Discrimination des obèses

1)      … et ayant des difficultés à s’intégrer du fait de la discrimination

Tout le monde pense savoir ce qu’est la discrimination. De manière générale elle est définit comme étant le fait d’isoler et de traiter différemment certains individus ou un groupe entier par rapport aux autres.

Mais pour la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) c’est une inégalité de traitement fondée sur un critère prohibé par la loi, comme l’origine, le sexe, le handicap etc. Or la discrimination vis-à-vis des gros est tout à fait particulière car une partie de cette discrimination est implicite et a des conséquences sur les obèses eux-mêmes.

Les personnes souffrant de surpoids sont souvent montré du doigt. La discrimination liée à l'obésité deviendrait presque aussi importante que la discrimination raciale aux États-Unis

D'après plusieurs études, une personne en surpoids a environ quatre fois moins de chance d'obtenir un emploi qu'une personne considérée comme \"normale\"

Les obèses sont perçus comme laids, sans volonté, responsable de leur excès de poids et incapables de restreindre leur alimentation. La plupart des personnes non obèses pensent qu'il suffirait de manger moins pour maigrir alors que tout ceci n’est pas du tout le cas. C'est une forme de discrimination appelée \"grossophobie\". Pour étudier ce phénomène, nous nous intéresserons au rejet des obèses dans les écoles mais aussi au travail.

a)      A l'école:

Cette discrimination est percevable dès le plus jeune âge où les enfants en surpoids ont peu d'amis et sont souvent exclus. Les enfants leur donnent souvent des surnoms dégradants comme « Sale gros », « Bouboule », « Babe » et bien d’autres. Les jeunes obèses ne se construisent pas comme les autres enfants et le regard frustrant des autres enfants s'accentue.

 Cette enfance bouleversée entraîne alors de lourdes conséquences sur sa vie : peur de sortir de chez soi et d'affronter les regards, perte de l'estime de soi, difficultés dans les études, difficultés à lier des relations amicales ou amoureuses etc.

À l’école, les difficultés rencontrées sont liées aux cours d’éducation physique, aux récréations où ils se retrouvent souvent  et aux retentissements psychosociaux de la culpabilisation liée au surpoids.

Les enfants non obèses ne prennent pas conscience de ce que peuvent engendrer ces railleries chez l'enfant.

Depuis maintenant quelques années, l'école accueille des élèves handicapés, mais elle ne fait presque rien pour lutter contre le regard et le rejet que subissent les jeunes obèses au risque de les voir décrocher. En effet, selon François Pinabel, pédopsychiatre, \"un enfant obèse qui subit constamment les brimades des autres élèves sera victime d'un stress qui peut déboucher sur une phobie scolaire\".

b)      Au travail

Dans nos sociétés occidentales où la minceur est le critère de beauté prédominant, les obèses sont victimes d’une profonde dévalorisation : ils sont étiquetés, montrés du doigt, mis au ban de la société, bref ils sont marginalisés et leur parcours professionnel en est affecté.

Après l'école, la discrimination se poursuit dans le milieu du travail.

En situation de recherche d’emploi, le recruteur porte un regard attentionné sur l'apparence du candidat. Or, les individus obèses, en faisant l’objet d’une dévalorisation, sont réduits à leur apparence physique, ce qui fait disparaître toutes leurs autres caractéristiques psychologiques (compétences relationnelles ou professionnelles). De façon inconsciente, le recruteur les considère comme des individus qui mangent trop, qui n’ont aucun contrôle sur leur alimentation - leur apparence physique le prouve -, ce qui revient à dire qu’ils n’ont aucun contrôle sur eux-mêmes et donc sur leur vie professionnelle. Ils sont vus comme des individus « mous »,  et « peu enclins à l’effort », caractéristiques qui sont en totale opposition avec les valeurs de compétitivité de nos entreprises. C’est ainsi qu’un individu obèse s’est entendu dire au cours d’un entretien d’embauche :

« Bon écoutez, vous rentrez chez vous, vous vous soignez et puis en même temps vous essayez de perdre du poids et vous reviendrez après. Dans la région il n’y a pas de travail et en plus de ça, c’est réservé aux gens qui vraiment présentent très bien et qui sont dynamiques. »

Pour prouver que la discrimination au travail pour les obèses existe réellement nous allons faire appel à une étude de J-F Amadieux Directeur de l'observatoire des Discriminations :

A travers son étude J-F Amadieux tente de nous montrer qu'un individu en surcharge pondérale ou obèse possède moins de chance d'obtenir un emploi qu'une autre. Pour cela il envoie des CV presque identiques à 200 offres d'emplois de commercial. A travers ces 200 offres 100 sont envoyées avec un CV d'une personne obèse et 100 avec un CV d'une personne saine.

En effet 57% d’individus voulant obtenir un emploi et n’étant pas en surcharge pondéral ont un accord et seulement 43% un rejet ou aucune réponse tandis que ceux étant en surcharge pondéral, 29% seulement ont un accord et 71% un rejet ou pas de réponse. Ce tableau montre que les personnes atteintes d'obésité sont discriminées par rapport aux autres.

c)      Dans la vie quotidienne :

Les transports aériens

A l'école, au travail... Mais pas seulement. La discrimination envers les obèses est aussi beaucoup présente dans la vie quotidienne, comme dans les transports avec Air France qui dément vouloir obliger les obèses à payer une seconde place. Car, depuis le 1er février 2005, Air France propose à ses passagers corpulents d'acheter une seconde place avec une réduction de 25 à 33 % sur ce siège supplémentaire. Une offre conseillée mais non obligatoire. Mais, si un obèse n'a acheté qu'une place, le commandant de bord peut lui imposer -pour des « raisons de sécurité » - d'en payer une seconde. S'il n'y a pas deux sièges côte à côte, le passager corpulent peut se voir refuser l'embarquement. « Ça reste une mesure discriminatoire », fait-on remarquer à Allegro Fortissimo, qui regroupe des obèses.

« Avant, c'était au cas par cas et qu'on fasse payer deux sièges était extrêmement rare. »

L'association propose que tous les avions soient équipés d'une rangée de sièges modulables qui pourraient coûter 10 % de plus. Nadine Morano, secrétaire d'État à la Famille, a trouvé « assez choquant » que des personnes « atteintes de maladie », se retrouvent à « payer deux fois à cause de leur maladie ».

   En public

Cependant la discrimination des obèses n'a pas seulement lieu chez les enfants, certaines chaînes de télévision proposent de mettre en scène des émissions ayant pour but de se moquer des obèses :  une émission diffusée durant l’été 2005 par TF1 nous a permis d'observer un homme obèse qui serait un très improbable fiancé d’une  jeune fille. Ce genre d'émission montre bien à  quel point les obèses sont des cibles de discrimination.