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En quoi les médias sont-ils un facteur d'influence politique ?

Publié le 27/02/2008

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En quoi les médias sont-ils un facteur d'influence politique ?

Il existe entre les médias et la politique un rapport étroit. Il n'y a pas de vie politique sans opinion publique et pas d'opinion publique sans communication. En démocratie, il y a forcément médiatisation et ce phénomène n'est pas nouveau. or aujourd'hui, on vit dans une démocratie médiatique. Les investigations des journalistes deviennent jugement.

        I.            Influence sur l'homme politique

 

Les médias en effet ne sont pas tout-puissants. « Le pouvoir dont ils disposent – écrivions-nous dans un livre précédent - n’est ni uniforme, ni écrasant : il diffère selon les médias et ne s’exerce pas mécaniquement sur des “consommateurs” passifs. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un “pouvoir”, mais de plusieurs [1». Quels sont, schématiquement, ceux qui se sont exercés dans la campagne électorale ? D’abord un « pouvoir » d’occultation : quand les jeux politiques relativisent les enjeux, quand les personnages tendent à se substituer à leurs projets, les médias, pour reprendre une expression de Pierre Bourdieu, cachent en montrant [2]. Ensuite, un pouvoir de relégation : quand les mauvais comptes du pluralisme se doublent de mises en débat qui privent de son sens la parole de ceux à qui ont prétend la donner, les médias contribuent à atrophier la démocratie dont ils se prétendent les gardiens. Enfin un pouvoir de problématisation et de légitimation : quand les choix politiques sont consignés dans un cercle restreint d’options équivalentes, les commentateurs se comportent en acteurs de la campagne qui essaient de faire pression sur les formations et les responsables politiques.

II. Influence sur les électeurs

De là à affirmer que « la presse est globalement de gauche »et laisser à entendre que tous les médias le sont, c’est recourir à une figure oratoire de tribun des médias, destinée à attirer leur attention en les prenant à contre-pied. Comment le nier ? Les médias ont servi Nicolas Sarkozy, notamment parce qu’il a su s’en servir. Pourquoi ? Comment ? Avec quelle efficacité ? Répondre à ces questions est moins aisé qu’il n’y paraît.

Dans l’orchestre médiatique, les instruments ne jouent pas tous la même partition, mais l’effet d’ensemble n’est pas aussi dissonant qu’on pourrait le croire. Des oreilles attentives peuvent déceler sans peine les mêmes mélodies et les mêmes stridences. Ce sont certaines d’entre elles que nous avons essayé de mettre en évidence. Ce sont, nous dit-on, les marques distinctives d’une « démocratie d’opinion », dopée aux sondages et aux images. Ce sont surtout des contributions, non seulement à un statu quoinstitutionnel éminemment discutable, mais à une médiatisation de la vie publique dont la prétendue modernité favorise tous les conservatismes. Favorise : rien de plus, mais c’est déjà beaucoup trop.

 

Intro : Quoique la politique et le parlement, les médias et l'opinion publique n'évoluent jamais indépendamment les uns des autres, le présent rapport se bornera à envisager la politique telle qu'elle se pratique au parlement dans son interaction avec les médias. Cette délimitation du sujet correspond du reste au thème principal de la présente conférence.

 

Par le biais des médias, le parlement et les hommes politiques espèrent informer ainsi qu'influencer les usagers des médias, autrement dit les électeurs. Toutefois, la science de la communication nuance quelque peu cet espoir. En effet, les opinions se forment surtout par les contacts personnels avec les leaders d'opinion ou les groupes de référence. En outre, le consommateur du produit médiatique préfère l'information qui justifie son choix politique, si bien que, dans le meilleur des cas, l'on ne touche que la masse flottante ou les hésitants.

Les médias ne constituent donc qu'un facteur d'influence politique direct limité, surtout depuis que la presse écrite d'opinion perd du terrain et il conviendrait de vérifier s'ils ne sont pas plutôt un facteur d'influence politique indirect, du fait que ce sont eux qui conditionnent principalement l'actualité politique.

 

Indépendamment de ce débat sur la responsabilité (ou l'irresponsabilité) des médias et leur influence sur la politique, la démocratie parlementaire est menacée par un danger plus grand encore. A la lumière des indices d'écoute et de lecture, les médias commercialisés et multinationaux filtrent les informations parlementaires, en se fondant, outre sur la valeur d'actualité, sur trois critères principaux la dramatisation, le divertissement et la personnification.

Il ne reste à la presse écrite d'opinion et de qualité, que la marge étroite dans laquelle elle trouve sa justification économique (1). Malgré un tirage limité, elle conserve pourtant son importance, parce qu'elle est lue par les leaders d'opinion.

 

II. Le parlement doit-il se médiatiser ?

Le parlement est-il médiatique ?

 

Un parlement démocratique ne peut pas s'isoler de la collectivité. Au contraire, il doit s'interroger constamment sur son propre rôle et son propre fonctionnement pour devenir plus efficace et remplir sa mission de manière plus rationnelle. Parallèlement, il doit veiller concrètement à se tenir au courant de l'évolution des méthodes de travail des médias, car sans eux, les hommes politiques et le parlement n'existeraient pas. Les médias sont, en effet, pour les hommes politiques, des instruments efficaces pour entretenir le contact avec leurs électeurs. Par ailleurs, le parlement est souvent l'unique institution politique au sein de laquelle les partis de l'opposition peuvent faire entendre leur voix (3).

2. En raison de la perte de pouvoir qu'il subit au profit des technostructures, le parlement intéresse moins les médias.

Les considérations techniques dominent la prise de décision moderne. C'est la raison pour laquelle l'exécutif, pouvoir prédominant, est peuplé de technocrates.

Il est typique de constater à cet égard qu'en moyenne, 63 % de toutes les initiatives législatives émanent du gouvernement. Leurs chances d'aboutir se chiffrent en moyenne également à 78 % contre 39 % seulement pour les propositions ( 6) déposées individuellement par des parlementaires, lesquelles mettent en outre souvent trois ou quatre fois plus de temps à devenir loi. Une relativisation importante s'impose toutefois ici : même dans les pays où la prédominance du gouvernement passe pour être grande, le parlementaire peut jouer un rôle législatif très important en amendant les textes et en faisant reprendre ses propres propositions de loi par le gouvernement. C'est surtout en Europe occidentale que l'habitude de \"pactiser\" a gagné du terrain sous la forme d'importantes procédures parallèles de concertation et de décision ainsi que d'accords de gouvernement, fragiles et intangibles pour des raisons d'équilibre. De ce fait, le parlement risque de n'être plus qu'une machine à ratifier, où la discipline de groupe l'emporte sur la conviction individuelle du parlementaire.

 

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