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Evolution de la poésie au XIX et au XXème siècles

Publié le 19/09/2010

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     I. Les mouvements marquants

 

   1) Le XIXème : du romantisme au symbolisme

 

    « Esclave, il sent un cœur né pour la liberté «

                                                                                                           Lamartine, Méditations poétiques

 

    • Le Romantisme 

 

   C’est dans la poésie personnelle que la génération des années 1820-1850, marquée par l’écroulement des espoirs nés avec la Révolution, va trouver son domaine d’élection. Le malaise profond ressentit par ces écrivains s’exprime sous des formes diverses, exaltation enthousiaste ou repli douloureux sur soi, alternance de pessimisme et d’espoir. Dans tous le cas, la primauté accordée au Moi et à son analyse, prend la forme d’un lyrisme de la passion ou de la plainte. Réagissant contre le rationalisme du siècle des Lumières, l’époque romantique affirme la valeur de l’imagination et de la sensibilité. L’émotion est considérée comme l’élément essentiel de la vie. La rêverie, souvent associée à la mélancolie par l’abandon qu’elle implique, devient le mode d’expression habituelle du sentiment d’insatisfaction et d’inadaptation des romantiques.

Le « culte du moi « est l’expression usitée pour désigner l’attention extrême portée par les écrivains romantiques aux soubresauts de leur intériorité. Il ne faut cependant pas y voir la définition d’un simple narcissisme égotique. Par leur poésie et leur capacité d’observation et d’expression des sentiments, les poètes sont les porte-paroles des hommes parce qu’ils savent trouver les mots qui pourront traduire avec exactitude le caractère individuel de chaque expérience, qui est avant tout expérience humaine, et donc commune. Les vérités profondes auxquels seuls le poète accède, il veut les partager avec « le peuple «. Parce qu’il est en quelque sorte « un voyant « et « un prophète «, ou encore « un génie «, il a une fonction sociale et politique éminente.

 

Les thèmes de prédilection de la poésie romantique sont :

 

    ✓ L’amour, avec tout ce qu’il peut comporter d’amertume et de désillusion ;

    ✓ la nature, puissance universelle et maîtresse dans laquelle le poète insatisfait du monde social et se sentant bien souvent rejeté par lui trouve un refuge ;

    ✓ le monde des rêves, force créatrice qui peut s’exprimer dans des visions hallucinées (Hugo, Vigny), dans l’imaginaire fantastique (Gautier, Balzac, Nodier), ou dans l’exotisme rêvé (Chateaubriand). La nuit devient un élément de prédilection de la littérature romantique.

 

    • Le Parnasse

 

   A partir des années 1860 s’amorce le déclin du romantisme, auquel succède une nouvelle génération de poètes nommée le Parnasse, en référence au Mont Parnasse de la Grèce, lieu traditionnel de réunion des poètes. Profondément déçus par l’échec des aspirations révolutionnaires et démocratiques, ils veulent sortir l’art de l’arène du politique et refusent l’engagement  propre aux romantiques. L’un de leurs principaux inspirateurs, Théophile Gautier (auquel Baudelaire dédiera ses Fleurs du Mal) fonde la doctrine de l’Art pour l’Art, prônant une poésie qui n’ait pour finalité qu’elle-même, sans épanchement lyrique, et se caractérisant par le simple culte de la beauté et de la forme.

 

     a) Le culte du travail :

 

Pour les Parnassiens, la poésie est un art ; elle réclame l’apprentissage d’une technique et l’exigence de l’effort. Le poète, souvent comparé à un sculpteur, doit transformer une matière difficile, le langage, en beauté, grâce à un patient labeur. Ce qui prime, ce n’est donc pas l’inspiration, mais le travail sur la forme.

 

     b) La religion du Beau

 

Grâce à la perfection formelle permise par le travail, peut être approché l’idéal parnassien : l’irréprochable beauté. Les poètes parnassiens cherchent l’équilibre des formes. La poésie n’est pas un divertissement, elle vise à atteindre les sommets de l’art. Elle est ainsi destinée à une élite cultivée, seule susceptible de la recevoir et de la comprendre.La fréquentation de la beauté crée une aristocratie du goût qui, détournée des réalités triviales du monde, suppose un mépris du bourgeois et de la société. Indifférent à l’argent, à la politique et aux progrès scientifiques, le poète parnassien voue un culte à l’art pur, fondé sur l’érudition et la maîtrise technique.

     c) Le refus du lyrisme

La poésie parnassienne se veut « impassible « ; ce n’est pas le lieu de l’épanchement des sentiments et des états d’âme du poète (contrairement à la poésie romantique) ; elle rejette les excès de la sensibilité. De là une poésie neutre, distanciée, nourrie d’exotisme ou du froid héritage de la mythologie (voir par exemple le « Prologue « des Poèmes saturniens).

Outre Théophile Gautier, les figures marquante de ce mouvement sont

Théodore de Banville, Leconte de Lisle, et au départ Baudelaire, Mallarmé et Verlaine.

    • Le symbolisme

Dès 1866, Baudelaire, Mallarmé et Verlaine s’éloignent progressivement et inventent un nouveau lyrisme qui retranscrit une nouvelle manière de percevoir et d’exprimer le monde : Entre l’univers visible et invisible existent des liens secrets que seul l’âme du poète est capable de saisir, et qu’il exprime au moyens de symboles qui font de la nature un réseau de correspondances (cf le poème de Baudelaire) et du paysage un miroir de l’intériorité du poète.  Les poètes symbolistes essaient d’atteindre une réalité transcendante et cherchent à saisir l’idéal comme l’ont tenté Baudelaire ou Rimbaud. Ils espèrent trouver la clé d’un univers spirituel. Leur poésie, qui devait ainsi suggérer plutôt que décrire, fera usage de mots rares, de métaphores raffinées et de vers impairs. Les poètes symbolistes deviendront de véritables « esthéticiens « littéraires accordant une grande place au travail formel. Ils privilégieront le rêve, le mystère, et s’attacheront à la musique du vers qui pénètre la sensibilité du lecteur.

 

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