Armand Gaston Maximilien de Rohan

Armand Gaston Maximilien de Rohan Soubise est né le 26 juin 1674 à Paris et mort le 19 juillet 1749 à Paris est un homme d'Eglise qui joua également un rôle politique important surtout en Alsace où il fut l'un des personnages les plus puissants. Nous allons donc dans un premier temps expliquer comment il est parvenu à devenir aussi puissant. Puis nous allons décrire la situation de Strasbourg à cette époque et l'importance de la position qu'il occupait à l'époque. Finalement nous allons évoquer les constructions dont il est à l'origine. Tout ceci afin de découvrir en quoi il a marqué l'Alsace et l'ensemble de la France au XVIII ème siècle.

------------------------------------------------------------------------------------------------------- Il est le fils de François de Rohan, prince de Soubise et d'Anne de Rohan Chabot, même si des rumeurs courent selon lesquelles il serait le résultat de l'adultère entre sa mère et le roi Louis XIV. Il appartient à l'une des famille les plus riches de France appartenant au duché de Bretagne. Il tire ainsi un prestige immense de sa naissance. Comme le veut la tradition dans ces familles, il est destiné à l'Eglise. Il devient ainsi dans un premier temps l'abbé de Soubise. -------------------------------------------------------------------------------------------------------

Sa venue à Strasbourg résulte essentiellement de la volonté politique de Louis XIV. En effet, à cette époque, bien que l'Alsace soit française depuis le traité de Westphalie, le prince-évêque de Strasbourg, Guillaume Egon de Furstenberg, est un allemand. En effet, le roi de France souhaite étendre son influence en Alsace. Pour le roi, le meilleur moyen pour cela est de pouvoir contrôler le prince-évêque de Strasbourg qui doit donc être français. C'est le grand chapitre de la cathédrale de Strasbourg composé de 24 chanoines qui choisi l'un des siens pour devenir prince-évêque de Strasbourg. Ce poste est particulièrement convoité car il est le plus puissant seigneur d'Alsace. L'objectif du roi n'est pas facile à atteindre. Les chanoines sont presque tous des Allemands et les Français sont de ce fait minoritaires. De plus, pour pouvoir prétendre à entrer dans ce chapitre, il faut faire preuve de 16 quartiers de noblesse. Rares étaient les familles françaises concernées. Seule l'une ou l'autre répond à ces critères drastiques, dont celle des Rohan. Par la volonté royale, Armand Gaston Maximilien de Rohan entre alors en 1690 au grand chapitre de la cathédrale de Strasbourg à l'âge de 16 ans. Deux ans plus tard, il passe chanoine capitulaire. Le roi fait ensuite de gros efforts pour qu'à la mort de Guillaume Egon de Furstenberg, un évêque français soit nommé. Il s'efforce auprès du pape (Innocent XII) de donner à Guillaume Egon de Furstenberg, âgé alors de 70 ans, un coadjuteur avec droit de succession : Armand Gaston Maximilien de Rohan (autorisation à sa candidature malgré son âge donnée par Clément XI). Celui-ci est même soutenu par le prince-évêque grâce à l'appui de sa nièce, dont il est très proche, qui reçoit régulièrement de l'argent de la part de la mère d'Armand Gaston Maximilien de Rohan et bien sûr grâce aux sommes d'argent (cent vingt mille livres) qu'il reçoit de la part du roi. De ce fait, Armand Gaston Maximilien de Rohan est finalement élu le 28 février 1701 par les chanoines, qui espèrent pouvoir de ce fait profiter de privilèges du roi. Peu après, au mois d'avril, le pape Clément XI confirme l'élection et nomme l'abbé de Soubise évêque de Tibériade. Sous ce titre, il est sacré évêque le 26 juin 1701 à Paris. Pour pouvoir devenir prince-évêque, il ne lui reste plus qu'à attendre la mort du cardinal Guillaume Egon de Furstenberg. Instruit et ouvert, il s'initie avec application à ses nouvelles fonctions auprès du prêtre François Blouet de Camilly. Ce dernier occupe les fonctions de grand vicaire et, par son activité, effectue le travail épiscopal au sens contemporain du terme. François Blouet de Camilly, dont les racines se trouvent à Caen, est né à Rouen en 1664, d'un père conseiller au Parlement. Il prend ses fonctions en temps que grand vicaire en Alsace en 1694 et les exercent pendant onze ans jusqu'en 1705. Le 10 avril 1704, Armand