Delaware (État)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
d'une approche critique rigoureuse, car elle atteste une certaine confusion.
Le doute quant à l' existence future d' un monde sans guerre justifie-t-il ce
qui, sous prétexte de réalisme politique, maintient entre les États une
logique de rapports de forces?
Le paradoxe, «si tu veux la paix prépare la
guerre », est-il aussi évident qu'on le prétend? L'idée d'un droit internatio
nal permettant de s'acheminer vers
la paix entre les États est-elle si chimé
rique? L'étude
du texte de Kant va nous permettre de prendre en charge
ces questions ,
dont l'enjeu est décisif pour définir le sens de l'idéal de paix .
Développement
Aucun homme, lorsqu' il clispose de sa raison, et prend lucidement la
mesure de
ce qu'est une guerre, ne peut réellement la vouloir.
Certes, il
croit devoir s'y résoudre dans des cas
où elle lui semble nécessaire pour
recouvrer une liberté,
pour résister à une agression .
Mais alors il ne la
saisit que comme moyen, et veut bien sûr en limiter
la réalité au strict
nécessaire
pour atteindre la fin visée.
C'est dire qu'aucun homme ne peut,
lorsqu'il
se comprend lui-même comme sujet rationnel et partie prenante
de l'humanité, vouloir
la guerre pour elle-même.
La guerre ne peut jamais
être une fin en soi,
sauf peut -être pour ceux qui la valorisent en tant
qu 'aventure, et ne la valorisent ainsi que tant qu'ils n'en sont pas les vic
times.
En fait, la guerre n'est
tout au plus que le substitut déplorable d'une
autre façon de faire de la politique (cf.
la célèbre affirmation de Clausewitz:
«La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens »).
Le sens qu 'il faut donner à la maxime qui ouvre le texte est très clair :
«Il ne doit y avoir aucune guerre .» Le thème du texte est ici dessiné : il
s'agit de la paix co mme fin idéale.
La maxime évoquée par Kant est
envisagée dans son application parallèle aux relations entre inclividus, et
aux relations entre États.
Le caractère très personnalisé de la formulation
mérite ici l'attention: « entre toi et moi dans l' état de nature, entre nous en
tant
qu'États » : Kant n'écrit pas «entre les hommes », qui seraient alors
entendus de façon anonyme.
S'il envisage tour à tour les hommes dans
l'état de nature et les
hommes dans l'exercice de la citoyenneté, comme
partie prenante des États , ne cherche-t-il pas
à faire éprouver, par sa
formulation, que chaque personne est une fin, en tant
qu 'elle est comprise
comme humanité, et, inversement, que l'humanité est en jeu dans chaque
personne? C'est toujours une personne qui
meurt , et non un homme
abstrait : et c'est justement pour cela que toute mort me touche, car elle
pourrait être celle d'un proche .
Le point de vue de l'universel est d'emblée
en jeu dans
la prise en considération de la personne en tant que telle.
Ceux
qui envisagent sans cas de conscience une guerre n'appréhendent le plus
souvent que la figure
la plus impersonnelle de la mort des autres.
L'admettraient-ils aussi facilement si
la perspective de la mort de leurs
proches
se présentait à leur esprit? La pensée de ta mort (la mort en
«deuxième personne», selon }ankelévitch (cf.
La Mort), lorsqu'elle me sert.
»
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