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Danse et philosophie

Publié le 27/02/2008

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danse

 

1°/ Définitions

 

Larousse : La composition c’est « l’action ou la manière de former un tout en assemblant différentes parties »

 

Louis HORST « Composer signifie poser ou situer certaines parties d’un tout par rapport à d’autres éléments »

 

Gilles DELEUZE et Félix GUATTARI « L’art prend un morceau de chaos dans un cadre, pour former un chaos composé qui devient sensible »

 

Christian BOURRIGAULT « Composer c’est transformer les tensions en signes »

 

         La composition chorégraphique consiste à agencer et combiner des éléments ou matériaux chorégraphiques dans l’espace et le temps, on obtient ainsi une structure visuelle exprimant le propos chorégraphique. C’est une étape centrale, laborieuse et délicate qui nécessite une mise à distance par rapport à l’action, au cours de laquelle le chorégraphe doit faire des choix nombreux et décisifs. Il s’agit de planifier l’ensemble sans jamais perdre de vue son intention chorégraphique.

 

Le chorégraphe doit répondre aux questions QUI ? FAIT QUOI ? OÙ ? COMMENT ? AVEC QUI ? QUAND ?

 

 

2°/ Matériaux, éléments chorégraphiques

 

Ce sont les moyens dont dispose le chorégraphe pour exprimer son propos.

 

-         Le(s) corps en mouvement ; éléments de langage, qualités formes du mouvement, relations entre les danseurs

-         L’espace ; zones, trajets, directions orientations, niveaux, dimensions

-         La musique ; styles, univers poétiques, relations avec la danse

-         La scénographie ; décors, costumes, objets, lumières, technologie numérique, …

 

Remarque : La danse contemporaine explore de nouvelles pistes en collaborant avec des artistes de différentes disciplines artistiques, notamment avec les arts technologiques, arts plastiques..       

 

 

  

Schématisation de la composition chorégraphique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3°/ Procédés chorégraphiques

Les différents matériaux vont être manipulés, transformés et agencés selon des procédés particuliers. J. ROBINSON estime que « Le procédé majeur de la composition est en fait le développement, lequel comprend potentiellement tous les autres, en ce sens que tout procédé ne fait autre chose que développer l’idée première, à faire évoluer une situation ». Ces procédés s’appliquent aussi bien aux plus petites unités chorégraphiques (éléments de langage, direction..) qu’à la structuration de l’ensemble.

 

Il existe une infinité de procédés possibles, certains sont plus utilisés que d’autres selon les courants esthétiques, les chorégraphes. A titre d’exemples on peut citer la répétition, l’amplification, le contraste, la diminution, la duplication, la symétrie, l’asymétrie..

 

 

4°/ processus de création

 

         L’activité de composition chorégraphique est complexe étant donné le nombre des données à traiter pour créer la chorégraphie. Elle engage le sujet dans un processus de création. Celui-ci s’effectue sur une durée plus ou moins longue et se compose de plusieurs étapes, néanmoins, la façon de s’y prendre et la chronologie des étapes varient selon les chorégraphes et les créations. Il n’y a pas une seule façon de procéder, rien n’est systématique ni linéaire.

 

 

Modélisation de T. Pérez, A. Thomas « Danser les arts » CRDP 44

 

 

 

5°/ L’idée chorégraphique

 

         L’envie de s’exprimer par le corps en mouvement est à l’origine de la construction d’une chorégraphie. A un moment donné, le chorégraphe est amené à définir l’idée qu’il veut exprimer, choisir un traitement et un développement de celle-ci. Etape qui s’apparente à l’écriture d’un scénario.

 

         5°a/ Tout peut servir d’incitateur à la création :

Vie quotidienne, sensations kinesthésiques, faits de société, matières, philosophie, mouvement, texte, sons, objets, relations…

         Le chorégraphe peut procéder de différentes façons pour préciser, développer le propos chorégraphique :

-      Faire des recherches pour nourrir, stimuler son inspiration, orienter ses choix ; littérature, sciences, …

-      Brainstorming sur un thème

-      Improvisation des danseurs sur le thème

-      …

 

       5°b/ Trois grands types d’expressivité du propos chorégraphique s’inscrivant sur un continuum :

 

Figuratif                                                                                                                Abstrait

 

 

        Narratif                                       Evocateur                                           Formel

 

 

L’intention est de :

 

  Faire comprendre                              suggérer                         produire des effets visuels

 Raconte une histoire                      Pistes de sens                           Pas de symbolique lisible

 

 

       5°c/ Diversité des registres esthétiques :

         Le chorégraphe choisit de traiter l’idée chorégraphique dans un registre particulier : théâtral, beau, comique, dramatique, étrange, grotesque, macabre, joli, poétique, tragique…                       

 

6°/ Principes de composition

 

Le propre de la danse contemporaine est la recherche de singularité dans l’expression et dans le style, c’est pourquoi l’écriture chorégraphique contemporaine n’est pas régie par des règles strictes, référant le mouvement à une grammaire, à un code gestuel normatif. Les contraintes de composition sont celles définies par le chorégraphe, il n’existe pas d’obligation extérieure à laquelle il doit se conformer. Néanmoins l’encodage de l’idée chorégraphique, du message esthétique est fondé par des principes généraux. On peut parler d’un système ouvert de contraintes.

 

     Doris HUMPHREY « Construire la danse » Edition Coutaz 1990, parle d’une liste de contrôle considérant ces principes comme fondant toute composition qu’elle formule ainsi :

-         La symétrie est sans vie

-         Le dessin à deux dimensions est sans vie

-         L’œil perçoit plus vite que l’oreille

-         Le mouvement paraît plus lent et plus faible sur scène

-         Toutes les chorégraphies sont trop longues

-         Une bonne fin compte pour quarante pour cent de la danse

-         La monotonie est fatale, cherchez les contrastes

-         Ne soyez pas esclave ni un mutilateur de la musique

-         Ecoutez les avis compétents, ne soyez pas arrogant

-         N’intellectualisez pas, motivez le mouvement

-         Ne laissez pas la fin pour la fin

 

 

7°/ structuration de la chorégraphie

 

La structuration de la chorégraphie est soumise aux règles d’énonciation d’un propos esthétique en général que L. HORST considère comme des conditions préalables à n’importe qu’elle chorégraphie. Néanmoins ces règles sont faites pour être contournées, transgressées (aspect subversif de l’art). Exemples – composition aléatoire (Cunningham), collage (Dunn) ..

 

Louis HORST identifie trois structures de base qui fondent tout énoncé esthétique :

 

- Début – milieu – fin, ou encore A –B – A. Structure la plus instinctive, correspond au cycle de la vie. Des variantes sont possibles en ajoutant un ou deux thèmes qui s’intercalent A-B-C-D-A

 

- Thème et variation ; Chaque variation est un nouveau point de vue sur le thème. Trace lisible du thème dans chaque variation. Fortement utilisé en musique Jazz et Techno

 

- Thème récurrent, le rondo ; structure en couplet refrain A-B-A-C-A… Structure caractéristique des musiques et danses populaires

 

ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE

 

- « Danser les arts » T. PEREZ & A. THOMAS – CRDP Pays de Loire 2001

- « Les règles fondamentales de la composition » L. HORST – NDD La composition n°36-37 1998

- « Eléments du langage chorégraphique » J. ROBINSON – Vigot

- «  Poétique de la danse contemporaine » L. LOUPPE- Contredanse 1997

- « Construire la danse » D. HUMPHREY – Coutaz 1990

 

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