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Dissertation ascenseur social

Publié le 20/11/2015

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Dissertation Sociologie L'ascenseur social est-il en panne ? L'expression « ascenseur social » est une expression couramment utilisée afin de référer à la mobilité sociale des individus dans une société. Dans le cadre d'une société démocratique, les individus sont en effet supposés pouvoir changer de position sociale dans la structure sociale dans la mesure où celle-ci est de classe, c'est-à-dire où les statuts ne sont pas assignés mais acquis. La mobilité devient alors un véritable enjeu politique puisqu'elle interroge sur le degrés de démocratie et de libéralisme d'une société, à savoir si les individus ont bien tous les mêmes chances d'accéder aux différentes positions sociales. Toutefois, aujourd'hui cette mobilité n'est pas totalement vérifiée et ne reste de ce fait que théorique. On en vient donc à se demander : la mobilité sociale est-elle toujours d'actualité ? Pour y répondre nous allons voir dans un premier temps les caractéristiques de la mobilité sociale, puis la question du déclassement social. La mobilité sociale apparaît comme réelle dans notre société. Elle peut cependant prendre différentes formes. La mobilité intergénérationnelle correspond à la mobilité d'un individu par rapport à son origine sociale. Elle est mesurée le plus souvent à travers la comparaison au statut social du père. Aujourd'hui, les sociologues s'intéressent à la question de la fluidité sociale, soit le rapport entre l'origine sociale d'un individu et sa position sociale, car elle permet de mesurer les chances respectives d'atteindre telle ou telle position. On s’intéresse ainsi à l'inégalité des chances. Pendant les Trente Glorieuses, la fluidité s'était améliorée, mais une étude menée par l'INSEE portant sur les hommes âgés de 40 à 59 ans montre que cette tendance s'est annulée entre 1993 et 2003. Les inégalités d'accès aux statuts supérieurs se sont en effet accrues en l'espace de 30 ans : en 1977, la probabilité qu'un fils de cadre occupe une position sociale supérieure à celle d'un fils d'ouvrier était de 68 %. Elle est passée à plus de 71 % en 2003. Les inégalités de chance ont donc fortement augmentées, et la société actuelle apparaît de ce fait comme moins fluide. Le document 1 illustre cette mobilité intergénérationnelle. Il nous montre en effet qu'en 2003 près de 60 % des hommes actifs âgés de 35 à 39 ans ont changé de position sociale par rapport à leurs pères. Ainsi, nous pouvons constater qu'en l'espace de seulement 20 ans, entre 1983 et 2003, les personnes âgées de 35 à 39 ans ont connu une forte mobilité intergénérationnelle, et ont davantage été marquées par une mobilité ascendante que descendante. La courbe de l'évolution intergénérationnelle de la mobilité ascendante reste en effet largement supérieure à celle de la mobilité descendante durant toute cette période : il y a presque toujours deux fois plus d'individus qui ont connu une ascension sociale plutôt qu'une mobilité descendante par rapport à leurs pères. La mobilité intragénérationnelle est un autre type de mobilité sociale faisant partie intégrante de notre société. Il s'agit pour un individu de changer de position sociale dans sa vie professionnelle. Ce changement peut alors être progressif ou au contraire régressif. Le document 3 nous montre notamment que « près de sept français sur dix déclarent avoir connu une mobilité sociale au cours des dix dernières années, c'est-à-dire qu'ils se positionnent différemment sur l'échelle sociale à ces deux moments ». « Plus spécifiquement, 38 % des individus estiment avoir connu une dégradation de leur statut social, et 31 % une amélioration ». Pour prendre un cas spécifique, le document 4 nous présente la proportion de cadres parmi les actifs occupés diplômés de niveau BAC +2 à différents âges selon la génération. A partir de celui-ci, nous pouvons constater qu'au fil des générations les cadres connaissent de moins en moins de mobilité descendante, et que de manière générale, ils ont plus de facilité à accéder aux postes à responsabilité jeunes. En effet, les personnes actives occupées nées entre 1971 et 1977 diplômées de niveau supérieur BAC +2 sont environ 34 % à être cadres entre 20 et 24 ans, 52 % entre 25 et 29 ans, et 56 % entre 30 et 34 ans. Pour les personnes nées entre 1961 et 1965, elles sont près de 61 % à être cadres entre 25 et 29 ans, 72 % entre 30 et 34 ans, et 70 % entre 40 et 44 ans. Toutefois cette mobilité sociale reste à nuancer. Les trajets de mobilité sont de manière générale courts : il est pus fréquent de rencontrer une mobilité modérée, soit entre catégories relativement proches comme employé et profession intermédiaire et non comme ouvrier et cadre. De plus, la mobilité est en grande partie due aux différents changements structurels survenus au cours du temps, à savoir dans un