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Chypre

Publié le 11/04/2013

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chypre
1   PRÉSENTATION

Chypre, en grec Kýpros et en turc Kıbrıs, pays insulaire d’Europe du Sud, situé dans la Méditerranée orientale. Sa capitale est Nicosie.

Depuis 1974, le tiers nord de Chypre est occupé par les troupes turques et forme de facto un État séparé, reconnu seulement par la Turquie.

2   MILIEU NATUREL
2.1   Relief et hydrographie

Située à l’ouest de la Syrie et au sud de la Turquie, Chypre est une île de forme irrégulière, qui s’étend sur environ 225 km du cap Andreas, au nord-est, à l’extrémité occidentale (cap Arnauati). Sa largeur maximale, du cap Gata, au sud, au cap Kormakiti, au nord, est d’environ 97 km. Sa superficie est de 9 251 km². Chypre est prolongée à son extrémité nord-est par une étroite bande de terre, la péninsule de Carpas, qui s’étend vers l’est en direction de la côte syrienne. Constituée en grande partie d’une plaine intérieure non boisée appelée Mésorée (« entre les montagnes « en grec), l’île est limitée au nord et au sud par des massifs montagneux. Au nord, une chaîne rocheuse ininterrompue s’étend des monts de Kyrenia aux monts Carpas qui culminent à 1 019 m, tandis que les monts Troödos, constitués de roches ultrabasiques, couvrent la plus grande partie du sud-ouest de l’île. C’est une chaîne accidentée aux nombreuses falaises abruptes. Son sommet le plus élevé est le mont Olympe (1 951 m).

Chypre n’a pas de cours d’eau permanents, mais possède quelques lacs d’eau douce et deux grands lacs salés.

2.2   Climat

Chypre jouit d’un climat typiquement méditerranéen, avec des étés chauds et secs et une saison fraîche et pluvieuse d’octobre à mars. La température annuelle moyenne est de 20,6 °C, et les précipitations annuelles moyennes sont inférieures à 500 mm.

2.3   Végétation et faune

Les forêts de pins, de cyprès et de cèdres couvrent 18,8 % de la superficie totale de l’île, principalement dans les régions montagneuses. On trouve également des platanes, des chênes, des oliviers et des caroubiers ; l’eucalyptus a été planté à grande échelle dans le cadre d’un programme de reboisement.

Chypre possède peu d’animaux sauvages. Si le mouflon n’est plus guère répandu, l’île accueille, en revanche, de nombreux oiseaux migrateurs.

3   POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1   Caractéristiques démographiques

En 2008, la population totale de l’île était estimée à 792 604 habitants (densité : 86 habitants au km²). Les Chypriotes de langue grecque représentent environ 80 % de la population. Près de 18 % sont d’origine turque, le reste se composant principalement d’Arméniens et d’Arabes maronites. Il existe une séparation géographique quasi totale entre Grecs et Turcs, les premiers occupant les deux tiers méridionaux de l’île, les derniers le tiers nord. Les habitants grecs ont presque tous fui la partie envahie en 1974 par l’armée turque, et 40 000 à 50 000 Turcs ont quitté le Sud.

3.2   Divisions administratives et villes principales

La capitale de Chypre, Nicosie, est la ville la plus peuplée avec environ 166 500 habitants côté grec et 39 500 côté turc. Limassol (160 733 habitants), Larnaka (71 740 habitants) et Famagouste (20 516 habitants) sont les principaux ports.

3.3   Langues et religions

Le grec et le turc sont les langues officielles, enseignées dans les écoles et utilisées dans les médias, mais l’anglais est largement parlé dans les grandes villes.

Le grec chypriote, bien qu’apparenté à la langue grecque du continent, comporte certains traits propres au grec ancien qu’a perdus cette dernière.

Les membres de la communauté grecque adhèrent majoritairement à l’Église de Chypre, qui s’aligne sur la doctrine orthodoxe, mais est indépendante et n’a d’allégeance envers aucun patriarche. Le primat, qui est aussi évêque de Nicosie, et les trois autres évêques chypriotes sont élus par les membres de l’Église. La minorité turque est essentiellement musulmane. On trouve aussi des maronites (arabes chrétiens), des catholiques et des juifs.

