomatiques qui le mènent jusqu'en Italie, Chaucer traduit des oeuvres françaises et latines, compose, en s'inspirant du français, plusieurs poèmes semi-allégoriques (le Livre de la duchesse, la Maison de la renommée), et surtout les Contes de Cantorbéry (apr. 1387), fresque réaliste des types sociaux composant l'Angleterre médiévale. 3.4 Les légendes du roi Arthur Parmi les poètes du XVe siècle, un certain nombre est manifestement influencé par Chaucer, mais, en règle générale, les thèmes et les styles littéraires médiévaux s'épuisent durant cette période. Thomas Malory se distingue par son oeuvre importante, dont le Morte d'Arthur (1469-1470, publié en 1485), roman de chevalerie qui perpétue la tradition du roman de la geste d'Arthur, dans une prose d'une vivacité et d'une vigueur remarquables, mais dont l'intérêt réside plus dans le développement psychologique des personnages, en particulier celui de Lancelot, tiraillé entre son amante Guenièvre et son ami Gauvain, que dans l'écriture épique de la quête du Graal. Par-delà les nombreuses péripéties et l'intrigue complexe, le thème dominant est aussi celui du nécessaire sacrifice des passions individuelles pour préserver l'unité nationale et le salut religieux, symbolisé par le Saint-Graal. Voir cycle arthurien. 4 LA RENAISSANCE Un âge d'or s'ouvre pour la littérature anglaise en 1485, qui perdure jusqu'en 1660. Le Morte d'Arthur de Malory fait partie des premières oeuvres imprimées par William Caxton, qui introduit l'imprimerie en Angleterre en 1476. La croissance de la bourgeoisie, le développement régulier du commerce, celui de l'enseignement étendu aux laïcs et non plus réservé au seul clergé, la centralisation du pouvoir et d'une bonne partie de la vie intellectuelle à la cour des Tudors et des Stuarts, enfin l'ouverture sur le monde apportée par les grandes découvertes insufflent un nouvel élan à la littérature. Néanmoins, celle-ci ne s'épanouit pleinement que dans les vingt dernières années du XVIe siècle, sous le règne d'Élisabeth Ire ; la Réforme et les polémiques qu'elle entraîne constituent, au début du siècle, un frein pour la création littéraire. L'humanisme encourage l'étude des auteurs de l'Antiquité et réforme l'enseignement, faisant de l'expression littéraire la première exigence de toute personne dite cultivée. Le style littéraire, en partie modelé sur celui des anciens, devient bientôt la préoccupation des poètes et des prosateurs anglais. Ainsi, la richesse et la profusion des métaphores du style de la fin du XVIe siècle doivent-elles beaucoup, de façon indirecte, à la force éducative de ce mouvement. L'effet le plus immédiat de l'humanisme est cependant le rejet des erreurs de l'enseignement théologique et des superstitions du Moyen Âge, rejet auquel contribue le plus remarquable des humanistes anglais, Thomas More, par son oeuvre, Utopie (1516). 4.1 La poésie de la Renaissance Souvent attachée aux circonstances de la cour, la poésie de la première partie du XVIe siècle est dans l'ensemble d'importance secondaire, même si la tendance est à l'ouverture, en particulier à la poésie italienne pour ses thèmes et ses structures. On peut retenir l'oeuvre de John Skelton, qui combine des influences du Moyen Âge et de la Renaissance humaniste, celle de Thomas Wyatt qui impose la tradition pétrarquiste de la poésie amoureuse dans ses productions et, s'inspirant de l'Antiquité, donne libre cours à la satire, celle d'Henry Howard enfin, qui perfectionne le sonnet anglais, déjà essayé par Wyatt, et introduit le pentamètre non rimé virgilien (blank verse). Leurs poèmes sont publiés pour la première fois en 1557 dans une anthologie : Tottel's Miscellany. Mais les deux grands novateurs de la poésie de la Renaissance sont, dans le dernier quart du XVIe siècle, Philip Sidney et Edmund Spenser. Sidney, le modèle du gentilhomme de la Renaissance, impose la vogue du sonnet anglais imité de Pétrarque avec un canzoniere, Astrophel et Stella (1591), et le thème, issu du platonisme, de l'idéalisation de l'être aimé, qui deviendra celui d'une grande partie de la poésie et du théâtre de la fin du XVIe siècle. Ce recueil de cent huit sonnets, faisant abondamment référence à la théorie et s'interrogeant sur les principes de la création poétique, fait office de manifeste pour la génération poétique de Sidney. Traité systématique de l'idéalisme renaissant, le poème épique la Reine des fées (1590-1609) de Spenser correspond aux nouveaux impératifs exprimés par Sidney dans son essai critique, l'Apologie ou Défense de la poésie (1595). Spenser affiche en effet dans cette fresque allégorique -- faisant, sous les couverts de l'épopée fabuleuse et du roman de chevalerie aux vertus moralisantes, l'apologie de la Réforme et de la reine Élisabeth I re -- les vues théologico-pédagogiques qu'il avait déjà expérimentées dans le Calendrier du berger (1579). Il met d'ailleurs son recueil de sonnets pétrarquistes Amoretti (1595) au service de cette même cause morale en proposant une lecture protestante de l'idéalisme courtois. Deux autres tendances poétiques commencent à se faire jour vers la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. La première est incarnée dans la poésie -- dite métaphysique -- de John Donne et des poètes métaphysiques Henry Vaughan, George Herbert, Richard Crashaw, Andrew Marvell, qui portent le style métaphorique à des sommets d'ingénuité et de complexité, et dont la production se caractérise par une tonalité sensible, exubérante, parfois extravagante et par l'emploi systématique des conceits (associations incongrues de mots imagés destinées à surprendre). En réaction à la luxuriance de Spenser et de ses disciples, au baroquisme des poètes intellectuels, la seconde tendance poétique, représentée par la poésie de Ben Jonson et des poètes de son école, les poètes cavaliers Thomas Carew, John Suckling ou Richard Lovelace, défend un style d'une pureté et d'une retenue classiques. Il s'agit d'une poésie d'inspiration sociale, parfois lyrique, qui se compose essentiellement de poèmes de circonstance ou d'éloge célébrant, avec subtilité, les valeurs aristocratiques. Elle influence fortement Robert Herrick, poète de la société royaliste menacée, et l'évolution poétique du genre héroïcomique et satirique incarné par John Cleveland, Francis Kynaston ou Edmund Waller. Le dernier grand poète de la Renaissance anglaise est le puritain John Milton, qui, mettant à profit une éducation classique et l'expérience des diverses écoles de poésie anglaise des cinquante années précédentes, s'attelle à la composition d'une grande épopée anglaise. Bien qu'ayant fait sienne la conception de ses aînés Sidney et Spenser sur le rôle inspiré du poète, noble instructeur de l'humanité, il rejette les éléments empruntés à la mythologie et à la chevalerie médiévale au profit de la tradition centrée sur la Bible et le christianisme. Le Paradis perdu (1667) tente d'exprimer les vérités chrétiennes de liberté, de péché et de rédemption telles que Milton les conçoit et de « justifier l'attitude de Dieu envers l'homme «. 