Browning, Robert - écrivain.

Browning, Robert - écrivain. 1 PRÉSENTATION Browning, Robert (1812-1889), poète anglais de l'ère victorienne, l'un des plus importants de sa génération aux côtés de lord Alfred Tennyson notamment. La biographie romanesque de Robert Browning, son tempérament fougueux et son charisme personnel, associés à ses innovations formelles et thématiques, ont marqué de son vivant la littérature de l'ère victorienne et ont considérablement influencé des écrivains postérieurs tels que T.S. Eliot ou Ezra Pound. 2 ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES 2.1 L'ascension d'un autodidacte Né à Camberwell (banlieue de Londres) d'un père employé de banque et d'une mère profondément religieuse, Robert Browning reçoit l'essentiel de son éducation chez lui, loin de toute école ; le jeune garçon se passionne pour les langues étrangères, la musique et la lecture. Essentiellement autodidacte -- malgré un court séjour à l'université de Londres --, il publie anonymement son premier recueil de poésie, Pauline, en 1833 : influencé par la démarche poétique très personnelle de Percy Bysshe Shelley, l'ouvrage attire immédiatement l'attention des milieux littéraires. Paracelse (1835) dresse quant à lui le portrait original d'un alchimiste suisse pendant la Renaissance. 2.2 Le « monologue dramatique « En 1836, son ami l'acteur W.C. Macready lui suggère d'écrire des pièces de théâtre : si le succès n'est pas au rendez-vous, l'expérience d'écriture s'avère en revanche particulièrement enrichissante pour Robert Browning, qui élabore déjà le concept de dramatic monologue (ou « monologue dramatique «), qui a fait sa renommée par la suite. Lyriques dramatiques (Dramatic Lyrics, 1842) est la première véritable incarnation de cette nouvelle approche de la relation entre un poète et son lecteur : ce dernier ne peut en effet reconstruire et percevoir le sens et la portée symbolique d'un poème que par l'entremise d'un intermédiaire, le narrateur-locuteur, à la fois double, masque ou voix plus ou moins fidèle du poète lui-même. 2.3 Elizabeth Barrett et le séjour en Italie En 1845, Robert Browning rencontre Elizabeth Barrett, elle-même poète de renom, de six ans son aînée, protégée par un père possessif et tyrannique. Dès l'année suivante, le couple se marie en secret et fuit l'Angleterre et ses contraintes sociales pour l'Italie. Le recueil de poèmes Hommes et Femmes (Men and Women) paru en 1855 symbolise parfaitement le nouvel état d'esprit « méditerranéen « dans lequel se trouve alors le poète : particulièrement sensible à l'environnement naturel, à la culture et à l'histoire de son pays d'adoption, le poète y évoque notamment certains artistes de la Renaissance. 2.4 Le retour en Angleterre, les derniers écrits Le décès d'Elizabeth Barrett en 1861 provoque le retour de Robert Browning en Angleterre, après quatorze années d'une expatriation en tous points réussie, autant personnellement qu'artistiquement. Il n'en poursuit pas moins son travail d'écriture, publiant notamment Dramatis Personae en 1864 : l'ouvrage contient l'un des fleurons de ses monologues dramatiques, « Caliban upon Setebos «, réflexion à dimension religieuse sur la création du monde et la place de l'homme dans ce monde. L'Anneau et le Livre (The Ring and the Book, 1868) appartient également à cette période d'intense activité créatrice. Comptant quelque 20 000 vers, le poème relate un procès pour meurtre dans la Rome du XVIIe siècle ; l'auteur s'y livre à une remarquable étude psychologique de l'assassin et inaugure par ailleurs la technique de la multiplication des points de vue narratifs, plus tard adoptée par le romancier Joseph Conrad. Lors des vingt dernières années de sa vie, Robert Browning bénéficie d'une solide réputation qui lui offre une place de choix au sein de la société londonienne. Admiré autant pour ses oeuvres que pour sa conversation, le poète compose The Agamemnon of Aeschylus (« l'Agamemnon d'Eschyle «, 1877), puis un récit en prose, les Idylles dramatiques (Dramatic Idyls, 1879), et enfin un dernier recueil, Asolando, qui paraît le jour même de sa mort, en 1889. 3 LA POÉTIQUE DE ROBERT BROWNING Figure majeure de la littérature anglaise du début du XIXe siècle, Robert Browning est un personnage complexe et énigmatique, insaisissable dans la coexistence apparemment contradictoire d'une personnalité sociale imposante et volubile et d'un artiste secret et pudique. 3.1 Une thématique chargée de romantisme Robert Browning partage avec ses prédécesseurs romantiques (de William Blake à John Keats) une vision très personnelle d'un idéal vers lequel tend l'ensemble de sa création artistique. Le parcours intérieur vers cette « entité « supérieure -- proche de l'Idée platonicienne -- est toutefois parsemé d'obstacles, au premier rang desquels la nature humaine elle-même, véhicule de forces contraires et malveillantes. L'optimisme religieux de Robert Browning critiqué par certains de ses contemporains pour son aspect naïf est donc tempéré par la conscience d'une lutte permanente entre la foi et le doute, le bien et le mal. Robert Browning analyse également la place de l'artiste dans la société à la lumière d'une galerie de portraits variés et parfois iconoclastes : un médecin arabe pendant l'Empire romain (le poème correspondant s'intitule « An Epistle Containing the Strange Medical Experience of Karshish, the Arab Physician «), un musicien allemand du XVIIIe siècle (« Abt Vogler «) ou encore deux peintres italiens de la Renaissance (Fra Lippo Lippi et Andrea del Sarto dans deux poèmes éponymes). 3.2 Une écriture avant-gardiste Parallèlement à une thématique particulièrement riche, le style de Robert Browning s'inscrit dans une veine résolument avant-gardiste. Privilégiant la distance critique et l'ironie aux dépens de l'harmonie et d'une certaine fluidité, caractéristiques de la poésie victorienne, Robert Browning distille au fil de ses poèmes discordances et expérimentations linguistiques autorisant un certain recul critique quant au processus d'écriture poétique lui-même. 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