Gaston Maximilien de Rohan, à l'âge de 30 ans, devient prince-évêque de Strasbourg à la mort du cardinal Guillaume Egon de Furstenberg. Il fort probable qu'il ait été influencé par François Blouet de Camilly au début de son épiscopat. À l'approche de la quarantaine, il n'est pas loin de la consécration. La faveur du roi lui avait valu de devenir évêque de Strasbourg. C'est encore Louis XIV qui le désigne pour devenir cardinal dès 1706 et qui obtient que le pape Clément XI le nomme à cet éminent grade le 8 mai 1712. Dans la foulée, le nouveau cardinal devient grand aumônier de France en 1713. Il devient également membre du conseil de Regence en 1722. De plus, il est élu en 1704 membre de l'Académie Française. ------------------------------------------------------------------------------------------------------- L'évêque de Strasbourg, imitant en cela ses confères de l'épiscopat, se doit de poursuivre une double existence : l'une à Paris, où résidait d'ailleurs de très nombreux prélats, car il faut être présent à la cour pour se faire voir et faire avancer les dossiers ; l'autre en Alsace pour diriger personnellement un évêché et un diocèse. Pendant tout son épiscopat, il devra ainsi partager son emploi du temps. En ce temps là, les habitants de Strasbourg parlent l'allemand. En effet, la ville vient à peine d'être conquise à la suite de la Guerre de Trente ans. De plus, à l'époque, la grande majorité de la ville est protestante et on célébrait encore il y a peu de temps (jusqu'en 1681) le culte protestant à la cathédrale de Strasbourg. Les deux évêques de Strasbourg qui ont précédé Armand Gaston Maximilien de Rohan, François Egon et Guillaume Egon de Furstenberg se sont en effet efforcer de rendre la cathédrale de Strasbourg au culte catholique. On peut également préciser que le nombre de juifs est très important et ne cesse d'augmenter. L'objectif d'Armand Gaston Maximilien de Rohan était donc en partie de convertir les Strasbourgeois au catholicisme et de franciser la population dont l'administration royale dénonce la langue, les moeurs et les coutumes à la fois allemandes et républicaines. Certains religieux étaient même accusés de ne pas respecter la doctrine de l'Eglise catholique. En effet, ils étaient accoutumés à une discipline très relâchée, abusant du vin et des femmes. Armand Gaston Maximilien de Rohan est assez peu présent à Strasbourg s'y rend qu'avec parcimonie. Absent de Strasbourg, le cardinal de Rohan n'en sillonne pas moins l'Alsace. Lors de ses voyages, il accumule les rencontres, accepte toutes les mondanités et possède au final un réseau impressionnant de relations. ------------------------------------------------------------------------------------------------------- Armand Gaston Maximilien de Rohan étant un homme méthodique mais capable de s'adapter, il fixe ses priorités : d'abord la construction de son hôtel à Paris, puis l'achèvement et l'embellissement de son château principal à Saverne, et enfin l'édification d'un nouveau palais épiscopal à Strasbourg. Il obtient de son père, par un acte du 22 juillet 1705, l'usufruit d'une importante partie de terrain des Soubise, dans le Marais, afin d'y construire la résidence parisienne des évêques de Strasbourg, sur un terrain proche de l'hôtel de Soubise occupé par ses parents. Dès lors, le prélat fait de ce chantier, dirigé par l'architecte Pierre-Alexis Delamair, son principal objectif pour les années qui suivirent. Avant le rattachement de Strasbourg à la France, les princes-évêques de Strasbourg résidaient à Saverne. Après l'incendie qui ravage une partie du château épiscopal en juin 1709, Gaston le fait rénover par un architecte réputé de l'époque : Robert de Cotte, le premier architecte du roi. Le chantier durera jusqu'en 1729 et le château sera également richement redécoré avec tapisseries, mobilier et tableaux venus de Paris et de Rome. Toutes les familles qui comptent en Alsace, qu'elles soient catholiques ou protestantes se pressent à Saverne. Ce château influencera la région entière. C'est en 1727 que le cardinal consacre ses efforts à Strasbourg, mais les problèmes s'éternisant à Saverne, rien ne se fait à Strasbourg avant 1731 1732 marque la début de la construction dirigée par Joseph Massol, suivant