4.2 Le théâtre et la prose romanesque de la Renaissance Entre 1580 et 1660, la poésie de la Renaissance anglaise connaît un essor remarquable. Cependant, c'est le théâtre, qui, à la même époque, bénéficie de la plus haute estime populaire. Les oeuvres de son plus grand représentant, William Shakespeare, sont connues dans le monde entier. Dans la période qui a précédé, se sont progressivement développées des représentations théâtrales sur des thèmes religieux, les mysteries. Par la suite, les représentations de drames religieux sont devenues la spécialité de confréries, et toute l'histoire chrétienne, de la création du monde au Jugement dernier, a été portée sur la scène pour un public profane. Le théâtre de la Renaissance proprement dit se développe sur cette base, en un certain nombre d'étapes provisoires, jusqu'aux alentours de 1580. Le théâtre élisabéthain se décompose en effet en plusieurs genres, dont la comédie populaire (John Heywood, Nicholas Udall, William Stevenson) héritière de Plaute et de Térence, le théâtre de cour, qui s'inspire de la tradition mythologique antique (voir John Lyly) ou italienne (voir George Gascoigne), la tragédie de vengeance, genre encore incertain dont Thomas Sackville et Thomas Norton sont les précurseurs (vers 1560), et la tragédie domestique, qui naît aux alentours de 1590 avec une pièce anonyme, Arden of Faversham, mettant en scène le meurtre prémédité d'un mari jaloux par un couple d'amants illicites. Un grand nombre de comédies, de tragédies et de pièces relevant de genres intermédiaires sont produites pour les théâtres londoniens entre 1580 et 1642, année de la fermeture des salles de théâtre de Londres par ordre du Parlement puritain. Christopher Marlowe crée également, avec Édouard II (1594), la première tragédie historique anglaise, relatant la déposition d'un roi en lutte contre ses barons rebelles. On lui doit aussi Massacre à Paris (1588-1593), tragédie relatant le massacre de la Saint-Barthélemy des 23 et 24 août 1572, Tamerlan (1590), dénonciation du culte de l'ambition, le Juif de Malte (1589), tragi-comédie mettant en scène Barrabas, un juif que l'injustice rend furieux et tyrannique, et enfin la Tragique Histoire du docteur Faust (v. 1590), tableau des grandeurs démesurées de l'omnipotence. 4.3 Shakespeare La tragédie et la comédie élisabéthaines atteignent leur apogée avec les oeuvres de Shakespeare. Au-delà de son talent, de la richesse de son style, de la complexité de ses intrigues et ses études de caractère inégalées, sa compréhension compatissante de la destinée de l'homme, conduit par l'égoïsme, confère à son oeuvre une grandeur immortelle et en a fait le plus illustre représentant de la littérature anglaise. L'oeuvre dramatique de Shakespeare se divise en comédies, tragédies et pièces historiques. Les comédies représentent près de la moitié de son oeuvre. Si les premières (1592-1596), centrées autour des rapports entre les sexes, sont lyriques et franchement burlesques (la Comédie des erreurs, Peines d'amour perdues, le Songe d'une nuit d'été) et se construisent sur l'illusion et le quiproquo, les comédies « romantiques « (1596-1600), où prédomine le thème de l'amour (le Marchand de Venise, Comme il vous plaira, la Nuit des rois), jouent sur la théâtralité et la récurrence de sa mise en abyme. Les dernières enfin, qu'on appelle « comédies à problèmes «, dénoncent, sur fond de rires sarcastiques, les travers de l'humain. Les tragédies empruntent toutes les catégories pour démontrer combien la destinée est incontrôlable pour l'homme souvent aveuglé par sa volonté de pouvoir. Ainsi les pièces romaines, les quatre grandes tragédies -- Hamlet (1601), Othello (1604), le Roi Lear (1606), Macbeth (1606) -- et les tragi-comédies romanesques -- Périclès (v. 1608), Cymbeline (v. 1610), la Tempête (v. 1611) -- disent combien les rapports entre le rêve et la réalité sont faussés et aussi combien l'aveuglement peut déclencher de drames et de passions. Les neuf pièces historiques enfin, par le biais de récits mêlant la réalité à la légende, retracent les fastes et les épisodes sanglants d'une partie de l'histoire anglaise et analyse les effets de l'exercice du pouvoir sur les êtres vaniteux, accablés par leur charge, flattés par les traîtres et que seule la mort, omniprésente à leurs yeux, délivrera. C'est avec la publication, entre 1560 et 1575, des recueils de contes italiens et français aux intrigues amoureuses complexes, sensationnelles et mouvementées, que le roman anglais évolue vers la peinture psychologique. Plusieurs auteurs -- Geoffrey Fenton, George Pettie, George Gascoigne -- s'illustrent dans des récits inspirés de l'Antiquité et des productions médiévales, avant que John Lyly publie l' Euphues (1578-1580), roman satirique et didactique qui prend pour cible la présomption innocente d'un jeune homme avide de plaisirs faciles et dont le style recherché, hérité de la rhétorique médiévale, fait l'unanimité. Philip Sidney, qui conçoit sa foisonnante épopée romanesque en prose Arcadie (1590) comme « un amusement pour Dames sans conséquence «, est pourtant à l'origine du courant pastoral qui anime le roman anglais à la fin du siècle et dont témoignent les nombreuses oeuvres de Robert Greene (Mamillia, Penelopes Web, Morando, The Tritameron of Love), de Thomas Lodge (Forbonius and Prisceria, Rosalinde, Euphues golden legacie) et de leurs disciples, Thomas Nashe, Thomas Dekker ou Thomas Deloney. Les oeuvres en prose non romanesques de la Renaissance dignes d'intérêt ne sont pas très nombreuses. Cependant, la grande traduction de la Bible, la Bible du roi Jacques (1611), marque l'aboutissement de deux siècles d'efforts pour produire la meilleure traduction anglaise possible des textes d'origine ; son vocabulaire, ses images et ses rythmes ont influencé depuis lors nombre d'écrivains de langue anglaise. 4.4 La fin de la Renaissance et le XVIIe siècle Inventeur du genre appelé la « comédie des humeurs «, qui s'oppose à la comédie romantique de Shakespeare, et dans lesquelles les personnages cultivent les déséquilibres maniaques et furieux, Ben Jonson influe grandement sur l'évolution immédiate du théâtre. Fondées sur des principes inspirés d'Horace et de Quintilien -- simplicité, clarté, équilibre, refus des ornements inutiles --, ses comédies satiriques brossent une galerie d'excentriques et de possédés dévorés par le désir de puissance, et traduisent une exigence de pureté que l'on retrouve exposée dans Chacun hors de son caractère (1599), comédie grinçante lui servant d'art poétique que suivront ses contemporains, Middleton, Marston, Rowley. Héritiers de la tendance tragico-satirique qui gagne le théâtre de la fin de la Renaissance avec Webster ou Tourneur, Beaumont et Fletcher collaborent à un certain nombre de tragi-comédies ( la Bergère fidèle, v. 1609, la Tragédie de la jeune fille, v. 1611) dans lesquelles les situations moralement douteuses, les revers de fortune inattendus et la sentimentalité se combinent à une creuse rhétorique. 