Edith Cresson, dix mois de solitude
Publié le 22/02/2012
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foyers qui se rallument : c'est la première " méthode Rocard " en matière de conflits sociaux, celle de l'urgence et du coup parcoup.
Le jeudi 13 octobre est l'un des jours où culmine la tension : ce soir-là, quatre-vingt mille infirmières sont dans la rue.
Communistes, trotskistes, tout le monde s'en mêle.
Le président lui-même se montre compréhensif envers les infirmières.Certains de ses proches rapportent avec gourmandise de présumées confidences présidentielles peu charitables pour la fameuse" méthode " de son premier ministre.
Mais Michel Rocard serre les dents sous l'orage.
La mobilisation du PCF et de la CGTcontre le gouvernement autour de la grève de la RATP échoue.
Le calme revient progressivement.
Le premier ministre peut fairevaloir qu'à la fin de 1988 la quasi-totalité des fédérations syndicales de la fonction publique ont signé des accords contractuelspour la fixation des salaires.
Pendant ses trois années à Matignon, il n'y aura plus de mouvements d'une telle ampleur.
Mais l'automne et l'hiver 1988 ontdonné le ton.
Paradoxalement, Michel Rocard, auréolé à son arrivée d'une image " sociale " -celle d'un ancien syndicaliste, animateur d'une" deuxième gauche " soucieuse de dialogue, de contractualisation des relations sociales,-rencontrera ses plus grandes difficultésavec les questions sociales.
A l'Assemblée nationale, Michel Rocard découvre les joies de la " majorité relative ".
Son conseiller parlementaire, GuyCarcassonne, se spécialise dans l'équilibrisme.
Il avance sur son fil, penchant son balancier une fois vers les centristes, une foisvers les communistes.
C'est encore affaire de méthode.
Le premier ministre bouclera sa première session parlementaire en affrontant une premièremotion de censure que l'UDC vote avec la droite.
Il aura recours à la procédure contraignante de l'article 49-3 de la Constitutionpour faire adopter le projet de loi créant le Conseil supérieur de l'audiovisuel, mais le projet de budget pour 1989 passera le capgrâce à l'abstention du PCF.
Revenu minimum
Dès le deuxième jour de sa première session parlementaire, Michel Rocard a fait examiner par les députés la création durevenu minimum d'insertion ( RMI).
Le projet de loi sera définitivement adopté le 30 novembre.
L'administration produira uneffort exceptionnel pour assurer sa mise en application très rapide.
Effet pervers de cette efficacité : le RMI entrera tellement vitedans les moeurs, sera si rapidement considéré comme un " acquis ", qu'il ne sera pas porté au crédit du gouvernement.
Après l'ouverture du " chantier " emploi dès l'automne 1988, Michel Rocard met progressivement en place sa politique desfameux " grands chantiers " : l'éducation nationale et la rénovation du secteur public, début 1989, puis la ville, l'Ile-de-France, laSécurité sociale, les retraites.
En mars 1990, les socialistes tiennent congrès à Rennes.
Ils s'y déchirent, donnent un spectacle qui les effraie eux-mêmes.Michel Rocard et ses amis se tiennent d'abord au-dessus de la mêlée confuse qui oppose Lionel Jospin et Laurent Fabius.
PuisMichel Rocard a la tentation de s'allier à son ministre de l'éducation nationale, ce qui rejetterait dans la minorité le président del'Assemblée nationale, protégé par le président de la République.
Il y renonce, mais il a commis, à l'égard de François Mitterrand,une grave erreur en oubliant que, même premier ministre, il n'a pas le droit de toucher au PS.
Le congrès de Rennes sera suivi, enmai-juin, de quelques semaines de mauvaise humeur du président, qui s'irrite d'un " déficit social " dans la politique du premierministre.
Le 2 août 1990, l'Irak envahit le Koweït.
C'est le début de la crise du Golfe.
Michel Rocard est partagé entre deux sentiments :il approuve l'organisation de la riposte internationale, au nom du respect du droit, sous l'égide de l'ONU.
Il y retrouve lespréoccupations qui l'animent en matière internationale-c'est sa passion de toujours-et qu'il résume en une formule : la " bataillepour l'organisation de la planète ", dont ses collaborateurs feront un sigle irrespectueux, Le premier ministre s'efface, au nom de lalogique des institutions, derrière le président de la République, qui, en période de crise internationale, occupe toute la scène.
Quoiqu'il puisse lui en coûter, le premier ministre s'absorbe dans la logistique et la mise en oeuvre des décisions stratégiques duprésident.
Après l'ouverture des hostilités, le 17 janvier 1991, un dispositif de crise sera mis en place.
Le président et le premierministre, qui se voient d'habitude deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi, se rencontrent maintenant tous les jours.
C'estune période d'entente entre les deux maisons, l'Elysée et Matignon.
Les lycéens et les " affaires ".
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