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Emile Zola, L'Assommoir.

Publié le 15/09/2006

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Au milieu de cette existence enragée par la misère, Gervaise souffrait encore des faims qu'elle entendait râler autour d'elle. Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s'être donné le mot pour ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s'ouvrir, elles ne lâchaient guère souvent des odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait un silence de crevaison, et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. Par moments, des danses s'élevaient1, des larmes de femmes, des plaintes de mioches affamés, des familles qui se mangeaient pour tromper leur estomac. On était là dans une crampe au gosier générale, bâillant par toutes ces bouches tendues ; et les poitrines se creusaient, rien qu'à respirer cet air, où les moucherons eux-mêmes n'auraient pas pu vivre, faute de nourriture. Mais la grande pitié de Gervaise était surtout le père Bru, dans son trou, sous le petit escalier. Il s'y retirait comme une marmotte, s'y mettait en boule, pour avoir moins froid ; il restait des journées sans bouger, sur un tas de paille. La faim ne le faisait même plus sortir, car c'était bien inutile d'aller gagner dehors de l'appétit, lorsque personne ne l'avait invité en ville. Quand il ne reparaissait pas de trois ou quatre jours, les voisins poussaient sa porte, regardaient s'il n'était pas fini. Non, il vivait quand même, pas beaucoup, mais un peu, d'un œil seulement ; jusqu'à la mort qui l'oubliait ! Gervaise, dès qu'elle avait du pain, lui jetait des croûtes. Si elle devenait mauvaise et détestait les hommes, à cause de son mari, elle plaignait toujours bien sincèrement les animaux ; et le père Bru, ce pauvre vieux, qu'on laissait crever, parce qu'il ne pouvait plus tenir un outil, était comme un chien pour elle, une bête hors de service, dont les équarrisseurs2 ne voulaient même pas acheter la peau ni la graisse. Elle en gardait un poids sur le cœur, de le savoir continuellement là, de l'autre côté du corridor, abandonné de Dieu et des hommes, se nourrissant uniquement de lui-même, retournant à la taille d'un enfant, ratatiné et desséché à la manière des oranges qui se racornissent sur les cheminées.
1 - des danses s'élevaient : des coups étaient donnés (expression familière).
L'Assommoir est un roman d'Emile Zola publié en 1877 qui compte l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire tout en montrant les ravages dus à la misère et à l'alcoolisme. Emile Zola est un écrivain français considérée comme le chef de file du naturalisme. L'extrait qui nous est proposé est une description de la misère vécue au quotidien par Gervaise et son entourage. Zola dénonce la misère par une représentation pathétique en nous plongeant dans le naturalisme de la scène dépeinte. La description des personnage et de la maison oblige pour un souci réaliste des détails précis. La description de la maison se fait à l'aide de métaphores, la maison est ici comparée à un ventre vide, ‘‘les murs sonnaient creux'' l.4. Les personnages sont déshumanisé ils sont décrit comme des animaux, le père Bru dort sur de la ‘‘paille''l.10, même ‘‘les équarrisseurs'' l.16 ne voulaient pas acheter sa peau ni sa graisse. Le récit tragique de ces familles est accentué par la description faite par Zola qui les compare à des animaux. Le personnage de Gervaise est généreux, ‘‘dés qu'elle avait du pain, elle jetait les croûtes'' l.13 au père Bru, bien que la misère la fasse devenir ‘‘mauvaise''l.13 et qu'elle ‘‘détestait les hommes'' l.13. Le père Bru ‘‘était comme un chien'' l.15 pour Gervaise, on le ‘‘laissait crever, parce qu'il ne pouvait plus tenir un outil'' l.15. Les autres personnages ne sont pas décrit par unité mais faisant parti d'un groupe: ‘‘Trois ou quatre ménages semblaient s'être donné le mot pour ne pas avoir du pain tout les jours'' l.2,3. Zola utilise tout les détails pour rendre la scène plus réaliste. La description du père Bru se fait à travers le regard de Gervaise, les détail tel que la position, il '‘s'y mettait en boule'' l.9 et le lieu, ‘‘sous le petit escalier'' l.8 rende la scène plus réaliste. De plus les métaphores et comparaison de la maison à un ventre vide fait ressentir au lecteur un désespoir absolu pour les personnages emprisonné dans cette maison ‘'où les moucherons eux-mêmes n'auraient pu vivre'' l.7. À travers sa description réaliste, Zola fait ressentir au lecteur un sentiment de révolte fasse à l'atrocité d'une telle vie. Le tableau dépeint par Zola de registre pathétique dénonce la misère. Les personnages n'ayant rien pour survivre, sombre dans un sommeil proche de la mort, ‘'il vivait quand même, pas beaucoup, mais un peu'' l.12. Les coups donnés, ‘‘des larmes de femmes, des plaintes de mioches affamés'' l.5 montrent la misère vécue par ces familles. La fresque dressait par Zola décrit la scène d'une misère absolu ajoutant à cela le désespoir des familles. Le registre pathétique qui suscitent chez le lecteur une émotion violente et douloureuse à ici une fonction argumentative. Il se caractérise par des thermes appartenant au champ lexical de la souffrance: ‘‘souffrait'' l.1, ‘‘crevaison'' l.4, ‘‘mort'' l.12, . La déshumanisation des personnages, la comparaison du père Bru à un ‘‘chien''l.15, fait naître également chez le lecteur une forte émotion. Zola dénonce la misère, en créant une ambiance qui fait ressentir au lecteur une grande injustice. Le registre polémique est ici présent car Zola critique agressivement l'abandon, ‘'ce pauvre vieux, qu'on laissait crever, parce qu'il ne pouvait plus tenir un outil'' l.14,15. Les familles sont entrainés par un cercle vicieux qui n'aboutit qu'à la mort. Ainsi Zola dénonce la misère vécut par une famille durant la révolution industrielle. Selon Zola lui même l'assommoir est un roman qui a ‘‘l'odeur du peuple'' se qui rappelle fortement d'autre de c'est roman tel que Germinal qui raconte la misère qu'endure une famille de mineurs.

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