5 LA PÉRIODE DE LA RESTAURATION ET LE XVIIIE SIÈCLE Cette période s'étend de 1660 -- année où Charles II est réintronisé -- à 1789 environ. Séduite par l'expression poétique transparente de « l'école de Ben «, la nouvelle génération se caractérise par la recherche du bon goût, de la modération et par l'imitation des classiques grecs et latins. Le parallèle historique entre les premiers temps de la Rome impériale et la restauration de la monarchie anglaise, qui toutes deux remplacent des institutions républicaines, est exploité par les classes dirigeantes et instruites. Leur goût pour la littérature de l'époque d'Auguste, empereur romain, élargit le succès de la nouvelle littérature anglaise et encourage une certaine grandeur de ton dans la poésie de l'époque. En outre, les idéaux de recherche objective et d'expérimentation scientifique diffusés par la Royal Society, créée officiellement en 1662, contribuent au développement d'une prose simple et claire, instrument d'une communication rationnelle. Enfin, les grands traités philosophiques et politiques de l'époque promeuvent le rationalisme. Par commodité, les étapes successives de l'évolution des goûts littéraires durant la Restauration et le XVIIIe siècle sont nommées « époque de Dryden «, « époque de Pope « et « époque de Johnson «, d'après les trois grandes figures littéraires qui ont perpétué la tradition classique dans la littérature. 5.1 L'époque de Dryden La poésie de John Dryden possède une grandeur, une force et une plénitude de ton que l'époque accueille avec enthousiasme. Son distique héroïque ciselé (unité de deux pentamètres iambiques rimés, généralement terminée par un point) devient la forme dominante de composition de poèmes plus longs. Il définit dans ses oeuvres critiques (Essai sur la poésie dramatique, 1668 ; Discourse Concerning the Original and Progress of Satire, 1692) la contrainte, la compression, la clarté du style et le bon sens qui illustrent sa propre poésie et acquiert sa réputation grâce à la satire, élevée au genre poétique par excellence de l'époque. Polyglotte, nourri de culture classique et contemporaine, il traduit Juvénal, Perse et Virgile. Ses tragédies héroïques (la Conquête de Grenade, 1670 ; Tout pour l'amour, 1677) illustrent le caractère dominant de la tragédie à l'époque de la Restauration. Le réalisme des personnages et la cohérence de leurs motivations sont souvent sacrifiés au profit d'intrigues et de situations extravagantes se déroulant dans des lieux exotiques et présentées dans un style frisant la grandiloquence. Le meilleur exemple de ce type de tragédie est probablement la Venise sauvée (1682) de Thomas Otway, qui réussit à éviter les pires excès auxquels est exposé ce genre. À cette époque, cependant, la vogue de la tragédie héroïque présente des signes d'essoufflement. Supérieure à la tragédie, la comédie de moeurs du début du XVIIIe siècle est l'héritière du théâtre de la Restauration, volontiers libertin et amoral. Elle s'inspire directement des comédies de Ben Jonson mais s'efforce à plus de raffinement tout en affichant moins de vigueur. D'esprit froid et satirique, elle conte immanquablement une histoire d'amour tout en faisant une satire de la société mondaine. Ses plus illustres représentants sont William Congreve ( Ainsi va le monde, 1700) et William Wycherley (l'Épouse campagnarde, v. 1674). Cette époque voit également la production d'oeuvres en prose de nature différente. Une vision du monde audacieuse et colorée se dévoile dans le Journal (partiellement publié à titre posthume en 1825) rédigé de 1660 à 1669 en caractères secrets par Samuel Pepys, haut fonctionnaire à l'Amirauté. Cette oeuvre étonnante est un précieux témoignage sur les goûts contemporains, une révélation, sans héroïsme et sans pudeur, des multiples événements d'une vie privée et des aspirations d'un peuple. À l'opposé de Pepys, John Bunyan, prédicateur puritain, totalement étranger au monde aristocratique, célèbre le dynamisme de la foi et la persévérance du chrétien malgré les turpitudes de la vie ( le Voyage du pèlerin, 1678-1684). 5.2 L'époque d'Alexander Pope Au cours de cette période, la tendance classique de la littérature anglaise atteint son apogée, tandis que d'autres tendances commencent à se manifester. La poésie de Dryden est parvenue, sous l'égide des auteurs grecs et latins, à la grandeur, à l'amplitude et au sublime dans le cadre d'une définition rigoureuse du bon goût et du bon sens. Cette description s'applique encore plus étroitement à la poésie d'Alexander Pope. Plus que tout autre poète anglais, il s'astreint à respecter le principe selon lequel la force expressive du génie poétique ne doit jaillir que dans une formulation aussi raisonnable, lucide, équilibrée, retenue, définitive et parfaite qu'il est possible à la raison humaine. Pope n'a pas la majesté de Dryden, néanmoins, l'aisance, l'harmonie et la grâce de son vers sont impressionnantes, et l'expression de sa pensée est infiniment précise. Son renom repose essentiellement sur ses satires, mais son penchant didactique le conduit à formuler en vers un Essai sur la critique (1711), le code du néoclassicisme à l'anglaise, et un Essai sur l'homme (1734), qui s'achève sur une généralisation très controversée : « Tout ce qui existe est juste «. Le penchant du XVIIIe siècle pour la puissance de la raison et du bon sens a donné naissance à un grand nombre d'oeuvres en prose. D'Irlande, Jonathan Swift, qui est comme Pope conservateur tory, écrit un grand nombre de récits satiriques en prose, dans lesquels une perception profonde et désespérée des institutions et de la bêtise humaine contraste avec la critique sociale des grands contemporains. Sa colère généreuse en faveur des pauvres d'Irlande s'exprime dans Une modeste proposition (1729), dans laquelle il suggère, avec une ironie terrible, aux familles pauvres irlandaises de vendre leurs enfants comme nourriture aux riches, afin qu'une charge économique devienne pour elles un profit général. Son oeuvre la plus célèbre, les Voyages de Gulliver (1726), contient également une critique féroce de l'humanité. Les articles du Spectator (1711-1712 ; 1714), dus essentiellement à Joseph Addison et Richard Steele, correspondent au besoin, nouveau à l'époque, d'un journalisme populaire. Leurs commentaires éclairés et leur critique de la société contemporaine les distinguent de la masse des publications similaires. La principale intention d'Addison et de Steele est de « raviver la moralité par l'esprit et tempérer l'esprit par la moralité «. Dans une série d'essais (publiés dans leur quotidien The Spectator, 1711-1714) empruntant le ton de la conversation, Addison et Steele recueillent certains des meilleurs traits du caractère anglais de l'époque à l'aide d'un noyau de personnages fictifs et brossent par exemple le portrait du parfait gentleman à travers le gentilhomme campagnard, sir Roger de Coverley, ou celui du galant de ces Dames à travers sir Will Honeycomb. L'oeuvre de Daniel Defoe, aventurier des classes moyennes, agent politique et immense polygraphe, représente une tout autre sorte de journalisme. Loin de la vie des classes supérieures et de leurs auteurs érudits, tout comme Bunyan avant lui, il produit, parmi de nombreux écrits de commande et d'essais politiques et sociaux, une série de mémoires et de confessions prétendus vrais mais en réalité purement fictifs. Ainsi le Journal de l'année de la peste (1722), En explorant toute l'île de Grande-Bretagne (1724-1727) et le plus célèbre d'entre eux, Robinson Crusoé (1719), qui raconte la vie et les aventures d'un marin naufragé. Suivent un certain nombre de romans influencés par la vogue des biographies criminelles comme Moll Flanders (1722), Colonel Jack (1722) ou encore Lady Roxana (1724). 