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CRAONNE (mutineries de)

Publié le 22/02/2012

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CRAONNE (mutineries de) Pendant le premier conflit mondial, l'offensive du Chemin des Dames en avril 1917 est terriblement dévastatrice, à tel point que des villages entiers disparaissent, à l'image de Craonne, une petite commune au sud-est de Laon (Aisne). Ces lieux deviennent le symbole des « boucheries » inutiles. La Chanson de Craonne exprime le désespoir des hommes : « Adieu la vie, adieu l'amour. Adieu toutes les femmes ! C'est bien fini, c'est pour toujours de cette guerre infâme. C'est à Craonne, sur le plateau, qu'on doit laisser sa peau. Car nous sommes tous condamnés. Nous sommes les sacrifiés. » Ces assauts particulièrement meurtriers provoquent une vague de mutineries dans l'armée française : deux tiers des unités sont touchées. Ces actes d'insubordination, d'abord individuels puis collectifs, témoignent de l'extrême lassitude des soldats, confrontés à un conflit qui paraît sans issue. Éloigné de toute propagande révolutionnaire ou défaitiste, le « poilu » ne renonce pas à son devoir mais refuse les attaques sanglantes et infructueuses. Il estime qu'à travers des conditions de vie épouvantables, sa dignité est touchée. Le général Philippe Pétain est chargé de rétablir l'ordre. Il convoque les conseils de guerre qui condamnent 3 427 soldats dont 49 seront exécutés. Il décide ensuite de passer à une stratégie de défense et améliore le système des permissions et l'ordinaire des soldats. Aucune armée engagée - anglaise, allemande, italienne, austro-hongroise ou russe - n'aura été exempte de telles crises. Millie JOUBERT Anne LEDUCQ

« système de répression est aussi mis en place face à ces r évoltes.

Le futur maréchal rétablit les permissions, améliore la vie quotidienne du soldat pour atténuer sa colère et prend du recul par rapport à la stratégie de combat.

Il favorise en effet une stratégie défensive pour économiser des vies humaines, il ut ilise plus l’artillerie que l’infanterie pour limiter les pertes et gagner en efficacité, il joue sur l’effet de surprise pour améliorer les résultats, enfin il compte fixer l’ennemi en accélérant les mouvements de succession et attendre l’aide des américa ins au lieu de lancer des attaques offensives coûteuses et inutiles.

Enfin des émissaires sont envoyés pour parler aux soldats des différents régiments, leur redonner courage et assurer la discipline.

Mais il reste un sentiment de résistance de plusieurs s oldats qui sont donc sanctionnés par des condamnations aux travaux forcés, à de longues peines pénitentiaires ou à mort, on compte environ 49 soldats qui furent « fusillés pour l’exemple » et 2000 autres condamnés à des peines moins lourdes.

Mais ce phéno mène ne désavantage pas que les troupes françaises, d’autres armées d’Europe sont touchées, au Royaume -Uni, une mutinerie de 300 hommes a eu lieu en septembre 1917 et une centaine d’hommes furent exécutés pour désertion.

Du côté allemand, de nombreux cas d e mutineries et de désertions ont été observés suite aux plus grandes défaites de l’Allemagne en 1916 mais aussi à la fin de la guerre dans la flotte allemande.

En Italie, à Caporetto, une dizaine de milliers de soldats refusèrent le combat et cet épisode reflète bien la désobéissance italienne durant la guerre dont résultent 750 exécutions.

En Russie, près de deux millions de soldats désertèrent en juillet 1917 et on observe même actes de désobéissance et de fraternisation avec les allemands.

Parallèl ement à ces mouvements révolutionnaires, les soldats sont entraînés dans des courants pacifistes pour arrêter ce combat qu’ils jugent inutile : « ce n'est plus une vie d'aller se faire trouer la peau pour gagner une tranchée ou deux, et ne rien gagner.", e xtrait d’une lettre de soldat.

On voit en effet apparaître un pacifisme au front, les soldats sont notamment entraînés par des appels à la paix venant de l’arrière.

Le pape Benoît XV écrit une lettre en août 1917 pour demander aux belligérants une paix jus te et durable mais la conférence de Zimmerwald contribue aussi à lutter contre la guerre qualifiée de barbarie du capitalisme.

La volonté de paix se fait ressentir parmi les soldats qui entament des chants pacifistes tels que la Chanson de Craonne et frate rnisent avec l’ennemi.

Ainsi, des écrits officiels témoignent des trêves de Noël de 1914 pendant lesquelles les soldats ont dressé des sapins de Noël et joué au football, mais à dans d’autres régiments, certains sont sortis de leur tranchée sans arme pour enterrer les morts, on observe des échanges de cigarettes, de journaux ou de nourriture, des poignées de mains, des défilés de lampions et des communications entre camps adverses allant jusqu’à la visite d’une tranchée ennemie.

Mais une fois que ce phénomè ne pacifiste est connu des généraux français, le général Pétain déclare que toute communication avec l’ennemi serait passible de peine de mort tandis qu’au Royaume -Uni, les réactions de la presse sont positives et les journaux rapportent les incidents comm e fantastiques malgré la critique de ces contacts par une partie du peuple.

Nous avons donc bien élucidé le sentiment d’exaspération régnant au front chez la plupart des soldats ne supportant plus la guerre et se révoltant contre leurs supérieurs et lu ttant pour la paix par des actes violents d’indiscipline mais aussi par des courants pacifistes.

Mais les généraux et les plus haut -gradés ont tenté de répondre au mécontentement des soldats par des répressions allant jusqu’à la condamnation à mort ou bien par une amélioration des conditions de vie au front.

Mais enfin ces mutineries ne remettent -elles pas en cause cette guerre par sa durée et son inefficacité ?. »

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