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Estonie

Publié le 11/04/2013

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estonie
1 PRÉSENTATION

Estonie, en estonien Eesti, pays du nord-est de l’Europe. Sa capitale est Tallinn. L’Estonie appartient à l’Union européenne.

L’Estonie est bordée au nord par le golfe de Finlande, à l’est par la Russie, au sud par la Lettonie et, à l’ouest, par la mer Baltique. L’Estonie possède 1 520 petites îles ; les deux plus vastes, Saaremaa et Hiiumaa, séparent le golfe de Riga de la mer Baltique.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La superficie de l’Estonie est de 45 227 km². C’est un pays de plaines basses et de collines, parsemé de nombreux lacs et cours d’eau. L’altitude moyenne est d’environ 50 m, le point culminant du pays n’atteignant que 318 m. Le littoral rocheux est long d’environ 3 794 km. Les marécages et les lacs couvrent plus de 25 p. 100 du territoire. Les deux lacs les plus importants sont le lac Peïpous sur la frontière orientale et le lac Võrts-Järv dans le centre sud du pays, qui à eux deux représentent près des quatre cinquièmes de la surface lacustre totale.

2.2 Climat

Le climat est de type continental, tempéré par les influences maritimes. Les précipitations sont modérées avec une pluviométrie moyenne annuelle qui varie entre 500 et 700 mm.

2.3 Végétation et faune

Près de la moitié des terres est boisée, principalement par des pins, des bouleaux, des trembles et des sapins. La faune comporte des élans, des cerfs et des sangliers. De nombreuses espèces ont dû être protégées par la législation en raison de leurs faibles effectifs. C’est le cas des castors, des cerfs rouges et des perdrix des saules.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

La population de l’Estonie, estimée à 1 307 605 habitants en 2008, est la plus faible de toutes les républiques de l’ancienne URSS. Le taux de croissance annuelle de la population pour la période 2000-2005 est estimé à -1,14 p. 100. Les Estoniens représentent environ 62 p. 100 de la population. C’est un peuple ethniquement et linguistiquement proche des Finnois.

Les Russes, qui représentent 25,6 p. 100 de la population totale (recensement de 2000), constituent la minorité la plus importante du pays. Les autres minorités sont les Ukrainiens (2,1 p. 100), les Biélorusses (1,3 p. 100), les Finnois (0,9 p. 100) et autres (2,2 p. 100). Avant l’annexion du pays par les Soviétiques en 1940, les Russes ne constituaient que 8,5 p. 100 de la population totale. Ils se sont ensuite installés massivement en Estonie, lorsque le régime communiste a lancé une intense politique d’industrialisation et de brassage ethnique des pays baltes. Le déficit démographique enregistré depuis l’indépendance estonienne en 1991 est dû au départ d’une partie de la population d’origine russe.

En 1992, le gouvernement a restreint les possibilités d’acquisition de la nationalité estonienne, s’inspirant d’une loi de 1939. Selon les lois de 1992, toutes les personnes qui résidaient en Estonie avant 1940 ainsi que leurs descendants se voient attribuer automatiquement la citoyenneté sans distinction ethnique. Les autres habitants doivent demander un permis de séjour de deux ans et passer un examen linguistique. En 1995, une nouvelle loi, plus restrictive, a été adoptée. Les étrangers souhaitant devenir estoniens doivent avoir vécu en Estonie au cours des cinq années précédant leur demande. Ils doivent passer un examen linguistique, justifier de revenus suffisants et prononcer une déclaration d’allégeance au système constitutionnel estonien.

3.2 Découpage administratif et villes principales

L’Estonie est divisée en 15 départements. C’est un pays fortement urbanisé : 70 p. 100 de la population vit dans des zones urbaines et près d’un tiers de la population totale réside à Tallinn (391 000 habitants en 2003). Les autres villes importantes sont Tartu (101 190 habitants), Kohtla-Järve (46 765 habitants) et Pärnu (44 781 habitants). Narva, une ville située dans le quart nord-est du pays, qui comptait 82 000 habitants d’origine essentiellement russe en 1991, ne possédait plus en 2000 que 73 295 habitants.

3.3 Institutions et vie politique
3.3.1 Organisation des pouvoirs

L’actuelle république d’Estonie est présentée comme le successeur légal de la république indépendante du même nom qui a existé de 1918 à 1940. Une nouvelle Constitution, approuvée par référendum le 28 juin 1992, a institué un corps législatif unicaméral, le Riigikogu, dont les 101 membres sont élus au suffrage universel proportionnel à un tour pour un mandat de quatre ans (les formations politiques doivent obtenir un minimum de 5 p. 100 des suffrages exprimés pour être représentées au Parlement). Le président de la République n’est doté que de pouvoirs exécutifs limités. Il est élu par le Parlement pour un mandat de cinq ans. L’Estonie est un État pionnier pour le vote par Internet.