5.3 L'époque de Samuel Johnson Cette période, de 1744 à 1784 environ, correspond à une ère d'évolution des idéaux littéraires. Le classicisme et le conservatisme littéraires de Samuel Johnson représentent un combat d'arrière-garde contre le culte des sentiments et des émotions associé de diverses façons aux signes avant-coureurs du romantisme. Johnson compose des poésies perpétuant les traditions et les exigences formelles de Pope, mais il est plus connu pour sa prose, et pour ses dons extraordinaires de causeur et d'arbitre littéraire de la vie culturelle urbaine de son époque. Son Dictionnaire de la langue anglaise (1755) est le premier dictionnaire compilé selon les normes modernes de la lexicographie. Ses essais journalistiques parus dans The Rambler (17501752) souffrent de pédanterie et ne parviennent qu'à accentuer l'opposition entre le formalisme des néoclassiques et l'idéal romantique à venir. Ami de Johnson, Oliver Goldsmith se montre à la fois conservateur dans la forme et précurseur du romantisme dans un roman, le Vicaire de Wakefield (1766). Ses pièces, en revanche, comme celles de son cadet Richard Sheridan, se rattachent à une tradition satirique ancienne rapidement dépassée. Les signes avant-coureurs du romantisme se décèlent dans les poèmes de William Cowper et de Thomas Gray. Ils trouvent un premier épanouissement dans l'oeuvre de William Blake -- personnalité unique de la littérature anglaise, poète, artiste, graveur autodidacte et mystique, en révolte contre la morale chrétienne et les institutions. Le roman, notamment sentimental, devient la nouvelle forme de littérature populaire. Samuel Richardson décrit le sacrifice accepté par Clarisse Harlowe (1747-1748). Contemporain de Richardson, Henry Fielding révèle dans son Tom Jones (1749) une verve comique et une vigueur qui triomphent des excès de l'hypocrisie. L'Écossais Tobias Smollett est l'auteur de plusieurs romans picaresques, dont le dernier, et sans doute le meilleur, est l'Expédition de Humphrey Clinker (1770). Vie et Opinions de Tristram Shandy (1759-1767), chef-d'oeuvre de Laurence Sterne, s'adonne au culte romantique des sentiments, bien que ses personnages excentriques et la peinture minutieuse des caractères en fassent une tentative remarquable de la représentation de la vie dans toute sa complexité. 6 LA PÉRIODE ROMANTIQUE (1789-1837) L'âge romantique privilégie l'émotion face à la raison. L'un des objectifs de la Révolution française a été de proclamer la liberté et l'égalité de la race humaine : ces objectifs semblent également convenir, outre-Manche, à de nombreux écrivains. Le romantisme anglais se caractérise par la subordination de la raison à l'intuition et à la passion, par le culte de la nature originelle, la primauté de la volonté individuelle sur les convenances sociales, et une fascination pour un certain exotisme. La première manifestation importante du romantisme s'exprime dans les Ballades lyriques (1798) de Wordsworth et Coleridge, jeunes poètes amenés à l'activité créatrice par l'idéal de la Révolution française. Wordsworth (le Prélude, 1804, publié à titre posthume en 1850 ; l'Excursion, 1814) aborde des sujets ordinaires et personnels avec une sensibilité et une fraîcheur toutes nouvelles. Coleridge (la Ballade du vieux marin, Kubla Khan, Christabel) crée avec maestria l'illusion de la réalité en relatant des événements étranges, exotiques ou, de toute évidence, irréels dans une poésie libérée et parfois fantastique. Tous deux excellent dans la traduction nostalgique de l'essence et de la signification du monde, qui leur vaut l'admiration de leurs pairs et l'adhésion des lecteurs. Walter Scott, romantique écossais, recueille les ballades de la frontière écossaise (Chansons de la frontière écossaise, 1802-1803) et écrit une série de poèmes narratifs à la gloire de la culture simple et vigoureuse de sa patrie au Moyen Âge (le Lai du dernier des ménestrels, 1805). Certains de ses romans historiques du cycle de Waverley, comme le célèbre Ivanhoé (1819), lui valent une réputation plus durable en tant que prosateur. Lord Byron est l'un des poètes qui allient le romantisme à la révolte politique et sociale. À l'image de sa vie personnelle orageuse, cet aristocrate généreux et égotiste exprime avec passion, ironie et cynisme l'errance de grandes âmes misanthropes et blasées, notamment dans le Chevalier Harold (1812) et Don Juan (1819-1824) ; son esprit satirique et un sens développé du réalisme social le placent à l'écart des autres romantiques anglais. L'autre grand poète révolutionnaire de son temps, Percy Bysshe Shelley, semble beaucoup plus proche de l'esprit noble et grave des autres romantiques ; sa poésie très méditative exprime le rejet de la tyrannie des gouvernants et des traditions, et une foi indéfectible en la bonté naturelle de l'homme (Prométhée délivré, 1820). John Keats, le plus jeune des grands poètes romantiques, a exprimé une sensualité dénuée de toute philosophie morale ou sociale dans Ode sur une urne grecque et Ode à un rossignol (1820). L'autobiographie passionnée et fantasmagorique de Thomas De Quincey, Confessions d'un mangeur d'opium anglais (1822), oeuvre en prose d'une grande richesse poétique, inspirera à Baudelaire ses Paradis artificiels. 7 L'ÈRE VICTORIENNE L'ère victorienne, depuis le couronnement de la reine Victoria en 1837 jusqu'à sa mort en 1901, est celle de la révolution industrielle, du puritanisme et des révoltes sociales. Tandis que le romantisme continue à dominer la littérature durant une bonne partie du siècle, nombre d'écrivains sont amenés à prendre position, souvent avec passion, sur les problèmes de leur société : les progrès de la démocratie et de l'instruction, l'évolution de l'entreprise industrielle et la détérioration des conditions de vie de ses travailleurs. Par ailleurs, l'émergence du matérialisme, la remise en question de la foi religieuse par les découvertes scientifiques, en particulier la théorie de l'évolution et l'étude historique de la Bible, incitent d'autres écrivains à une réflexion sur les problèmes de la foi et de la vérité. 7.1 La poésie Trois poètes sont impliqués dans les questions sociales. D'inspiration romantique à ses débuts, l'oeuvre d'Alfred Tennyson se fait l'écho des inquiétudes, des problèmes et des aspirations de l'époque. Son style contraste quelque peu avec l'intellectualisme et la rudesse vivifiante de la poésie de Robert Browning. Matthew Arnold se distingue par sa pensée plus subtile et mesurée ; sa poésie traduit un pessimisme désabusé ( la Plage de Douvres, 1867). Algernon Charles Swinburne fait montre d'un esthétisme rêveur et sensuel. Poète engagé, Dante Gabriel Rossetti, et William Morris, poète, artiste et réformateur socialiste, participent au mouvement des préraphaélites, qui tente d'appliquer à la poésie la réforme déjà introduite en peinture. 