Devoir de Philosophie

BANTOUSTAN

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Conséquence logique de l'idéologie du « développement séparé » (l'« apartheid ») et de l'ethnisme juridique, les bantoustans, régions autonomes bantoues, couronnent l'échafaudage racial institué par le régime blanc sud-africain aux mains des nationalistes afrikaners de 1948 à 1991, date de la suppression de l'apartheid. En 1913, le Native Land Act délimite des zones (7,3 % du territoire) réservées à la population noire, largement majoritaire (elles sont étendues par la suite pour constituer 13,7 % de la superficie totale). Souvent contiguës des zones industrielles pour servir de cités-dortoirs aux travailleurs noirs, dont les familles restent confinées dans des parcelles lointaines souvent incultes, elles ne disposent d'aucune continuité territoriale, ce qui facilite leur contrôle. Un an après l'arrivée au pouvoir des nationalistes purs et durs, en 1948, les mariages mixtes sont interdits. Cette loi annonçait l'Immorality Amendment Act (1950) prohibant les relations sexuelles entre races différentes, complété par une loi invalidant les mariages mixtes contractés à l'étranger (1962). Le début des années 1950 est consacré au classement racial de la population en Blancs, Métis, Indiens et Noirs, avec la promulgation du Population Registration Act (1950). Une seconde classification ethnolinguistique, destinée à fractionner la forte majorité noire bantouphone, aboutit à la création de neuf groupes destinés à constituer les futurs « bantoustans », appelés « homelands » dans la terminologie officielle : Bophutatswana pour les Tswana, Basotho Qwaqwa pour les Sotho du sud, Ciskei pour les Xhosa, Gazankulu pour les Tsonga, Kwazulu pour les Zoulous, Lebowa pour les Sotho du nord, Swazi pour les Swazi, Transkei de nouveau pour les Xhosa, Venda pour les Venda. Le propre des communautés africaines étant la complémentarité des activités, les populations, souvent imbriquées, doivent migrer vers les bantoustans qui leur sont affectés. La sortie du Commonwealth et la proclamation de la République sud-africaine en 1961 favorisent l'évolution logique de la politique des homelands. En 1971 sont mises en place des assemblées locales. L'année suivante, leur autonomie est proclamée. Certains accèdent à l'indépendance (Bophutatswana, Transkei). Cette « indépendance » rigoureusement encadrée dans les domaines économiques et militaires, et non reconnue par la communauté internationale, prendra fin en 1994 après le démantèlement des lois de ségrégation raciale. Bernard NANTET

Liens utiles