3.3.2 Partis politiques

De nombreux partis politiques ont été fondés avec le retour de la démocratie. Trente-huit formations étaient ainsi en lice lors des élections législatives de 1992. À partir de 1995, trois partis s’imposent : le Parti de la réforme (ER, libéral), le Parti du centre (K, centre gauche) et l’Union pour la patrie (I, chrétien-démocrate), aux côtés du Parti social-démocrate (SDE, social-démocrate) et de l’Union du peuple estonien (ERL, conservateur). En 2003, un nouveau parti, Res Publica (conservateur), triomphe un an après sa création en arrivant en seconde position lors des élections législatives ; son président, Juhan Parts est nommé au poste de Premier ministre (avril 2003-mars 2005). Son successeur, Andrus Ansip, appartient au Parti de la réforme. En 2006, Res Publica et l’Union pour la patrie fusionnent en une Union pour la patrie-Res publica (IRL).

3.3.3 Défense nationale

Les forces de défense estoniennes ont été constituées à partir de l’indépendance en 1991. Outre la Marine, l’Armée de terre et l’Armée de l’air, les forces armées estoniennes comprennent la Ligue de défense, une organisation militaire volontaire. En 2003, les dépenses militaires représentaient 2 p. 100 du PIB.

L’Estonie participe aux missions de l’ONU et de l’OTAN en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, en Afghanistan et en Irak. Plusieurs structures de coopération en matière de défense sont mises en place entre l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Invitée à ouvrir des pourparlers d’adhésion avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 2002, l’Estonie en est devenue membre en mars 2004.

3.4 Langues et religions

L’estonien est une langue finno-ougrienne et non indo-européenne. L’alphabet utilisé est l’alphabet latin. Le russe était la langue officielle de l’Estonie à l’époque où celle-ci constituait une République socialiste soviétique. L’estonien est redevenu langue officielle en 1989.

La religion principale est le luthéranisme. D’autres religions chrétiennes sont également pratiquées dans le pays.

3.5 Éducation

Le système éducatif estonien comprend trois niveaux : l’enseignement de base, l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. La scolarité est obligatoire de 7 à 15 ans. Le certificat d’études secondaires sanctionne la fin des études secondaires qui constituent un cycle de trois ans. L’université de Tartu, la plus ancienne d’Estonie, a été fondée en 1632. Elle a longtemps été le principal foyer de diffusion de la culture estonienne. Au début des années 2000, on dénombre une quarantaine d’établissements d’enseignement supérieur en Estonie. L’enseignement périscolaire, financé par l’État, tient également une place importante dans l’éducation des jeunes Estoniens (sport, musique, art…).

3.6 Arts et vie culturelle

Les Estoniens se définissent comme un « peuple chantant « pour qui la musique tient une place prépondérante. Des festivals de chant rassemblent ainsi régulièrement plusieurs dizaines de milliers de chanteurs et musiciens. Le compositeur estonien le plus célèbre est certainement Arvo Pärt.

La littérature nationale estonienne, forte d’une longue tradition orale, prend son essor au xixe siècle, en réaction à la russification. Ce sont ces récits populaires que rassemble Friedrich Kreutzwald dans une épopée nationale, le Fils de Kalev (1857-1861). La période réaliste est incarnée par Juhan Liiv (1864-1913) et Eduard Vilde (1865-1933). Au moment de l’indépendance en 1918, la vie littéraire connaît un rapide développement. Anton Tammsaare (1878-1940) en est le plus illustre représentant. Après 1944 et l’occupation soviétique, de nombreux écrivains choisissent l’exil, notamment en Suède, mais la littérature estonienne manifeste à nouveau sa vitalité depuis l’indépendance retrouvée en 1991, à la suite notamment de Jaan Kross.