3.4   Éducation

Des systèmes éducatifs séparés sont organisés par les communautés grecque et turque. L’enseignement chypriote grec comprend six années d’études primaires gratuites et obligatoires pour tous les enfants de cinq à onze ans, qui peuvent ensuite accéder à six années d’enseignement secondaire. L’enseignement supérieur est dispensé à l’université de Chypre (1988) ainsi que dans des écoles normales, techniques et professionnelles.

L’enseignement chypriote turc est administré par la Chypre du Nord. Le taux d’alphabétisation est dans les deux communautés de 98 % (2005).

3.5   Institutions et vie politique

En théorie, Chypre est gouvernée selon une Constitution datant de 1960 qui partage le pouvoir entre les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs en tenant compte de leur poids démographique respectif. En 1963 et 1964, cependant, les Chypriotes turcs se sont retirés du gouvernement. Dans un premier temps, les institutions ont continué à fonctionner moyennant quelques changements, mais avec une autorité le plus souvent limitée à la communauté chypriote grecque.

En 1974, après le renversement du président chypriote, la Turquie envahit l’île et prend le contrôle de son tiers nord. En 1975, un « État autonome, laïque et fédéré « est fondé dans cette zone ; sa Constitution (1975) prévoit un président élu par vote populaire, une assemblée législative monocamérale de cinquante membres et un système de tribunaux indépendants. En novembre 1983, le secteur turc déclare unilatéralement la République turque de Chypre du Nord (RTCN), que les Nations unies refusent depuis de reconnaître.

La République de Chypre est gouvernée selon la Constitution de 1960, qui stipule que le chef de l’État est un président élu par la communauté grecque pour un mandat de cinq ans, l’élection du vice-président étant confiée à la communauté turque. Selon cette même Constitution, le pouvoir législatif devait être assuré par une Chambre des représentants composée de 35 Chypriotes grecs et de 15 Chypriotes turcs. Le gouvernement chypriote grec continue à appliquer la Constitution de 1960 lorsque c’est possible, en dépit de l’absence de participation des Chypriotes turcs depuis 1963. En 1985, le nombre de Chypriotes grecs dans la législature est passé de 35 à 56, et ils sont les seuls à siéger à la Chambre des représentants.

Les secteurs grec et turc ont des organisations militaires séparées, soutenues respectivement par la Grèce et par la Turquie ; cette dernière maintient sur l’île une force de 35 000 hommes. En 1963, les Nations unies ont installé à Chypre une force de maintien de la paix, qui compte encore 1 250 Casques bleus à la fin des années 1990, dans la zone tampon (3 % de la superficie de l’île) entre les lignes de cessez-le-feu grecque et turque.

4   ÉCONOMIE
4.1   Généralités

L’économie chypriote, traditionnellement tournée vers l’agriculture, est marquée depuis la partition de 1975 par un net contraste entre les deux secteurs de l’île. Grâce à la diversification de ses activités (tourisme, commerce, petites industries, finance), Chypre a réussi son décollage économique et pouvait afficher, en 2006, un produit intérieur brut (PIB) de 18,37 milliards de dollars. Cependant, son économie souffre d’un recul du tourisme et des exportations agricoles, ainsi que du coût des investissements en armement. Le secteur turc, dans le nord de l’île, possède les meilleures terres mais connaît pourtant d’importantes difficultés économiques qui le rendent très dépendant de la Turquie. L’adhésion de Chypre à l’Union européenne (UE) le 1er avril 2004 ouvre des perspectives favorables à l’économie de la partie grecque de l’île, renforcées par l’adoption de l’euro en janvier 2008, tandis que l’Union européenne s’engage à verser 259 millions d’euros d’aide à la partie turque.

4.2   Agriculture et pêche

Environ 15 % du territoire sont cultivés. Les principales cultures sont la pomme de terre (124 800 t), le raisin (52 383 t), le citron, l’orge, le blé, la caroube et l’olive. La production de céréales et d’olives est insuffisante pour satisfaire la demande locale. L’élevage constitue un secteur économique important. Les ovins (272 192 têtes) et les caprins (344 929 têtes) dominent, mais on élève également des porcs, des bovins (notamment pour l’attelage), des ânes, des mules et des chevaux (statistiques de 2006). Les produits laitiers sont principalement le fromage et le yaourt, tirés du lait de brebis et de chèvre. À l’exception des pêcheries d’éponges dans les eaux côtières, la pêche n’est pas une source significative de revenus.

