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Dostoïevski, Fedor - écrivain.

Publié le 28/04/2013

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Dostoïevski, Fedor - écrivain. 1 PRÉSENTATION Dostoïevski, Fedor (1821-1881), écrivain russe, représentant le plus illustre, avec Tolstoï, de l'âge d'or de la littérature russe. Né à Moscou, Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski est le fils d'un médecin de l'armée au caractère brutal. Sa famille appartient à la vieille noblesse russe. À l'âge de dix-sept ans, alors que sa mère est morte, il est placé par son père, devenu alcoolique, à l'Académie du génie militaire de Saint-Pétersbourg. C'est là qu'il apprend la mort de celui-ci, assassiné par des paysans de sa propriété. Il se sent peut-être coupable de ce crime, pour avoir lui-même désiré l'accomplir, comme le laisse supposer le thème du parricide très présent dans son oeuvre (les Frères Karamazov). Formé aux sciences exactes, il se passionne très tôt pour la littérature, dévorant les écrits russes et français. Nommé officier en 1843, il démissionne dès l'année suivante pour se consacrer à l'écriture. 2 ÉCRITS DE JEUNESSE Les Pauvres Gens (1846), roman par lettres où se révèle l'influence de Gogol, obtient un succès éclatant. À travers les mésaventures amoureuses d'un modeste fonctionnaire dont la bonté le pousse à s'effacer devant son riche rival, l'auteur exprime sa compassion pour les opprimés. L'analyse des conflits psychologiques s'intègre étroitement au récit. Cette veine, thématiquement et esthétiquement novatrice, est également illustrée dans le Double (1846), la Logeuse (1847), Nuits blanches (1848), nouvelles qui ne rencontrent qu'indifférence et rejet. Dès 1848, il rejoint un groupe de jeunes intellectuels fouriéristes, le cercle de Petrachevski, qui forme le projet d'abolir le servage et rêve de révolution socialiste. Dostoïevski est arrêté en avril 1849 et condamné à mort avec l'ensemble du groupe en décembre 1849. Il est gracié avec ses compagnons face au peloton d'exécution, terrible épreuve qui lui donne le bonheur de redevenir « un homme parmi les hommes «. Sa peine est commuée en quatre ans de travaux forcés en Sibérie. 3 L'ÉPREUVE DU CAMP, L'EXIL Publié dans le Temps, revue fondée avec son frère Mikhaïl en 1861, Souvenirs de la maison des morts (1861-1862) décrit les effroyables conditions de vie faites aux détenus. Dans ce récit autobiographique, fait à la première personne par le hérosnarrateur, Dostoïevski brosse des portraits de bagnards avec qui il a vécu, capables des pires méfaits comme de générosité et de spiritualité. La figure du Christ lui apparaît alors comme seule capable de transcender l'expérience de la souffrance et d'offrir à l'homme une chance de rédemption. Il dit aussi dans ses lettres à son frère sa découverte au bagne du « peuple russe «. Cette expérience le marque psychologiquement, mais aussi physiquement, puisque c'est très probablement à cette époque qu'apparaissent ses premières crises d'épilepsie. Relaxé en 1854, il est envoyé comme simple soldat dans une ville de garnison, à Semipalatinsk. En 1857, il y épouse Maria Dimitrievna, une jeune veuve tuberculeuse qu'il veut sauver de la misère, mais qu'il doit disputer à un rival. Succédant à l'expérience traumatique du camp, l'exil est pour l'écrivain une période de retour à la vie. Il lit avidement les oeuvres parues pendant sa détention, et écrit quelques nouvelles. Cinq ans plus tard, en 1859, autorisé enfin à regagner Saint-Pétersbourg à cause de ses crises d'épilepsie, il reprend pleinement son activité littéraire. Là, on l'a oublié, et il doit tout reprendre de zéro. 4 LA MATURITÉ Ce retour marque une étape décisive dans la vie et dans l'oeuvre de Dostoïevski. Publié en 1861, Humiliés et Offensés, roman en partie autobiographique, sorte d'hommage à Dickens et à Eugène Sue, exprime avec une force renouvelée