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CORRECTION LA BELLE AU BOIS REVANT

Publié le 25/09/2016

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CORRECTION LA BELLE AU BOIS REVANT INTRODUCTION Au XIX è s, le parnasse était un mouvement poétique qui avait pour but de valoriser l'art poétique par la retenue, l'impersonnalité et le rejet de l'engagement social et politique de l'artiste. Les chefs de file de ce mouvement sont Leconte de Lisle et Théophile Gautier. D'autres auteurs tels que Théodore de Banville et Catulle Mendès se sont attachés à défendre les idées du parnasse dans la réécriture. Ce dernier est notamment l'auteur de plusieurs recueils poétiques dont poésies nouvelles (1893) et de contes dont Les Oiseaux Bleus (1888). Il s'agit d'un recueil de contes dans lequel Catulle Mendès réécrit des contes traditionnels. Il leur donne un nouveau visage en les modernisant, à l'image de « La Belle au bois rêvant » où l'histoire de « La Belle au bois dormant » de Perrault prend une tournure nouvelle. Nous verrons comment Mendès offre à ses lecteurs un conte à l'apparence traditionnelle mais qui ne sera finalement qu'une parodie. I. Un conte merveilleux A. Un décor enchanté * Référence au conte traditionnel (l.30) « Grâce à la protection des bonnes fées » Certains détails du conte apparaissent tels que l'allusion aux fées qui protègent la jeune fille. L'auteur crée ainsi l'univers du conte merveilleux. * Champ lexical du merveilleux (l.19-21) Le décor posé par Mendès ne déroge en rien au code du conte traditionnel plaçant le lecteur dans un milieu familier et rassurant. * Champ lexical du royaume (l.18) La cadre de vie de la princesse est souligné, elle s'est créée un monde parfait en tout point merveilleux. B. Des personnages stéréotypés 1. Un homme soumis * Superlatif l.1 + style exclamatif Le texte met en scène un jeune homme exalté par sa rencontre avec la Belle. La fougue et l'engouement du prince sont visibles dès les premières lignes de l'extrait. L'amour est pour lui « le plus grand de tous les délices ». * Parallélisme l.7 Le personnage masculin correspond aux caractéristiques traditionnelles du prince charmant. Il ne dénote pas dans cet univers féerique. * Voc négatif + comparaison l.9 Le prince tente par son discours de se valoriser aux yeux de la princesse et de se présenter comme soumis à ses désirs. Il lui signifie son dévouement le plus complet, ce qui est une attitude cohérente et attendue de sa part. * Périphrase l.10 Il emploie des termes forts, lourds de sens qui ne laissent aucun doute sur ses intentions et son engagement envers la Belle. L'auteur le présente clairement tel un homme sans caractère. 2. Une princesse égale à elle même * périphrase + apostrophe l.12-16 Le portrait de la jeune fille est tout aussi flatteur que celui du prince. Elle reste fidèle aux attentes du lecteur. Mendès ne la qualifie que par ses mots et n'offre pas de réel portrait physique de la demoiselle. II. Une parodie du conte de l'amour A. L'amour ridiculisé * Interjection l.2 + question rhétorique l.2-4 La Belle joue les fausses naïves. Elle tente peut être aussi de séduire le prince, de se jouer de lui et d'évoquer candidement des doutes face aux « délices » promis. * Emploi de l'adjectif « cruel » l.10 Les paroles qui qualifient les désirs de la princesse sont sans équivoques. Elle demande et obtient telle une future reine impitoyable. Elle s'éloigne ainsi du stéréotype de la princesse de Perrault. * Question rhétorique et impératif l.13 La princesse exprime clairement son refus d'adhérer au code des contes traditionnels. Elle désire mieux que la vie que le jeune prince lui offre. Elle se montre peu convaincue par le discours amoureux de ce dernier. * Chiasme l.17 La Belle replace le contexte de son existence. Il est identique à celui du conte de Perrault. Néanmoins, elle sous entend qu'elle espérait mieux à son réveil. Ainsi, l'amour et le discours amoureux si essentiels au conte et qui permettent au héros d'atteindre le bonheur sur Terre sont ici moqués et réduits à néant. Toutes les illusions du lecteur trop naïf se sont envolées. B. Un éloge subversif du sommeil et du rêve * hyperbole l.20 Plus qu'une souveraine, la princesse se présente comme une déesse. Le rêve la comble totalement d'amour. *vocabulaire négatif l.29 Le prince est rejeté. Ce cruel adjectif suggère d'ailleurs le parti pris de l'auteur pour la princesse rebelle aux joies de l'amour conjugal. La fin attendue se trouve ainsi pervertie par l'auteur qui ne propose pas du tout les prémices d'une longue relation amoureuse. *comparaison et hyperbole l.23-24 La princesse préfère un homme imaginaire. Elle ne se laisse donc pas emporter par la proposition du prince, certes tentante mais décevante. Le prince ne peut rivaliser avec un époux si hyperboliquement portraituré. La fin s'avère alors surprenante et déroutante pour le lecteur. *parallélisme l.26-28 Le lecteur est bien loin de lire une fin traditionnelle de conte merveilleux. Catulle Mendès lui offre une femme indépendante et très contemporaine. * Périphrase l.31 La Belle au bois dormant prend ainsi un nouveau nom sur la plume de Mendès, synonyme d'une femme en quête d'un bonheur parfait bien loin de se plier à des attentes ou codes prédéfinis. CONCLUSION La réécriture de Mendès illustre un aspect de cet exercice : lire entre les lignes. En effet, la parodie que constitue « la Belle au bois rêvant » paraît suggéré par « la Belle au bois dormant ». La parodie invite à ne pas se satisfaire d'une lecture empathique et d'une adhésion naïve à la morale implicite du conte de Perrault : les princes éveillent les princesses endormies pour leur plus grande satisfaction. Les rêves d'amour du lecteur se brisent puisque la réalité ne vaut pas le rêve. Le dénouement vise donc à subvertir les genres du contes et sa morale édulcorée.

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