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caravagisme - peinture.

Publié le 15/05/2013

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caravagisme - peinture. 1 PRÉSENTATION caravagisme, courant pictural international qui regroupe les oeuvres de peintres influencés par l'esthétique du Caravage et qui ont évolué dans son sillage. Le caravagisme, avec ses personnalités très diverses ou ses multiples visages, a contribué à prolonger l'influence de l'art du Caravage sur la peinture européenne tout au long du XVIIe siècle. Se substituant peu à peu au maniérisme et à ses figures idéalisées, un langage formel s'est constitué dans la lignée du Caravage : clair-obscur, naturalisme, dramatisation et forte charge émotionnelle des scènes représentées, expressivité des figures, personnages grandeur nature, cadrages resserrés sans premier plan, vision en contre-plongée. Ce langage, au service de thèmes de la vie quotidienne et de types populaires semblables à ceux qu'affectionnait le peintre (scènes de taverne ou de tripot, musiciens), s'est diffusé d'abord à Rome, Naples et Gênes, avant d'atteindre les Pays-Bas, en passant par l'Espagne et la France. 2 LA PRÉPONDÉRANCE DU LUMINISME Si réalisme, puissance du sentiment religieux et traitement particulier du luminisme caractérisent le caravagisme, force est de reconnaître que c'est ce dernier apport qui marque le plus profondément et diffusément la peinture européenne du XVIIe siècle. Après les recherches de ses prédécesseurs vénitiens sur la lumière (dès les XIVe et XVe siècles), le Caravage inaugure un traitement pictural original « où la lumière n'est pas asservie à la définition plastique des formes sur lesquelles elle tombe " mais est " au contraire l'arbitre, avec l'ombre, de leur existence même « -- comme le note avec justesse le critique d'art italien Roberto Longhi (1890-1970), un des grands découvreurs du mouvement caravagesque. 3 LE CARAVAGISME EN ITALIE 3.1 Les Gentileschi À Rome, l'influence artistique du Caravage est d'abord diffusée par le maître lui-même. Orazio Gentileschi est un des premiers disciples italiens (mais aussi l'un des plus singuliers et des plus inspirés) à subir l'influence directe du Caravage. Il adapte le traitement caravagesque de la lumière à son maniérisme marqué par Raphaël et contribue à la propagation du courant pictural de son maître lombard à l'occasion de ses voyages de travail en France (cour de Marie de Médicis vers 1625) et en Angleterre (cour de Charles Ier d'Angleterre). De Florence à Naples, en passant par Rome, Venise et Londres, Artemisia Gentileschi, sa fille, prolonge avec hardiesse le langage caravagesque, parfois jusqu'à l'extrême -- notamment dans les deux Judith tranchant la tête d'Holopherne (1612-1613, museo nazionale di Capodimonte, Naples ; v. 1620, galerie des Offices, Florence). Comme l'ont démontré les rétrospectives qui lui ont été consacrées à Florence (1991) et à Rome / New York / Saint Louis (2001-2002), elle développe « une oeuvre puissante qui confirme chez elle une pensée, quant à la place et à la valeur des femmes, que l'époque n'était guère propre à comprendre « (in Yves Bonnefoy, Rome, 1630 : l'horizon du premier baroque, nouvelle édition, 1994). 3.2 La Manfrediana Methodus L'influence du Caravage s'avère tout aussi directe sur le peintre lombard Bartolomeo Manfredi (v. 1580-1620) -- notamment dans le Reniement de saint Pierre (1615-1620, Herzog Anton-Ulrich Museum, Brunswick) et dans la Charité romaine (v. 1620, galerie des Offices, Florence) --, à tel point que ses tableaux sont souvent confondus avec les compositions du Caravage lui-même. La vénération que Manfredi porte à son maître lui inspire une manière picturale si reconnaissable et si codifiée que celle-ci est consacrée en 1675 sous le nom de Manfrediana Methodus par le peintre et écrivain Joachim von Sandrart. L'influence du Caravage est également marquante chez Orazio Borgianni (v. 1578-v. 1616), peintre de saint Charles Borromée, qui, dans ses oeuvres, perpétue surtout la force du sentiment religieux ( la Sainte Conversation, v. 1610-1616, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Palazzo Barberini, Rome). Elle est aussi très présente chez le peintre vénitien Carlo Saraceni (1579-1620), chez Giovanni Baglione (1571-1644) ou Giovanni Serodine (1600-1630), chez les peintres napolitains Salvator Rosa et Giovanni Battista Caracciolo (dit « il Battistello «, v. 1570-1637). Ou encore chez les peintres non encore identifiés, provisoirement nommés par Roberto Longhi le « Pensionante del Saraceni « ( le Reniement de saint Pierre, musée de la Chartreuse, Douai ; le Marchand de fruits, Institute of Arts of Detroit) ou le « Maître du Jugement de Salomon « (le Jugement de Salomon, Galleria Borghese, Rome), et dont les oeuvres sont, d'un point de vue stylistique, apparentées à celles du peintre caravagiste français Jean François. En Sicile, la vision du peintre Pietro Novelli (1603-1647) atténue l'austère réalisme caravagesque en le tempérant d'une certaine douceur. 