le sentiment de compassion éprouvé envers les faibles et la foi en la leçon de l'Évangile. Le thème de la rédemption y occupe une place centrale. Mais ce roman n'est pas du goût de la critique. Dostoïevski s'engage dans la querelle qui oppose slavophiles et occidentalistes, prônant une position médiane fondée sur l'attachement aux valeurs russes. Il exprime ses positions dans sa revue, le Temps. Au cours des étés des années 1862 et 1863, il fait en Europe tout un périple qui lui inspire Notes d'hiver sur des impressions d'été (1863), dans lesquelles il prend encore davantage ses distances vis-à-vis de l'Occident, règne de l'inégalité et de l'argent. Sa revue ayant été interdite, il lance l'Époque (1864-1865), où il publie la nouvelle Mémoires écrits dans un souterrain (1864), aussi nommé parfois le Sous-sol. Dans ce monologue fiévreux se mêlent de façon inextricable éléments subjectifs et objectifs. La crise de conscience du personnage, dont la revendication de liberté absolue et la révolte contre le conformisme se muent en doute profond face à l'amour dont une femme lui fait don, et qu'il refuse, annonce ses oeuvres futures, où la question du mal tient une place centrale. 5 LES ANNÉES D'ERRANCE, LES CHEFS-D'OEUVRE Dostoïevski est couvert de dettes : sa revue a fait faillite, sa femme et son frère sont morts, le laissant seul et harcelé par ses créanciers. Il réussit à donner le Joueur (1866) dans les délais requis par son éditeur, grâce à l'aide d'une jeune sténographe, Anna Grigorievna Snitkina. Mais, afin de fuir ses créanciers, il doit gagner l'étranger (l'Italie et l'Allemagne) avec Anna, qu'il épouse en 1867. Ils ont deux enfants, dont le premier meurt à la naissance. Malgré de terribles difficultés pécuniaires, qui poussent parfois l'écrivain à jouer et à perdre ses modestes ressources au casino, ces années sont celles d'une exceptionnelle créativité littéraire. En 1866 est achevé Crime et Châtiment, probablement son oeuvre la plus célèbre : Raskolnikov, ancien étudiant contestataire, pauvre, commet un meurtre pour venir en aide à sa famille indigente et pour délivrer la société d'une femme qu'il considère comme un parasite. Se considérant orgueilleusement comme un homme hors du commun, il veut éprouver les limites de sa liberté par la pratique du mal et par la transgression de l'ordre moral. Pourtant, torturé par le sentiment de sa culpabilité et isolé du reste des hommes, il confessera son crime. Au châtiment ainsi librement consenti répondra l'amour de Sonia, une jeune femme qui se prostitue pour nourrir sa famille, et l'espoir de rédemption, promis par l'Évangile. Cette oeuvre s'offre à la fois comme une peinture réaliste de la misère et de son cortège de maux (alcoolisme, prostitution) et une descente dans les profondeurs de l'inconscient, notamment par les longs monologues intérieurs de Raskolnikov. En 1868-1869 paraît l'Idiot. Le héros, le prince Mychkine, est un être pur et innocent, rayonnant d'amour et de compassion. Épileptique (comme Dostoïevski), il doit à sa sincérité et à sa simplicité d'être un objet de moquerie. Son amour pour Nastassia Filippovna, fait en partie du désir de la sauver du déshonneur, connaît une fin sanglante qui le laisse brisé. Récit d'une grande intensité, empli d'images obsédantes (le couteau, le Christ russe, la condamnation à mort), l'Idiot illustre avec force la dimension mystique et tragique de l'univers dostoïevskien. Les nombreux personnages, pris dans un foisonnement narratif, incarnent une humanité que la pureté reste incapable de sauver de son destin. À cette oeuvre majeure succède en 1870 l'Éternel Mari, tragi-comédie de la vie conjugale et travail sur les processus de la mémoire et de la culpabilité. Deux ans plus tard paraissent les Possédés (parfois traduit par les Démons). Pour ce roman dont l'intrigue est constituée par un complot terroriste, Dostoïevski s'est inspiré d'articles de presse relatant le meurtre d'un étudiant par ses compagnons révolutionnaires qui le soupçonnaient de vouloir les quitter. Ce sombre récit, d'une grande complexité, mêle problématique politique et interrogations métaphysiques. Autour de la figure centrale de Stravoguine, antihéros démoniaque et autodestructeur, Dostoïevski pose inlassablement les questions du nihilisme et du mal, du recours à la violence, de la recherche éperdue de l'idéal. 