premier temps le déclin de l'emploi agricole et la croissance de l'emploi ouvrier ; dans un second temps le déclin de l’emploi ouvrier au profit du développement du tertiaire ; enfin, l'invention des catégories cadre supérieur et profession intermédiaire qui sont issues d'autres catégories. En outre, la reproduction sociale peut avoir de lourdes conséquences sur la position et la mobilité sociale de l'enfant. En effet, le niveau d'étude des parents influençant les pratiquent de lecture de leurs enfants, on retrouve près d'un enfant sur deux âgé de 8 à 12 ans dont les parents n'ont pas d'emplois qui ne lit pas, et à l'inverse 80 % de ceux qui ont des parents diplômés du supérieur qui pratiquent la lecture. Ainsi, si les techniques de lecture s’acquièrent à l'école, l'intensité de la pratique dépend du niveau scolaire des parents. Il en est de même pour les sorties culturelles, y compris les plus démocratisées comme le cinéma. En effet, selon Bourdieu, le capital naturel, par son volume et sa structure, détermine énormément les pratiques enfantines. Dans la haute bourgeoisie, il arrive que des rallyes soient organisés en vu de réunir dès le plus jeune âge les enfants de même origine sociale et faisant partie d'un même réseau d’inter-connaissance. Ces réunions occasionnelles contribuent à assurer la transmission intergénérationnelle de la culture et donc de faire perdurer la lignée familiale dans la même position sociale. Par conséquent, les catégories dans lesquelles la reproduction sociale est forte, comme ce qui est par exemple le cas pour les cadres et pour les ouvriers, ne connaissent que très peu de mobilité intergénérationnelle. A l'inverse, les catégories comme employé ou profession intermédiaire qui n’incitent pas les générations suivantes à reproduire le mode de vie des générations précédentes connaissent une forte mobilité intergénérationnelle. « L'ascenseur social » peut donc référer non seulement à une ascension sociale, mais aussi à un déclassement défini comme une chute sociale par rapport à une trajectoire en déclin. Comme en témoigne le document 2, la mobilité descendante, soit le déclassement social, est lui aussi un fait réel dans notre société. Il en existe toutefois plusieurs sortes. Le document 2 présente pour sa part le déclassement social intragénérationnel, soit le fait de perdre son emploi et d'occuper par la suite une position sociale inférieure. Nous pouvons en effet constater que toutes les catégories socioprofessionnelles y sont sujettes entre 1980 et 2003. Toutefois, certaines le sont plus que d'autres. C'est notamment le cas des cadres et des professions intermédiaires, puisque 9,7% des hommes âgés de 30 à 54 ans, exerçant une profession de cadre en 1998 et encore en emploi en 2003, sont dans un groupe socioprofessionnel de statut moins élevé en 2003, ce qui représente 133 000 personnes sur le champ considéré, sachant que ce chiffre s'élevait à seulement 19 000 en 1985. De la même manière, 10,4% des hommes âgés de 30 à 54 ans, exerçant une profession intermédiaire en 1998 et encore en emploi en 2003, sont dans un groupe socioprofessionnel de statut moins élevé en 2003, ce qui représente 223 000 personnes sur le champ considéré, ce chiffre s'élevant à seulement 60 000 en 1985. Ceci est du au fait que connaître une ascension sociale en étant déjà au niveau de cadre est presque impossible, cadre étant la catégorie sociale la plus élevées dans la structure sociale. Le déclassement est donc plus fréquent. Pour ce qui est du déclassement intergénérationnel, il s'agit quant à lui des individus qui ne suivent pas le rang des générations précédentes et qui occupent de ce fait une position sociale moins élevée que celle de leurs parents. Il existe également le déclassement statutaire : la perte du prestige social ; systématique : le déclassement d'une société ; et le déclassement scolaire qui correspond au fait d'occuper un emploi inférieur au niveau de diplôme détenu par un individu. Le paradoxe d'Anderson illustre un cas particulier de déclassement. Il indique que l'acquisition par un étudiant d'un diplôme supérieur à celui de son père n'assure pas nécessairement une position sociale plus élevée. Cela proviendrait de la massification scolaire et de l'augmentation du niveau moyen de diplôme de la population qui entraîne la perte de la valeur des diplômes, même si ces derniers restent indéniablement un facteur favorisant l'insertion professionnelle. En conclusion, la mobilité sociale persiste dans notre société. Même si elle ne concerne pas nécessairement toutes les PCS notamment à cause de la reproduction sociale, elle s'impose comme enjeu majeur pour assurer l'égalité des chances entre les individus d'une même société. Cette mobilité peut alors être montante ou descendante, intragénérationnelle ou intergénérationnelle, et provenir de différents facteurs, mais elle reste envisageable pour tous.

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