4.3   Mines et industries

Chypre possède peu de ressources naturelles. Le principal minerai est le cuivre (Kypros en grec). C’est lui qui a donné son nom à l’île, grand fournisseur en cuivre du monde méditerranéen de l’Antiquité, mais son extraction, qui constituait jadis une importante source de revenus, est en net déclin. On trouve également quelques gisements de chrome et d’amiante.

Les industries légères sont en expansion dans le sud de l’île (vêtements, denrées alimentaires, cuir, matériaux de construction, produits chimiques), tandis que le nord, essentiellement agricole, souffre de la faiblesse des investissements et des soutiens financiers.

4.4   Secteur tertiaire

Ce secteur est sans conteste le plus dynamique du pays ; il repose sur les activités de tourisme et sur la flotte marchande. En effet, Chypre tire désormais ses plus grands revenus de l’industrie touristique, qui a amené 2,40 millions de visiteurs en 2006 ; les services représentaient 71,7 % de son PIB. Le tourisme se limite en revanche à 200 000 visiteurs par an environ dans le secteur turc.

Les activités de transport sont essentiellement fondées sur les trois aéroports internationaux dont dispose le pays et sur son réseau routier ; en revanche, Chypre manque d’infrastructures ferroviaires.

4.5   Commerce extérieur

Chypre a rejoint la zone euro le 1er janvier 2008 et adopté la monnaie unique européenne selon le taux de conversion suivant : 1 euro = 0,585274 livre chypriote. Les faces nationales des pièces en euros émises à Chypre représentent le mouflon, symbole de la faune sauvage de l’île, l’ancien bateau marchand de Kyrenia et l’idole de Pomos, exemple caractéristique de l’art préhistorique chypriote remontant à la période chalcolithique. La livre turque a cours dans le secteur turc.

Chypre exporte principalement des produits agricoles (pommes de terre, citrons, vins) et des produits manufacturés (vêtements), et importe du pétrole, des textiles, des céréales et des produits manufacturés. Ses principaux partenaires commerciaux sont le Royaume-Uni, la France, l’Italie et la Grèce. Le premier partenaire commercial et soutien financier du secteur turc est la Turquie, mais le Royaume-Uni est également son premier acheteur, devant la Turquie.

5   HISTOIRE
5.1   L’Antiquité

Des fouilles archéologiques ont permis de déceler la présence dans l’île d’une première civilisation dès le néolithique. Au début du IIIe millénaire av. J.-C., l’arrivée de colons venus d’Anatolie et de Syrie fait de Chypre un carrefour commercial de la Méditerranée orientale. Les Égyptiens occupent une partie de l’île vers 1400 av. J.-C. Au cours des siècles suivants, les peuples maritimes et marchands des pays méditerranéens établissent des colonies le long des côtes, et les Achéens fondent plusieurs villes dont Salamine, Paphos et Amathonte.

Le développement du commerce permet à l’île de connaître la prospérité, qui se poursuit sous la domination des Assyriens (viiie-viie siècle av. J.-C.), des Égyptiens (v. 550 av. J.-C.), puis des Perses (525 av. J.-C.). Au cours de l’occupation perse, le roi Évagoras Ier, qui règne sur la ville chypriote de Salamine, tente une première unification des cités-États de l’île et, en 391 av. J.-C., essaie, avec l’aide d’Athènes, de chasser les Perses. Il se rend temporairement maître de l’île mais, à sa mort en 374 av. J.-C., Chypre revient à la Perse jusqu’à sa conquête par Alexandre le Grand en 333 av. J.-C. ; après la mort de ce dernier, en 323 av. J.-C., l’île redevient une possession égyptienne sous le règne de Ptolémée Ier Sôter et de ses successeurs (voir dynastie Ptolémaïque). Rome en prend le contrôle en 58 av. J.-C., et l’érige en province romaine.