7.2 Le roman victorien Le roman devient, sous l'ère victorienne, le genre dominant de la littérature, le romantisme cédant progressivement la place au réalisme, avec l'évolution des moeurs et des relations sociales. La peinture minutieuse du milieu puritain des romans de Jane Austen, au début du siècle, dans Orgueil et Préjugés (1813) et Emma (1816), annonce ce réalisme. Ce nouvel esprit s'impose avec Charles Dickens et William Makepeace Thackeray. Les romans de Dickens, qui peignent la société de son temps et en dénoncent la misère grandissante dans les métropoles (Oliver Twist, 1838 ; David Copperfield, 1849-1850 ; les Grandes Espérances, 1861 ; l'Ami commun, 1865), révèlent un étonnant talent pour créer des personnages complexes et vivants. Thackeray, de son côté, en chantre des classes moyennes et supérieures, montre une grande subtilité dans la description de ses personnages (la Foire aux vanités, 1848) qu'il portraitise dans le réalisme le plus brut. Parmi les autres personnalités marquantes du roman victorien, Anthony Trollope a livré une étude ironique des cercles politiques et ecclésiastiques anglais dans Comment nous vivons (1875) notamment. George Eliot prône, elle, une morale de l'authenticité et une humanisation des relations malgré les effets destructeurs de la société (Middlemarch, 1871-1872), tandis que George Meredith offre une vision raffinée, détachée et ironique de la nature humaine (Sandra Belloni, 1864) et que Thomas Hardy s'applique à démontrer, avec un pessimisme croissant, l'impossible quête du bonheur dans un monde où Dieu est mort et où les traditions sont stériles ( Jude l'Obscur, 1895). Les soeurs Brontë constituent un cas à part dans la littérature anglaise ; le roman unique d'Emily, les Hauts de Hurlevent (1847), révèle un caractère tourmenté et passionné plus proche du romantisme que de l'austérité victorienne ; quant aux romans de Charlotte, ils fusionnent romantisme et réalisme en créant une atmosphère sombre et terrifiante (Jane Eyre, 1847). Une seconde génération de romanciers, dont beaucoup poursuivent une oeuvre considérable durant le XXe siècle, voit apparaître deux nouvelles tendances. Robert Louis Stevenson, Rudyard Kipling et Joseph Conrad dissimulent, dans des oeuvres riches en péripéties et se déroulant dans un cadre exotique, de profonds débats moraux et métaphysiques. Kipling doit surtout sa renommée à la magie de ses poèmes ( les Sept Mers, 1896) et de ses nouvelles (Simples contes des collines, 1888). Une autre tendance réunit Arnold Bennett (Anna des cinq villes, 1902) et John Galsworthy (la Saga des Forsyte, 1922), qui s'efforcent de dépeindre la vie de leur époque avec une grande précision et un esprit critique parfois virulent. L'oeuvre de H. G. Wells, qui s'inscrit à ses débuts dans la tradition romanesque classique héritée du XVIIIe siècle puis exploite la veine de la science-fiction politique, sociologique et philosophique, envisage avec lucidité et désespérance les maux de l'espèce humaine et l'aspect suicidaire des civilisations (la Machine à explorer le temps, 1895 ; l'Homme invisible, 1897 ; la Guerre des mondes, 1898). Animé d'un puissant esprit de pamphlétaire, l'Irlandais George Bernard Shaw dénonce, au théâtre ou dans de grandes fresques historiques, les vices de la société victorienne avec une causticité libératrice ( L'argent n'a pas d'odeur, 1892 ; Pygmalion, 1912). 8 LA LITTÉRATURE DU XXE SIÈCLE La Première et la Seconde Guerre mondiale, une très grave dépression économique, la fin de l'Empire colonial britannique et la rigueur de la vie de l'après-guerre entraînent une profonde remise en cause des valeurs traditionnelles de la civilisation occidentale, dont les victoriens ont seulement commencé à douter. Nombre d'écrivains renoncent aux formes littéraires traditionnelles et se mettent en quête de techniques plus libres pour exprimer ces bouleversements radicaux. 8.1 La fiction après la Première Guerre mondiale Parmi les romanciers et les nouvellistes, c'est Aldous Huxley qui exprime le mieux le sentiment de désillusion et de désespoir de la période d'après-guerre ; ainsi Contrepoint (1928) rompt-il avec la technique de narration linéaire du roman réaliste. Mais avant lui et avant la guerre, les romans de E. M. Forster, au style suggestif et délicat, dénoncent déjà la vacuité et l'engourdissement tant de l'intellectualisme abstrait que de la vie sociale et de l'intolérance des classes supérieures. Son roman le plus connu, la Route des Indes (1924), contient une critique acerbe du colonialisme et des rapports sociaux entre Anglais et Indiens. De la même façon, D. H. Lawrence exprime la nécessité d'abandonner l'intellectualisme outré et le froid matérialisme de la vie moderne pour retrouver les sources primitives et inconscientes de la vitalité et de la sensualité humaines. Ses nombreux romans et nouvelles, parmi lesquels Amants et Fils (1913), le Serpent à plumes (1926) et l'Amant de lady Chatterley (1932), sont pour la plupart novateurs ; leur symbolisme, l'expression puissante et directe du désir et des complexes familiaux les éloignent du réalisme et les rapprochent de la psychanalyse. Quant à l'Irlandais James Joyce, il révolutionne véritablement la littérature du XXe siècle, tant sur les plans narratif, stylistique, que par un usage ludique, fantasmagorique et anti-normatif du langage. Ulysse (1922) relie les événements d'une unique journée en des motifs thématiques tirés de la mythologie grecque. Dans Finnegans Wake (1939), Joyce met en oeuvre des moyens linguistiques originaux, utilise des éléments d'une dizaine de langues, explorant une limite où le langage et l'histoire sont en perpétuelle gestation. Sondant la complexité des perceptions de l'âme, les romans de Virginia Woolf, dont Mrs Dalloway (1925) et la Promenade au phare (1927), portent à son apogée la technique du monologue intérieur. Ivy ComptonBurnett a recours dans les siens à la technique du dialogue pour décrire le huis clos des grandes familles edwardiennes (Frères et Soeurs, 1929). Tous deux convertis au catholicisme, Evelyn Waugh et Graham Greene dépeignent, l'un les impostures et les faiblesses de la société des années vingt, sous la forme de la satire, l'autre un monde déchu ( le Fond du problème, 1948 ; la Saison des pluies, 1961). La réputation de George Orwell, autre grand talent du siècle, repose en grande partie sur deux oeuvres de fiction, la Ferme des animaux (1945), une fable, et 1984 (1949), un roman d'anticipation politique, qui, toutes deux dénoncent les dangers du totalitarisme. 8.2 La fiction après la Seconde Guerre mondiale Dans les années cinquante et soixante, un groupe d'écrivains, les « jeunes gens en colère «, parmi lesquels figurent Kingsley Amis, John Wain et John Braine, fustige les valeurs traditionnelles de la « bonne vieille Angleterre « et de la civilisation industrielle, tandis qu'Anthony Powell décrit avec esprit la haute société anglaise dans une immense saga, la Musique du temps (1951-1975). Professeur de philosophie et écrivain, Iris Murdoch est quant à elle estimée pour ses analyses tout à la fois habiles et drôles de la vie de ses contemporains (Une tête coupée, 1961). Parmi les autres grands talents, citons Anthony Burgess, rendu célèbre par son roman terrifiant sur le mal de vivre et la violence des adolescents, Orange mécanique (1962), porté à l'écran en 1971 par Stanley Kubrick (voir Orange mécanique), et John Le Carré, populaire pour l'ingéniosité de ses récits d'espionnage, plus ou moins inspirés de son expérience dans les services secrets britanniques (l'Espion qui venait du froid, 1963). William Golding, prix Nobel de littérature en 1983, a exploré, lui, les tourments de l'âme humaine à travers plusieurs allégories, dont la plus saisissante est Sa Majesté des Mouches (1954). Durant les années soixante, le réalisme ouvrier d'écrivains comme Kingsley Amis, John Braine et Alan Sillitoe, centré sur la vie urbaine et un certain mal de vivre de la jeunesse, se développe parallèlement au cinéma de la « Nouvelle Vague « à laquelle appartiennent Ken Loach et Tony Richardson, qui adapte à l'écran la Solitude du coureur de fond (1959) de Sillitoe. Élevée en Rhodésie (l'actuel Zimbabwe) et établie