4 LE CARAVAGISME EN ESPAGNE Marqué par les travaux du Caravage et de ses disciples à Rome, l'Espagnol Jusepe de Ribera se rend à Naples -- alors possession espagnole -- pour devenir une figure majeure du milieu artistique napolitain ; aussi exerce-t-il une forte influence sur les artistes de son pays où il participe à l'introduction de cette esthétique nouvelle (série des Cinq Sens) que l'on retrouve notamment chez Francisco de Zurbarán -- durcie toutefois par l'âpreté et l'esprit d'ascèse de la première Contre-Réforme posttridentine --, Francisco Pacheco, Francisco Herrera le Vieux et les premiers tableaux de Diego Vélasquez. 5 LE CARAVAGISME EN FRANCE 5.1 De Valentin de Boulogne à Georges de La Tour L'énigmatique Français Valentin de Boulogne, devenu Romain d'adoption avant d'être supplanté par Simon Vouet en 1614, se proclame disciple du Caravage. Dans ses premières oeuvres -- le Christ chassant les marchands du Temple (v. 1618, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Palazzo Barberini, Rome), le Reniement de saint Pierre (Fondation Roberto Longhi, Florence) --, il se plaît à répéter les types et les sujets caravagesques, avec des personnages surgissant de l'ombre à mi-corps, que l'on confond souvent avec ceux du Caravage ou de Bartolomeo Manfredi. Quant à Simon Vouet (la Diseuse de Bonne Aventure, National Gallery, Ottawa) et Claude Vignon (le Martyre de saint Matthieu, 1617, musée des Beaux-Arts, Arras), ils ne persévèrent qu'un temps dans le sillage du maître italien. L'influence caravagesque est également manifeste chez le Lorrain Georges de La Tour. L'introduction de son emploi original du clair-obscur est peut-être due à un séjour en Italie -- bien que sa présence n'y ait pas été attestée -- ou à la fréquentation d'artistes flamands imprégnés de l'oeuvre du maître, voire tout simplement à la découverte d'une oeuvre comme l'Annonciation du Caravage (conservée à l'époque en la cathédrale de Nancy). 5.2 L'école caravagesque du Languedoc Parallèlement, une véritable « école caravagesque « émerge dans le sud de la France : la première vague du caravagisme dans le Languedoc fait suite au premier voyage à Rome (du vivant du Caravage) des Auvergnats Guy François (av. 1578-1650, le Christ en croix avec la Vierge, saint Jean, et sainte Madeleine, 1619, église du Collège, Le Puy-en-Velay) et Jean François (1589-1650), ou de l'Arlésien Trophime Bigot (1579-1638, la Cène à Emmaüs, musée Condé, Chantilly). Ces derniers bénéficient de l'influence directe du maître lombard ou du moins de celle d'un de ses premiers disciples, le Vénitien Carlo Saraceni. Cette première vague est aussi la conséquence du séjour en Provence entre 1613 et 1616 (à leur retour de Rome) du Frison Martin Faber et du Flamand Louis Finson (Sainte Madeleine en extase, musée des Beaux-Arts, Marseille, copie quasi conforme de la toile du Caravage), puis de leur passage à Montpellier, Toulouse et Bordeaux. La seconde vague caravagesque du Languedoc est notamment attestée par un groupe d'artistes ayant fondé un foyer régional d'interprétation de la Manfrediana Methodus -- caravagisme nocturne opposé au caravagisme diurne de Carlo Saraceni ou d'Orazio Gentileschi. Parmi eux, le Toulousain d'adoption Nicolas Tournier (1590-1639) qui, outre sa fréquentation des disciples du Caravage dans le palais du banquier Vincenzo Giustiniani, a travaillé dans l'atelier de Manfredi lors de son séjour à Rome en 1619-1620. Tous les peintres de l'école caravagesque du Languedoc ont une interprétation caractéristique du luminisme qui confère aux sources lumineuses et à l'éclairement des visages une saisissante et toute personnelle connotation de douceur mystique. Le caravagisme connaît une grande longévité dans cette province du Languedoc, contrairement à Paris où le retour dans la capitale de Simon Vouet en 1627 contribue rapidement à l'émergence d'une peinture plus lyrique inspirée de la peinture vénitienne. Le caravagisme persiste d'ailleurs dans le Languedoc alors même qu'à Paris s'amorce à partir de 1634 « l'atticisme parisien «, à savoir le début du classicisme. 6 LE CARAVAGISME AUX PAYS-BAS Aux Pays-Bas, l'influence caravagesque est consacrée notamment par Hendrick Ter Brugghen (ou Terbrugghen, 1588-1629), au tempérament secret et mélancolique, mais aussi par Dirck Van Baburen, Theodor Rombouts et Gerard Seghers. Par son « ténébrisme « ou « luminisme nocturne «, Gerrit Van Honthorst, dit « Gérard de la Nuit « -- l'un des rares peintres hollandais du XVIIe siècle à connaître une carrière internationale et les honneurs des commandes officielles --, privilégie les scènes nocturnes éclairées à la chandelle ou à la torche, nimbées d'une lumière souvent rougeoyante (le Reniement de saint Pierre, v. 1620-1625, Minneapolis Institute of Arts). Son élève Matthias Stomer (v. 1600-apr. 1650) diffuse le luminisme caravagesque jusque dans l'Italie du Sud et à Messine où il termine ses jours (Samson et Dalila, v. 1645, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Palazzo Barberini, Rome). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« persévèrent qu’un temps dans le sillage du maître italien. L’influence caravagesque est également manifeste chez le Lorrain Georges de La Tour.

