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Commentaire littéraire : Don Juan de Molière, Acte V, Scènes 5 et 6

Publié le 05/12/2010

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  Qui ne connait pas Don Juan de Molière ? Molière, auteur de nombreuses pièces de théâtre au XVII° siècle, est classé parmi les représentants du classicisme. Le classicisme se caractérise par l’importance donnée à la clarté, la raison, la mesure, les codes et la morale, ainsi que l’imitation des Anciens et la fréquente référence à l’Antiquité. Don Juan, qui est joué pour la première fois en 1665, connaît un succès considérable jusqu’à ce qu’il soit secrètement interdit par le roi sous la pression des dévots qui venaient de faire interdire Tartuffe. En effet, cette pièce, qui reprend un sujet déjà illustré par l’espagnol Tirso de Molina, est une pièce de théâtre qui raconte la vie dissolue d’un libertin. Si Molière est considéré comme un classique, Don Juan est néanmoins une pièce qui fait plus d’une entorse aux règles classiques, ainsi elle refuse la règle des trois unités, est écrite en prose et mélange les registres. De plus, le héros est plutôt un représentant du mouvement baroque, de par son inconstance et ses tromperies, son jeu avec les apparences et sa capacité d’illusionner ceux qui l’entourent. Don Juan, Sganarelle, le Spectre et la Statue du commandeur sont ici mis en scène pour le dénouement de la pièce. Au regard de cette scène peut on dire que la pièce de Don Juan est une tragédie ?    Pour répondre à cette question nous verrons la tragédie montrée par la mort à travers le spectre, puis la tragédie montrée par la mort à l’aide de la statue du commandeur et enfin la comédie à travers la tirade de Sganarelle.

      Tout d’abord nous verrons la tragédie montrée par la mort à travers le Spectre.             Le Spectre est sous l’apparence d’une femme et représente les victimes de Don Juan, il a une fonction de juge, il émet un dernier ultimatum, la proposition à Don Juan de se repentir. La présence de la troisième personne du singulier « s'il ne se repent ici « « sa perte est résolue « permet au Spectre de s’adresser à Don Juan de telle façon qu’il puisse prendre du recul pour mieux réfléchir à son cas. De plus, il y a le champ lexical religieux « miséricorde « « repent « « perte « qui permet de montrer comment Don Juan peut sauver sa vie, en se convertissant. Le Spectre est représenté avec une faux, c’est donc une allégorie de la mort ce qui montre que Don Juan n’a plus d’échappatoire, qu’il est voué à la mort. Don Juan rationalise la scène surnaturelle « je connais cette vois « « je veux éprouver avec mon épée « et fait une anaphore du verbe « vouloir « afin de rappeler que seule sa volonté et ses convictions comptent. Le présent d’énonciation « suis-moi« montre que Don Juan ne veut pas se laisser influencer et qu’il est courageux car c’est un grand seigneur. L’anaphore de la négation « non « montre qu’il refuse la situation, il ne veut pas croire au surnaturel, ni se repentir. Le verbe oser « Qui ose ? « montre la supériorité de Don Juan. La gradation « spectre, fantôme ou diable « montre qu’il n’a peur de rien et qu’il ne croit pas aux choses surnaturelles. Le pronom « rien « montre que Don Juan refuse la peur et le repentir au nom de sa fierté et de son orgueil, il utilise du futur « il ne sera pas dit «  pour montrer son importance, au nom du futur il veut que son présent soit immuable, il affirme une dernière fois sa non croyance et signe son arrêt de mort. Enfin le verbe a l’impératif « allons, suis moi « montre que Don Juan va au devant de son destin, il ne veut pas être une victime de la mort.                                                                                            Il y a des interrogations « entendez-vous ? « et des interjections « Ah ! «, « O ciel ! « qui montrent que Sganarelle est terrorisé. En effet il y a des impératifs « Rendez-vous «, « Jetez-vous « et une insistance avec l’adverbe de temps « vite « ce qui montre que Sganarelle est terrifié et qu’il veut que Don Juan se repentisse. De plus, l’affirmation « C’est un spectre « met en évidence le miroir inversé entre Sganarelle qui croit au surnaturel et Don Juan qui n’y croit pas. Cette première partie donne lieu à un duo tragique entre Don Juan et la statue du commandeur et présente la tension dramatique de la scène.

      Nous verrons donc ensuite la tragédie montrée par la mort à travers la Statue du commandeur.  Il y a un adverbe de temps « hier «, un verbe au passé composé « donné parole « et un impératif « arrêtez « qui oblige Don Juan à l’aide ordre et d’un rappel précis à respecter sa parole de grand seigneur. De plus, à l’aide de la proposition « vous m'avez hier donné parole de venir manger avec moi « il y a un rappel de la grave transgression que Don juan a fait en passant du monde des vivants au monde des morts. L’affirmation  « oui «, la forme interrogative « ou faut-il aller ? « et le verbe « aller « montre qu’il va respecter sa parole et qu’il veut aller au devant de son destin. L’impératif « Donnez-moi « et le pronom « la voila « verbalise son action et donne un ordre ce qui montre qu’il est conscient de ses actes. Il y a du présent de vérité générale « 'endurcissement au péché traîne « et le champ lexical de la religion « péché « « grâces du Ciel « « foudre «, on peut donc dire qu’il y a une morale qui s’adresse a tous. Cette morale met en balance le péché et la mort avec le ciel et le repentir. Il y a le champ lexical de l’enfer et du feu « brule « « brasier ardent « « abime « « foudre «  et un présent d’énonciation « mon corps devient « pour montrer ce qu’il arrive à Don Juan. L’interjection « O ciel ! « met en opposition les croyances de Don Juan et ce qu’il dit lors de sa mort. Enfin, l’exclamation « Ah ! « et les hurlements de Don Juan « mon corps devient un brasier.. « montrent l’apogée et la fin de cette scène dramatique.

      Enfin nous verrons la comédie de la pièce à travers la tirade de Sganarelle.      L’anaphore exclamative « Ah ? Mes gages, mes gages « montre le comique de cette scène et que Sganarelle est très matérialiste et ne pense que à l’argent. Sganarelle nomme toutes les fautes de Don Juan « Ciel offensé «, « lois violées «, « filles séduites «, « familles déshonorées «, « parents outragés «, « femmes mises à mal «, « maris poussés à bout « cela rappelle qu’il n’a pas respecté les codes de la religion, qu’il a fait souffrir des femmes et leurs maris, qu’il a séduit toutes les classes sociales et même plusieurs femmes à la fois et qu’il a humilié leurs familles. Il utilise un présent d’énonciation « tout le monde est content «, une négation restrictive « il n’y a que moi « et un adjectif « seul « pour insister sur sa propre personne, cela montre son égoïsme. Cette tirade fait passer cette scène tragique en une scène comique car elle fait oublier l’horrible descente aux enfers de Don Juan.

      Après avoir vu le tragique montré par la mort à travers le spectre puis le tragique montré par la mort à l’aide de la statue du commandeur et enfin le comique à travers la tirade de Sganarelle on peut conclure que Don Juan est une pièce comique car elle se finit sur une touche d’humour. Molière a réussi à mêler les deux genres afin de faire de cette pièce une œuvre comique et fait donc de cette pièce une pièce baroque, ne respectant pas les règles du classicisme.

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