à Londres, Doris Lessing a dénoncé l'apartheid (Nouvelles africaines, 1951) et s'est intéressée à la condition de la femme dans la société contemporaine, ayant parfois recours à l'univers de la sciencefiction ou à celui de l'introspection. Influencé par la littérature française, John Fowles se montre intéressé et s'approprie certains des apports du Nouveau Roman ( Sarah et le Lieutenant français, 1969). L'humour noir extrêmement stylisé d'Angus Wilson ou de Muriel Spark dénote un caractère dominant de la fiction des années quatre-vingt, inquiète ou dégoûtée du libéralisme forcené de l'ère thatchérienne et de l'individualisme qui l'accompagne. Martin Amis (fils de Kingsley Amis), l'un des écrivains anglais les plus influents de sa génération, a donné de féroces satires (Success, 1978 ; Money, money, 1984), écrites dans une langue familière. Membres d'une génération d'écrivains postcoloniaux, Paul Scott, V. S. Naipaul, Nadine Gordimer et Ruth Prawer Jhabvala sont les rejetons littéraires du colonialisme et de ses conséquences. Le plus brillant d'entre eux, Salman Rushdie, a sans hésitation balayé les notions de « britannique « et de « non britannique «, en cultivant la satire politique et en ridiculisant le nationalisme, dans une quête fantasque et permanente de ses racines ( les Enfants de minuit, 1981). À la même époque s'affirme un genre d'expression typiquement anglais, dans les romans de Peter Ackroyd, à touches gothiques proches du style de Dickens, ou dans les romans légers et humoristiques s'attachant aux milieux universitaires de David Lodge ; Malcolm Bradbury et A. S. Byatt se rattachent également à ce groupe. Avec l'évolution des moeurs depuis les années soixante, sont apparus des écrivains revendiquant haut et fort leur homosexualité comme Jeanette Winterson. 8.3 La poésie moderne Deux des plus remarquables poètes de la « tradition moderne « mêlent dans leurs oeuvres tradition et expérimentation. L'Irlandais William Butler Yeats, le premier d'entre eux par l'âge, est aussi le plus classique ; reprenant d'anciennes traditions irlandaises, il forge peu à peu un langage poétique puissant, profond et riche, qui atteint sa maturité dans la Tour (1928) et l'Escalier en spirale (1933). Le second, T. S. Eliot, né aux États-Unis, fait l'oraison funèbre d'une civilisation défunte avec la Terre vaine (1922), le poème le plus connu du début du siècle. Gerard Manley Hopkins, poète victorien dont l'oeuvre n'est reconnue qu'après 1918, influence, à l'égal de Yeats et Eliot, la poésie moderne. Nombreux sont par ailleurs les poètes qui, comme Siegfried Sassoon, Wilfred Owen et Robert Graves, publient des vers de protestation contre la Première Guerre mondiale. Née de la dépression économique et des mouvements de soulèvement populaire des années trente, la génération suivante, Wystan Hugh Auden, Stephen Spender et Cecil Day Lewis, recourt à ses débuts à un symbolisme ésotérique et individualiste pour dire son horreur de la société bourgeoise et du totalitarisme menaçant. Le Gallois Dylan Thomas évoque pour sa part ses expériences littéraires et ses admirations de jeune homme pour Freud, Hopkins ou Joyce (Portrait de l'artiste en jeune chien, 1940). Après la mort de Thomas en 1953, une autre génération de poètes britanniques voit le jour, certains influencés et se réclamant de lui, d'autres au contraire écrivant en réaction contre lui. Parmi ces derniers, on compte Dennis Joseph Enright, Philip Larkin, Kingsley Amis. Ces poètes, dont les styles vont plus tard diverger, forment le groupe The Movement, d'esprit formaliste et anti-romantique. Dans le sillage de la beat generation, on assiste dans les années soixante à l'émergence d'une poésie populaire, aux rythmes libres, représentée par Adrian Henri, Roger McGough, Brian Patten, ou encore Adrian Mitchell, dont l'oeuvre révoltée et satirique a souvent été exploitée avec passion par la gauche politique. Dans les années soixante-dix, enfin, plusieurs poètes importants se sont fait connaître en Irlande du Nord, dont les postmodernes Seamus Heaney (lauréat du prix Nobel en 1995), Paul Muldoon et Tom Paulin. De même, un certain nombre de voix féminines se sont élevées -- Fleur Adcok, Elma Mitchell, Denise Riley --, qui s'imposent comme les représentantes d'un mouvement dont la motivation première est de soulever les problèmes inhérents à la position et au statut de la femme dans les rapports qu'elle entretient avec autrui. Prônant un retour aux récits d'expérience et d'actualité, Blake Morrison, Andrew Motion, James Fenton s'illustrent pour leur part dans la new narrative poetry, en réaction aux années de « poésie de confession « dont Alvarez est le modèle depuis les années soixante. James Fenton, Craig Raine et Christopher Reid lancent vers la fin des années soixante-dix, le genre de la « poésie martienne «, dont le but est d'imposer au lecteur une nouvelle représentation du monde, en adoptant par exemple le point de vue des extraterrestres. 8.4 Le théâtre moderne Les pièces de George Bernard Shaw marquent le départ de la modernité théâtrale qui caractérise les oeuvres anglaises du premier quart du XXe siècle. Shaw, qui sera suivi par Sean O'Casey, invente un théâtre dont l'esthétique anti-idéaliste et politisée tente de redéfinir l'essence de l'homme. Outre les pièces de Shaw, le répertoire de cette période se restreint aux oeuvres d'Oscar Wilde et de Noel Coward, « coqueluches « des scènes anglaises dont les pièces brillantes et savamment construites constituent l'idéal du « théâtre bien fait «. À partir de 1956 apparaît une nouvelle génération d'auteurs, les « jeunes gens en colère « (John Osborne, Arnold Wesker, Shelagh Delaney et John Arden), qui donne une force sociologique nouvelle au théâtre anglais en mettant en scène les idéaux et les désillusions de la classe ouvrière. Développant un théâtre et une rhétorique de l'absurde qui mettent en scène des personnages issus du prolétariat, Harold Pinter et l'Irlandais Brendan Behan ouvrent la voie postmoderniste que Samuel Beckett, dont le théâtre minimaliste, voire nihiliste, cherchant à cerner l'infime trace de l'esprit humain (Pas moi, 1973 ; What Were, 1983), portera à son apogée. C'est l'éclectisme qui caractérise la création théâtrale des années soixante-dix à quatre-vingt-dix. Les auteurs (Edward Bond, Barrie Keeffe, Howard Brenton), qui s'associent en minorités ponctuelles, s'illustrent indistinctement dans le drame naturaliste, l'absurde surréaliste, le drame sociopolitique ou la réécriture réaliste. L'intérêt pour ces dramaturges réside plus dans les valeurs du théâtre (la libération culturelle du public par exemple) que dans son esthétique formelle, cela en réaction contre le thatchérisme, accusé par les auteurs dramatiques de scléroser la création artistique. Même s'il connaît une légère renaissance en Écosse et en Irlande avec Franck McGuinness et Brian Friel, le théâtre anglais s'essouffle depuis les années quatre-vingt, se réduisant pour l'essentiel aux nouvelles adaptations des classiques ou aux créations communautaires (théâtre indien, pakistanais, antillais ou gay). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. 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« 3. 1 L’allégorie Dans le Nord et l’Ouest, les poèmes sont encore écrits dans des formes très proches des vers du vieil anglais, avec leurs allitérations et leurs quatre accents.