5.2   Le Moyen Âge

La position stratégique de l’île chypriote entre l’Orient et l’Occident attise les volontés d’expansion des grandes puissances. Ainsi, en 1191, Chypre est conquise par Richard Ier Cœur de Lion d’Angleterre qui la donne au Franc Gui de Lusignan, roi en titre de Jérusalem. Siège d’une église autocéphale depuis le ve siècle, l’île passe alors sous l’autorité de l’Église latine. Après l’influence des traditions françaises, Chypre tombe sous la coupe de Venise, en 1489. L’Empire ottoman s’en empare en 1570 et rétablit l’autorité de l’Église orthodoxe. Il conserve l’île jusqu’en 1878, date à laquelle il la cède au Royaume-Uni en échange de son soutien diplomatique pendant la guerre russo-turque.

5.3   L’administration britannique

La Convention signée entre Istanbul et Londres le 4 juin 1878 donne aux Britanniques le contrôle absolu de Chypre contre une rente annuelle d’environ 500 000 dollars, tandis que l’Empire ottoman en conserve la souveraineté. Dès leur entrée en fonction en 1879, les administrateurs britanniques rejettent la demande de réunion politique de Chypre et du royaume de Grèce (enosis, « union « en grec), que leur font l’archevêque et la communauté grecque de l’île.

En novembre 1914, en raison du ralliement de l’Empire ottoman aux puissances centrales ennemies, lors de la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni annule le traité de 1878 et annexe Chypre.

Au traité de Lausanne, en 1923, Istanbul reconnaît officiellement les droits britanniques sur Chypre. Deux ans plus tard, l’île devient une colonie de la Couronne.

5.4   L’essor de l’Enosis

La domination britannique ne se fait pas sans heurts, et face à l’agitation de la population, l’état d’exception est promulgué entre 1931 et 1940. Le mouvement en faveur de l’Enosis reprend de l’ampleur dans les années 1950. Sous l’égide de l’évêque de Chypre Makarios III, les Chypriotes de langue grecque réclament le départ des Britanniques et, consultés par la hiérarchie ecclésiastique, se prononcent à près de 96 % en faveur de l’union avec la Grèce. Les Britanniques s’opposant à tout changement de statut de l’île, en raison de son importance stratégique, ce mouvement se durcit à partir de 1955 sous la forme d’opérations de guérilla menées par l’Organisation nationale des combattants chypriotes (EOKA). Makarios, qui soutient l’organisation terroriste, est exilé au début de 1956.

5.5   L’indépendance

Des négociations menées sous la direction des Nations unies en 1957, sur fond de vives tensions entre les deux communautés de l’île, aboutissent en février 1959 à la signature des traités de Londres et de Zurich, faisant de Chypre une république dont le Royaume-Uni, la Grèce et la Turquie garantissent l’indépendance. En contrepartie, Chypre accorde aux Britanniques la possession de bases militaires sur l’île. De retour sur l’île, Makarios est élu président le 13 décembre, et Fazil Küchük, un Chypriote turc, devient vice-président. L’indépendance est proclamée le 16 août 1960. Chypre est admise à l’Organisation des Nations unies (ONU) et devient membre du Commonwealth.

5.6   La partition

Les affrontements entre les deux communautés de l’île éclatent en décembre 1963, après que Makarios a cherché à réduire le pouvoir législatif des représentants des Chypriotes turcs. Les Turcs se retirent du gouvernement et demandent la partition du pays. Malgré l’intervention des forces des Nations unies pour maintenir la paix, les tensions restent très fortes jusqu’à la partition de 1974.

Réélu président en 1968 et 1973, Makarios est renversé le 15 juillet 1974 par un coup d’État soutenu par les colonels au pouvoir à Athènes. Il est remplacé par Nikos Sampson, un ancien dirigeant de l’EOKA. En réaction, alors qu’explosent les tensions entre les deux communautés, la Turquie prend le contrôle du tiers septentrional de l’île, provoquant de nombreux déplacements de population. Le 30 juillet, un cessez-le-feu précaire est institué.

En décembre, Makarios est réinstallé au pouvoir. Le 13 février 1975, un État chypriote turc « autonome, laïque et fédéré « est proclamé dans le secteur turc. En avril 1975, des pourparlers intermittents commencent sous les auspices de l’ONU en vue de créer un système fédéral avec deux zones, grecque et turque. Les pourparlers se poursuivent après la mort de Makarios, en 1977, et son remplacement par Spyros Kyprianou, réélu en février 1983. Mais la proclamation, par le président chypriote turc Rauf Denktash, d’une République turque de Chypre du Nord (RTCN) reconnue uniquement par la Turquie, arrête le processus (novembre 1983). Le règlement de la question chypriote apparaît alors d’autant plus menacé que la Grèce et la Turquie, qui exercent une influence considérable sur les communautés grecque et turque de l’île, entrent dans une période de fortes tensions en mer Égée.

