fresque - peinture.

fresque - peinture. 1 PRÉSENTATION fresque (de l'italien a fresco, « dans le frais «), technique artistique consistant à peindre à l'eau sur un mur enduit de mortier frais ; par abus de langage, le terme de fresque -- s'appliquant également à l'oeuvre exécutée selon cette technique -- sert souvent improprement à désigner toute peinture murale. Si le terme de « fresque « apparaît pour la première fois sous la plume de Cennino Cennini au XVe siècle (Il Libro dell'Arte, 1437), la technique est employée depuis l'Antiquité. 2 TECHNIQUES DE LA FRESQUE 2.1 La fresque à l'italienne (a fresco) La technique de la fresque pure, dite fresque à l'italienne (a fresco), est pratiquée depuis la période antique. L'opération se réalise en plusieurs temps, la dernière étape requérant rapidité et précision du geste. 2.1.1 L'enduit de base ou arricio La première étape consiste à préparer le support mural. La maçonnerie (mur de pierre ou de brique) doit être sèche et plane, afin de recevoir la première couche de mortier (mélange d'un tiers de chaux étreinte et de deux tiers de sable fin) ; l'opération est généralement renouvelée deux fois. Cette couche d'enduit, appelée arricio, doit présenter une texture relativement rugueuse afin de permettre l'adhérence aux étapes suivantes. 2.1.2 L'esquisse ou sinopia Un dessin préparatoire est réalisé au pinceau sur toute la surface de l'oeuvre définitive, avec de la terre rouge de Sinope -- d'où son nom de sinopia. Notons qu'à la Renaissance, l'emploi de la sinopia est abandonné en Italie au profit du carton préparatoire perforé, sur lequel est projetée de la poudre de charbon après son positionnement sur le support. 2.1.3 L'enduit final ou intonaco Masquant définitivement l'esquisse, un dernier enduit à la texture beaucoup plus fine (moitié de sable, moitié de chaux), l'intocano, est ensuite appliqué sur la seule surface qui pourra être travaillée dans la journée -- le reste de la composition restant à l'étape précédente de la sinopia. Sur la zone qu'il s'est ainsi défini (appelée giornata, « journée «), l'artiste doit travailler au plus vite, et de mémoire. 2.1.4 L'application de la couleur Les pigments employés pour les couleurs sont des terres (chaux séchée, terre de Sienne, cadmium, cobalt, etc.) et des pigments d'origine végétale (chêne ou pins calcinées, etc.). Dilués à l'eau, ils sont directement appliqués sur l' intonaco humide et donc frais (a fresco). Sous l'action de l'air, la chaux réagit chimiquement avec le dioxyde de carbone pour former du carbonate de calcium ; celui-ci constitue une pellicule protectrice qui fixe les couleurs et les lie au support. En théorie, lorsque l'enduit est sec à l'issue de la journée, il n'est plus possible d'intervenir sur la peinture, sinon au moyen de la peinture à sec. Ce procédé confère aux teintes une luminosité particulière : les couleurs d'une fresque sont en général fines, translucides et claires, avec un aspect souvent crayeux. Avec cette technique, la peinture doit être exécutée avec rapidité, et l'artiste doit connaître à l'avance le nombre de couches de peinture que le support est susceptible d'absorber. En effet, un excès de peinture altère le support ; dans ce cas, il faut éliminer la partie mal exécutée, puis étaler à nouveau de l'enduit frais pour pouvoir repeindre. 2.2 Alternatives à la technique a fresco 2.2.1 La fresque a secco Pour l'application de certaines couleurs, qui ne peuvent être appliquées sur un enduit frais (comme le vermillon), l'artiste utilise une autre technique, dite a secco. Celle-ci se pratique sur enduit sec ; cependant, afin de donner l'illusion de la fresque pure, les pigments sont enrobés dans un liant qui peut être de la chaux, de l'oeuf (peinture a tempera), voire de la gomme. La prise au support étant très superficielle, les oeuvres réalisées a secco se sont révélées nettement moins durables que celles réalisées avec la méthode traditionnelle. 2.2.2 La fresque a mezzo-fresco Cette technique emprunte aux deux précédentes, en appliquant les pigments mélangés à de l'eau de chaux sur un support réhumidifié, afin de faire pénétrer la couche de peinture plus profondément qu' a secco. 3 PANORAMA DE L'ART DE LA FRESQUE 3.1 Fresques antiques La fresque est déjà utilisée dans les anciennes civilisations égyptienne, minoenne, indienne et chinoise. Elle est largement diffusée dans l'art grec, étrusque et romain. 