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Chacun sa chimère

Publié le 12/11/2011

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Chacun sa Chimère

 

 

Plan:

 

I Le registre pathétique (à travers les images, la description)

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    • phrases amples de description, rôles inversés: animal sur homme -> pitié
    • comparaisons -homme recouvert  -> compassion
    • parataxe ou antiphrase paragraphe 4 : ironie du poète+ \"spleenétique\" = qui inspire mélancolie, déprime

 

conclusion  à travers les images, la description, registre pathétique fait épprouver pitié, comapssion pour les hommes.

 

II Le destin

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    • vision tragique pcq les chimeres dans les comparaisons represente l'attaquant et la defense \"casque\" \"fourniment\" (= equipement)
    • le ciel -> \"sous\" = Dieu en haut -> destin trop lourd -> destinée tragique
    • paragraphe 5 : image cortège qui disparaît \"s'enfonça\" -> destin inéluctable
    • image coucher soleil -> cycle soleil/nuit = routine, toujours même journée. + accentué par assonance en A (a accent :à) : 1ere lettre de l'alphabet : recommencement sans fin, qui découpe le texte.

 

III Visée philosophique

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    • association du tragique et du pathétique (oxymore Irr / Indif. Irr = destin,registre tragique; et Indif = registre pathétique. (+Voire feuille) asso en I -> souffrance, faiblesse (face au destin)). Une allégorie de la condition humaine: humain destiné à espérer : \"condamnés à espérer toujours\" deux sens du mot Chimère : monstre qui opprime et illusion: espérer + allégorie qui passe par une description imagée à l'aide de comparaisons qui chosifient . La comparaison laisse donc la place à un objet concret dans le but d'arriver à un concept
    • l'auteur est pareil (paragraphe 1) possède aussi une Chimère (dernier paragraphe). Mais il est condamné à être seul. Il ouvre le texte tout seul, et finit le texte tout seul.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Charles Baudelaire est un poète français, aussi critique d'art ou essayiste, du XIXeme siècle. Il trouvera une voix entre le formalisme et le romantisme: celle de la modernité. C'est un des poètes les plus connus qui rompt avec l'esthétique classique. Dans ses poèmes, il tente de démontrer les liens entre la beauté et le mal, le bonheur et l'idéal inaccessible, comme dans le recueil Les Fleurs du mal publié en 1857. une de ses principales oeuvres est également Le spleen de Paris dont est issu \"Chacun sa Chimère\" qui ne fut publié entièrement qu'après sa mort. 

Nous allons donc étudier ce texte et rechercher sa portée philosophique. Tout d'abord à travers le resgistre pathétique. Dans un second temps, nous étudierons le rôle du destin, et enfin nous découvrirons la vision de l'auteur sur la condition humaine.

 

 

Tout d'abord, on remarque que la description des chimères se construit grâce à des phrases qui sont amples et complexes. La \"bête\" est désignée par des termes tels que \"monstrueuse\", \"féroce\" et une gradation de verbes \"enveloppait\", \"opprimait\", \"surmontait\" nous montrent que les rôles entre l'animal et l'humain sont désormais inversés: c'est l'animal qui est plus fort, plus lourd. Son poids est d'ailleurs accentué par l'allitération en \"p\" : \"poids\", \"enveloppait\", \"opprimait\", puissant\". On éprouve alors de la compassion pour l'humain qui ne sait pas, qui ne voit pas qu'il est prisonnier.

On voit ensuite deux comparaisons. Le première compare les chimères à l'équipement d'un soldat. Pour accentuer l'impression de poids, on aperçoit une allitération en \"p\" : \"lourde\", \"de farine\", \"de charbon\". La deuxième comparaison associe les bêtes à un casque. Si bien que désormais l'homme est couvert entièrement par la chimère. Ces images renforce davantage le sentiment de compassion du lecteur.

Enfin on relève une antiphrase avec \"tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignait d'aucuns désespoir [...] ils cheminaient avec la physionomie résignées de ceux qui sont condamnés à espérer toujours\". Dans cette antiphrase, on remarque un vocabulaire de tristesse: \"désespoir\", \"spleenétique\" qui réfère à la mélancolie, la déprime, \"résignée\" et \"condamnés\". Il est intensifié par l'allitération en \"p\" : \"pieds plongés dans la poussière\".