6 LE RETOUR À LA TERRE NATALE, L'ULTIME CHEF-D'OEUVRE Quand il regagne la Russie en 1873, la notoriété littéraire de Dostoïevski a largement dépassé les frontières de son pays. De retour à Saint-Pétersbourg, ville indissociable de toute son oeuvre, il publie le Journal d'un écrivain (1873-1881), recueil d'articles de journaux sur l'actualité de son temps, dans lequel il inclut des fictions (le Rêve d'un homme ridicule, 1877). L'Adolescent (1875) est le roman d'un enfant naturel pris au piège de ses contradictions, entre ses rêves de richesse et son impulsivité. Au milieu de ces souffrances morales, seul le christianisme pourra se révéler une voie de salut. Les Frères Karamazov (1879-1880), considéré par son auteur comme son oeuvre la plus aboutie, est une descente dans les profondeurs de l'âme humaine. Dostoïevski y fait la synthèse des problèmes philosophiques, religieux et moraux qui ont hanté son univers. Il aborde la question suprême de l'existence de Dieu, qui l'a tourmenté toute sa vie, entre foi et doute. L'intrigue s'élabore autour d'une affaire criminelle liée à un parricide. Ce roman métaphysique, à la composition ternaire, évolue autour de la confrontation des frères Karamazov. Ivan incarne l'intellectuel athée, fasciné par la violence et la destruction. Dmitri, ancien novice dans un monastère, représente l'homme émotif orienté vers l'action. Aliocha personnifie la bonté, la pureté mystique. Quant à Smerdiakov, il est le fils naturel, celui qui, sous l'influence d'Ivan, commettra le meurtre du père et subira le châtiment. Tous les thèmes majeurs du monde dostoïevskien sont ici évoqués : l'expiation des péchés dans la souffrance, l'absolue nécessité d'une force morale au sein d'un univers irrationnel et incompréhensible, la lutte entre le bien et le mal. À ces interrogations l'oeuvre n'apporte que des réponses fragmentaires ; la question ultime de la liberté humaine et de sa responsabilité vis-à-vis de Dieu reste en suspens. Lorsque Dostoïevski s'éteint en 1881, il est enfin reconnu de tous et sorti de la pauvreté. Ses obsèques à Saint-Pétersbourg ont été suivies par une foule d'admirateurs. 7 POSTÉRITÉ LITTÉRAIRE Dostoïevski est le représentant le plus illustre, avec Tolstoï, de l'âge d'or de la littérature russe. La construction de la plupart de ses romans, qui s'apparente à celle du roman policier, est essentiellement polyphonique. Cette multiplicité de voix, de langages et de postures existentielles, incarnée par les nombreux personnages, participe de leur modernité. Les héros, profondément marqués par le sentiment tragique de la vie, sont plongés dans une quête douloureuse de la vérité. Dostoïevski a décrit les mécanismes irrationnels de l'âme humaine, analysant les rêves, les visions, les périodes de démence, la lutte avec les forces de l'inconscient. En s'interrogeant sur la présence du mal, en sondant la complexité des relations entre conscient et inconscient, il a ouvert la voie aux grandes questions du XXe siècle, notamment celles énoncées par la psychanalyse. Son oeuvre a en effet exercé une réelle influence sur Freud, mais aussi sur des personnalités aussi diverses que Proust, Camus, Claudel ou Faulkner. Jean-Paul Sartre a lui-même reconnu que les ouvrages de l'écrivain russe avaient contribué à forger ses propres conceptions existentialistes. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« force la dimension mystique et tragique de l’univers dostoïevskien.

