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apparence (philosophie) - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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apparence (philosophie) - philosophie. 1 PRÉSENTATION apparence (philosophie), aspect qu'offre au sujet philosophique un objet quelconque, par opposition au même objet considéré du point de vue de son intellection ou de son essence (transcendance). 2 APPARENCE VERSUS ESSENCE L'apparence est donc une représentation, sensible ou mentale, d'emblée définie négativement par rapport à la vérité, car dépourvue de consistance ontologique : elle échoue en effet à nous présenter l'objet dans son intégralité ou dans son intégrité (Un, Tout), comme à nous restituer son objectivité ou son objectité (Essence, Être). Au regard de la connaissance, Aristote lui attribue deux dimensions : elle est obvie (immédiate) ou vraisemblable (médiate), et donne lieu à des jugements soit apodictiques, soit dialectiques. C'est essentiellement à Platon, s'insurgeant contre les sophistes qui posent l'égalité de l'être et du paraître, que nous devons sa détermination sensuelle ou sensible. Par rapport aux Idées (ou Modèles) en effet, dans l'ordre de l'intellection pure, l'apparence est identifiée à l'ombre des objets perceptibles par les sens. En tant que telle, elle est synonyme de reflet, d'image, de double, de copie, de substitut, de vraisemblance, de dissemblance ou d'illusion, et représente le plus bas degré de la connaissance. Les stoïciens, et les épicuriens notamment, l'affranchiront partiellement de cette détermination négative en douant l'image ou le simulacre d'une certaine autonomie. Émanant certes des choses, les apparences n'en acquièrent pas moins, au cours de leur trajet jusqu'à nos sens, une indépendance : on ne saurait les identifier unilatéralement, ni avec l'objet dont elles émanent, ni avec une simple représentation du sujet qu'elles affectent. Elles opèrent donc une disjonction inclusive entre les termes de l'alternative qui oppose la surface à la profondeur. 3 INFLÉCHISSEMENT DE LA DISJONCTION Si pour Jean-Jacques Rousseau, la coïncidence de l'être et du paraître remonte à l'âge d'or qu'il s'agit de réintégrer, la distinction introduite par Kant entre la chose en soi et le phénomène, sans remettre en question le dualisme métaphysique qui fonde cette distinction, infléchit la disjonction exclusive de l'essence et de l'apparence. Aussi distingue-t-il trois espèces d'apparences : elles peuvent être, ou sensible (sensation), ou logique (entendement) ou transcendantale (raison pure). Cette dernière est relative aux idées inconditionnées d'âme, d'être et de Dieu qui, situées au-delà de toute expérience possible, et ne pouvant faire l'objet d'aucune connaissance objective, relèvent de la propension naturelle de la raison à l'extrapolation. Dès lors, la raison, et non plus les seuls sens, peut être abusée. Car il est des choses qui, sans être erronées, ne sont pas raisonnables. 4 RÉHABILITATION DE L'APPARENCE L'esthétique, née au XVIIIe siècle, dont la Critique de la faculté de juger de Kant représente un sommet, ne pouvait que contribuer à la réhabilitation ontologique de l'apparence comme l'autorise notamment la découverte des formes a priori de la sensibilité (espace et temps). Cela devait conduire Hegel à l'intégrer dans son système, en la considérant positivement comme « un moment essentiel de l'essence «, de la même manière que « dans son apparence même, l'art nous fait entrevoir quelque chose qui dépasse l'apparence : la pensée «. Mais c'est à Nietzsche que revient la revalorisation et l'éloge de l'apparence -- ou plutôt des apparences -- par et pour elles-mêmes, par opposition à sa dénonciation systématique propre à la tradition métaphysique : « Oh, les Grecs ! Ils s'y entendaient à vivre ! Pour cela il est indispensable de s'en tenir courageusement à la surface [...], d'adorer l'apparence, de croire [...] à tout l'Olympe de l'apparence ! Les Grecs étaient superficiels [...] à force de profondeur ! «. L'enjeu d'une telle présomption d'innocence s'agissant de l'apparence chez Nietzsche est le sujet, en tant qu'il dispose notamment de « l'art pour ne pas mourir de la science «. La faculté de faire illusion et de se tromper est ici interprétée en termes axiomatiques : il y va de la valeur de l'existence en tant que telle. Quoique étrangère à cet esthétisme qui a été aussi celui de Schopenhauer, la phénoménologie de Husserl poursuit la réhabilitation de l'apparence en élaborant une théorie de l'évidence comme mode originaire de l'intentionnalité. Il faut comprendre par là que si toute conscience est conscience de quelque chose en général (aliquid), alors toute perception est antérieure à la distinction entre apparence ou représentation et objectivité ou essence. C'est que la possibilité de toute représentation, erronée ou non, repose sur un sujet actuel, présent ou effectif, pour lequel toute vérité a posteriori (objective) suppose une vérification a priori (subjective) : « Par conséquent, nul être qui se présente à la conscience par apparitions n'est nécessaire pour l'être de la conscience elle-même (au sens le plus large du courant de conscience) «. Ainsi donc, si l'apparence s'avère contemporaine de l'être, si les termes de cette antinomie séculaire se télescopent aujourd'hui, alors elle donne lieu à une connaissance non plus indexée sur l'être (ou l'objet inconditionné), mais sur le sujet ou l'existant, comme l'attestent les développements récents des sciences dites humaines. La psychanalyse, l'ethnologie et la critique textuelle contemporaines notamment, sont des disciplines qui s'attachent plutôt à déchiffrer ou à décrypter les apparences derrière lesquelles l'homme (ou le fait humain) est censé dissimuler ses abîmes. Bref, autant de méthodes d'interprétation qui, en s'en tenant au « fin duvet des apparences « (Nietzsche) postulent, avec Valéry, que « le plus profond, c'est la peau «. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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