3.1.1 Dans la civilisation gréco-romaine Il est difficile d'affirmer que les peintures murales d'Herculanum et de Pompéi (notamment les oeuvres murales de la Villa des Mystères) sont de véritables fresques parce qu'il est probable que des techniques différentes ont été utilisées. Chez les Étrusques, elles sont le plus souvent réalisées sur un enduit frais appliqué sur une paroi en tuffeau. Les splendides tombes décorées de Tarquinia (VIIe-IIe siècle av. J.-C.) en sont de merveilleux exemples. Les écrits de Pline l'Ancien et de Vitruve nous ont transmis certaines indications sur les techniques de peintures murales de l'Antiquité, en particulier celle consistant à protéger les oeuvres à l'aide d'un vernis à base de cire : l'encaustique. La fresque se développe surtout dans le bassin méditerranéen où le climat peu humide permet une meilleure conservation des oeuvres, l'enduit s'effritant au contact d'un excès d'humidité. À l'époque paléochrétienne, les murs des catacombes et des sépultures souterraines sont décorés de fresques représentant des images sacrées. 3.1.2 Dans les civilisations asiatiques L'art de la fresque fleurit dans l'Inde ancienne. Les grottes d'Ajanta, peintes entre le IIe siècle av. J.-C. et le VIe siècle de notre ère, ainsi que les temples souterrains d'Ellora (Ve-XIIIe siècles) en sont de stupéfiants exemples. La peinture sur stuc est aussi pratiquée en Chine depuis les temps les plus reculés. En témoignent les grottes de Mogao (dites aussi grottes des Mille Bouddhas), dont il reste 486 sanctuaires sur les 1 000 qui constituaient ce site rupestre bouddhique situé près de Dunhuang, dans le Gansu (province du Nord). Elles sont magnifiquement décorées de fresques, réalisées à partir du 3.2 IVe siècle, figurant des scènes de la vie du Bouddha. Fresques médiévales Parmi les premiers grands cycles de fresques de l'époque médiévale, celles de Castelseprio dans les environs de Milan (IXe siècle), représentent des épisodes de l'enfance du Christ. Cependant, l'âge d'or de la fresque commence à partir du XIIIe siècle, des artistes tels que Cimabue et Giotto réalisant de grands cycles de fresques dans de nombreuses villes (Assise, Florence, Rome, Padoue). Progressivement, la fresque se substitue à la mosaïque, jusqu'alors considérée comme plus précieuse et utilisée dans la décoration d'importants édifices religieux. Les scènes sont peintes sur des panneaux narratifs qui recouvrent parfois intégralement les murs internes des églises et leurs façades. À l'époque des communes en Italie, les salles de nombreux bâtiments publics sont ornées de scènes emblématiques célébrant l'histoire de la ville, à l'instar du Palazzo Pubblico (siège du gouvernement) de Sienne décoré par Ambrogio Lorenzetti de 1338 à 1339. 3.3 Au XVe Fresques de la Renaissance et de l'âge baroque siècle, la fresque devient la forme d'expression idéale des plus grands artistes, tels Masaccio, Piero della Francesca, Benozzo Gozzoli, Domenico Ghirlandaio, Luca Signorelli, etc. Cet art atteint son apogée au siècle suivant avec la décoration des salles du Vatican par Raphaël, et de la chapelle Sixtine par Michel-Ange. Dans ces chefs-d'oeuvre, les artistes expérimentent pour la première fois des effets illusionnistes et scénographiques. Pendant l'âge baroque et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la technique de la fresque se diffuse dans toute l'Europe où elle est utilisée pour la décoration des plafonds des riches demeures et les coupoles des églises. La peinture entre ainsi en rapport direct avec les éléments architecturaux et la décoration plastique. Le dernier grand représentant de cette tendance artistique est Giambattista Tiepolo. Au XIXe siècle, l'on recourt à la fresque pour décorer les édifices publics et les immeubles cossus, privilégiant les sujets profanes purement ornementaux. 3.4 Au XXe Fresques modernes siècle, à partir des années 1920, le Mexique devient le haut lieu de la peinture à fresque. Diego Rivera, José Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros fondent le muralisme, mouvement artistique issu de la tradition picturale précolombienne. Ils peignent en particulier des sujets historiques, sociaux et politiques dont le commanditaire est l'État. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.