Devoir de Philosophie

Chevreul, De la loi du contraste simultané des couleurs (extrait) En

Publié le 27/04/2013

Extrait du document

Chevreul, De la loi du contraste simultané des couleurs (extrait) En 1839, le chimiste Eugène Chevreul rédige une théorie des couleurs intitulée De la loi du contraste simultané des couleurs et de l'assortiment des objets colorés, traitant de leurs contrastes, de leurs interactions et de leur perception par l'oeil humain. Ouverts à de très nombreux domaines d'application, ses écrits, inspirés par les observations qu'il a pu réaliser en qualité de directeur des teintureries à la manufacture des Gobelins, exerceront par la suite une influence considérable sur le développement des mouvements impressionnistes et néo-impressionnistes, comme en témoigne notamment l'art des pointillistes Georges Seurat et Paul Signac. De la loi du contraste simultané des couleurs, d'Eugène Chevreul I. Utilité de la loi du contraste simultané des couleurs pour l'art du coloris Après avoir défini les principales modifications que les corps éprouvent lorsqu'ils nous deviennent sensibles au moyen de la lumière blanche ou colorée qu'ils nous envoient ; après avoir envisagé la peinture et défini le coloris conformément à l'étude de ces modifications, il me reste à parler de la loi du contraste des couleurs relativement aux avantages que le peintre y trouvera, lorsqu'il s'agit : 1° D'apercevoir promptement et sûrement les modifications de lumière du modèle ; 2° D'imiter promptement et sûrement ces modifications ; 3° D'harmoniser les couleurs d'une composition, en ayant égard à celles qui doivent nécessairement se retrouver dans l'imitation, parce qu'elles sont inhérentes à l'essence des objets qu'il faut reproduire. 1. Utilité de la loi pour apercevoir promptement et sûrement les modifications de lumière du modèle Le peintre doit savoir, avant toute chose, voir les modifications de lumière blanche, d'ombres et de couleurs que lui présente son modèle dans les circonstances où il veut le reproduire. Or qu'apprend la loi du contraste simultané des couleurs ? C'est que dès que l'on voit avec quelque attention deux objets colorés en même temps, chacun d'eux apparaît non de la couleur qui lui est propre, c'est-à-dire tel qu'il paraîtrait s'il était vu isolément, mais d'une teinte résultant de la couleur propre et de la complémentaire de la couleur de l'autre objet. D'un autre côté, si les couleurs des objets ne sont pas au même ton, le ton de la plus claire s'abaissera et le ton de la plus foncée s'élèvera. En définitive, elles paraîtront, par la juxtaposition, différentes de ce qu'elles sont réellement. La première conséquence à déduire de là, c'est que le peintre appréciera rapidement dans son modèle la couleur propre d'une même partie, et les modifications de ton et de couleur qu'elle peut recevoir des couleurs qui l'avoisinent. Il sera donc bien mieux préparé à imiter ce qu'il voit que s'il ignorait la loi. Il saura en outre apercevoir des modifications qui, si elles ne lui eussent pas toujours échappé à cause de leur faible intensité, auraient pu cependant être méconnues, parce que l'oeil se fatigue, surtout lorsqu'il cherche à démêler des modifications dont la cause est inconnue et qui sont peu prononcées. C'est ici le lieu de revenir sur le contraste mixte, afin de faire sentir combien le peintre est alors exposé à voir inexactement les couleurs du modèle. En effet, puisque l'oeil, après avoir regardé, durant un certain temps, une couleur, a acquis une tendance à voir sa complémentaire, et que cette tendance est de quelque durée, il s'ensuit que non seulement les yeux du peintre, ainsi modifiés, ne pourront voir exactement la couleur qu'ils auront regardée longtemps, mais encore celle qui pourra les frapper ensuite pendant que durera leur modification. En effet, alors, conformément à ce que nous savons du contraste mixte, ils verront non la couleur qui les frappe en second lieu, mais la résultante de cette couleur et de la complémentaire de celle qui a été vue en premier lieu. Il faut remarquer en outre le défaut de netteté de la vision qui proviendra de ce que, dans la plupart des cas, la seconde image ne coïncidera pas exactement avec la première [...] Lichtenstein (Jacqueline) (sous la dir. de), la Peinture, Paris, Larousse-Bordas, coll. « Textes essentiels «, 1997. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles