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Flaubert

Publié le 23/10/2014

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Le peuple entonne une Marseillaise, « retenti[ssante] » aux Tuileries, , chant guerrier qui rythme leur monstrueux écoulement. Pourtant Flaubert ironise sur la « joie frénétique » des émeutiers congestionnés, suant « à larges gouttes », malpropres, saccageant des oeuvres d'art, se comportant de manière « stupide » comme dans un jeu de massacre forain. Il condamne les débordements d'un troupeau sauvage ou de grands enfants irresponsables. Gustave Flaubert, dans L'Éducation sentimentale, évoque le saccage des Tuileries au cours de la Révolution de 1848 qui instaura la IIe République Flaubert utilise l'image du mascaret à l'« impulsion irrésistible », aux « flots vertigineux » des individus mêlés en une « masse grouillante » indistincte et effrayante Dans son roman « L'Education sentimentale », Gustave Flaubert nous propose une vision beaucoup plus ironique, satirique et moqueuse. Le peuple nous est présenté comme une masse de brutes sans cervelle et de malotrus. Tout est vu et donc décrit du haut d'une balustrade (« Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe » ligne 1). Flaubert nous propose une description panoramique (focalisation interne, puisque tous les événements sont aperçus par ces deux personnages du roman) d'un ensemble de personnes qui ne sont pas différenciées ou identifiées. L'auteur évoque un épisode de la prise du palais des Tuileries, résidence des rois Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XVI et Louis XVIII (soit, le 24 février 1848, et le lendemain, après la fuite précipitée du roi Louis-Philippe, la II° République est proclamée par le Gouvernement Provisoire). Les barricades se multiplient dans les quartiers populaires de Paris, les classes laborieuses prennent d'assaut les bâtiments des Tuileries, chassent la famille royale et pillent les appartements. Le peuple est comparé explicitement à « un fleuve refoulé par une marée d'équinoxe » (ligne 5). Flaubert insiste sur les pulsions destructrices des protagonistes : ces derniers saccagent sans retenue tout ce qu'il y a de plus précieux dans les appartements royaux. Hussonet, l'ami de Frédéric Moreau, évoque avec mépris les odeurs nauséabondes (« Les héros ne sentent pas bon ! » » l. 12). Il parle de cet épisode révolutionnaire avec un souverain mépris : « Quel mythe ! (...) Voici le peuple souverain !» (ligne 18). Les insurgés passent pour des brutes insensibles à l'art. L'un des protagonistes, un « prolétaire à barbe noire », s'assoit sur le trône montrant un « air hilare et stupide comme un magot » (ligne 16). Le fauteuil royal finira par être jeté par la fenêtre pour être brûlé plus loin, place de la Bastille. La foule est ici assimilée par les observateurs (Hussonet et Frédéric, personnages intradiégétiques) à une canaillerie abominable, à une « masse grouillante » de mendigots, de gougnafiers sans foi ni loi et de filles de petite vertu (« la canaille s'affubla ironiquement de dentelles et cachemires » - ligne 29 - « des rubans de la Légion d'honneur firent des ceintures aux prostituées » -ligne 32). La vision du peuple est très négative, dévalorisante : elle discrédite les idéaux du mouvement républicain. INTRODUCTION I. UN SPECTACLE ANCRE DANS UNE REALITE HISTORIQUE QUI REVET DES ACCENTS EPIQUES II. UNE FOULE EN MOUVEMENT, MUEE PAR UNE ENERGIE IMPERSONNELLE ET AMBIVALENTE, (...)III. (...) FACE A L'IMMOBILISME DE FREDERIC ET HUSSONNET, PERSONNAGES DAVANTAGE SPECTATEURS QU'ACTEURS DE LEUR DESTINEEIntroduction:Tenu aujourd'hui pour un véritable chef d'oeuvre de la littérature française, l'Éducation sentimentale de Flaubert essuya, au moment de sa parution (1869), les sarcasmes unanimes de la critique avant de disparaître dans le naufrage du Second Empire. Ce roman d'amour auquel il a intégré une vaste fresque historique, raconte l'histoire d'un jeune homme, Frédéric Moreau, qui combine à lui seul enthousiasmes de le jeunesse romantique et ambitions sociales. Alors que se déclenche la révolution de 1848, il séduit tour à tour la lorette Rosanette et l'aristocrate Mme Dambreuse, mais ne peut atteindre sa véritable passion, Mme Arnoux, rencontrée dès le début du roman sous la forme d'un véritable coup de foudre. Grâce à l'interaction entre histoire privée et Histoire publique, Flaubert fait dans son roman le procès d'une