les plans de Robert de Cotte. Au lieu de la somme de deux cent mille livres prévue en 1727, la dépense s'élèvera à sept cent mille livres. Le Palais épiscopal de Strasbourg constituera à son tour, après son achèvement en 1742, une source d'inspiration notamment à travers ses décors intérieurs. ------------------------------------------------------------------------------------------------------- Il décède à Paris le 19 juillet 1749. Sa succession sera prise par son petit-neveu François Armand Auguste de Rohan Soubise, qui fut d'abord son protégé puis son coadjuteur. François de Rohan : comte de Rochefort et premier Prince de Soubise, né en 1630 et décédé le 24 août 1712 et qui fut gouverneur de Champagne, de Berry et de Brie et Lieutenant général des armées royales. Marié en première noce à Catherine de Lyonne, née en 1633 et morte en 1660. Anne de Rohan Chabot : dame de Soubise, née en 1648 et décédée le 4 février 1709. Épouse son cousin au cinquième degré François de Rohan le 17 avril 1663. Le couple aura 11 enfants de 1664 à 1685 dont 7 parviendront à l'age adulte. Elle fut une des maîtresses du roi Louis XIV. duché de Bretagne : entité de l'histoire de la Bretagne qui succède au royaume de Bretagne du Haut Moyen Âge. Soubise : en Charentes-Maritimes traité(s) de Westphalie : conclurent la guerre de Trente Ans et la guerre de Quatre-Vingts Ans le 24 octobre 1648. Guillaume Egon de Furstenberg : (ou Wilhelm Egon Fürst von Fürstenberg) (2 décembre 1629 à Heiligenberg, Allemagne - 10 avril 1704 à Paris) a été le 90e évêque de Metz puis le 88e évêque de Strasbourg. prince-évêque : titre de noblesse que portaient les évêques qui gouvernaient une principauté du Saint Empire romain germanique ou avaient reçu le titre de prince du Saint Empire. grand chapitre de la cathédrale de Strasbourg : A Strasbourg, la désignation de l'évêque était le privilège du grand chapitre de la cathédrale. Cette haute assemblée était organisée en deux chambres, de 12 chanoines chacune. La première de ces chambre était la chambre capitulaire. C'est elle qui, par vote à la majorité absolue, désignait le nom du nouvel évêque de la Strasbourg. La seconde chambre, la chambre domiciliaire, servait d'antichambre à l'assemblée capitulaire. Dès qu'un chanoine capitulaire partait "rejoindre" Saint-Pierre, il était immédiatement remplacé par l'un des chanoines domiciliaires. Avant le 18 ème siècle, les chanoines du grand chapitre de la cathédrales appartenaient tous à la haute noblesse allemande. En ces lieux, la France n'avait donc pas droit de citer et, le grand chapitre élisant l'évêque de la ville, l'évêché de Strasbourg était donc, traditionnellement, réservée aux seuls serviteurs de sa majesté, l'empereur Allemagne. Chanoine : dignitaire ecclésiastique, membre d'un chapitre coadjuteur avec droit de succession : Ecclésiastique nommé pour aider un évêque dans les fonctions épiscopales et pour lui succéder, le siége venant à vaquer. Tibériade : mer de Galilée, ou Kinneret en hébreu Grand-vicaire : ou vicaire général est un prêtre désigné par l'évêque pour le seconder dans ses responsabilités. Selon le droit de l'Église, l'évêque lui donne une délégation de ses propres responsabilités, car il ne peut être partout à la fois. Quand l'évêque n'est pas présent, là où il est, il est "l'évêque". Grand aumônier de France : faisait communier le roi, célébra it les baptêmes et les mariages des princes Regence : dans l'histoire du Royaume de France, fait particulièrement référence à la période de régence instaurée à la mort de Louis XIV (1715) à cause du trop jeune âge de son héritier désigné : Louis XV, qui n'a que 5 ans et 9 mois. Académie Française : institution créée en1635, est chargée de définir la langue française. Prélat : Haut dignitaire ecclésiastique. Diocèse : Circonscription territoriale sous la juridiction d'un évêque épiscopat : Dignité, charge confiée à l'évêque Saverne : est situé dans le Bas-Rhin, à l'ouest de ce département Pierre-Alexis Delamair : né en 1675 à Châtenay-Malabry et décédé le 25 juillet 1745 à Agde, était un architecte français du Grand Siècle Robert de Cotte : était un architecte français né en 1656 et mort le 15 juillet 1735 Joseph Massol : était un architecte français né en 1706 et mort en 1771