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Faulkner, William - écrivain.

Publié le 29/04/2013

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Faulkner, William - écrivain. 1 PRÉSENTATION Faulkner, William (1897-1962), romancier et scénariste américain, figure majeure de la littérature américaine contemporaine. 2 « IL ÉCRIVIT SES LIVRES ET MOURUT « C'est ainsi que William Faulkner aurait souhaité que l'on rendît compte de son existence. Né à New Albany, dans le Mississippi, il fait cependant quelques détours avant de terminer sa vie non loin de là, à Oxford, capitale du comté de Lafayette en 1962. Aîné de quatre garçons, il renonce rapidement aux études, s'essaie à divers métiers, s'engage comme élève officier dans l'aviation canadienne en 1918 (trop tard pour participer à la guerre, qui, à défaut, devient un sujet de création), avant de publier l'année suivante son premier poème, « L'Après-midi d'un faune « (sic), influencé par son admiration pour les symbolistes français. 2.1 « Poète raté «, romancier de génie Plus tard, William Faulkner subvient à ses besoins en exerçant à nouveau des emplois variés, se dit « poète raté « et se tourne vers la fiction : il écrit des nouvelles, genre selon lui encore proche de la poésie, et son premier roman, Monnaie de singe, paraît en 1926 -- le titre original, Soldier's Pay, rend plus explicite le thème du retour difficile du militaire démobilisé. S'ensuit, à partir de 1927, la série des ouvrages dont l'action se situe dans le comté de Yoknapatawpha, de Sartoris (1927) et le Bruit et la Fureur (The Sound and the Fury, 1929) jusqu'aux Larrons (The Reivers, 1962) et à l'oeuvre posthume Étendards dans la poussière (Flags in the Dust, 1973), en passant par Tandis que j'agonise (As I Lay Dying, 1930), Sanctuaire (Sanctuary, 1931) ou Requiem pour une nonne (Requiem for a Nun, 1951). Parallèlement à ses activités littéraires, Faulkner gagne de l'argent comme scénariste à Hollywood, aux côtés notamment de Howard Hawks (le Port de l'angoisse ; le Grand Sommeil). Reconnu en France dès les années trente -- Sartre ou Malraux lui rendent hommage --, l'écrivain n'intéresse que peu le grand public américain avant la fin de la décennie suivante. 2.2 Une esthétique moderniste S'il est resté longtemps méconnu de ses contemporains, c'est peut-être, du moins pour partie, parce que son oeuvre ne présente pas un abord facile et requiert des efforts de la part du lecteur -- la collaboration de son intelligence, selon Joyce. Faulkner emploie en effet de nombreuses innovations stylistiques caractéristiques d'une esthétique moderniste : dans une prose tumultueuse et aux effets variés (qui passe du tragique de Parabole (A Fable, 1954), par exemple, au comique, ainsi dans le Hameau (The Hamlet, 1940)), il recourt au monologue intérieur, à l'effacement de la subjectivité, à « l'exorcisme de toute exigence de réalisme « (Huyssen). 3 DE LA MISE EN FICTION DE LA RÉALITÉ À LA RECRÉATION D'UN MONDE 3.1 Yoknapatawpha : du micro- au macrocosme « J'ai découvert que mon propre petit timbre-poste de terre natale valait la peine de l'écriture, que je ne vivrais jamais assez longtemps pour l'épuiser [...] ; c'est ainsi que je me suis créé un univers bien à moi. « Cet espace microcosmique, c'est le comté de Yoknapatawpha, lieu mythique dont l'arpentage s'étend sur quinze des dix-neuf romans publiés du vivant de Faulkner. Ce comté correspond sans nul doute à celui de Lafayette. L'oeuvre littéraire ne se limite cependant pas à une simple transposition, à la seule mise en fiction de la réalité : quelle que soit, au final, l'importance du lieu, de son ancrage précis (et on ne saurait la minimiser, dans la mesure où c'est dans la géographie, dans la terre ancestrale, plutôt que dans l'histoire de la défaite, que peut se forger et surtout s'assumer l'identité sudiste), le romancier (re)crée tout un monde, à partir de là, macrocosme universel et intemporel. 3.2 Le retour des personnages Faulkner dessine une carte de Yoknapatawpha dans Absalon ! Absalon ! (Absalom! Absalom!, 1936) et précise à cette occasion la composition de la population vivant dans le comté. D'un roman à l'autre, on retrouve les mêmes protagonistes, parmi lesquels se détachent quelques membres des familles Sartoris, Compson, Sutpen et Snopes. Cette population mêle des personnages de toutes provenances, leurs origines étant explicitées dans le cas des Blancs et des Indiens, non dans celui des Noirs. 4 LES RELATIONS INTERETHNIQUES DANS L'OEUVRE FAULKNÉRIENNE 4.1 Les Noirs, victimes expiatoires du péché originel des Blancs Faulkner paraît en effet avoir dévolu aux Noirs (qu'il s'agisse de Dilsey dans le Bruit et la Fureur, de Lucas dans l'Intrus (Intruder in the Dust, 1948), de Nancy Mannigoe dans Requiem pour une nonne) un rôle particulier, tragique, dans la poétique de son oeuvre : ceux-ci semblent se trouver là pour servir de victimes expiatoires au péché originel des Blancs. Sans racines propres, sans histoire ni devenir, ils ne sont pas placés en position d'acteurs, mais subissent les événements, indépendamment de leur identité individuelle ou collective. C'est, d'une manière particulière mais paroxystique, le cas de Joe Christmas dans Lumière d'août (Light in August, 1932) : son existence, en tant que Noir, dépend d'éléments extérieurs. En fait, à des degrés divers, aucun personnage ne peut maîtriser son avenir : la prédestination domine les groupes comme les individus, les obligeant à affronter indéfiniment leur passé ; c'est en quelque sorte le règne du temps, qui s'infiltre dans tous les espaces. 4.2 Des personnages rattrapés par le temps En dépit de cette logique puissamment fantasmatique du sacrifice, la malédiction qui frappe le Sud, condamnation née de l'esclavage (ou, éventuellement, des exactions commises contre les Indiens, comme le suggère la nouvelle The Bear), ne semble cependant pas pouvoir être surmontée. Les personnages fictifs ont beau tenter de réécrire l'histoire, au propre (Ringo et Bayard Sartoris qui, dans l'Invaincu (The Unvanquished, 1938), s'apprêtent à rejouer avec des morceaux de bois le siège de Vicksburg) comme au figuré, ils sont rattrapés par le temps. Du moins les vertus d'endurance et de résistance prêtées aux Noirs permettent-elles peut-être d'accepter cet état de disgrâce. 4.3 Reconnaissance tardive Mais cette place que le romancier leur assigne dans son oeuvre ne se retrouve pas nécessairement dans la réalité, à une époque où les descendants des esclaves inscrivent la quête de leurs origines parmi leurs revendications et cherchent un sens à leur histoire. Ainsi, même lorsque Faulkner s'engage à titre personnel en faveur des Noirs -- contre l'avis des autres Blancs de sa région --, il se trouve en tant qu'écrivain comme débordé par leur mouvement. La reconnaissance tardive de Faulkner aux États-Unis n'est peut-être pas terminée : selon Édouard Glissant, en effet, si les Noirs américains hésitent encore à « intégrer cette oeuvre à leur devenir « et à en faire la « critique interne «, c'est l'ensemble de leurs concitoyens qui n'a toujours pas reconnu « le plus grand écrivain de ce siècle pour ce qu'il est «, tous les Américains qui ne l'ont pas admis « comme réellement un des leurs «. William Faulkner a obtenu le prix Nobel de littérature en 1949 et le prix Pulitzer en 1954 et 1962. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« En dépit de cette logique puissamment fantasmatique du sacrifice, la malédiction qui frappe le Sud, condamnation née de l’esclavage (ou, éventuellement, des exactions commises contre les Indiens, comme le suggère la nouvelle The Bear ), ne semble cependant pas pouvoir être surmontée.