génération manquée. L'extrait que nous avons à commenter se situe dans le premier chapitre de la troisième partie. Frédéric, attiré par les bruits des fusillades, s'est rendu dans les rues de Paris et, poussé par la foule, assiste au sac des tuileries, d'où le roi Louis-Philippe vient de s'enfuir. On peut dès lors se demander si l'Histoire en tant que spectacle n'est pas le reflet d'une épopée impossible où Frédéric de par son immobilisme acquiert le statut d'anti-héros. Nous nous attacherons tout d'abord à voir en quoi ce spectacle, ancré dans une réalité historique, revêt une tonalité épique. Puis, nous soulignerons le mouvement d'une foule muée par une énergie impersonnelle et ambivalente face à l'immobilisme de Frédéric et Hussonnet, des personnages qui davantage spectateurs qu'acteurs de leur destinée.I. Un spectacle ancré dans une réalité historique et qui revêt des accents épiques.Le véritable spectacle historiqueCet extrait se déroule véritablement comme un spectacle tant pour le lecteur que pour Frédéric et son compagnon Hussonnet et ce dès la première phrase de l'extrait: « Tout à coup La Marseillaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe. C'était le peuple » Comme si ils avaient pris place au pigeonnier d'un théâtre,l'impression de hauteur étant donnée par le fait qu'il soient en haut de l'escalier nos deux protagonistes sont avertis du début de la représentation par une amorce musicale; en l'occurrence ici par un chant patriotique qui avait acquierit en 1795, à la suite de la révolution de 1789, le statut d'hymne national français. Dès lors, le décor est pour ainsi dire planté, l'histoire semble se répéter: On vit une seconde révolution. L'introduction des personnages se fait par l'entrée en scène de cette foule, de ce peuple qui semble tenir le rôle principal. S'en suit la phrase:« [...]le chant tomba. On n'entendait plus que les piétinements de tous les souliers avec le clapotement des voix. »le chant s'interrompt,et le bruit sourd des souliers n'est pas sans rappeler les trois coups de bâtons donnés avant la représentation. Le silence n'est troublée que par« le clapotement des voix » d'une foule qui ne va pas tarder à passer du statut de figurante prenant possession des lieux:« La foule inoffensive se contentait de regarder » à actrice. C'est véritablement le passage dans l'appartement et surtout le dais de velours rouge qui surplombe le trône qui marque cette transition. Cette longue étoffe par sa couleur et la place qu'elle occupe dans le texte n'est pas sans rappeler les rideaux du théâtre qui s'ouvrent sur une scène symbolisée par l'estrade sur laquelle monte peu à peu les gens pour s'asseoir sur le trône. Le spectre épiqueLa tonalité qui est suggérée par le caractère révolutionnaire de la scène est la tonalité épique. Cette dernière est confirmée par la description du peuple qui, par son entrée fracassante, laisse supposer au lecteur qu'elle va accomplir un exploit. Le mot épique venant du grec « épos » signifie: parole célébrant les exploits d'un héros. L'amplification des êtres qui est crée par l'utilisation du mot « peuple» , « masse » , se fait tout d'abord grâce à un rythme croissants et accumulatif « des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules » qui forment des flots, puis une masse, puis un fleuve. Cette comparaison avec le « fleuve refoulé », associé à la gradation des verbes précipiter, secouer et monter, souligne la progression, par degrés successif de ce peuple dans cet escalier, symbole de l'ascension vers le rétablissement d'une égalité sociale. Les hyperboles et les superlatifs qui servent la comparaison du fleuve avec « ses flots vertigineux » qui secouent « impétueusement » la foule et son « impulsion irrésistible » montre, exagère au sens positif l'étonnante force de détermination du peuple. Cette « masse grouillante » qui pousse un « long mugissement » renvoie au fracas, au grondement des flots, synonyme ici de la libération d'un mécontentement que le peuple a réprimé jusqu'alors. Toute cette description, tend à la simplification; en effet, en organisant cette dernière autour de la comparaison avec le fleuve, le peuple devient l'incarnation même des valeurs collectives qu'il défend. Ainsi « les héros » tels qu'ils sont nommés par Hussonnet, désigne chacune des personnes qui forme la foule. Mais qu'en est-il de Frédéric et Hussonet?

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