5.7   Un dialogue intermittent dans le contexte de l’intégration européenne

En 1988, le retour à une timide coopération gréco-turque et l’élection à la présidence chypriote de George Vassiliou, ouvert au dialogue, permettent aux Nations unies d’engager à nouveau des pourparlers et de proposer, en 1991, un plan prévoyant la création d’un État fédéral, « bicommunautaire et bizonal «. Au milieu des années 1990, les divergences persistent entre les négociateurs — au nombre desquels le nouveau président chypriote Glafkos Cléridès, élu en février 1993. Cependant, les possibilités d’aboutir à la paix semblent alors d’autant plus proches que le règlement de la question apparaît comme une des conditions de l’entrée de Chypre, voire de la Turquie, au sein de l’Union européenne (UE).

Cependant, les relations intercommunautaires se dégradent de nouveau en 1996, à la suite d’affrontements violents à la « frontière « (un mort et plusieurs blessés lors d’une manifestation le 11 août, puis deux autres Chypriotes grecs tués en octobre). Malgré les efforts de l’Union européenne pour faire avancer le processus politique, le statu quo, que l’action de l’ONU n’a pu modifier, se révèle une fois de plus inébranlable après l’échec de nouvelles discussions en août 1997 en Suisse (sous l’égide de l’ONU) entre les dirigeants chypriotes. L’ouverture d’une base aérienne à Paphos pour accueillir des avions grecs et le déploiement prévu, puis abandonné (en décembre 1998), de missiles sol-air russes S-300, achetés par les Chypriotes grecs, accroissent encore la tension entre les deux communautés, et entre la Grèce et la Turquie.

L’absence de redressement de la situation économique de la partie turque de l’île, aggravée par la réduction de l’aide financière de la Turquie, ne contribue pas non plus à l’amélioration du climat politique à Chypre. Réélu en 1995 et en 2000 à la tête de la « république « autoproclamée, Rauf Denktash échoue, par ailleurs, à endiguer la pression des extrémistes.

Dans la partie sud de l’île, qui confirme depuis plusieurs années son décollage économique, les Chypriotes grecs optent en 1996 pour la stabilité politique, en reconduisant le mandat de la coalition au pouvoir lors des élections législatives de mai, et en réélisant Glafkos Cléridès président en février 1998.

En ce qui concerne la candidature de Chypre à l’entrée dans l’Union européenne, les négociations sur son adhésion s’ouvrent officiellement en novembre 1998, malgré l’absence de représentants de la partie turque de l’île, avec l’espoir que cela favorisera le processus de paix. Or, il apparaît peu à peu que la résolution de la partition n’est plus posée comme une condition préalable à l’adhésion de la République de Chypre, qui remplit les critères politiques et économiques requis : elle pourrait même être effective en 2004, puisque Chypre fait partie avec Malte des pays en tête de liste pour l’élargissement. Cette perspective, décisive, est pour beaucoup dans la reprise de négociations directes entre les présidents grecs et turcs — pour la première fois depuis 1997 — en janvier 2002 à Nicosie, sous l’égide de l’ONU. Une étape supplémentaire est franchie avec la présentation en novembre 2002, par le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, d’un plan de réunification de l’île. S’inspirant de la Confédération helvétique, il propose la mise en place d’un État fédéral, la « République démocratique de Chypre «, composé de deux États égaux correspondant aux parties grecque et turque de Chypre. Or, si en décembre 2002, lors du Conseil européen de Copenhague, Chypre fait bien partie des dix pays officiellement désignés pour adhérer à l’UE en 2004, les négociations sur l’avenir de Chypre échouent au mois de mars 2003, au bout de quatorze mois. Le dirigeant chypriote turc, Rauf Denktash, s’oppose notamment à l’expropriation des Chypriotes turcs des 9 % de territoire qui devraient être rétrocédés, selon le plan Annan. Il refuse en outre la tenue d’un référendum sur le plan de paix dans les deux parties de l’île, comme le propose Kofi Annan en dernier recours.