Les personnages fictifs ont beau tenter de réécrire l’histoire, au propre (Ringo et Bayard Sartoris qui, dans l’Invaincu (The Unvanquished, 1938), s’apprêtent à rejouer avec des morceaux de bois le siège de Vicksburg) comme au figuré, ils sont rattrapés par le temps.

Du moins les vertus d’endurance et de résistance prêtées aux Noirs permettent-elles peut-être d’accepter cet état de disgrâce. 4. 3 Reconnaissance tardive Mais cette place que le romancier leur assigne dans son œuvre ne se retrouve pas nécessairement dans la réalité, à une époque où les descendants des esclaves inscrivent la quête de leurs origines parmi leurs revendications et cherchent un sens à leur histoire.

Ainsi, même lorsque Faulkner s’engage à titre personnel en faveur des Noirs — contre l’avis des autres Blancs de sa région —, il se trouve en tant qu’écrivain comme débordé par leur mouvement. La reconnaissance tardive de Faulkner aux États-Unis n’est peut-être pas terminée : selon Édouard Glissant, en effet, si les Noirs américains hésitent encore à « intégrer cette œuvre à leur devenir » et à en faire la « critique interne », c’est l’ensemble de leurs concitoyens qui n’a toujours pas reconnu « le plus grand écrivain de ce siècle pour ce qu’il est », tous les Américains qui ne l’ont pas admis « comme réellement un des leurs ». William Faulkner a obtenu le prix Nobel de littérature en 1949 et le prix Pulitzer en 1954 et 1962. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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