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c'est à l'espèce de l'être visible.

Publié le 22/10/2012

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c'est à l'espèce de l'être visible. — S. Et l'âme ? est-elle visible ou invisible ? — C. Pour les hommes au moins, elle n'est pas visible. — S. Mais pour notre part, c'est bien de ce qui est visible ou non à l'espèce humaine que nous parlons, ne crois-tu pas ? — C. Si. — S. Donc que disons-nous de l'âme ? qu'elle est visible ou non ? — C. Qu'elle n'est pas visible. — S. Donc qu'elle est invisible. — C. Oui. — S. Ainsi l'âme est plus semblable à l'invisible que le corps, et le corps plus semblable au visible ? — C. De toute nécessité. — S. Mais n'avons-nous pas dit également que l'âme, lorsqu'elle se sert du corps pour examiner quelque chose, que ce soit de la vue, de l'ouïe ou de quelque autre sensation (car recourir à la sensation, c'est recourir au corps), le corps l'entraîne vers ce qui n'est jamais identique à soi-même, elle divague, elle est prise de trouble et de vertige comme si elle avait bu, du seul fait d'entrer en rapport avec une réalité de cette sorte ? — C. Absolument. — S. Mais quand elle examine en elle-même et par elle-même, c'est ailleurs qu'elle se dirige, vers ce qui est pur, éternel, immortel, toujours identique à soi ; comme elle est apparentée à cette réalité, elle ne cesse d'avoir commerce avec elle aussi longtemps qu'elle est en elle-même et par elle-même et qu'elle peut l'être ; elle cesse de divaguer, et le contact avec cette réalité fait qu'elle demeure toujours identique à elle-même : c'est cet état de l'âme qui se nomme : pensée. Phédon, 78c-79d 9. CE N'EST PAS L'OEIL QUI VOIT, MAIS L'ÂME PAR L'ENTREMISE DE L'OEIL [SOCRATE-THÉÉTÈTE] — S. C'est la sensation qui est science, as-tu dit ? — T. Oui. — S. Eh bien, si on te demandait : par quoi l'homme voit-il le blanc et le noir et par quoi entend-il l'aigu et le grave ? Je pense que tu dirais par les yeux et par les oreilles. — T. C'est vrai. — S. La facilité à user des mots et des expressions n'a, en général, rien de roturier, c'est plutôt le contraire qui est indigne d'un homme libre, mais c'est parfois nécessaire, ainsi, par exemple, il faut reprendre ce que ta réponse a de défectueux. Réfléchis, en effet : quelle est la réponse la plus correcte ? dire que les yeux sont ce par quoi nous voyons ou ce au moyen de quoi nous voyons et les oreilles ce par quoi nous entendons ? — T. À ce qu'il me semble, ce au moyen de quoi nous percevons chaque sensation, plutôt que ce par quoi. — S. Ce serait en effet bien étrange, mon jeune ami, qu'une pluralité de sensations fussent logées en nous comme dans des chevaux de bois et qu'il n'y eût pas quelque forme unique, qu'on l'appelle l'âme ou de quelque autre nom, où toutes ces sensations convergent et par laquelle, usant d'elles comme d'instruments nous percevons tous les sensibles. — T. Cette explication me semble plus juste que l'autre. — S. Ce que je veux te faire préciser par là, c'est s'il y a en nous un pouvoir, toujours le même, par lequel, avec les yeux comme moyen, nous atteignons le blanc et le noir et par le moyen des autres sens, d'autres sensibles et si, interrogé, tu pourrais rapporter tout cela au corps ? Peut-être vaut-il mieux que tu parles toi-même en réponse à mes questions et que ce ne soit pas moi qui m'en charge à ta place. Dis-moi, chacun des sens au moyen desquels tu perçois le chaud, le sec, le léger, le doux, est-ce au corps ou à quelque chose d'autre que tu le rapportes ? — T. A rien d'autre qu'au corps. — S. Es-tu prêt à m'accorder que ce que tu perçois au moyen d'une faculté, il est impossible que tu le perçoives au moyen d'une autre ? par exemple, de sentir par la vue ce que tu sens par l'ouïe et par l'ouïe ce que tu sens par les yeux. — T. Comment pourrais-je ne pas l'accorder ? — S. Donc si tu conçois quelque chose qui concerne les deux, ce n'est ni par l'un ni par l'autre que peut te venir la perception commune. — T. Assurément non. — S. Aussi, s'agissant du son et de la couleur, n'as-tu pas d'abord cette conception que tous deux existent ? — T. Oui certes. — S. Puisque chacun des deux est différent de l'autre, mais identique à lui-même ? — T. Sans doute. — S. Qu'ensemble ils sont deux, et que chacun est un ? — T. Oui également. — S. Et leur dissemblance ou ressemblance mutuelle, es-tu capable d'en faire l'examen ? — T. Peut-être. — S. Et maintenant au moyen de quoi conçois-tu cela à leur sujet ? Ce n'est ni au moyen de l'ouïe ni au moyen de la vue que tu es capable de saisir ce qu'ils ont de commun. Encore une preuve de ce que nous disons ; s'il est possible d'examiner si tous deux sont salés ou non, tu sais que tu es à même de me dire par quel organe tu l'examines et ce n'est apparemment ni la vue, ni l'ouïe, mais quelque chose d'autre ? — T. Bien sûr, n'est-ce pas la faculté dont la langue est l'instrument ? — S. Bonne réponse, mais par quel instrument s'exerce la faculté qui te révèle ce qui est commun à toutes choses aussi bien qu'à celles dont nous parlons, et que tu désignes par <4 est « ou <4 ou n'est pas « et par tous les termes que nous venons d'employer dans nos questions. À tous ces communs quels organes affecteras-tu grâce auxquels ce qui sent en nous les perçoit ? — T. Tu veux parler de l'être et du non-être, de la ressemblance et de la dissemblance, de l'identité et de la différence et aussi de l'unité et des autres nombres appliqués à ces choses. Évidemment ta question concerne aussi le pair et l'impair et tout ce qui s'ensuit et tu demandes au moyen de quel organe corporel nous le percevons par l'âme. — S. Tu me suis merveilleusement, Théétète, c'est tout à fait cela que je demande. — T. Mais pardieu Socrate, je ne sais que dire sinon qu'à mon avis il n'y a pas d'organe spécial pour ces choses comme il y en a pour les autres : il me semble que c'est l'âme elle-même et par elle-même qui en toutes choses examine ces communs. Théétète, 184b-185e