Deux théâtres sont particulièrement renommés : le théâtre Estonia à Tallinn et le théâtre Vanemuine à Tartu, tous deux fondés à la fin du xixe siècle. Le genre cinématographique est surtout illustré par les films d’animation. Quant à l’artisanat populaire, il met en avant le travail du bois.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

En 2006, le produit intérieur brut (PIB) s’élevait à 16,4 milliards de dollars, soit un revenu annuel moyen de 12 225,10 dollars par habitant. L’Estonie a mis en place dès l’indépendance une vigoureuse politique de réformes et de privatisations, qui a rapidement produit ses effets. Elle a renoué dès 1995 avec une croissance positive (qui a même atteint 10,9 p. 100 en 1997 contre - 5,1 p. 100 sur la période 1989-1996), tandis que l’inflation était en forte baisse (12,5 p. 100 en 1997 contre près de 30 p. 100 en 1995 et près de 1000 p. 100 en 1992). En 1997, l’Estonie est le seul des trois États baltes invités par l’Union européenne à ouvrir des négociations d’adhésion à moyen terme.

Si les contrecoups de la crise financière russe de l’été 1998 se font sentir en 1999, la croissance dépasse à partir de cette date les 6 p. 100 par an, tandis que l’inflation est ramenée à moins de 4 p. 100. L’Estonie apparaît aujourd’hui comme l’un des pays les plus développés du point de vue économique parmi les pays connaissant la transition entre économie socialiste et économie de marché. Elle rejoint l’UE le 1er mai 2004, à l’instar de 9 autres pays, dont la Lituanie et la Lettonie. Devant faire face à un risque de surchauffe (11,5 p. 100 de croissance en 2006), elle ne peut rejoindre la zone euro dès 2007 en raison de son taux d’inflation trop élevé, ce qui apparaît comme une application particulièrement sévère des critères de Maastricht.

4.2 Agriculture, forêts, pêche

L’agriculture employait 5,3 p. 100 de la population active et représentait 3,2 p. 100 du PIB en 2006. Les surfaces boisées représentent 50 p. 100 de la superficie totale du pays, soit 2,28 millions d’hectares. La sylviculture est un secteur développé avec une production en 2006 de 5,8 millions de m3. Les élevages d’ovins (49 600 têtes) et de porcins (346 500 têtes) et les activités laitières sont les principaux secteurs d’activité. Les cultures les plus importantes sont le blé (219 590 t), l’orge (302 699 t), le seigle (17 830 t), la pomme de terre (152 632 t), l’avoine et le lin.

Le secteur de la pêche est très développé en Estonie. Les principales espèces capturées sont le hareng, le sprat, la morue, le merlan bleu, le sébaste du large, le maquereau de l’Atlantique, le chinchard et la crevette. En 2005, la production s’élevait à 100 136 t de poissons pêchés en mer Baltique et dans l’Atlantique Nord.

4.3 Mines et industrie

L’industrie, principal secteur d’activité de l’Estonie jusqu’en 1991, a connu d’importantes restructurations et concourt moins que par le passé à l’élaboration du PIB. La perturbation des échanges commerciaux avec les anciennes républiques soviétiques a ainsi conduit à une diminution de 30 p. 100 de la production industrielle dès 1992. Les grosses unités de production de l’époque soviétique ont été divisées en petites entreprises puis elles ont été privatisées.

L’industrie employait 34 p. 100 des actifs et contribuait à 29,10 p. 100 du PIB en 2006. La mécanique et la métallurgie figurent parmi les industries les plus importantes, de même que l’extraction du schiste bitumineux utilisé pour la production de gaz de synthèse et de produits chimiques. Les autres secteurs sont le ciment, les textiles (coton, lin et laine), les pièces pour automobiles et les articles en cuir. Le pays compte également des industries du bois : production de papier, de bois d’œuvre, de contreplaqué et de meubles. L’industrie de la pêche estonienne se situait en 1998 à la deuxième place parmi les pays candidats à l’élargissement de l’Union européenne (UE).

4.4 Secteur tertiaire

Le secteur des services employait 60,7 p. 100 de la population active et contribuait à près de 67,8 p. 100 du PIB en 2006.

L’Estonie a été la première des anciennes républiques soviétiques à créer sa propre monnaie, la kroon, couronne estonienne (divisible en 100 senti), mise en circulation en 1992. Elle est depuis 2002 à parité fixe avec l’euro.

