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CHRÉTIEN DE TROYES

Publié le 16/12/2018

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CHRÉTIEN DE TROYES
CHRÉTIEN DE TROYES (1135 ?-1190 ?) est un des écrivains qui ont le plus fait pour que le mot roman, qui s’appliquait à l’origine à la langue vulgaire, en vienne à désigner certains ouvrages écrits dans cette langue.
Sa vie et sa formation 1. L’INSPIRATION ANTIQUE l’invite à la littérature amoureuse. Il sait le latin ; il a écrit dans son jeune âge des adaptations des Métamorphoses et de l'Art d’aimer d’Ovide.
 
2. L’INSPIRATION BRETONNE : Il a vécu à la cour brillante de Marie de Champagne, fille du roi de France Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine. Sa protectrice, férue de littérature, dut révéler au poète les légendes bretonnes avec leurs exploits chevaleresques et leur merveilleux féerique. Ses romans se rattachent tous au cycle Arthurien.
 
3. L’INSPIRATION PROVENÇALE : C’est encore sous l’influence de Marie de Champagne, séduite par la conception provençale de l’amour que Chrétien de Troyes consacra ses romans à l’amour et au culte de la femme. Il compose des romans où les chevaliers, soumis aux caprices de leur dame, réalisent pour lui plaire les exploits qu’ils accomplissaient autrefois pour leur suzerain.
 
4. L’INSPIRATION MYSTIQUE : A la fin de sa vie (entre 1182 et 1190), Chrétien de Troyes est au service du comte de Flandre, qui lui procure un livre où est contée en latin l’histoire du Graal. Il passe, toujours dans le genre romanesque et merveilleux, de l’inspiration galante à l’inspiration mystique, qui s’exprime dans le roman de Perceval, mais sera surtout précisée par ses continuateurs.
Son œuvre :
 
le conflit de l’amour et de l’aventure
Une partie de son œuvre est perdue, notamment un Tristan et Iseut. Les romans qui subsistent nous le montrent soucieux de soutenir des thèses courtoises. Son thème favori est de ceux qui divisent éternellement l’âme masculine : le conflit entre l’amour et le goût de l’aventure.
 
Erec nous montre un héros qui conquiert, par sa prouesse, la femme aimée, puis s’oublie dans les douceurs de la vie au foyer. Accusé de lâcheté, même par sa femme, il reprend la vie du chevalier aventureux et, pour se venger, impose à sa femme de partager ses épreuves : l’amour a cédé le pas à l’aventure.
 
Le Chevalier au Lion soutient la thèse contraire : Yvain, coupable d’avoir sacrifié l’amour au goût des aventures, n’obtient son pardon qu’en acceptant de rester fidèlement au foyer.
 
Dans Lancelot, la thèse et le sujet sont dictés par Marie de Champagne : le parfait amant sacrifie son honneur et sa vie à l’amour d’une dame altière et tyrannique ; l’amour devient l’unique objet de l’aventure.
 
Dans Perceval enfin, œuvre mystique, c’est au devoir religieux qu’est subordonnée l’aventure.
 
Ce goût de la thèse et des idées générales deviendront des traits essentiels du génie français.
L’art du conteur I. LA FERTILITÉ DE L’INVENTION: Dans chaque roman, l’intrigue, par son ingéniosité, sa variété,
 
renouvelle sans cesse l’intérêt. Tout l’arsenal des légendes bretonnes est parfaitement utilisé par le conteur.
Il a mis à la mode un procédé qui a fait fortune dans le roman : celui des intrigues entrelacées, avec interruption du récit au moment le plus captivant. Il faut d’ailleurs convenir que ses romans manquent d’unité : on se perd dans ces cascades d’épisodes touffus qui retardent sans cesse le dénouement.
 
2. L’ANALYSE DES SENTIMENTS : Certes il ne descend pas dans les cœurs avec la pénétration et la sympathie de Thomas d’Angleterre dans Tristan et Iseut. Ses amants ne nous émeuvent pas profondément : leurs sentiments sont peints de l’extérieur. Mais le poète s’est amusé à observer, en spectateur intelligent et malicieux, tous les ingénieux manèges de l’amour. Il a su démonter le mécanisme de certaines âmes, et le faire clairement jouer devant nous. Sa vérité est justement dans la précision de cette analyse.
 
3. LA PEINTURE DE LA RÉALITÉ CONTEMPORAINE : Chrétien de Troyes excelle à peindre la vie matérielle. Cet observateur a su insérer dans son œuvre beaucoup de la réalité de son temps. Il sait voir et décrire tout l’extérieur de la vie : châteaux, vêtements, meubles, cérémonies, tournois, coutumes, tout un aspect documentaire de la vie raffinée qui devait ravir les lecteurs contemporains.
 
