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Dissertation, sujet : un heros de peut il est mediocre ?

Publié le 06/11/2011

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Dans l’esprit de la plupart de ses admirateurs, le roman s’identifie principalement par un personnage principal héroïque, au destin unique et hors du commun. Étymologiquement, « médiocre » vient du latin mediocris qui veut dire moyen, ordinaire, entre le bon et le mauvais ; mais se rapproche plus du mauvais. Ainsi , « médiocre » désigne ici ce « qui est sans éclat » . Le sujet présuppose donc que le roman n'admet pas de héros « moyens ». En effet, par définition, « héros » désigne celui qui se conduit de façon héroïque, qui se distingue par ses actions éclatantes, son courage, son dévouement et s'oppose ainsi à « médiocre » en suscitant l'admiration de lecteur. Il ne faut cependant pas oublier que « héros » peut désigner simplement le personnage qui tient le rôle principal un un rôle important dans une œuvre de fiction. Mais peut-il arriver qu'un héros de roman soit médiocre ? L'une des constante du romanesque repose souvent sur l’exceptionnel, ce qui nous amène à nous demander si la « médiocrité » peut y avoir place.

Le roman a besoin de héros, pourtant, il arrive que certains personnages soient des médiocres, nous pouvons donc penser que le roman n'admet la médiocrité qu'à certaines conditions.

 

 

 

 

 

 

En effet, le roman repose souvent sur l'exceptionnel, et a besoin de héros aux destins exceptionnels, pour attirer le lecteur, faire en sorte que celui puisse s'identifier en un personnage qui sort de la banalité, comme Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal qui gravit les rangs de la société malgré sa classe sociale et son physique frêle ; ou encore Frodo Baggins dans The Lord of the Rings de R. R. Tolkien, qui sauve son monde contre toute attente.

Le roman exige aussi des personnalités hors du commun, comme en témoigne le personnage de Mme de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses de Laclos ; et de héros de passions absolue, qui contre tous les obstacles possibles, va garder son amour intacte, nous en avons l'exemple par Des Grieux dans Manon Lescaut de Prévost.

Le rythme romanesque et la nécessité de susciter l'intérêt obligent à rendre exemplaire le destin de personnages pourtant médiocres. C'est ce qu'à fait Zola dans L'Assommoir avec Gervaise, qui est de classe populaire, aux attributs moyens mais qui nous surprend par son courage et sa force mentale.

 

Pourtant, à partir de la fin du XIX ième siècle et du débutXX ième siècle, apparaissent certains personnages médiocres. C'est le cas des personnages des romans réalistes qui ont choisi une peinture \"objective\" des milieux et des êtres, c'est à dire sans améliorations de la part de l'auteur, et sans addition de caractère héroïque. Il y par exemple Georges Duroy dans Bel-Ami et Jeanne dans Une vie de Maupassant, ainsi que les héros de Zola, pour qui « le premier homme qui passe est un héros suffisant ».

Le Personnage peut aussi être destiné à illustrer la contingence, l'absurde, comme Meursault dans L'Etranger de Camus, mais de ce fait, qu'il soit symbole de l'absurde, enlève une partie de ma ùédiocrité du personnage.

Nous pouvons aussi citer Bardamu de Céline dans Voyage au bout de la nuit, qui prône la lâcheté et qui est hostile à toute forme d'héroïsme.

La disparition du caractère héroïque atteint son paroxysme avec l'apparition du Nouveau Roman dans les années 1930, qui entraîne au second plan l'intrigue et le personnage et qui confie la représentation d'un monde enigmatique à des individualités transparentes : « L'époque actuelle est plutôt celle du numéro matricule » écrit Robbe-Grillet.

 

 

 

Cependant, il est juste et nécessaire de dire que le roman n'admet la médiocrité qu'à certaines conditions. Effectivement, si le personnage peut être un médiocre, il convient de faire la part de l'époque car cette esthétique n'est que celle du XX ième siècle, de plus , certains théoriciens du nouveau roman l'ont abandonnée comme Le Clézio.

Il ne faut pas ignorer le goût légitime du public pour des œuvres où la création artistique lui évite de rencontrer des voisins de palier, car comme nous l'avons vu, Meursault lui-même accède peu à peu à un destin exceptionnel. Souvent, les personnages à priori médiocres symbolisent une pensée, et échappent ainsi à la médiocrité.

De plus, nous pouvons voir avec Emma dans Madame Bovary de Flaubert que le roman a pour privilège de rendre l'ordinaire et le médiocre unique. En effet, madame Bovary, de son prénom Emma est l'une de ces médiocres de la littérature qui sont devenus de véritables mythes.

 

Un héros de roman a pour habitude d'être exceptionnel et sortir du commun des personnages que l'on rencontre. Il réussit la plupart du temps à surmonter les obstacles qui se dressent devant lui. Mais certains auteurs à certaines époques décident de changer la condition du héros qui passe au second plan ou qui acquiert un caractère médiocre. Ceux ci sont souvent symbolique, mais ne remplissent pas les conditions d'un personnage héroïque. Mais est il intéressant pour un lecteur de suivre le cours de la vie de celui qui n'a rien hors du commun, qui n'évolue pas et n'amène pas de magie à la lecture ?

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