4.5 Commerce extérieur

Depuis l’indépendance, le pays a fortement développé ses relations commerciales avec les pays occidentaux sur un mode extrêmement libéral. Jusqu’en 1991, plus de 90 p. 100 du commerce extérieur de l’Estonie s’effectuait avec l’Union soviétique et ses satellites. Le gouvernement estonien a tenté d’emblée de resserrer ses liens avec les pays occidentaux : en septembre 1993, un accord de libre-échange avec la Lettonie et la Lituanie supprimant les taxes douanières et unifiant les réglementations douanières et les attributions de visas à été signé ; dès 1996, plus de 60 p. 100 de l’activité commerciale s’exerçait avec les pays de l’Union européenne, au premier rang desquels la Finlande, la Suède et l’Allemagne. En décembre 2006, l’Estonie est devenu le premier État balte à ne plus dépendre de la Russie pour son approvisionnement énergétique grâce à la mise en place d’un câble sous-marin électrique à très haute tension qui la relie à la Finlande.

L’Estonie est désormais le pays d’Europe centrale et orientale qui attire le plus d’investissements étrangers, mais sa balance commerciale reste déficitaire. Par ailleurs, le secteur du tourisme se développe rapidement puisque chaque année l’Estonie accueille deux fois plus de visiteurs qu’elle n’a d’habitants. La compagnie aérienne nationale est Estonian Air.

5 HISTOIRE
5.1 Des origines à la domination suédoise

L’existence des Estes, tribus organisées en petits États vaguement fédérés, est mentionnée pour la première fois par Tacite au ier siècle apr. J.-C. Dès le ixe siècle, le pays est visité par les Varègues (Suédois) et les Danois, qui introduisent le christianisme. Le roi Waldemar II de Danemark envahit le nord de l’Estonie, fonde la ville de Tallinn en construisant le château de Tallinn-Reval en 1219 et le siège de l’évêché de Reval. En 1224, le pays est partagé entre les Danois et l’ordre militaro-religieux germanique des chevaliers Porte-Glaive. En 1242, la pénétration des ordres militaires germaniques est stoppée par Alexandre Nevski et les frontières de l’Estonie à l’est sont pratiquement fixées à ce moment précis. À la suite d’une révolte paysanne en 1343-1345, les rois danois doivent céder leurs territoires du nord de l’Estonie à l’ordre militaire et religieux germanique des chevaliers Teutoniques qui contrôle déjà le sud de la région, la Livonie. Les chevaliers et la Ligue hanséatique, qui ont fondé des comptoirs commerciaux le long de la côte, dominent le pays jusqu’en 1561, année de la dissolution de l’ordre. Tallinn et la noblesse du nord de l’Estonie passent alors sous la protection de la Couronne suédoise, la Pologne contrôlant temporairement le sud du pays, dont Tartu.

En 1645, la totalité de l’Estonie passe aux mains des Suédois, qui ont fondé en 1632 l’université de Tartu et renforcé le luthéranisme. Au cours des années 1670 et 1680, la Suède réalise des réformes qui améliorent le sort du peuple mais irritent la noblesse.

5.2 De l’autorité russe à l’indépendance de 1918

L’Estonie est occupée par la Russie en 1710, au cours de la guerre du Nord, et cédée par la Suède en 1721 selon les termes de la paix de Nystad. Le tsar Pierre le Grand restaure les anciens privilèges de la noblesse. Entre 1816 et 1819, le tsar Alexandre Ier abolit le servage en Estonie : à partir du milieu du xixe siècle, les paysans ont le droit de posséder des terres et le système du travail forcé est supprimé. Parallèlement, la conscience nationale estonienne commence à s’éveiller face à la politique de russification menée par Alexandre III. De violents mouvements coopératifs apparaissent et se répandent après la révolution russe de 1905 à la suite de la guerre russo-japonaise.

Après la révolution russe, le gouvernement provisoire accorde l’indépendance aux Estoniens le 17 avril 1917. Cependant, au cours de la guerre civile qui suit la révolution, les bolcheviks envahissent à nouveau l’Estonie. Ils sont chassés par les Allemands et, le 24 février 1918, l’indépendance est proclamée. Lénine cède les pays baltes à l’Allemagne lors du traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918), mais l’indépendance est à nouveau proclamée après la capitulation des Allemands le 11 novembre 1918. Un traité de paix est finalement signé entre la Russie et l’Estonie le 2 février 1920 (traité de Tartu) : la Russie abandonne toutes ses revendications sur le pays. Par la suite, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, l’Allemagne et les États-Unis notamment reconnaissent officiellement l’Estonie, qui devient membre de la Société des Nations (SDN) en 1921. En décembre 1920, une Constitution instaurant un régime parlementaire est adoptée. Mais en mars 1934, Konstantin Päts, président de l’Assemblée nationale, met fin à la démocratie et instaure une dictature.

