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Balzac et la presse

Publié le 03/03/2011

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balzac

 

Balzac et la presse 

 

Balzac a été très critiqué par la presse, lui-même dans dans ses romans, la provoquait volontairement. Balzac va écrire dans l'illusion perdue des propos en contradiction avec sa puissante envie de devenir maître du monde littéraire et politique, grâce à son association le Cheval rouge. En contradiction également avec ses deux entreprises de presse malheureuses : la Chronique de Paris (1835) et plus tard la Revue parisienne (1839).

 

 

Cependant, plus le succès de Balzac grandit auprès du public – « Avec la Physiologie du mariage, puis la Peau de chagrin, Balzac est dès 1829 un auteur à la mode» –, plus la critique se fait dure, injuste, et souvent mesquine, puisque son acharnement continue après sa mort.

 

Dès 1856, Léon Gozlan, qui a succédé à Balzac à la présidence de la Société des gens de lettres après Victor Hugo, témoigne de l’acharnement post mortem des critiques littéraires et surtout des universitaires qui finiront par avouer leur erreur quelques années plus tard :

 

« Les journaux, il y a quelques douze ou quinze ans, se sont beaucoup occupés de Balzac, mais ils l’ont fait comme ils font tout, c’est-à-dire vite et sans réflexion. Ils ne parlèrent que de ses cheveux, de ses bagues et de sa canne. Il fut le lion de la quinzaine, mettons de l’année, puis ils le laissèrent après l’avoir grossi, exagéré et démesurément enflé. Il faut le dire, c’est cette caricature de l’homme extraordinaire qui est restée dans l’esprit de la génération. »

 

Les journaux de Balzac 

La Chronique de Paris 

 

En 1835, Balzac apprend que le journal la Chronique de Paris, une feuille royaliste, est à vendre, et il l’achète – comme à son habitude –, avec des fonds qu’il ne possède pas. Gustave Planche se chargera de la critique littéraire, Théophile Gautier, dont Balzac apprécie le jeune talent, fera partie de la rédaction. Le jeune romancier, très impressionné par Balzac, promet des articles.

Quand enfin la Chronique de Paris paraît le (1er janvier 1836), l’équipe comprend des plumes importantes : Victor Hugo, Gustave Planche, Théophile Gautier. Balzac se réserve la politique (puisque le journal est un outil de pouvoir) et fournira aussi des nouvelles. En réalité, si les membres de la rédaction festoient beaucoup chez Balzac, bien peu d’entre eux tiennent leurs engagements. Balzac écrit la Chronique pratiquement à lui tout seul. 

 

 

Quant aux articles politiques signés de sa main, voici un extrait de celui paru le 12 mai 1836 :

 

« Monsieur Thiers n’a jamais eu qu’une seule pensée : il a toujours songé à Monsieur Thiers (…). Monsieur Guizot est une girouette qui, malgré son incessante mobilité, reste sur le même bâtiment. »

 

Au début, le journal a un grand succès et la Chronique aurait pu réussir. Mais Balzac était obligé de livrer, en même temps, à Madame Béchet, et Edmond Werdet les derniers volumes des Études de mœurs. Il avait par ailleurs, fait faillite dans une entreprise chimérique avec son beau-frère Surville, et il avait sur les bras un procès contre François Buloz à propos du Lys dans la vallée. Balzac avaient de nombeux soucis, après avoir été victorieux d'u procès et arrêté par la Garde nationale, il est maintenant découragé. Menacé d’être mis en faillite, il décide d’abandonner la Chronique.

 

La Revue parisienne 

 

L’expérience ruineuse de la Chronique de Paris aurait dû décourager Balzac à jamais de toute entreprise de presse. Mais en 1839, Armand Dutacq, directeur du grand quotidien le Siècle , lui offre de financer une petite revue mensuelle. Aussitôt Balzac imagine la Revue parisienne, dont Dutacq serait administrateur et avec lequel il partagerait les bénéfices. L’entreprise est censée servir les intérêts du feuilletoniste Balzac à une époque où Alexandre Dumas et Eugène Sue gèrent habilement le genre dans les quotidiens. Très à l’aise pour exploiter les recettes du feuilleton, ils utilisent mieux le principe du découpage et du suspens. Balzac se lance alors dans la compétition, rédigeant pratiquement seul pendant trois mois une revue qu’il veut également littéraire et politique. Il publie entre autres Z. Marcas (le 25 juillet 1840), qui sera intégré à la Comédie humaine en août 1846 dans les Scènes de la vie politique.

Outre ses attaques contre le régime monarchique, la Revue parisienne se distingue par des critiques littéraires assez violentes dans l’éloge comme dans la charge. 

Stendhal en 1840.

 

Mais ceci marque le dernier numéro de la Revue parisienne qui s’éteindra après la troisième parution. Balzac et Dutacq partageront les pertes qui n’étaient d’ailleurs pas très lourdes. Cependant, une fois encore, Balzac a encore échoué dans la presse, et dans les affaires.

 

 

De l’importance de la presse à travers l’exemple de Balzac

 

C’est dans les journaux que Balzac a fait ses gammes de romancier en pratiquant tous les genres de roman et c’est lui qui va lancer, comme signe de ralliement - car on « fabrique » de la notion littéraire -, cette expression qui deviendra un véritable slogan : l’école du désenchantement ( dit dans la peau de chagrin...)

 

  Et c’est ainsi que la littérature va trouver son rythme à coups de slogan car dès 1830 elle ne peut plus échapper au pouvoir de la presse dont Balzac connaît parfaitement les rouages. La littérature est devenue un objet de transaction financière, qui montre l’art de faire la critique d’un roman qu’on n’a pas lu !

Il devient donc une nécessité pour un écrivain d’intervenir dans la presse qui n’est plus une activité d’appoint mais bien une activité centrale, ce qui explique l’importance nouvelle des chroniques ; la production littéraire s’en trouve modifiée, inséparable de cette collusion permanente « écrivain / presse / revue », et ce au détriment de la forme de sociabilité littéraire qu’étaient au XVIIIe siècle le salon, le cénacle. Mais c’est aussi grâce aux réseaux plus étendus de la presse que le littérature va pénétrer la province.

 

Vocabulaire: Le Cénacle (Balzac) est un groupe d’intellectuels de la Comédie humaine d’Honoré de Balzac, formé en 1819. Ses membres apparaissent pour la première fois dans le Père Goriot: Horace Bianchon docteur en médecine. Puis dans la Rabouilleuse : Joseph Bridau, peintre, Daniel d'Arthez, écrivain.

 

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