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Commentaire - La danse de Salomé

Publié le 08/09/2012

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danse

- La danse de Salomé -

Reprise d’un épisode biblique. Cependant, la danse n’est jamais décrite dans la Bible car il s’agit d’une danse érotique. Elle est un sujet privilégié par les peintres et la musique.

On interroge le pouvoir de la littérature : que peut la littérature face à la peinture ? Comment faire voir ce qui est resté caché ?

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I. Un spectacle.

A. La vue.

B. ... mais un voile.

 

II. Salomé faite oeuvre.

A. Une sculpture.

B. Une métamorphose.

 

III. Jouer avec le lecteur.

A. Une danse érotique et exotique.

B. Mais qui révèle le sexisme ?

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I.

A.

- Focalisation externe : le lecteur est spectateur et passif. Scène perçue sous l’angle visuel et auditif. Aucune intériorité à part celle d’Hérodias (de la l. 19 à la l.20). Donc, Flaubert insiste sur le regard, pas sur la pensée.

-Montrer la scène par des effets de dramatisation : on ne sait pas de quelle façon Salomé va demander le sacrifice : attente avec des points de suspension + oubli du nom. Flaubert est tel un metteur en scène (cf le rôle symbolique de l’estrade à la l.7).

- Forme de langage du corps (danseuse = pantomime à la l.17) : elle sait utiliser son corps pour dire des choses. Le rapport est inversé chez Flaubert qui sait utiliser les mots pour montrer le corps de Salomé présent dans toute sa matérialité.

B.

-La danse de Salomé est connue sous le nom de la danse des sept voiles car elle aurait progressivement enlevé ses voiles.

- Le reste du texte ne dévoile pas vraiment. Il nous montre Salomé mais elle semble insaisissable (cf antithèses : le voile lui cache la poitrine mais on distingue les arcs de ces yeux ; accablement/espoir ; visage immobile/ses pieds bougent sans cesse). Son corps n’est jamais décrit en entier : pieds, bras, seins, taille et ventre. Décomposition du corps limité à ses détails les plus érotiques. L’héroïme est insaisissable comme la couleur gorge-de-pigeon (verbe « chatoyait », cad renvoyer des couleurs différentes ; comparaison « comme des arcs-en-ciel, cad un faisceau de couleurs différentes).

 

Transition : L’héroïne est donnée à voir mais elle nous échappe. C’est plus une oeuvre d’art qu’un personnage.

 

II.

A.

- Flaubert décrit un spectacle artistique : la danse. Le roman décrit un autre art, donc il s’agit d’une ekphrasis. Il fait aussi référence à d’autres arts (« ses lèvres étaient peintes » ; « vapeur sur du marbre blanc »). La volonté de faire de Salomé une oeuvre d’art lui enlève une forme d’humanité. Cela se traduit par la minéralisation : Salomé est peu à peu transformée en pierres : « les calcédoines de ses oreilles », « ceinture d’orfèvrerie », « les brillants de ses oreilles ». Le corps de Salomé se consume dans la danse pour devenir une pierre précieuse.

B.

- C’est un serpent qui danse (sonorités en [s] ; mouvements arrondis et circulaires du serpent qui va entourer sa proie ; « les crotales », cad serpent à la blessure mortelle).

- C’est aussi une femme oiseau dont le carré de soir est gorge-de-pigeon et qui a des pantoufles en duvet de colibri. Elle semble prête à s’envoler (l.11).

- C’est aussi une femme insecte.

- Elle englobe une partie du globe (Asie, Afrique et Turquie) grâce à l’énumération ternaire qui donne une impression de complétude. Toutes les femmes se retrouvent en Salomé. Elle symbolise l’éternel féminin.

 

Transition : Salomé est une oeuvre donnée à contempler en tant que femme, oiseau et pierre précieuse.

 

III.

 

A.

-Montée du désir puis jouissance finales : rythmes binaires ; rythme qui s’accélère ; rythmes ternaires (+ hyperbate). Montée progressive que l’on retrouve dans le dialogue d’Hérode qui lui dit « Viens, viens » en criant : explosion, bouquet final.

- Pittoresque : « colibri » ; « voile » ; « gingras » ; « crotales » ; « Nubiennes ». Le décor exotique est fondé sur la séduction de l’Orient. Pour cela, reprend les clichés de la lascivité orientale (« danse du ventre »).

B.

- Dans cette scène, qui a le pouvoir : femme objet ou femme sujet ? Elle est l’objet des désirs masculins. On n’a pas accès à l’intériorité des hommes car ils sont uniquement tournés vers leurs sens et ne pensent à rien. On n’a pas accès à l’intériorité de Salomé car son visage semble déconnecté de son corps qui électrise la foule. La tête porte sa dimension intellectuelle mais elle est impassible.

 

Conclusion : puissance des mots et non de l’image. En ce sens, l’ekphrasis de la danse de Salomé par Flaubert est un tour de force comme les peintres qui montrent les mouvements de la danse.

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