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Argenteuil de Manet

Publié le 21/03/2012

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manet

ARGENTEUIL de Manet

 

Avant tout, nous allons parler un petit peu de Manet, l’artiste qui à peint cette toile. Il est né en 1832 et décède en 1883 et vient d’une famille bourgeoise. Manet fréquente le café Guerbois et peint dans son atelier des Batignoles. Il intègre l’atelier de Thomas Couture en 1850 et y reste durant 6ans environ.  Il continu son apprentissage par plusieurs voyages en Europe, notamment l'Italie, l'Allemagne ou encore les Pays-Bas.  Au début de sa carrière Manet est influencé par les peintres Velasquez et Goya. Manet fait partie de la troisième vague picturale en France après Delacroix et Courbet. Il recommande de faire du premier coup ce que l’on voit, ce qui peu donner une impression de dessin pas terminé. Il travaille en aplats  dans une pâte fluide. Il joue avec des contrastes rudes et énergiques. Il travaille les ombres et la lumière en atelier, comme si il était en plein air. Il veut représenter ce qu’il voit et pas ce qu’il connait des objets. Il n’idéalise pas ses sujets. Ce tableau nommé \"Argenteuil\", est peint par Edouard Manet en 1874. C'est une huile sur toile de 1m49 sur 1m15. Il fut présenté au Salon de 1875. Il est exposé de nos jour au Musée des Beaux-Arts à Tournai. C’est un tableau entre portrait et scène de genre. On peut voir la signature du peintre en bas à droite, sur le bois du ponton. Ce tableau est le seul envoie du peintre au salon de 1875 qui a été accepté, et cela seulement sur l’insistance de Carolus-Duran, un ami intime de Manet et un peintre également. Par cette toile Manet veut capter la lumière, il est ici en vacances chez son beau frère, Rudolph Leenhoff, à Gennevilliers et il va à la rencontre de son ami Monet à Argenteuil. Argenteuil a accueillit beaucoup de peintres durant le XIXe, comme Monet et Manet. Renoir par exemple ou encore Gustave Caillebotte et Alfred Sisley. Le pont d’Argenteuil construit en 1822 et reconstruit en 1872 attire beaucoup les impressionnistes. Claude Monet par exemple le restituera dans une de ces oeuvres.

Ce tableau montre une rupture dans la peinture de Manet, il entame ici une transition entre le portrait et le paysage. Ce tableau en est la charnière. 

I. Description et analyse formelle.

Au premier plan on peut voir deux personnes.  Une femme portant un chapeau noir orné d'un tissu blanc. Elle porte autour du coup un ruban noir noué. Sa robe est d'un bayadère bleu et ivoire, ceinturée à la taille. Elle tient entre ses mains et posé sur ses genoux un bouquet de fleurs rouges. A ses cotés, l'homme est en habit de canotier. Il porte un chapeau orné d'un ruban rouge. Il est vêtu d'une marinière rouge et blanche et d'un pantalon blanc. A ses pieds il porte des espadrilles blanches, attachées par des lacets rouges. Dans une de ses mains il tient une canne au pommeau doré. Les lacets, le ruban du chapeau de l’homme et le bouquet, que tient la dame, attirent l'oeil du spectateur. Tous deux sont assis sur le bord du ponton, dos à la Seine. On notera que le collier porté pas la jeune femme est identique à celui que porte la femme allongée dans l’oeuvre «Olympia» de Manet. L’homme est le beau frère de Manet, Rudolph Leenhoff. Mais il y a aussi une grande ressemblance avec la représentation qu’a fait Manet du romancier Emile Zola. La femme est un modèle professionnel et elle semble nous regarder. Elle est habillée à la mode des années 1870. Les chapeaux sont petits, contrairement aux années précédentes, et sont garnis de voile et de fleurs, comme ici, ou parfois de rubans. Ils se portent, penchés vers l’avant, comme on peut le voir sur cette jeune femme. Le modèle porte aussi une veste ajustée, comme il était convenable de la porter, si elle était accordée à la jupe, ce qui est le cas. Au second plan, une grande étendue bleue représente la Seine, sur laquelle on peut y voir quelques barques. Deux de ces embarcations sont juste derrière les sujets. Au loin, on aperçoit des toits et des cheminées d'usines d'où sortent de la fumée grise. C'est Argenteuil, en face de Gennevilliers, là où peint Manet. Manet met en valeur la forme qu'il traduit par une intensité de la couleur. Il allège la forme plastique des personnages afin de mieux l'intégrer dans l'espace ambiant de la nature. Les contours sont estompés et irréguliers, une utilisation récente pour le peintre. En effet il avait l'habitude d'entourer les figures d'un trait noir assez fin. Ici c'est un thème typiquement impressionniste: voiliers au bord de l'eau, personnages en bateau,… Il rompt avec ses habitudes réalistes. Le canotier et le femme ont une position frontale. La composition est organisée autour des verticales et des horizontales. Elles se répondent :

- mât et ponton

- piquet d'amarrage au centre et bord de la rive à l'arrière plan

- rayures de la robe et celles du maillot du canotier

C’est un des tableaux de Manet qui est le plus ensoleillé. Il vient chercher à Argenteuil l’intensité solaire qui sera inscrite par la suite dans son esthétique. 