 

On a donc un registre pathétique qui par des images de la description, des allitérations et antiphrase, fait éprouver au lecteur de la compassion et pitié pour ces hommes qui n'ont pas conscience de leur fardeau et qui sont contraint de le porter à jamais.

Ces chimères sont-elles seulement le visage des tourments dont sont victimes les hommes? Et peuvent-il y échapper ?

 

Les deux comparaisons précedemment étudiées comporte un même paradoxe. En effet la chimère représente à la fois l'attaquant parce qu'elle \"opprimait\" mais également la défense puisqu'elle est associé au \"fourniment\" et au \"casque\", c'est-à-dire à l'équipement du soldat qui le maintient en vie. On note alors que la chimère représente la souffrance mais qu'elle est aussi nécessaire à la vie de ces hommes. C'est donc un destin tragique dont sont dotés ces voyageurs.

On constate ensuite que le poète répete par trois fois le mot \"ciel\" : \"sous un grand ciel\", \"sous la coupole spleenétique du ciel\" et \"aussi désolé que ce ciel\". On note donc la présence d'une force plus puissante qui pèse au-dessus d'eux pouvant être associée aux dieux et qui par conséquent inscrit un destin tragique.

D'autre part, on remarque la description imagé du cortège qui disparaît. Celle ci est accompagnée d'une allitération en [s] : \"passa\", \"s'enfonça\", atmosphère\" et \"horizon\" qui renforce l'impression que cortège, qui \"s'enfonça\", a un destin funeste et inéluctable.

De plus, on remarque dans la même phrase, l'image d'un coucher de soleil. On peut alors penser que ce coucher de soleil est associé aux cycles nuit/jour qui se repètent sans fin. Ces cycles sont en outre intensifié par l'assonance en [a]: \"à l'endroit\", \"à la curiosité\" qui découpe la phrase. Mais le \"a\" étant aussi la première lettre de l'alphabet, il évoque également le recommencement infini.

 

Ainsi, ce texte aborde le thème du destin, destin auquel ces hommes sont impuissants, si bien qu'on peut le qualifier de tragique et inéluctable.

Cependant, toute la société est-elle assignée également de ce même destin? Ce narrateur fait-il exception à la règle?

 

On note vers la fin, la présence d'un oxymore : \"Irrésistible Indifférence\". \"Irrésistible\" peut être associé avec le caractère qui touche au destin tragique des hommes, et \"Indifférence\" avec le registre pathétique. L'assonance en I augmente d'autant plus la souffrance de cette indifférence mais en même temps la faiblesse face au destin. Un deuxième oxymore vient renforcer le premier : ils \"sont condamnés à espérer toujours\". Tout d'abord, cela est également une allégorie qui représente la condition humaine. Ensuite à elle seule, elle définit le terme de \"Chimère\" qui signifie à la fois un monstre terrible, si bien que les hommes sont \"condamnés\" et une illusion, un projet irréalisable au point qu'ils sont destinés à \"espérer toujours\". Cette allégorie est renforcée par la chosification des \"bêtes\" en équipement puisqu'une réification transforme une abstraction en un objet concret \"casque\" et \"fourniment\" pour donner un concept.

En ce qui concerne le poète, il possède également une chimère puisque sur lui aussi s'abbat \"l'Irrésistible Indifférence\". De plus il est condamné à être seul. Le texte s'ouvre sur un paysage sauvage, désert, caractérisé par la gradation en \"sans\" qui évoque l'abscence de vie accentué par l'allitération en [s] \"sous\",\"sans\" et celle en [an] \"sans\", \"grand\" qui fait penser au silence et au calme, et enfin par la répétition de \"grand\", \"grande\" qui fait référence à l'immensité du paysage. Le poète commence donc son histoire seul. Toutefois, il la finit seul également puisque les voyageurs partent.

 

On voit donc ici, que le récit est une allégorie de la condition humaine. L'homme est destiné à l'errement et à l'espoir vain et le poète n'exclue pas à la règle, étant destiné à errer éternellement en solitaire.

 

 

Nous avons donc montré à travers cette étude que la portée philosophique de ce texte concerne la condition humaine qui est condamnée \"à espérer toujours\".

Il apparait ainsi que le poème n'est pas l'unique genre à exploiter l'allégorie, mais qu'un simple récit peut être tissé autour également.

Néanmoins, peut-on trouver une allégorie de la condition humaine dans n'importe quelle genre? Est-elle exploitable dans un autre mouvement tel que la classicisme?

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