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Commentaire sur le texte de Bernard-Marie Koltès: Le retour au desert

Publié le 14/01/2011

Extrait du document

Dans cet extrait, Mathilde s’oppose à Adrien au sujet de l’héritage. Une violente dispute éclate, Mathilde revendique son droit à récupérer la maison familiale. Durant cet affrontement du frère contre la sœur, leurs choix sont symboliques : Adrien veut garder l’usine, symbole de travail, du pouvoir patronal sur l’ouvrier, tandis que Mathilde préfère récupérer la maison, symbole de la famille, de la chaleur humaine, des liens affectifs. On retrouve ce pouvoir patron-ouvrier de  la ligne 17 a 21 « Aujourd'hui encore, c'est à genoux que tu devrais manger à notre table, à genoux que tu devrais me parler, à genoux devant ma femme, devant Madame Queuleu, devant tes enfants. Pour qui te prends-tu, pour qui nous prends-tu, pour sans cesse nous maudire et nous défier ? ». Adrien se pense supérieur à sa sœur comme un patron sur ses employés. Mathilde ne voulant pas se soumettre décide de se révolter, elle estime être l’égale de son frère et ainsi lutte contre le patriarcat que nous étudierons ultérieurement. Cette dispute a pour sujet l’héritage mais implicitement, elle introduit aussi le péché de Mathilde que nous verrons plus tard.

Dans un premier temps nous allons étudier la réaction des témoins. Au début du texte, les témoins, Mme Queuleu et Aziz, employés de maison et Édouard, fils de Mathilde, assistent à la scène de la dispute. Au début, Aziz prend la chose à la légère et fait même de l’humour se servant même de son statut de domestique pour plaisanter avec le passage « Qu’ils se tapent donc et, quand ils se seront calmés, Aziz ramassera les morceaux !» à la ligne 1 et 2.  Madame Queuleu, elle, s’inquiète mais en raison de son statut, elle n’ose pas intervenir par elle même auprès de ses employeurs : elle fait part de ses inquiétudes à Édouard en lui demandant d’intervenir comme nous le montre la ligne 4 et 5 « Édouard, je t’en supplie, je vais devenir folle ». . Au cours du texte, Édouard et Aziz tentent par deux fois de séparer les protagonistes comme nous l’indique la ligne 6 : « Édouard retient sa mère, Aziz retient Adrien » et à la ligne 34 « Aziz entraine Adrien, Édouard entraine Mathilde » mais sans succès car ils arrivent à se dépêtrer de leur étreinte. A travers cette action, les témoins représentent la raison et les protagonistes sont la haine et la colère. On s’aperçoit alors que leur conflit est intense et que leurs griefs sont trop importants pour être contenus. Dans ces deux lignes, Aziz dépasse son rôle de domestique mais sans en subir les conséquences, ce qui montre encore une fois que la colère aveugle Mathilde et Adrien. Le conflit est violent est dépasse la seule raison de l’héritage. Nous allons étudier la raison de la colère de Mathilde envers sa famille.

 

Lors de cette dispute on s’aperçoit que Adrien fait plusieurs fois référence au passe de Mathilde en lui reprochant un péché qu’elle aurait commis lors de sa jeunesse. A travers ce texte on constate deux raisons pour lequel Adrien pourrait en vouloir à sa sœur. La première est de n’avoir fait aucune fortune, de n’avoir gagner aucun argent comme le montre le passage « une femme sans fortune » à la ligne 10. La seconde raison est d’être tombée enceinte alors qu’elle n’était pas mariée : « une mère célibataire » a la même ligne. Lorsque son frère énonce cette histoire avec la punition qu’a subit Mathilde autrefois, comme nous l’indique l’extrait de la ligne 15 a 17 « Oui, notre père t'a forcée à dîner à genoux pendant un an à cause de ton péché », Mathilde s’énerve et dans son excès de colère défis toutes la famille d’Adrien et sa propriété. Elle va même jusqu’a défie les forces de la nature. Tous ces défis sont énoncés de la ligne 22 a 23 « Eh bien, oui, je te défie, Adrien; et avec toi ton fils, et ce qui te sert de femme. Je vous défie, vous tous, dans cette maison » et pour les forces de la natures, les extraits sont tirées de la ligne 26 à 30 « la pluie qui tombe sur vos tètes, la terre sur laquelle vous marchez {…} je défie le fleuve qui la traverse {…} je défie le ciel qui est au-dessus de vos tètes ». Dans ce texte, on retrouve la supériorité que ressent Adrien envers sa sœur énoncé plus haut, comme le souligne la ligne 16 «mais la peine n’était pas assez sévère », il se permet de juger sa sœur. De ce fait, la haine de Mathilde est ranimée, haine de la conséquence du régime patriarcal.

Le régime patriarcal est un régime social instauré dans une famille où le père dirige tout, de ce fait les « bâtards » et les mères célibataires ne peuvent être tolérés car ils sapent l'investissement paternel. On s’aperçoit de ce régime d’une part par la punition de Mathilde et d’autre part par l’absence de l’énonciation de leur mère dans ce texte. De ce fait lorsque Mathilde tombe enceinte en étant célibataire elle subit la colère de son père, et subit une punition qui a pour rôle de la rabaissée comme nous le montre l’extrait de la ligne 15 a 17 « Oui, notre père t'a forcée à dîner à genoux pendant un an à cause de ton péché ». De plus grâce a ce régime Adrien a hérité de tout car le père en a décidé ainsi. Mathilde n’étant pas d’accord sur tout les point de ce régime, décide de récupérer la maison familiale. Ce régime n’est pas seulement instauré dans cette famille mais également dans toutes la ville comme le souligne le passage de la ligne 12 a 14 « il y a peu de temps encore, tu aurais été bannie de la société, on te cracherait au visage et on t'enfermerait dans une pièce secrète pour faire comme si tu n'existais pas. ». Ce rejet des filles mères célibataires est accentue par le fait que leur famille est de classe bourgeoise, comme le souligne la présence de domestique et la possession de la maison et d’une usine. Ce passage nous indique aussi que ce temps est révolu grâce au groupement circonstanciel de temps «  il y a peu de temps encore » à la ligne 12. Mathilde vas même jusqu'à insulter l’attitude de son père par le passage a la ligne 56 « Cela est déjà très sale tous seul ». Nous avons donc étudier pourquoi Adrien lui reproche d’avoir jetée la honte sur leur famille et quel était la haine de Mathilde envers sa famille.

 

Au delà des conflits extérieurs dus à la guerre d’Algérie, nous avons la présence de conflits familiaux. L’affrontement du frère et de la sœur est donc dû aux statuts sociaux des bourgeois. La dispute se fait sur un bien et aussi sur une idée des classes aisées, que les filles mères sont indignes si elles ne sont pas mariées. 

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