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DICTATURE DU PROLÉTARIAT

Publié le 22/02/2012

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Le concept de « dictature du prolétariat » forgé par Karl Marx (1818-1883) caractérise le régime succédant à l'État bourgeois et aboutissant à la disparition de l'État. Le xxe siècle aura vu naître de nombreuses dictatures de parti unique, présentées comme des dictatures du prolétariat. La formule n'est présente dans les écrits de Friedrich Engels (1820-1895) et de K. Marx qu'une cinquantaine de fois, mais ils la considèrent comme essentielle. Après la répression de l'insurrection de juin 1848 à Paris, perçue comme un effet de la « dictature de la bourgeoise », K. Marx présente ainsi la dictature du prolétariat comme une réponse nécessaire à celle de la bourgeoisie dans la transition vers le communisme. Néanmoins, il ne précise pas ce que pourrait être une dictature exercée par une classe tout entière. Lénine proposera une réponse : la dictature du prolétariat sera celle du Parti. Dès lors, les marxistes du xxe siècle se diviseront entre ceux qui admettent la dictature du prolétariat, mais refusent celle d'un parti unique et les communistes. Avant même le coup d'État d'octobre 1917 en Russie, Lénine soutient que le Parti, avec ses 400 000 membres, pourrait conserver le pouvoir, puisqu'une aristocratie aussi peu nombreuse avait dirigé l'Empire russe. Dans les faits, c'est le Bureau politique qui commande, d'abord en dehors de toute loi, par la violence et la terreur. Le pouvoir au sein du Parti se concentre dans le poste de secrétaire général du Comité central du Parti, dont Staline fut l'un des premiers titulaires et qui lui conféra un rôle clef. Mais pour les bolcheviks, la dictature du Parti n'était pas une usurpation, car seuls sont révolutionnaires et prolétariens les ouvriers membres du Parti. La plupart des socialistes européens refusèrent cette logique à l'image du Français Léon Blum au congrès de Tours (décembre 1920), ou du leader de la social-démocratie allemande Karl Kautsky (1854-1938). Et l'essor des dictatures communistes, avec des variantes - les « démocraties populaires » en Europe de l'Est après 1945 - détourne de plus en plus les socialistes de l'idée de dictature du prolétariat, puis même du marxisme. La dictature communiste prétendait offrir une démocratie plus authentique que la démocratie représentative (qui serait la dictature masquée d'une minorité sur la majorité), mais son contenu est l'hégémonie d'un petit groupe s'appuyant sur la force souvent poussée à son extrême. Dominique COLAS

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