Chrétien de Troyes connut en son temps un immense succès. Avec lui était définitivement créé le genre du roman : par sa souplesse, son aptitude à accueillir tout ce qui peut séduire l’imagination, le cœur et l’intelligence, ce genre était promis à une prodigieuse fortune.
 
LANCELOT
 
OU LE CHEVALIER A LA CHARRETTE
 
En son château de Camaalot, le roi Arthur tient cour plénière quand survient un chevalier inconnu. Il a fait prisonniers des chevaliers d'Arthur et offre de les rendre si un champion du roi vient lui disputer, dans la forêt, la reine Guenièvre qu'il exige comme otage. Le sénéchal Keu accepte le combat, mais on voit bientôt revenir son cheval sans cavalier.
 
Gauvain, neveu du roi, part à la recherche de la reine ; en route, il prête un de ses destriers à un autre chevalier inconnu, dont le cheval est fourbu. Mais, quelque temps plus tard, il trouve le cadavre de ce destrier entouré d'armes brisées, comme s'il s'était produit un violent assaut. Il assiste alors à un étrange spectacle.
 
UN DÉBAT « CORNÉLIEN »
 
Scène capitale qui a donné son titre au roman. L’auteur, dont le récit progresse allègrement, a su, sans s’attarder, poser avec une simplicité et une netteté toutes « cornéliennes » les éléments de ce débat intérieur. Pour comprendre l’hésitation de Lancelot, songeons au culte de l'honneur, unique passion des chevaliers dans les anciennes Chansons de Geste. Une autre passion vient ici lui disputer la prééminence. Que de chefs-d'œuvre naîtront désormais de ce conflit sans cesse repris par les psychologues, au théâtre et dans le roman!
 
Il retrouva par aventure 1 le chevalier 2 tout seul, à pied, tout armé, le heaume lacé, le bouclier pendu au cou, l’épée ceinte : il venait d’atteindre une charrette. La charrette était alors ce que sont aujourd’hui les

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L'ANALYSE DES SENTIMENTS : Certes il ne descend pas dans les cœurs avec la pénétration et la sympathie de Thomas d'Angleterre dans Tristan et Iseut.

Ses amants ne nous émeuvent pas pr ofondément : leurs sentiments sont peints de l'ex térieur.

Mais le poète s'est amusé à observer, en spectateur intelligent et malicieux, tous les ingénieux manèges de l'amour.

Il a su démonter le mécanisme de certaines âmes, et le faire clairement jouer devant nous.

Sa vérité est justement dans la précision de cette analyse.

3· LA PEINTURE DE LA RÉALITÉ CONTEMPORAINE: Chrétien de Troyes exce lle à pe indre la vie matérielle.

Cet observateur a su insérer dans son œuvre beaucoup de la réalité de son temps.

Il sait voir et décrire tout l'extérieur de la vie : châteaux, vêtements, meubles, cérémonies, tournois, coutumes, tout un aspect documen­ taire de la vie raffinée qui devait ravir les lecteurs contemporains.

CHRÉTIEN DE TROYES connut en son temps un immense succès.

Avec lui était définiti­ vement créé le genre du roman : par sa souplesse, son aptitude à accueil lir tout ce qui pe ut séduire l'imagination, le cœur et l'intelligence, ce genre était promis à une prodi­ gieuse fortune.

LANCELOT OU LE CHEV ALlER A LA CHARRETTE En son château de Camaalot, le roi ARTHUR tient cour plénière quand survient un cheval ier inconnu.

Il a fait prisonniers des chevaliers d'Arthur et offre de les rendre si un champion du roi vient lui disputer, dans la forêt, la reine GuENIÈVRE qu'il exige comme otage.

Le sénéchal Keu accepte le combat, mais on voit bientôt revenir son cheval s'ans cavalier.

GAUVAIN, neveu du roi, part à la recherche de la reine; en route, il prête un de ses destriers à un autre chevalier inconnu, dont le cheval est fourbu.

Mais, quelque temps plus tard, il trouve le cadavre de ce destrier entouré d'armes brisées, comme s'il s'était produit un violent assaut.

Il assiste alors à un étrange spectacle.

UN DÉBAT « CORNÉLIEN» ScÈNE CAPITALE qui a donné son titre au roman.

L'auteur, dont le récit progresse allègrement, a su, sans s'attarder, poser avec une simp licité et une netteté toutes « corné­ li ennes " les éléments de ce débat intérieur.

Pour comprendre l'hésitation de Lancelot, songeons au culte de l'honneur, unique passion des chevaliers dans les anciennes Chansons de Geste.

Une autre passion vient ici lui dispu1er la prééminence.

Que de chefs-d'œuvre naîtront désormais de ce conflit sans cesse repris par le s ps ychologues, au théâtre et dans le roman! l1 retro uv a pa r av en ture 1 le chev a lier 2 tou t se ul, à pi ed, tout armé, le he aum e la cé , le boucl ier pendu au cou , l' ép ée ceinte : il ven ait d'atte indre une charre tte .

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