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Décès de Marcel Achard

Publié le 14/12/2011

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Marcel Achard est mort subitement le 4 septembre.

La saison parisienne, dont il en était

depuis cinquante ans, un des pôles et l'habitué

obligé, commencera cette année sans lui. On

s'était accoutumé à voir son nom sur les affiches

ou aux frontons des théâtres. Ce n'était

peut-être pas un écrivain de premier plan, mais

il a tout de même assez compté dans l'histoire

du théâtre après la première guerre mondiale

pour que son absence soit subitement ressentie.

Un demi-siècle durant, il avait voulu être un

amuseur et un moralisateur à la fois, un observateur

amusé du temps et des hommes. Il avait

regardé le monde à travers ses grosses lunettes

et l'avait montré à sa manière : Théâtre d'ombres,

théâtre de l'illusion qui ne manque pas

de tristesse ou d'amertume. L'amour, à l'entendre,

est une duperie ; l'argent détruit tout

ce qu'il touche et la justice n'existe pas plus

que la liberté.

« fit lui-même de Jean de la Lune, avec Michel Simon dans le rôle principal.

Marcel Achard était entré à l'Académie française en 1959.

Les romanciers de la rentrée La course aux prix littéraires est commencée.

C'est la tradition de l'automne et il ne semble pas que, malgré l'enchérissement du papier, les éditeurs aient restreint cette année le nombre des jeunes auteurs, ou des auteurs plus âgés, qu'ils lancent à l'assaut de la victoire.

Comme chaque automne, les pronostics sont engagés et les mêmes noms, ou à peu près, reviennent sous la plume des critiques.

C'est aussi une tradition de la rentrée.

Parmi les favoris, on peut nommer Jacques­ Pierre Amette, qui s'était déjà fait remarquer ces dernières années avec des romans origi­ naux et d'une écriture très active ; il présente aujourd'hui La vie comme ça, chez Denoël.

Chez Grasset, Dominique Fernandez publie une histoire inattendue de castrat, Porporino ou les mystères de Naples ; Frantz-André Burguet, Les meurtrières, qui s'inspire de l'assassinat d'un automobiliste par deux jeunes auto-stop­ peuses.

Les éditions Stock proposent un nouveau livre de Rezvani, Fokouli, où l'auteur, déjà bien connu comme peintre, continue une œuvre qui compte déjà de nombreux titres.

Dans la même maison, Hélène Parmelin trace une image dra­ matique de notre temps avec son nouveau livre : Le perroquet manchot.

Chez Laft'ont, Max Gallo, d'abord connu com­ me historien, continue son œuvre de romancier avec l'oiseau des origines où la presse a souvent reconnu un livre de premier plan et une œuvre de grande maitrise.

Yves Navarre dont Le cœur qui cogne parait chez Flammarion, avait déjà retenu l'attention des jurys littéraires, l'an dernier.

Au Seuil, on attend beaucoup d'auteurs comme René-Victor Pilhes, dont L'imprécateur a été favorablement accueilli ; Pierre Mertens, journaliste belge, avec Les bons offices ; et d'un Suisse, Jean-Luc Benoziglio qui continue avec La boite noire une œuvre d'avant-garde.

Chez Gallimard, où la production de l'au­ tomne est imposante, les noms ne manquent pas parmi les concurrents bien placés.

Il suffira de nommer Elvire de Brissac, avec Les règles ; Patrick Grainville, avec L'abime qui lui vaudra peut-être un Goncourt qu'il manqua de peu l'an dernier ; Madeleine Chapsalavec : Je m'amuse et je t'aime.

On retiendra encore, chez Julliard, Soleil secret, de Michel Bataille, qui obtint le prix des Libraires en 1973, et chez Christian Bour- geois, Bord de mort, œuvre d'un écrivain belge mal connu et réputé difficile.

Toute la poésie d'Aragon L'œuvre poétique complète d'Aragon est en cours d'e publication par l'intermédiaire du livre-club Diderot.

L'ensemble comprendra douze volumes, c'est-à-dire que c'est toute la vie de l'écrivain qui va ainsi resurgir du temps à travers l'écriture.

L'ordre est chrono­ logique : les premiers volumes couvrent la période qui s'étend de 1917 à 1925.

Il s'agit d'une production d'abondance, partie du Mani­ feste du surréalisme qu'il est bien difficile de se procurer aujourd'hui.

Avec Breton qu'il rencontre, Aragon fait ses débuts dans un mon­ de que la guerre est en train de briser défini­ tivement après l'avoir meurtri.

Une société est en train de disparaître sur les ruines du temps, et tandis que toute une fraction de l'opinion croit à la survie des valeurs devenues chancelantes, à leur résurrection après le sacri­ fice des combattants, Aragon et ceux de son groupe proclament le contraire ; ils veulent chanter la vie, la paix, l'apparition de la méca­ nique, de l'art moderne ; ils déracinent le vieil arbre de la civilisation ; ils font scan­ dale.

Dada, non moins scandaleux, les rejoint, mais le côté farceur du dadaïsme finit par provoquer entre celui-ci et le surréalisme une rupture.

Soupault et.Breton découvrent alors, en 1919, ce qui sera l'écriture automatique.

Aragon a aussitôt conscience de l'extraordinaire révéla­ tion de cette révolution ; c'est le temps d'un verbe nouveau qui commence.

Le chant poétique change de dimension; il va plus profondément dans l'âme.

Tout intérêt qu'on puisse éprouver pour ces recherches décisives, qui font appa­ raître chez le poète, une étonnante puissance verbale, un sens vraiment prodigieux du mot utilisé dans sa plénitude, un don surprenant de l'image dans ce qu'elle a de plus incroyable et de plus éclatant, on peut préférer le poète de la suite, celui qui retrouvera la réalité dans le langage, celui qui rejoindra le monde quotidien dans les mots et qui dira; avec un souffle oratoire qui lui donne parfois, au· dire de certains, une sorte d'emphase hugolienne.

Mais, si c'est une critique, il faut reconnaître qu'Aragon va au-delà de cette comparaison en faisant de la parole comme il l'utilise, non une incantation qui peut se suffire à elle-même, mais un moyen de lutte, un instrument de subversion.

Son œuvre, comme il l'a définie, a eu surtout pour but de « trouver le moyen de parler au plus grand nombre de nos concitoyens pour leur rendre cette conscience d'homme qu'on leur enlevait avec la complicité des gens de lettres:..

C'est sans doute en partant de ce texte qu'il faut entreprendre la lecture de l'œuvre d'Ara­ gon et suivre en même temps le cheminement d'un art qui, né d'un refus du siècle, n'a jamais cessé de se nourrir de ce refus.. »

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