5.3 L’Estonie soviétique

En juin 1940, en application du pacte germano-soviétique, les forces soviétiques occupent l’Estonie et les autres États baltes, la Lettonie et la Lituanie. Des élections au cours desquelles seuls les candidats soutenus par les Soviétiques peuvent se présenter sont organisées. L’Estonie devient une république de l’URSS le 6 août 1940. En juin 1941, la Wehrmacht envahit le territoire estonien ; l’occupation militaire allemande ne prend fin qu’en septembre 1944, avec le retour des troupes soviétiques. Plus de 60 000 Estoniens s’enfuient en Suède ou en Allemagne pour échapper au retour du pouvoir communiste qui dirige le pays pendant quarante-cinq ans. Le russe devient langue officielle et un important flux migratoire entre la Russie et l’Estonie se met en place. De nombreux Estoniens sont déportés en Sibérie.

5.4 L’indépendance retrouvée en 1991
5.4.1 Les années de transition

Avec la Lettonie et la Lituanie, l’Estonie est l’une des premières républiques soviétiques à évoluer vers l’indépendance à la fin des années 1980, encouragée par les réformes politiques qu’impulse Mikhaïl Gorbatchev au même moment en URSS. En novembre 1988, le Soviet suprême estonien proclame la souveraineté du pays. L’estonien redevient la langue officielle l’année suivante. Mais la montée en puissance des mouvements nationalistes suscite à partir de 1990 une vive opposition de la part de l’État soviétique. En mars 1991, un référendum sur l’indépendance organisé par les nationalistes obtient 75 p. 100 de votes favorables, mais celle-ci ne devient effective qu’au mois de septembre suivant après l’échec du putsch contre Mikhaïl Gorbatchev (août 1991) et peu avant l’effondrement de l’URSS (décembre 1991). L’Estonie, à l’instar des autres républiques baltes, est aussitôt admise à siéger à l’Organisation des Nations unies (ONU).

Une nouvelle Constitution, démocratique, est adoptée en juin 1992. Au mois d’octobre suivant, Lennart Meri, ancien ministre des Affaires étrangères, favorable à une libéralisation rapide de l’économie, est élu par le Parlement à la présidence de la République. L’Estonie devient membre du Conseil de l’Europe en 1993. En février 1994, elle signe l’accord de partenariat pour la paix, coopération militaire limitée avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). En application des accords d’indépendance et de cet accord de partenariat, les forces armées russes retirent leurs dernières troupes stationnées dans le pays en août 1994. Mais la frontière orientale demeure un sujet de discorde entre l’Estonie et la Russie. Les Estoniens demandent la restitution de 5 p. 100 de leur territoire annexé par la république socialiste soviétique de Russie (RSS) en 1945, avant de se résigner ultérieurement à ne pas les récupérer.

En avril 1995, l’Estonie signe un accord d’association avec l’Union européenne (UE), marquant ainsi son souhait d’intégrer le plus rapidement possible l’organisation communautaire.

Les élections générales de mars 1995 donnent la victoire à l’alliance de centre gauche unissant l’Union pour la patrie avec l’Union du peuple rural et le Parti du centre. Le gouvernement ultra-libéral sortant est rejeté dans l’opposition par les Estoniens qui considèrent que la transition économique se fait à trop vive allure. Tiit Vähi, chef du gouvernement en 1992, succède à Andres Tarand au poste de Premier ministre. Lennart Mari est réélu président de la République en septembre 1996. En mars 1997, le Premier ministre Tiit Vähi est remplacé par Mart Siiman, qui accentue les réformes libérales. Les résultats économiques sont spectaculaires — croissance positive à compter de 1995, chute de l’inflation et augmentation du salaire minimum de 25 p. 100.

5.4.2 Le plus occidental des États baltes

Le Parlement estonien abolit la peine de mort en 1998, ce qui rapproche un peu plus le pays des conditions exigées pour adhérer à l’Union européenne. En 1997, au sommet de Luxembourg, l’Estonie a en effet été retenue parmi les six candidats « prioritaires « à l’entrée dans l’UE, et elle est le seul des trois États baltes dans ce cas.