Ainsi, les poètes de cour John Gower (1330-1408), John Lydgate (1370-1450) et surtout William Langland ( Pierre le Laboureur, 1362 pour la première version) dressent un tableau satirique de la société de leur temps et adoptent une conception chrétienne de la vie en union avec Dieu, et la conduite d’une Église pure.

Autre poème visionnaire à allitérations, la Perle, écrit dans le nord-ouest de l’Angleterre vers 1370, véhicule également la doctrine chrétienne, mais son ton est celui de l’extase.

Sans doute élégie sur la mort d’une petite fille (mais des interprétations par allégories religieuses très diverses ont été suggérées), ce poème décrit l’innocence enfantine du paradis et la nécessité pour chaque âme de retrouver cette innocence afin de franchir les portes de perles de la Nouvelle Jérusalem, et s’achève sur une étonnante vision du ciel.

Le désir mystique de communion avec Dieu est un thème fréquent de la prose et de la poésie de la fin du Moyen Âge, notamment dans le nord de l’Angleterre. 3. 2 Romans de chevalerie et d’aventure Poème allitératif, attribué à l’auteur anonyme de la Perle, Sir Gawain et le chevalier vert (v.

1370) est un roman courtois.

La plupart des romans courtois anglais concernent les chevaliers du roi Arthur et s’inspirent de légendes celtiques très anciennes. 3. 3 Chaucer Geoffrey Chaucer est l’auteur de deux romans courtois en vers sans allitération, tous deux inspirés de Boccace.