« LA CONCEPTION DU SAVOIR 207 l'aigu et le grave? Je pense que tu dirais par les yeux et par les oreilles.

- T.

C'est vrai.

- S.

La facilité à user des mots et des expressions n'a, en général, rien de roturier, c'est plutôt le contraire qui est indigne d'un homme libre, mais c'est parfois néces­ saire, ainsi, par exemple, il faut reprendre ce que ta réponse a de défectueux.

Réfléchis, en effet : quelle est la réponse la plus correcte ? dire que les yeux sont ce par quoi nous voyons ou ce au moyen de quoi nous voyons et les oreilles ce par quoi nous entendons ? - T.

A ce qu'il me semble, ce au moyen de quoi nous percevons chaque sensation, plutôt que ce par quoi.

- S.

Ce serait en effet bien étrange, mon jeune ami, qu'une pluralité de sensations fussent logées en nous comme dans des chevaux de bois et qu'il n'y eût pas quelque forme unique, qu'on l'appelle l'âme ou de quelque autre nom, où toutes ces sensations convergent et par laquelle, usant d'elles comme d'ins­ truments nous percevons tous les sensibles.

- T.

Cette explication me semble plus juste que l'autre.

- S.

Ce que je veux te faire préciser par là, c'est s'il y a en nous un pouvoir, toujours le même, par lequel, avec les yeux comme moyen, nous atteignons le blanc et le noir et par le moyen des autres sens, d'autres sensibles et si, interrogé, tu pourrais rap­ porter tout cela au corps ? Peut-être vaut-il mieux que tu parles toi-même en réponse à mes questions et que ce ne soit pas moi qui m'en charge à ta place.

Dis-moi, chacun des sens au moyen desquels tu per­ çois le chaud, le sec, le léger, le doux, est-ce au corps ou à q_uelque chose d'autre que tu le rapportes? - T.

A rien d'autre qu'au corps.

- S.

Es-tu prêt à m'accorder que ce que tu perçois au moyen d'une faculté, il est impossible que tu le perçoives au moyen d'une autre ? par exemple, de sentir par la vue ce que tu sens par l'ouïe et par l'ouïe ce que tu sens par les yeux.

- T.

Comment pourrais-je ne pas l'accorder? - S.

Donc si tu conçois quelque chose qui concerne les deux, ce n'est ni par l'un ni par l'autre que peut te venir la perception commune.. »

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