Aux élections législatives de mars 1999, la coalition de centre-droit, qui rassemble trois partis favorables à la poursuite des réformes, obtient la majorité absolue avec 53 sièges, et Mart Laar devient Premier ministre. Mais en septembre 2001, le candidat du gouvernement de centre-droit à la présidence de la République est battu par Arnold Rüütel, ancien communiste et principale figure de l’accession à l’indépendance en 1991. En outre, les dissensions au sein de la coalition au pouvoir, qui mène une politique ultra-libérale, au sujet notamment de l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN, conduisent à la démission du Premier ministre en janvier 2002. Il est remplacé par le ministre des Finances sortant, Siim Kallas, qui forme un gouvernement réunissant le Parti de la réforme et le Parti du centre. Sa priorité reste l’intégration de son pays à l’UE et à l’OTAN. Or, au sommet de Prague en novembre 2002, l’Estonie est invitée à engager des pourparlers d’adhésion à l’OTAN, à échéance 2004, et lors du Conseil européen de Copenhague de décembre 2002, elle fait partie des dix pays désignés pour rejoindre l’UE en 2004.

Lors des élections législatives de mars 2003, un nouveau parti fait une percée surprise sur la scène politique : Res Publica (centre-droit, 24,6 p. 100 des voix et 28 députés) fait jeu égal avec le Parti du centre (25,4 p. 100 des voix et 28 députés), devant le Parti de la réforme (17,7 p. 100 des voix et 19 députés) et l’Union du peuple estonien (13 p. 100 des voix et 13 députés). Un gouvernement de coalition de centre-droit est formé par le leader de Res Publica, Juhan Parts, avec le Parti de la réforme et l’Union populaire. Mais l’instabilité gouvernementale, à l’œuvre depuis l’indépendance en 1991, perdure (le pays a connu douze gouvernements depuis cette date, aucun n’étant parvenu au terme de la législature), motivée par des désaccords internes. Juhan Parts présente sa démission en mars 2005 à la suite du vote d’une motion de censure contre le ministre de la Justice, auteur d’un projet de lutte contre la corruption controversé. Andrus Ansip (Parti de la réforme) lui succède. Il dirige un gouvernement de coalition avec le Parti du centre et l’Union du peuple. À la suite des trois échecs successifs du Parlement estonien pour élire le président de la République, faute de majorité, Toomas Hendrik Ilves (Parti social-démocrate) est élu à la magistrature suprême par le Collège électoral en septembre 2006, face au président sortant Arnold Rüütel. Ancien ministre des Affaires étrangères (1996-1998 et 1999-2002) et député européen, âgé de 52 ans, il a passé la majeure partie de sa vie hors d’Estonie, aux États-Unis notamment.

Les élections de mars 2007 sont placées sous le signe de la continuité, puisqu’elles sont remportées par le Parti de la réforme du Premier ministre sortant Andrus Ansip qui recueille 27,8 p. 100 des suffrages (+ 10 points par rapport à 2003, 31 sièges) suivi par son partenaire au gouvernement, le Parti du centre (26,1 p. 100 des suffrages et 29 députés). L’opposition incarnée par l’Union pour la patrie — Res publica est en net recul (17,9 p. 100 des suffrages, soit – 14 points, et 16 sièges). Dans un pays leader pour le vote électronique, mais où la participation électorale est traditionnellement faible, ce scrutin marque la première élection législative mondiale où le vote peut se faire par Internet. Au printemps 2007, l’Estonie connaît une vive tension – deux nuits d’émeute opposent la minorité russophone aux forces de l’ordre – à la suite de la décision des autorités de déplacer la statue en bronze d’un soldat soviétique, monument de l’Armée rouge situé au centre de Tallinn.

5.5 L’adhésion à l’Union européenne

Le 16 avril 2003, le traité d’adhésion des dix nouveaux pays membres de l’Union européenne est officiellement signé à Athènes. Le 14 septembre suivant se déroule le référendum sur l’adhésion de l’Estonie à l’Union européenne afin d’entériner ce processus. Longtemps réputés être les plus eurosceptiques, les Estoniens sont finalement 63 p. 100 à prendre part au vote et 67 p. 100 à répondre « oui «. L’adhésion de l’Estonie à l’OTAN est effective le 29 mars 2004 et celle à l’Union européenne le 1er mai 2004. Pour célébrer cet événement, les Estoniens plantent un million d’arbres dans leur pays.

Le 13 juin 2004, les Estoniens participent à l’élection du Parlement européen où ils disposent de 6 sièges. De manière inattendue, le scrutin est marqué par une très faible participation (26,7 p. 100), mais aussi par la défaite des partis de la coalition de centre-droit au pouvoir, qui ne remporte qu’un siège. La victoire revient au Parti social-démocrate (SDE), pro-européen : emmené par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Toomas Hendrik Ilves, il obtient 36,80 p. 100 des suffrages (3 sièges), alors qu’il ne dispose que de 6 députés sur 101 au Parlement national.

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