 

II. Iconographie et comparaisons.

 

Manet: Représentation des «loisirs» du XIXe.

  Cette toile est un bon exemple de la manière dont la classe moyenne française du XIXe siècle a su s’approprier des moments de détente. Pique-nique en campagne, balades au bord de la mer ou comme ici petit tour en bateau sur la Seine. Au XIXe siècle on commence à avoir du temps pour soi, les moyens de locomotion aidant , comme le chemin de fer , permet à la classe moyenne de s’évader de la capitale vers les villages alentours. Les classes supérieures quittent leur lieu de vie en ville pour leurs résidences de campagne. C’est l’apogée du romantisme. Beaucoup de peintres seront influencés par cela, en voici quelques exemples: «Régate à Argenteuil» de Monet, «Un dimanche après-midi à l’île de la grande Jatte» de Seurat. Manet avait d’ailleurs déjà aborder ce thème avec son tableau «Un déjeuner sur l’herbe» en 1863. De plus la mode du canotage commence dans la région parisienne dès 1830 et dès 1850 des régates ont lieu à Argenteuil. Ce qui attire la foule le dimanche. Pour représenter cet engouement, Manet peindra notamment «En bateau». Représentant encore une fois son beau frère mais cette fois-ci à bord de l’un de ces petits bateaux. Les deux personnes sur cette toile, peinte aussi durant son séjour de 1874, sont les mêmes que dans «Argenteuil». Et le bleu de la Seine y est aussi intense. Au total Manet peindra 7 toiles à Argenteuil, axées sur le même thème.

 Manet: passage du portrait au paysage.

Argenteuil est un tableau qui marque la transition de Manet, il passe du portrait réaliste au paysage impressionniste. Dans ces portraits précédents, Manet utilise des couleurs sombres. Les contours sont nets, et souvent bordés d’un trait fin noir. Dans les paysages qui feront suite à son séjour à Argenteuil, les contours sont estompés, donnant de la légèreté au dessin. On ne retrouve plus de trait fin noir bordant les sujets. Et les couleurs sont plus claires. Manet étend sa palette de couleurs, utilisant toujours des tons sombres pour jouer avec les effets de clair obscur. Dans le Grand canal de Venise, l’eau, le ciel et les pieux, sont d’un bleu intense comme celui de la Seine dans «Argenteuil». 

 

Manet: Inspiration et inspirateur.

 

Manet prend sa source d'inspiration dans les tableaux de Velasquez. Notamment pour l’intensité des couleurs. Edouard Manet admirait chez Velasquez le recours à des coloris très vifs. Mais Manet est aussi influencé par les oeuvres de Goya. Rien d’étonnant, puisque ce dernier a puisé aussi son inspiration dans les oeuvres de Velasquez. Suite à un de ses voyages en Espagne, Manet fait la connaissance des oeuvres de Goya, artiste spécialiste de la tauromachie. C’est à dire l’art d’affronter les taureaux. Manet inspire autant qu’il s’inspire. Ses oeuvres influencent notamment le Groupe des Batignoles qui se rassemble autour de lui. Pissarro, Degas et encore Edmond Maître s'inspireront de ses oeuvres.  

  

III. Réception de l'oeuvre

 

 L'oeuvre présentée au Salon de Paris reçut un accueil mitigé. Zola dira de l'oeuvre  \" Les canotiers d'Argenteuil valent bien Thamar chez Absalon; en tout cas, ils nous intéressent davantage.\".

Castagnary sera enthousiaste aussi et parlera en ces termes «Et comme les étoffes sont souples, moelleuses, douces au regard! La robe de la femme est prodigieuse. Le bouquet d’herbe et de fleurs qu’elle tient sur ses genoux est étonnant.»

Mais certains diront que Manet est devenu \"un maître du grotesque\" ou encore \"un Goya pas trop japonisé\". ThéodoreVéron parlera des deux personnages représentés en ces termes: \"un garçon boucher… aux bras rougeauds, au profil épaté… qui se retourne de l'air d'un marsouin amoureux, vers une donzelle horriblement fagotée, et horriblement maussade, assise à ses côtés.\" La jeune femme est jugée \"froide\" et l'homme \"demi-vulgaire\". Les couleurs aussi choqueront le public: un critique dira «O mes amis, l’admirable bleu! Quelle économie pour les blanchisseuses, si la Seine était réellement de ce bleu là!».

 

Conclusion:

Même si Manet est souvent nommé comme chef de fil des impressionnistes, c’est à tord. Il est en fait celui des «avant-gardistes», et n’est qu’une source d’inspiration pour les impressionnistes. Il laisse plus de 400 toiles et est connu mondialement de nos jours. Manet amorce avec cette toile le début de sa peinture impressionniste. Il commence à ensoleiller ses toiles, travaille sur la couleur et le mélange continu de lumières et d’ombres. Dorénavant ses toiles ont une intensité accrue de la couleur, et les tons influent les uns sur les autres. Cette toile est aujourd’hui peu connu, pourtant elle montre le virage artistique que prend Manet en 1874, sous l’influence notamment de son ami Monet. 

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