Ce sont le Conte du chevalier (v.

1382), plus tard incorporé aux Contes de Cantorbéry, et Troïlus et Cressida (v.

1385), qui raconte le cours fatal d’un noble et malheureux amour dans le cadre homérique de Troie .

S’intéressant plus aux motivations de ses personnages qu’à leurs actions, Chaucer modernise l’écriture courtoise.

Introduit à la cour et chargé de missions diplomatiques qui le mènent jusqu’en Italie, Chaucer traduit des œuvres françaises et latines, compose, en s’inspirant du français, plusieurs poèmes semi-allégoriques (le Livre de la duchesse, la Maison de la renommée), et surtout les Contes de Cantorbéry (apr.

1387), fresque réaliste des types sociaux composant l’Angleterre médiévale. 3. 4 Les légendes du roi Arthur Parmi les poètes du XVe siècle, un certain nombre est manifestement influencé par Chaucer, mais, en règle générale, les thèmes et les styles littéraires médiévaux s’épuisent durant cette période.

Thomas Malory se distingue par son œuvre importante, dont le Morte d’Arthur (1469-1470, publié en 1485), roman de chevalerie qui perpétue la tradition du roman de la geste d’Arthur, dans une prose d’une vivacité et d’une vigueur remarquables, mais dont l’intérêt réside plus dans le développement psychologique des personnages, en particulier celui de Lancelot, tiraillé entre son amante Guenièvre et son ami Gauvain, que dans l’écriture épique de la quête du Graal.

Par-delà les nombreuses péripéties et l’intrigue complexe, le thème dominant est aussi celui du nécessaire sacrifice des passions individuelles pour préserver l’unité nationale et le salut religieux, symbolisé par le Saint-Graal.

Voir cycle arthurien. 4 LA RENAISSANCE Un âge d’or s’ouvre pour la littérature anglaise en 1485, qui perdure jusqu’en 1660.

Le Morte d’Arthur de Malory fait partie des premières œuvres imprimées par William Caxton, qui introduit l’imprimerie en Angleterre en 1476.

La croissance de la bourgeoisie, le développement régulier du commerce, celui de l’enseignement étendu aux laïcs et non plus réservé au seul clergé, la centralisation du pouvoir et d’une bonne partie de la vie intellectuelle à la cour des Tudors et des Stuarts, enfin l’ouverture sur le monde apportée par les grandes découvertes insufflent un nouvel élan à la littérature.

Néanmoins, celle-ci ne s’épanouit pleinement que dans les vingt dernières années du XVI e siècle, sous le règne d’Élisabeth I re ; la Réforme et les polémiques qu’elle entraîne constituent, au début du siècle, un frein pour la création littéraire. L’humanisme encourage l’étude des auteurs de l’Antiquité et réforme l’enseignement, faisant de l’expression littéraire la première exigence de toute personne dite cultivée.

Le style littéraire, en partie modelé sur celui des anciens, devient bientôt la préoccupation des poètes et des prosateurs anglais.

Ainsi, la richesse et la profusion des métaphores du style de la fin du XVI e siècle doivent-elles beaucoup, de façon indirecte, à la force éducative de ce mouvement.

L’effet le plus immédiat de l’humanisme est cependant le rejet des erreurs de l’enseignement théologique et des superstitions du Moyen Âge, rejet auquel contribue le plus remarquable des humanistes anglais, Thomas More, par son œuvre, Utopie (1516). 4. 1 La poésie de la Renaissance Souvent attachée aux circonstances de la cour, la poésie de la première partie du XVI e siècle est dans l’ensemble d’importance secondaire, même si la tendance est à l’ouverture, en particulier à la poésie italienne pour ses thèmes et ses structures. On peut retenir l’œuvre de John Skelton, qui combine des influences du Moyen Âge et de la Renaissance humaniste, celle de Thomas Wyatt qui impose la tradition pétrarquiste de la poésie amoureuse dans ses productions et, s’inspirant de l’Antiquité, donne libre cours à la satire, celle d’Henry Howard enfin, qui perfectionne le sonnet anglais, déjà essayé par Wyatt, et introduit le pentamètre non rimé virgilien (blank verse). Leurs poèmes sont publiés pour la première fois en 1557 dans une anthologie : Tottel’s Miscellany.

Mais les deux grands novateurs de la poésie de la Renaissance sont, dans le dernier quart du XVI e siècle, Philip Sidney et Edmund Spenser. Sidney, le modèle du gentilhomme de la Renaissance, impose la vogue du sonnet anglais imité de Pétrarque avec un canzoniere, Astrophel et Stella (1591), et le thème, issu du platonisme, de l’idéalisation de l’être aimé, qui deviendra celui d’une grande partie de la poésie et du théâtre de la fin du XVI e siècle.

Ce recueil de cent huit sonnets, faisant abondamment référence à la théorie et s’interrogeant sur les principes de la création poétique, fait office de manifeste pour la génération poétique de Sidney.

Traité systématique de l’idéalisme renaissant, le poème épique la Reine des fées (1590-1609) de Spenser correspond aux nouveaux impératifs exprimés par Sidney dans son essai critique, l’Apologie ou Défense de la poésie (1595).

Spenser affiche en effet dans cette fresque allégorique — faisant, sous les couverts de l’épopée fabuleuse et du roman de chevalerie aux vertus moralisantes, l’apologie de la Réforme et de la reine Élisabeth I re — les vues théologico-pédagogiques qu’il avait déjà expérimentées dans le Calendrier du berger (1579).

Il met d’ailleurs son recueil de sonnets pétrarquistes Amoretti (1595) au service de cette même cause morale en proposant une lecture protestante de l’idéalisme courtois. Deux autres tendances poétiques commencent à se faire jour vers la fin du XVI e et au début du XVII e siècle.

La première est incarnée dans la poésie — dite métaphysique — de John Donne et des poètes métaphysiques Henry Vaughan, George Herbert, Richard Crashaw, Andrew Marvell, qui portent le style métaphorique à des sommets d’ingénuité et de complexité, et dont la production se caractérise par une tonalité sensible, exubérante, parfois extravagante et par l’emploi systématique. »

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