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apparaît immédiatement à tous comme le fond en soi de leur nature phénoménale.

Publié le 23/10/2012

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apparaît immédiatement à tous comme le fond en soi de leur nature phénoménale. C'est encore de cette connaissance immédiate de la volonté propre que résulte, dans la conscience humaine, le concept de liberté ; car il est incontestable que la volonté, en tant que créatrice du monde, en tant que chose en soi, est indépendante du principe de raison et conséquemment de toute nécessité, qu'elle est libre, je dis plus, qu'elle est toute-puissante. (Monde, II, 103.) B) LE PRINCIPE DE RAISON SUFFISANTE I. LES DIFFÉRENTES CLASSES D'OBJETS ET LES DIFFÉRENTS EMPLOIS DU PRINCIPE DE RAISON SUFFISANTE De l'aperçu donné dans le précédent chapitre, il ressort comme résultat général, que l'on a distingué, il est vrai, peu à peu seulement et extraordinairement tard, non sans retomber fréquemment aussi dans des confusions et des méprises, deux emplois du principe de raison suffisante ; l'un concernant des jugements qui, pour être vrais, doivent nécessairement, toujours avoir une raison ; l'autre, les modifications d'objets réels qui, nécessairement, doivent toujours avoir une cause. Nous voyons que, dans les deux cas, le principe de raison suffisante autorise à poser la question : Pourquoi ? propriété qui lui est essentielle. Mais tous les cas où nous sommes autorisés à demander pourquoi, sont-ils compris dans ces deux rapports ? Quand je demande : Pourquoi ce triangle a-t-il ses trois côtés égaux ? La réponse est la suivante : Parce que les trois angles sont égaux. Or, l'égalité des angles est-elle la cause de l'égalité des côtés ? Non, car il ne s'agit aucunement de modification, donc d'effet, devant nécessairement avoir une cause. — Est-elle simplement un principe de connaissante ? Non, car l'égalité des angles n'est pas seulement la preuve de l'égalité des côtés, ni seulement la raison d'un jugement : par le moyen de simples concepts, on ne saurait en aucune façon comprendre que, parce que les angles sont égaux, les côtés aussi doivent nécessairement être égaux ; car le concept de l'égalité des angles ne contient pas celui de l'égalité des côtés. Il n'y a donc pas ici de relation entre des concepts, ou des jugements, mais entre des côtés et des angles. L'égalité des angles n'est pas immédiatement la raison de la connaissance de l'égalité des côtés, elle ne l'est que médiatement, étant la raison de la manière d'être, et ici de l'état d'égalité des côtés ; parce que les angles sont égaux, il faut que les côtés soient égaux. Il y a là une relation nécessaire entre les angles et les côtés, non immédiatement une relation nécessaire entre deux jugements. — Ou bien encore, quand je demande pourquoi infecta facta, il est vrai, mais jamais facta infecta fieri possunt, donc pourquoi le passé est véritablement perdu sans retour et pourquoi l'avenir est infaillible ; cela ne peut non plus se prouver d'une manière purement logique au moyen de simples concepts. Ce n'est pas davantage l'affaire de la causalité, puisqu'elle ne régit que les événements dans le temps, non le temps lui-même. Ce n'est pas en vertu de la causalité, c'est immédiatement en vertu de sa seule existence même, dont l'apparition cependant était inévitable, que l'heure présente a précipité l'heure écoulée dans l'abîme sans fond du passé et l'a anéantie pour l'éternité. Cela ne peut se comprendre, ni s'élucider par de simples concepts ; mais, nous le reconnaissons d'une manière entièrement immédiate et intuitive, absolument comme la différence entre la droite et la gauche et ce qui en dépend, par exemple, ceci que le gant gauche ne va pas à la main droite. Or, comme tous les cas où le principe de raison suffisante trouve son application, ne peuvent se ramener à principe et conséquence logiques et à cause et effet, il faut qu'en établissant cette division, on n'ait pas satisfait à la loi de spécification. La loi d'homogénéité nous oblige cependant à supposer que ces cas ne sont pas divers à l'infini, mais doivent nécessairement pouvoir se ramener à certaines espèces. Avant donc que j'essaie d'établir cette division, il est nécessaire de déterminer ce qui est propre au principe de raison suffisante, comme caractère particulier, dans tous les cas ; parce qu'il faut déterminer le concept de genre avant les concepts d'espèces. (Q. R., § 55.) 2. LA RACINE DU PRINCIPE DE RAISON SUFFISANTE Dans la connaissance, la conscience, se présentant comme sensibilité externe et interne (réceptivité), entendement et raison, se décompose en sujet et objet et ne contient rien d'autre. Être objet pour le sujet et être notre représentation, c'est la même chose. Toutes nos représentations sont objets du sujet et tous les objets du sujet sont nos représentations. Or, il se trouve qu'entre toutes nos représentations il existe une relation soumise à une norme et pour la forme, déterminable a priori, en vertu de laquelle rien d'existant pour soi ni d'indépendant, rien non plus de singulier, ni de détaché, ne peut devenir objet pour nous.' C'est cette relation qui est exprimée par le principe de raison suffisante, en son universalité. Or, quoique cette relation puisse, comme nous pouvons déjà nous en apercevoir par ce qui a été dit jusqu'ici, admettre, d'après la différence spécifique des objets, diverses formes, pour la désignation desquelles le principe de raison modifie sa formule, elle conserve néanmoins toujours, l'élément commun à toutes ces formes, que notre principe, pris au sens universel et abstrait, énonce. Les rapports qui en sont le fondement et qui devront être indiqués de façon plus précise par la suite, forment donc ce que j'ai appelé la racine du principe de raison suffisante. Or, ces rapports se répartissent, si on les considère de plus près et selon les lois de l'homogénéité et de la spécification, en espèces déterminées, très différentes les unes des autres et dont le nombre peut se ramener à quatre, en se réglant suivant les quatre classes entre lesquelles se répartit tout ce qui peut devenir objet pour nous, par conséquent toutes nos représentations. Ces classes seront présentées et étudiées dans les quatre chapitres suivants. Dans chacune d'elles, nous verrons le principe de raison suffisante apparaître sous une autre forme, mais se faisant toujours reconnaître à ce caractère qu'il admet la formule énoncée ci-dessus, comme identique et issu de la racine indiquée. (Q. R., § 16.)

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