Les nombreux personnages, pris dans un foisonnement narratif, incarnent une humanité que la pureté reste incapable de sauver de son destin. À cette œuvre majeure succède en 1870 l’Éternel Mari, tragi-comédie de la vie conjugale et travail sur les processus de la mémoire et de la culpabilité.

Deux ans plus tard paraissent les Possédés (parfois traduit par les Démons ).

Pour ce roman dont l’intrigue est constituée par un complot terroriste, Dostoïevski s’est inspiré d’articles de presse relatant le meurtre d’un étudiant par ses compagnons révolutionnaires qui le soupçonnaient de vouloir les quitter.

Ce sombre récit, d’une grande complexité, mêle problématique politique et interrogations métaphysiques.

Autour de la figure centrale de Stravoguine, antihéros démoniaque et autodestructeur, Dostoïevski pose inlassablement les questions du nihilisme et du mal, du recours à la violence, de la recherche éperdue de l’idéal. 6 LE RETOUR À LA TERRE NATALE, L’ULTIME CHEF-D’ŒUVRE Quand il regagne la Russie en 1873, la notoriété littéraire de Dostoïevski a largement dépassé les frontières de son pays.

De retour à Saint-Pétersbourg, ville indissociable de toute son œuvre, il publie le Journal d’un écrivain (1873-1881), recueil d’articles de journaux sur l’actualité de son temps, dans lequel il inclut des fictions ( le Rêve d’un homme ridicule, 1877).

L’Adolescent (1875) est le roman d’un enfant naturel pris au piège de ses contradictions, entre ses rêves de richesse et son impulsivité.

Au milieu de ces souffrances morales, seul le christianisme pourra se révéler une voie de salut.

Les Frères Karamazov (1879-1880), considéré par son auteur comme son œuvre la plus aboutie, est une descente dans les profondeurs de l’âme humaine.

Dostoïevski y fait la synthèse des problèmes philosophiques, religieux et moraux qui ont hanté son univers.

Il aborde la question suprême de l’existence de Dieu, qui l’a tourmenté toute sa vie, entre foi et doute.

L’intrigue s’élabore autour d’une affaire criminelle liée à un parricide.

Ce roman métaphysique, à la composition ternaire, évolue autour de la confrontation des frères Karamazov.

Ivan incarne l’intellectuel athée, fasciné par la violence et la destruction.

Dmitri, ancien novice dans un monastère, représente l’homme émotif orienté vers l’action.

Aliocha personnifie la bonté, la pureté mystique.

Quant à Smerdiakov, il est le fils naturel, celui qui, sous l’influence d’Ivan, commettra le meurtre du père et subira le châtiment.

Tous les thèmes majeurs du monde dostoïevskien sont ici évoqués : l’expiation des péchés dans la souffrance, l’absolue nécessité d’une force morale au sein d’un univers irrationnel et incompréhensible, la lutte entre le bien et le mal.

À ces interrogations l’œuvre n’apporte que des réponses fragmentaires ; la question ultime de la liberté humaine et de sa responsabilité vis-à-vis de Dieu reste en suspens. Lorsque Dostoïevski s’éteint en 1881, il est enfin reconnu de tous et sorti de la pauvreté.

Ses obsèques à Saint-Pétersbourg ont été suivies par une foule d’admirateurs. 7 POSTÉRITÉ LITTÉRAIRE Dostoïevski est le représentant le plus illustre, avec Tolstoï, de l’âge d’or de la littérature russe.

La construction de la plupart de ses romans, qui s’apparente à celle du roman policier, est essentiellement polyphonique.

Cette multiplicité de voix, de langages et de postures existentielles, incarnée par les nombreux personnages, participe de leur modernité.

Les héros, profondément marqués par le sentiment tragique de la vie, sont plongés dans une quête douloureuse de la vérité.

Dostoïevski a décrit les mécanismes irrationnels de l’âme humaine, analysant les rêves, les visions, les périodes de démence, la lutte avec les forces de l’inconscient.

En s’interrogeant sur la présence du mal, en sondant la complexité des relations entre conscient et inconscient, il a ouvert la voie aux grandes questions du XXe siècle, notamment celles énoncées par la psychanalyse.

Son œuvre a en effet exercé une réelle influence sur Freud, mais aussi sur des personnalités aussi diverses que Proust, Camus, Claudel ou Faulkner.

Jean-Paul Sartre a lui-même reconnu que les ouvrages de l’écrivain russe avaient contribué à forger ses propres conceptions existentialistes. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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