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Du Bellay, Défense et Illustration de la langue française (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Du Bellay, Défense et Illustration de la langue française (extrait). Écrite à la gloire de la langue française, la Défense et Illustration de la langue française affiche, comme un plaidoyer, la foi de son auteur et de toute une génération de poètes dans les possibilités encomiastiques et artistiques du langage. Du Bellay invite, en effet, ses lecteurs à considérer chaque langue comme une culture qu'il convient d'enrichir, de travailler, de structurer « avec art et inspiration « et que seule la poésie, qui en est la quintessence, pourra porter à sa perfection. Défense et Illustration de la langue française de Joachim Du Bellay (chapitre 7, « Comment les Romains ont enrichi leur langue «) Si les Romains (dira quelqu'un) n'ont vaqué à ce labeur de traduction, par quels moyens donc ont-ils pu ainsi enrichir leur langue, voire jusques à l'égaler quasi à la grecque ? Imitant les meilleurs auteurs grecs, se transformant en eux, les dévorant, et après les avoir bien digérés, les convertissant en sang et nourriture, se proposant, chacun selon son naturel et l'argument qu'il voulait élire, le meilleur auteur, dont ils observaient diligemment toutes les plus rares et exquises vertus, et icelles comme greffes, ainsi que j'ai dit devant, entaient et appliquaient à leur langue. Cela faisant (dis-je) les Romains ont bâti tous ces beaux écrits, que nous louons et admirons si fort : égalant ores quelqu'un d'iceux, ores le préférant aux Grecs. Et de ce que je dis font preuve Cicéron et Virgile, que volontiers et par honneur je nomme toujours en la langue latine, desquels comme l'un se fut entièrement adonné à l'imitation des Grecs, contrefit et exprima si au vif la copie de Platon, la véhémence de Démosthène et la joyeuse douceur d'Isocrate, que Molon Rhodien l'oyant quelquefois déclamer, s'écria qu'il emportait l'éloquence grecque à Rome. L'autre imita si bien Homère, Hésiode et Théocrite que depuis on a dit de lui que de ces trois il a surmonté l'un, égalé l'autre, et approché si près de l'autre que si la félicité des arguments qu'ils ont traités eût été pareille, la palme serait bien douteuse. Je vous demande donc, vous autres, qui ne vous employez qu'aux translations, si ces tant fameux auteurs se fussent amusés à traduire, eussent-ils élevé leur langue à l'excellence et hauteur où nous la voyons maintenant ? Ne pensez donc, quelque diligence et industrie que vous puissiez mettre en cet endroit, faire tant que notre langue, encore rampante à terre, puisse hausser la tête et s'élever sur pieds. Source : Du Bellay (Joachim), Défense et Illustration de la langue française, 1549. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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