L’introduction de son emploi original du clair-obscur est peut-être due à un séjour en Italie — bien que sa présence n’y ait pas été attestée — ou à la fréquentation d’artistes flamands imprégnés de l’œuvre du maître, voire tout simplement à la découverte d’une œuvre comme l’Annonciation du Caravage (conservée à l’époque en la cathédrale de Nancy). 5. 2 L’école caravagesque du Languedoc Parallèlement, une véritable « école caravagesque » émerge dans le sud de la France : la première vague du caravagisme dans le Languedoc fait suite au premier voyage à Rome (du vivant du Caravage) des Auvergnats Guy François (av.

1578-1650, le Christ en croix avec la Vierge, saint Jean, et sainte Madeleine, 1619, église du Collège, Le Puy-en-Velay) et Jean François (1589-1650), ou de l’Arlésien Trophime Bigot (1579-1638, la Cène à Emmaüs, musée Condé, Chantilly).

Ces derniers bénéficient de l’influence directe du maître lombard ou du moins de celle d’un de ses premiers disciples, le Vénitien Carlo Saraceni.

Cette première vague est aussi la conséquence du séjour en Provence entre 1613 et 1616 (à leur retour de Rome) du Frison Martin Faber et du Flamand Louis Finson ( Sainte Madeleine en extase, musée des Beaux-Arts, Marseille, copie quasi conforme de la toile du Caravage), puis de leur passage à Montpellier, Toulouse et Bordeaux. La seconde vague caravagesque du Languedoc est notamment attestée par un groupe d’artistes ayant fondé un foyer régional d’interprétation de la Manfrediana Methodus — caravagisme nocturne opposé au caravagisme diurne de Carlo Saraceni ou d’Orazio Gentileschi.

Parmi eux, le Toulousain d’adoption Nicolas Tournier (1590-1639) qui, outre sa fréquentation des disciples du Caravage dans le palais du banquier Vincenzo Giustiniani, a travaillé dans l’atelier de Manfredi lors de son séjour à Rome en 1619-1620.

Tous les peintres de l’école caravagesque du Languedoc ont une interprétation caractéristique du luminisme qui confère aux sources lumineuses et à l’éclairement des visages une saisissante et toute personnelle connotation de douceur mystique. Le caravagisme connaît une grande longévité dans cette province du Languedoc, contrairement à Paris où le retour dans la capitale de Simon Vouet en 1627 contribue rapidement à l'émergence d'une peinture plus lyrique inspirée de la peinture vénitienne.

Le caravagisme persiste d'ailleurs dans le Languedoc alors même qu'à Paris s'amorce à partir de 1634 « l'atticisme parisien », à savoir le début du classicisme. 6 LE CARAVAGISME AUX PAYS-BAS Aux Pays-Bas, l’influence caravagesque est consacrée notamment par Hendrick Ter Brugghen (ou Terbrugghen, 1588-1629), au tempérament secret et mélancolique, mais aussi par Dirck Van Baburen, Theodor Rombouts et Gerard Seghers.

Par son « ténébrisme » ou « luminisme nocturne », Gerrit Van Honthorst, dit « Gérard de la Nuit » — l’un des rares peintres hollandais du XVII e siècle à connaître une carrière internationale et les honneurs des commandes officielles —, privilégie les scènes nocturnes éclairées à la chandelle ou à la torche, nimbées d’une lumière souvent rougeoyante ( le Reniement de saint Pierre, v.

1620-1625, Minneapolis Institute of Arts).

Son élève Matthias Stomer (v.

1600-apr.

1650) diffuse le luminisme caravagesque jusque dans l’Italie du Sud et à Messine où il termine ses jours ( Samson et Dalila, v.

1645, Galleria Nazionale d’Arte Antica, Palazzo Barberini, Rome). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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