Dans le même temps, la vie politique de Chypre connaît deux évolutions majeures. D’abord, au mois de février 2003, l’élection présidentielle dans la partie grecque de l’île voit, dès le premier tour de scrutin, la victoire avec 51,5 % des voix de Tassos Papadopoulos, leader du parti de centre-droit DIKO, soutenu en outre par les communistes et les sociaux-démocrates. Son élection met un terme à quarante ans de domination politique de Glafkos Cléridès, le président sortant. Ensuite, le 23 avril suivant, la « ligne verte «, qui sépare les deux parties de l’île, est entrouverte par les autorités du nord de Chypre, confrontées à des manifestations pro-européennes. En effet, le 16 avril, Chypre a signé à Athènes le traité officiel d’adhésion des dix nouveaux pays membres de l’Union européenne, qui ne concerne que la partie grecque de l’île. Pour la première fois depuis vingt-neuf ans, des milliers de Chypriotes peuvent faire une incursion de l’autre côté de l’île par trois points de passage, dans une atmosphère de liesse. Dans ce contexte, le Parlement chypriote ratifie à l’unanimité l’adhésion à l’UE, au mois de juillet, par un vote à mains levées.

Au mois de décembre 2003, les élections législatives dans la partie turque de l’île aboutissent à une égalité entre les deux principaux partis de l’opposition, le Parti républicain turc (CTP) et le Mouvement pour la paix et la démocratie (BDH), favorables au plan de paix de l’ONU, et les deux partis gouvernementaux, le Parti de l’unité nationale (UBP) et le Parti démocrate (DP), favorables au statu quo, chaque coalition obtenant 25 sièges. Mais c’est le leader des partisans de la réunification, Mehmet Ali Talat, qui est nommé Premier ministre, avec l’ambition d’aboutir à une solution avant la date de l’élargissement de l’UE, le 1er mai 2004. Cependant, une semaine avant cette date, alors que 65 % des électeurs de la partie turque approuvent par référendum le plan Annan, 75 % des électeurs de la partie grecque de l’île le rejettent, provoquant la consternation au sein des institutions européennes. Le 1er mai 2004, ce n’est donc juridiquement que la partie grecque de Chypre qui rejoint l’UE, ce qui laisse ouvertes de nombreuses questions (statut de la ligne de démarcation, présence de troupes turques…). Toutefois, les responsables européens manifestent leur volonté d’aider la partie turque de l’île, en lui allouant les 259 millions d’euros qu’elle aurait reçus si elle avait aussi rejoint l’UE à la suite d’un accord sur la réunification de l’île.

Au mois d’octobre 2004, le Premier ministre de la partie turque de l’île, Mehmet Ali Talat, fervent partisan de la réunification, démissionne de ses fonctions à la suite de la défection de trois députés de sa coalition. Mais, en avril 2005, il est élu à la présidence de la partie turque de l’île avec 55,6 % des suffrages. Son arrivée au pouvoir et sa main tendue aux Chypriotes grecs annoncent une nouvelle ère, après 30 ans de pouvoir de Rauf Denktash. Du côté grec, les élections législatives de mai 2006 sont remportées par les cinq partis de la coalition gouvernementale au pouvoir, au sein de laquelle le parti communiste AKEL est majoritaire, et qui comporte également le Parti démocratique DIKO du président Tassos Papadopoulos, le parti socialiste EDEK, le parti européen EVROKO et les Verts. Ce résultat traduit une nouvelle fois la victoire des partisans d’une ligne dure face à la Turquie, opposés au plan de réunification de l’île. Le 1er janvier 2008, Chypre rejoint la zone euro et, au mois de février, le candidat communiste Demetris Christofias, leader du parti AKEL, est élu à la présidence de la République. Son élection relance les espoirs d’une solution négociée, comme en témoigne l’ouverture d’un point de passage entre les parties grecque et turque à Nicosie au mois d’avril 2008.

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Capitale de Chypre, dans le nord de l’île, sur la rivière Pedieos, dans la plaine de la Mésorée. Divisée en son centre par un mur pour séparer les Grecs et les Turcs.

Population : 270 000 habitants (agglomération).

Gentilé : Nicosien.

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